Texte intégral
ROMAIN DESARBRES
La grande interview avec Alexandre PORTIER. Bonjour Alexandre PORTIER,
ALEXANDRE PORTIER
Bonjour,
ROMAIN DESARBRES
Et merci d'être avec nous. Vous êtes ministre délégué à la réussite scolaire et à l'enseignement professionnel dans un Gouvernement qui est démissionnaire, évidemment. Est-il besoin de le préciser ? Hier, le président de la République s'est exprimé une dizaine de minutes à 20 h à la télévision, sans doute la plus courte allocution du président de la République. Il a peu parlé et, in fine, dit assez peu de choses. Alexandre PORTIER, quel est le message du président de la République que vous avez retenu hier soir ?
ALEXANDRE PORTIER
Le président de la République a insisté sur un point important, l'urgence, c'est de sortir de la crise. Et, ce matin, si je suis là, c'est pour sortir de la crise. Je considère évidemment que la droite a un rôle à jouer, qu'elle doit être au cœur de la solution. En juillet dernier, on avait pris nos responsabilités avec des propositions, un pacte législatif et maintenant je pense que c'est important que la droite continuée continue à jouer tout son rôle dans le futur Gouvernement. Évidemment, on avait un Premier ministre de droite qui permettait de porter une politique de droite. Et ça, c'est indispensable parce que c'est ce qu'attendent les Français.
ROMAIN DESARBRES
Alors, on va parler de la composition du prochain Gouvernement. On va parler déjà de qui pourrait remplacer Michel BARNIER. Mais je voulais qu'on reste sur ce qui s'est dit hier soir. Le président a affirmé que Michel BARNIER avait été censuré par un front anti-républicain. C'est aussi votre analyse, l'alliance du RN et de la France insoumise.
ALEXANDRE PORTIER
Soyons très clairs, on a assisté au vote d'une motion de censure qui est la coalition des contraires. Qu'est ce qui unit, aujourd'hui, le RN et le NSP si ce n'est la volonté du désordre ? Et je me mets à la place de ceux qui ont voté. Je me dis qu'ils voulaient tous que ça se termine comme ça. Après les dernières législatives, on a le RN qui a choisi de soutenir Jean-Luc MELENCHON à travers ce vote, c'est-à-dire de s'associer et de se rendre complice d'un parti de paix, d'un groupe politique qui défend les dealers, qui défend l'Apologie de terrorisme.
ROMAIN DESARBRES
Alors, Marine LE PEN, n'a pas du tout dit qu'elle était complice, elle a dit, hier soir, sur CNEWS, invité de Christine KELLY, elle a dit : "En réalité, on s'est servi du NFP comme d'un outil".
ALEXANDRE PORTIER
Ça ne se passe pas comme ça. Vous ne pouvez pas voter la censure, baisser le pouce et ensuite vous en laver les mains, ça se passe pas comme ça. Quand vous votez une censure, vous donnez aussi un soutien politique à Jean-Luc MELENCHON qui est dans une entreprise de destruction, aujourd'hui, qui est dans une attaque permanente contre nos institutions, qui défend l'apologie du terrorisme, qui veut le désordre, qui défend les dealers, qui est aussi le premier à traiter nos policiers d'assassins.
ROMAIN DESARBRES
Oui, donc il est hors-jeu pour vous ?
ALEXANDRE PORTIER
Clairement, ma première préoccupation, c'est évidemment qu'on empêche un Gouvernement NFP, aujourd'hui. On est dans un pays qui est de droite, majoritairement de droite. Les Français ne comprendraient pas qu'on leur laisse la place.
ROMAIN DESARBRES
Emmanuel MACRON reçoit donc, aujourd'hui, les différentes composantes politiques de la majorité présidentielle qu'il appelle de ses vœux. Il va recevoir les socialistes, les macronistes et les républicains. La droite dont vous êtes issue, doit donc participer au prochain Gouvernement. On a fait un choix en juillet.
ALEXANDRE PORTIER
On a fait un choix qui, en juillet, qui était d'être une force de proposition et de déblocage de la situation. C'est toujours facile, quand on est en politique, d'être spectateur, de mettre des cartons rouges sur le banc de touche. Je considère, au contraire, que quand on est en politique, c'est pour assumer pleinement le combat de ses idées et aller les défendre. Et c'est pour cela que je pense que c'est indispensable que la droite continue à jouer un rôle de premier plan dans le Gouvernement en défendant ses idées.
ROMAIN DESARBRES
Si vous avez une ligne rouge, votre ligne rouge, ce n'est pas de nomination d'un premier ministre issu du NFP.
