Texte intégral
BENJAMIN FONTAINE
Bonjour Geneviève DARRIEUSSECQ.
GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Bonjour.
BENJAMIN FONTAINE
Ministre de la Santé, démissionnaire, grand témoin de France Info ce matin. Bientôt une semaine après le passage du cyclone Chido à Mayotte, quel est le nouveau bilan côté victime ce matin ?
GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Alors, côté victimes décédées, le bilan ne bouge pas, c'est-à-dire que nous avons toujours 24 personnes décédées à l'hôpital et neuf qui ont été identifiées dans d'autres communes, d'autres communes. Donc, ce bilan-là, nous ne l'avons pas davantage.
BENJAMIN FONTAINE
33 morts.
GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Et nous avons une soixantaine de personnes qui sont soignées de façon plus intensive, avec des blessures qui ont nécessité des soins importants.
BENJAMIN FONTAINE
Il y a beaucoup de rumeurs qui circulent concernant ce bilan. Est-ce qu'on pourra en avoir un fiable rapidement ?
GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Je ne peux pas, c'est difficile. Je pense que c'est… Les investigations sur le terrain dès qu'elles seront possibles et qu'elles seront massives, en définitive, que nous aurons un bilan définitif. Je ne sais pas, mais un bilan plus qui nous paraîtrait plus juste, mais aujourd'hui, nous n'avons pas ces informations, parce que nous avons besoin et l'État a besoin et d'ailleurs, le préfet a mis en œuvre une mission particulière dans ce sens-là d'opérer dans tous les quartiers, dans toutes les communes de faire ce bilan.
BENJAMIN FONTAINE
De recensement.
GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
De recensement.
BENJAMIN FONTAINE
Vous êtes toujours sans nouvelles de nombreux personnels hospitaliers. Combien de personnes manquent à l'appel aujourd'hui ?
GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Alors, au niveau de l'hôpital lui-même, il y a à peu près 17 % de personnel dont on est sans nouvelles. Et au niveau de l'Agence régionale de santé, il y a encore 40 % de personnel dont on est sans nouvelles.
BENJAMIN FONTAINE
Ça représente combien de personnes ?
GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Ça représente à peu près 60 ou 70 personnes.
BENJAMIN FONTAINE
Qui ne sont pas forcément décédées ? Ça peut être des personnes dont on n'a plus de nouvelles, plus de lien ?
GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Absolument, ça peut être des personnes isolées, des personnes sans capacité de recharger un téléphone ou sans téléphone, sans téléphonie, donc, progressivement, les contacts se nouent et se font et c'est vrai que cela peut générer de l'angoisse bien sûr, et cela en génère, mais en tout cas, c'est une affaire de temps définitive et de déblocage des situations d'isolement.
BENJAMIN FONTAINE
Le ministre de l'Intérieur évoquait, par ailleurs, hier soir, une centaine d'évacuations sanitaires vers la Réunion. Ça va continuer au fil des jours ?
GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Oui. Alors nous avons mis immédiatement en place un pont sanitaire vers la Réunion, avec des patients lourds chroniques, notamment des dialysés, qui avaient été identifiés avant le cyclone comme étant des personnes à risques qu'il fallait surveiller et protéger. Effectivement, aujourd'hui, c'est plus de, c'est 609 patients qui sont partis et qui ont été évacués vers la Réunion.
BENJAMIN FONTAINE
Est-ce que certains vont rejoindre la métropole ?
GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Pour l'instant, ce n'est pas d'actualité, mais tout est pensé pour, si c'était nécessaire, pouvoir activer aussi ce levier.
BENJAMIN FONTAINE
Alors il y a ces patients qui sont évacués vers la Réunion. Il y a aussi cette centaine de soignants de la réserve sanitaire qui sont arrivés sur l'île. Est-ce que d'autres départs-là sont prévus ?
GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Oui. D'autres départs sont prévus puisqu'aujourd'hui, nous sommes à 170 soignants qui seront projetés et qui arrivent progressivement sur Mayotte. Aujourd'hui, plus d'une centaine sont sur place et prennent le relais des soignants qui sont ceux qui sont là depuis le départ et qui sont épuisés.
BENJAMIN FONTAINE
Et ça fait effectivement, vous l'avez dit, à peu près 170 soignants qui vont être amenés à venir à Mayotte. Il y a aussi cet hôpital de campagne qui doit être monté aujourd'hui pour accueillir, quoi, une centaine de personnes, c'est ça ?
GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Alors, il y a deux choses. Il y a d'une part l'hôpital de campagne de la sécurité civile qui va être déployé, montée dès aujourd'hui, effectivement, qui peut accueillir des urgences, qui peut accueillir des blessés, qui peuvent accueillir des malades, aussi, en surveillance. Et nous allons, nous, au niveau de notre ministère, déployer une unité modulaire de réanimation de huit places qui sera au niveau de l'hôpital pour soulager les réanimations de l'hôpital qui ont été endommagées par le cyclone.