ALEXANDRE PORTIER
Exactement.
ROMAIN DESARBRES
Donc pas de premier ministre socialiste.
ALEXANDRE PORTIER
On ne participera pas à un Gouvernement dirigé par un premier ministre de gauche.
ROMAIN DESARBRES
Et avec des ministres socialistes ?
ALEXANDRE PORTIER
Pour l'instant, on n'en est pas là. Il ne faut pas griller les étapes. Premièrement, c'est la prérogative de la République.
ROMAIN DESARBRES
Et si ce sont des ministres PS au Gouvernement. Est-ce que ce serait acceptable selon vous ?
ALEXANDRE PORTIER
Je pense que pour l'instant, on n'en est pas là. Vraiment. C'est la prérogative du président de la République. Moi, ce que je souhaite, c'est qu'on a un Premier ministre qui soit le plus à même de garantir que la politique qui sera menée sera conforme à ce que veulent les Français. On l'a vu ces dernières semaines, notamment avec Bruno RETAILLEAU à l'intérieur. Quand vous avez un ministre de l'Intérieur qui est courageux, qui est lucide sur la situation, qui est sincère dans son engagement, qui va chercher des résultats très concrets, par exemple, dans la lutte contre le narcotrafic, on voit que les Français soutiennent massivement la politique menée. Je l'ai mené, aussi dans d'autres champs, le champ scolaire. On voit qu'il y a une vraie attente de droite dans ce pays et les Français ne comprendraient pas qu'on laisse le pouvoir à la gauche maintenant.
ROMAIN DESARBRES
Vous soutenez Bruno RETAILLEAU à Matignon ?
ALEXANDRE PORTIER
Ça a été un très bon ministre de l'Intérieur et je suis convaincu qu'il fera un très bon Premier ministre. Mais après, c'est la prérogative évidemment de la République.
ROMAIN DESARBRES
Évidemment, mais il ferait un bon premier ministre.
ALEXANDRE PORTIER
Il ferait un bon premier ministre. Mais c'est surtout la prérogative de la République. Je le redis, on connaît ses qualités, on a vu son engagement, on a vu la sincérité et je crois que, derrière lui, on est très nombreux surtout à vouloir une politique de droite, parce que c'est, aujourd'hui, la solution qu'attendent les Français dans tous les domaines, la sécurité, l'immigration évidemment, les questions culturelles, aussi, la question de l'école, on a besoin de retrouver l'autorité de l'école, c'est indispensable.
ROMAIN DESARBRES
Quelle place va-t-il falloir accorder au Rassemblement national ? Vous avez entendu Marine LE PEN, elle veut co-construire avec le prochain Gouvernement.
ALEXANDRE PORTIER
Co-construire, c'est par définition la mission d'un Parlement. Chaque député est désigné dans son territoire pour participer au travail parlementaire, à l'élaboration de la loi. Une vraie force de proposition, cela veut dire, amender le texte, cela veut dire écrire des propositions de loi et donc, par définition, en discuter avec tous les députés dans un hémicycle.
ROMAIN DESARBRES
Donc pas plus, pas moins. Marine LE PEN n'aura pas plus de poids que les députés NFP, si je vous suis ?
ALEXANDRE PORTIER
Ça s'appelle le jeu des institutions. On en discute avec toutes les tous les députés et toutes les voix sont égales, par définition, dans l'hémicycle.
ROMAIN DESARBRES
Le RN a été méprisée par Michel BARNIER.
ALEXANDRE PORTIER
Non, je ne dirais pas ça.
ROMAIN DESARBRES
C'est ce que dit Marine LE PEN. Ce que disent les députés du Rassemblement national.
ALEXANDRE PORTIER
C'est trop facile. Moi, d'abord, je veux saluer et remercier Michel BARNIER pour son engagement. C'est un homme d’État qui a été à la hauteur de la situation quand beaucoup ne l'ont pas été. Et très clairement, il a fait des efforts pour essayer de rassembler le plus grand nombre dans une période difficile. Donc c'est trop facile de renvoyer, en permanence, la balle sur les autres.
ROMAIN DESARBRES
Alexandre PORTIER, ministre délégué à la réussite scolaire et à l'enseignement professionnel, invité de la Grande interview, Cnews/Europe 1. Qui est responsable de la situation dans laquelle on se trouve ? Cette crise politique, cette crise de régime, diront certains.
ALEXANDRE PORTIER
Je ne suis pas là pour distribuer les bons ou les mauvais points. Simplement, ce que je vois, c'est qu'il faut qu'on sorte de la crise et qu'on trouve des solutions. Quand on est engagé en politique, c'est pour être un apporteur de solutions. Et pour moi, la clé, c'est, évidemment, que la droite prenne toute sa part et assume toute sa responsabilité pour permettre la sortie de la crise. On est, aujourd'hui, le premier groupe parlementaire entre l'Assemblée et le Sénat. Et de loin, la majorité des élus de ce pays, les maires, les présidents de départements, de régions sont de notre sensibilité. La sortie de crise ne peut pas se faire sans nous.
ROMAIN DESARBRES
Mais qui est plus responsable ? Emmanuel MACRON en ayant peut-être dès le début, d'ailleurs, en 2017 créé le "en même temps" qui en réalité n'a pas fonctionné. Il y a une droite et une gauche. On nous a fait croire qu'il y avait plus de droite, plus de gauche. En réalité, il y en a une. Est-ce que c'est Emmanuel MACRON qui est le plus responsable de cette situation ? Et puis avec la dissolution, évidemment. Ou plutôt les artisans du chaos pour reprendre l'expression de Bruno RETAILLEAU, ce matin, dans le Figaro pour parler du RN et de LFI ?
ALEXANDRE PORTIER
Je crois qu'il y a des repères clairs en politique. La gauche, la droite, ça veut dire quelque chose. Mais je ne veux pas qu'on passe notre temps à regarder dans le rétroviseur, à refaire des matchs, parce que ce n'est pas la question du jour. Aujourd'hui, on a besoin d'un Premier ministre, on a besoin d'un Gouvernement, on a besoin d'un budget. Et ce n'est pas en faisant l'histoire, il y a des spécialistes qui le feront et qui le feront très bien – qu'on va arriver à sortir de ces difficultés.
ROMAIN DESARBRES
Emmanuel MACRON va pouvoir rester à l'Élysée jusqu'en 2027 ?
ALEXANDRE PORTIER
Il y a des institutions. Il a été élu. Et maintenant, ce qui compte, c'est qu'on puisse se remettre tous surtout à la tâche. Voilà. On a besoin d'un Gouvernement.
ROMAIN DESARBRES
Oui, mais, Alexandre Portier, qu'est-ce que vous dites de ceux qui appellent à sa démission ?
ALEXANDRE PORTIER
Non, et je ne vois pas depuis quand le vote d'une motion de censure entraînerait la démission du président de la République. C'est absurde.
ROMAIN DESARBRES
Jean-Luc MELENCHON était dans l'hémicycle au moment du vote de la censure. Il n'a pas dit un mot. On est nombreux à avoir en tête cette image où il était au-dessus de l'hémicycle en train de regarder, de contempler son œuvre. Comment vous analysez cette image ?
ALEXANDRE PORTIER
C'est un triste spectacle. On voit quelqu'un qui est issu de l'école trotskiste et qui vise quoi ? Qui vise le désordre et qui vise la fracturation, à la fois, de la société et de nos institutions. Tout le sens de mon engagement politique, c'est de m'opposer évidemment à cette vision-là. Et c'est pour ça que je crois que la droite ne doit surtout pas laisser la place, parce que la nature a horreur du vide et que notre responsabilité dans ce moment-là, c'est d'être une force de proposition. Je souhaite qu'on ait un Premier ministre de droite, un Gouvernement qui puisse porter la politique que les Français attendent, c'est-à-dire une politique de droite en matière de sécurité, en matière scolaire. Moi, je me suis attaché, par exemple, sur des choses assez simples, à ce qu'on soit intraitable sur les questions de laïcité, à ce qu'on puisse affirmer le cadre scolaire avec l'interdiction du téléphone portable, à ce qu'on puisse aussi mettre fin à des dérives militantes. Et tout ça nous engage pour l'avenir.
ROMAIN DESARBRES
Elle s'est laissée endormir, la droite, ces dernières années ? Écrasée entre la France insoumise à gauche et le RN à droite ?
ALEXANDRE PORTIER
On paye toujours à s'excuser de ses convictions. Voilà.
ROMAIN DESARBRES
Et c'est ce qu'ont fait les politiques de droite ? Se sont excusées d'être de droite ?
ALEXANDRE PORTIER
En tout cas, ce que je vois, c'est qu'à chaque fois qu'on assume un discours clair, on pense à nouveau à Bruno RETAILLEAU en matière de sécurité, on a la pleine adhésion des Français. Et ça, c'est une leçon extrêmement importante. C'est ça, la leçon que moi, je tire de ces 2 mois passés. Quand je me suis engagé sur la question de la théorie du genre, de l'éducation à la sexualité, j'ai bien vu que j'avais eu des milliers de messages de soutien, des soutiens populaires, parce que les gens ont besoin d'un discours de vérité. On l'a vu sur les questions d'immigration. On ne peut pas dire aux Français qu'ils ne voient pas ce qui se passe dans leur pays et que cela n'a pas lieu. Et notre responsabilité, c'est d'être force de proposition que la droite prenne toutes ses responsabilités dans le prochain Gouvernement en tenant une ligne forte, une ligne courageuse, une ligne claire, mais certainement pas en reculant.