BENJAMIN FONTAINE
Et Geneviève DARRIEUSSECQ, ça fait des années que Mayotte manque d'eau. Maintenant, c'est un problème encore plus important aujourd'hui. Je vous propose d'écouter cette Mahoraise du quartier de Cavani à Mamoudzou.
INTERVENANTE
On n'a pas d'eau, on n'a pas d'eau et l'eau, on ne sait même pas ce qu'on boit si elle est potable, on n'a pas, mais on n'a pas le choix, on est obligé de boire.
BENJAMIN FONTAINE
Cette femme doit venir remplir des bidons à une pompe sans vraiment savoir d'où vient l'eau. On est dans un département français, on le rappelle. Les politiques n'ont pas été à la hauteur sur ce sujet.
GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
On est dans un département français, c'est une réalité avec des problèmes d'eau parce qu'en fait, il n'y a pas d'eau dans le sous-sol et qu'il y a des usines de dessalement qui étaient hors service après le cyclone et qu'on ne pouvait pas remettre en fonctionnement rapidement. C'est un vrai sujet. Par contre, des réserves d'eau de pluie qui étaient remplies, mais il faut acheminer cette eau de ces réserves dans des conditions, aujourd'hui, très difficiles de dégradation liée aux cyclones.
BENJAMIN FONTAINE
Une vingtaine de tonnes d'eau sont arrivées, déjà ?
GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Alors, des réserves d'eau avaient été faites, déjà, avant le cyclone. Il y avait toute une préparation de la part de la préfecture et des autorités locales. Et ensuite, depuis le démarrage, bien sûr que de l'eau arrive par avion, de l'eau arrive par bateau, mais vous le savez, dans les premiers jours, les tout premiers jours, peu d'avions pouvaient atterrir et décoller de Mayotte, compte tenu de la dégradation au niveau de l'aéroport. Donc, tout cela est maintenant derrière nous et les norias vont être beaucoup plus importantes.
BENJAMIN FONTAINE
Donc de l'eau va arriver, va continuer d'arriver sur l'île pour ses habitants, parce que le risque, c'est aussi de voir se développer des épidémies, notamment de choléra. Vous avez annoncé 10 000 vaccins, la campagne va commencer là dans les prochaines heures. Les prochains jours ?
GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Non.
BENJAMIN FONTAINE
Non ?
GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Il n'y aura pas de campagne préventive. Il va y avoir une veille sanitaire, veille sanitaire où nous allons être aidés, aussi, par les représentants de l'OMS qui ont une grande habitude de l'épidémiologie de ces maladies et de la surveillance, une veille sanitaire des populations. Et s'il y avait apparition de la maladie - ce qui n'est pas le cas aujourd'hui - à ce moment-là, il faudrait déployer une campagne de vaccination.
BENJAMIN FONTAINE
Geneviève DARRIEUSSECQ, un mot plus personnel. On va s'éloigner de la situation à Mayotte. Vous êtes membre du MoDem, proche de François BAYROU. On voit sa difficulté à rassembler, ces derniers jours, pour constituer un Gouvernement. Est-ce qu'il est déjà dans une impasse ?
GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Non, je ne pense pas qu'il soit dans une impasse. Il faut continuer à rassembler et je souhaite vraiment que les partis politiques et les personnes qui sont à leur tête et qui les composent, aient le sens des responsabilités pour le pays, parce que moi, je suis très inquiète de l'absence de budget. Dans le domaine qui est le mien - la santé - c'est un vrai sujet. Les hôpitaux sont inquiets, donc, nous avons, nous pouvons avoir des défauts, des problèmes de fonctionnement si vous voulez. Donc, je crois vraiment qu'il faut se responsabiliser, rentrer dans une période qui aussi donne aux Français…
BENJAMIN FONTAINE
Et ça bloque à gauche.
GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Moi, je pense qu'à gauche, ils seront responsables.
BENJAMIN FONTAINE
Vous y croyez ?
GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Oui.
BENJAMIN FONTAINE
Vous croyez aux cadeaux de Noël ?
GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Écoutez, je pense que ce sont des personnalités politiques, des responsables qui ont été en responsabilité, qui ont géré le pays et qui savent très bien ce qui se passe.
BENJAMIN FONTAINE
Vous avez envie de retourner au Gouvernement ?
GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Écoutez, moi, je suis à disposition. Je suis dans un domaine…
BENJAMIN FONTAINE
Donc, vous avez envie ?
GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
… Où il y a eu sept ministres en deux ans et où le domaine de la Santé est très perturbé par ces changements permanents, mais maintenant, les équilibres seront à trouver et ce n'est pas moi qui déciderais de cela.
BENJAMIN FONTAINE
Mais donc, vous avez envie de retourner pour continuer ?
GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Je suis à disposition et je suis dans un domaine que je connais bien et que j'affectionne.
BENJAMIN FONTAINE
Merci, Geneviève DARRIEUSSECQ, ministre de la Santé, démissionnaire et peut-être prochaine ministre de la Santé dans ce nouveau Gouvernement.
GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Merci à vous.
BENJAMIN FONTAINE
Grand témoin de France Info ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 décembre 2024