ROMAIN DESARBRES
Il va y avoir une loi spéciale dans les prochains jours, à la mi-décembre, puis un budget au début de l'année. Qu'est-ce qu'il faudra changer dans le prochain budget par rapport à celui de Michel BARNIER ?
ALEXANDRE PORTIER
D'abord, il faut qu'on ait un Gouvernement qui puisse remettre le pays sur la voie du travail. C'est quand même ça, la première des priorités. Deuxièmement, le budget doit permettre d'assurer les missions fondamentales d'un pays. La première mission, c'est de faire tourner le service public. Le budget qu'on a présenté à l'Assemblée nationale sur le scolaire, le domaine que je suis et sur lequel je suis engagé, prévoyait des augmentations qui permettaient, notamment, de continuer à améliorer les conditions de travail de nos enseignants. Il permettait de mieux financer la prise en charge du handicap à l'école. Il permettait de financer l'amélioration du lycée professionnel. Ce sont des choses très concrètes. Je vais être encore plus concret. Je vais vous situer un exemple. On avait des emplois d'AESH, les accompagnants d'enfants en situation de handicap, qui étaient prévus dans ce budget. Si on n'a pas ces emplois nouveaux, les conditions d'accueil des enfants en situation de handicap vont se dégrader dans les mois qui viennent. Ça, ça peut arriver très vite.
ROMAIN DESARBRES
Les fonctionnaires seront payés.
ALEXANDRE PORTIER
On a des règles qui permettent de garantir pendant plusieurs mois. Mais à un moment donné, comme vous le savez, il y a aussi le jeu de l'inflation, la conjoncture financière avec des taux d'intérêt qui peuvent évoluer. Si le budget 2024 était fait, par définition, pour subvenir aux besoins de l'année 2025, ça se ferait depuis longtemps.
ROMAIN DESARBRES
Alors une petite question au sujet de l'économie et du budget. On nous avait promis le chaos économique et financier si la censure était votée. La bourse ne s'est pas effondrée et le chaos économique n'est pas là, alors qu'il est effectivement. Peut-être que dans 6 mois, on en reparlera. Quel est votre commentaire là-dessus ?
ALEXANDRE PORTIER
Je suis un fils d'artisan et de commerçant. Ce que je vois sur le terrain, très concrètement, c'est que la situation, elle se dégrade aujourd'hui, et que malheureusement, le commerce est au calme plat. On a des filières qui sont à l'arrêt comme le bâtiment. Les carnets de commandes se vident, semaine après semaine. Donc personne ne peut dire qu'il n'y a pas un problème. La signature de la France sur les marchés financiers est au plus bas. On a des taux d'intérêt, aujourd'hui, qui avoisinent ceux de la Grèce quand ils ne passent pas devant. Donc tous ces signes-là sont des signes réels.
ROMAIN DESARBRES
Marine LE PEN disait, hier soir, que l'économie française ne s'était pas effondrée et que la bourse allait bien.
ALEXANDRE PORTIER
Peut-être pour elle, mais je ne crois pas que ce soit le quotidien des Français.
ROMAIN DESARBRES
Marine LE PEN disait, également, que les Français en avaient marre des impôts. Les entreprises en avaient marre des impôts. Votre commentaire déjà sur ce point de vue ?
ALEXANDRE PORTIER
Le comble, c'est que le RN et le NFP ont proposé à l'Assemblée nationale 34 milliards d'euros d'impôts supplémentaires. C'est ça, le comble.
ROMAIN DESARBRES
Si on n'augmente pas les impôts, il va falloir réduire drastiquement les dépenses publiques ?
ALEXANDRE PORTIER
C'est la priorité. Je vais vous donner un exemple très concret.
ROMAIN DESARBRES
Mais ça, tout le monde dit que c'est la priorité. Et quand on est aux manettes, on n'arrive plus à le faire.
ALEXANDRE PORTIER
Vous faites un budget en 15 jours où tout n'est pas simple. Il faut avoir un peu d'humilité par rapport à ça. Après, je vais vous donner un exemple très concret. On vit dans un pays qui, assez vite, va passer plus de temps à mettre de l'argent sur la charge de la dette que sur l'école. Bientôt, dans quelques mois, si on continue comme ça…
ROMAIN DESARBRES
Les 60 milliards d'intérêts par an.
ALEXANDRE PORTIER
Les intérêts vont peser plus que le budget de l'éducation nationale. C'est-à-dire qu'on va passer plus de temps à corriger les erreurs du passé qu'à investir sur l'avenir de nos enfants. Et ça, c'est dramatique. Donc il faut réduire, évidemment, la dépense publique. Et réduire les déficits, c'est prioritaire pour l'avenir.
ROMAIN DESARBRES
Vous êtes ministre de la réussite scolaire et ministre délégué à l'enseignement professionnel. On vous a entendu sur le projet EVARS. Vous y avez fait allusion. Éducation, la vie affective, relationnelle et sexuelle. Ça s'appelait avant l'éducation sexuelle. Voilà. Où est-ce qu'on en est ?
ALEXANDRE PORTIER
J'ai tenu, et je le dis, une ligne républicaine. Je considère que l'école a des missions fondamentales et que le militantisme n'y a pas sa place. Ce que j'ai dit avec des mots simples, évidemment, je le crois toujours. Et je serai vigilant, chaque jour, aussi longtemps que durera ma mission, à ce qu'on tienne cette ligne républicaine. Le travail est encore en cours du ministère. Mais par contre, c'est évidemment important qu'on puisse aussi tenir cette ligne républicaine jusqu'au bout.
ROMAIN DESARBRES
Vous avez mis en garde contre l'introduction de la théorie du genre dans ce programme. Est-ce que vous avez été entendu à ce jour ?
ALEXANDRE PORTIER
Oui, je crois. D'abord, j'ai été entendu par les Français, qui sont massivement opposés à ce que l'école devienne un lieu d'idéologie au militantisme. Si on met chacun de nos enfants à l'école le matin, c'est pour qu'ils apprennent. Voilà. C'est que l'école leur rapporte quelque chose qu'on ne peut pas forcément leur apporter en tant que parents. Voilà. Mais il y a aussi, évidemment, la nécessité d'avoir un discours quand on voit ce qui se passe autour de nous, dans la société, les violences sexuelles que peuvent subir les jeunes, les violences intrafamiliales, l'omniprésence des images et caractères pornographiques. L'école a un rôle à jouer pour lutter contre ça. C'est, d'ailleurs, pour ça que j'avais défendu l'interdiction du téléphone portable, parce que je ne veux pas que ce soit dans la cour d'école, à 9 ou 10 ans, que nos gamins apprennent ce qu'est la sexualité. Donc de ce point de vue-là, je crois que j'ai été entendu et qu'on est nombreux à se retrouver sur cette position de bon sens.
ROMAIN DESARBRES
Et sur cette question de l'éducation affective et sexuelle, on a pu constater vos divergences avec votre ministre de tutelle, Anne GENETET. Vous sembliez avoir des vues radicalement opposées. Est-ce qu'il n'est pas temps d'en finir avec le euh, en même temps ? On a vu des divergences également entre Bruno RETAILLEAU et Didier MIGAUD. Est-ce qu'il ne faut pas maintenant... Est-ce que l'heure n'est pas arrivée d'avoir un cap clair, de savoir où on va et d'arrêter avec cette eau tiède qu'est l'E.U. en même temps ?
ALEXANDRE PORTIER
Qu'on ait des désaccords ou des différences en politique, c'est normal. C'est la nature du débat démocratique. C'est normal qu'on puisse les exprimer. Et je trouve que c'est toujours une richesse.
ROMAIN DESARBRES
Ça, c'est formidable. Mais il y a un moment, il faut décider.
ALEXANDRE PORTIER
Après, effectivement, il faut décider. Et très clairement, ce que je vois aujourd'hui, c'est que la majorité des Français sont d'accord avec la ligne que j'ai portée.
ROMAIN DESARBRES
Vous souhaitez rester au Gouvernement ?
ALEXANDRE PORTIER
Ce n'est pas une question de personne. Après, j'ai porté ma mission avec conviction, avec énergie, sur des sujets qui sont importants pour les Français. Si je peux la continuer dans un cadre qui le permet, avec un premier ministre qui partage mes convictions, je le ferai avec plaisir. Mais la question de personne est bien secondaire.
ROMAIN DESARBRES
C'était la grande interview d'Alexandre PORTIER. Merci beaucoup d'être venu sur le plateau de la matinale de Cnews et d'Europe 1. Ministre délégué à la réussite scolaire et à l'enseignement professionnel. Bonne journée à vous, à bientôt.
ALEXANDRE PORTIER
Merci beaucoup.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 9 décembre 2024