Texte intégral
Madame et Monsieur les ministres,
Chère Clara Chappaz,
Cher Philippe Baptiste,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Cette passation de pouvoir, trois mois après la précédente – délai assez court il faut bien le dire – est l'occasion de dresser un bilan du chemin parcouru.
Nous n'avons objectivement pas à rougir. En trois mois, dans un calendrier très contraint dans un contexte politique impossible et totalement inédit. La censure en est une parfaite illustration. Nous avons élaboré une feuille de route ambitieuse, sérieuse et opérationnelle. En dans la foulée, sachant précisément où nous allions, nous avions déjà engagé les premières actions concrètes pour la mettre en œuvre. Comme je le disais ici même le 23 septembre dernier : l'enseignement supérieur et la recherche ne sont pas un poste de dépense mais un investissement pour la Nation.
J'avais vécu comme un traumatisme le fait qu'en 2020 la France, pays de Pasteur, de Pierre et Marie Curie, de la recherche de premier plan, n'avait pas réussi à s'inscrire dans la course mondiale pour développer un vaccin contre la Covid 19 en temps et en heure par rapport à d'autres puissances mondiales.
Ce ministère c'est celui du progrès de demain, c'est le berceau de la connaissance et la transmission des savoirs aux générations futures.
C'est pour toutes ces raisons, que la feuille de route a été élaborée autour de 4 axes forts :
Premier d'entre eux : Piloter une offre de formation supérieure en lien constant avec les besoins socio-économiques, pour mieux garantir les débouchés vers le monde professionnel. On a 3 millions de jeunes dans le post bac, la question de leur insertion professionnelle est cruciale ET aussi pour réguler l'offre de formation supérieure du secteur privé – faire le tri entre le bon grain et l'ivrée pour garantie la confiance des familles et, par voie de conséquence, des jeunes.
Renforcer l'investissement national public-privé dans la recherche pour préserver la compétitivité de la France. 2,2 % du PIB consacré à la Recherche, ce n'est pas suffisant. Des marges de progrès existent, en recourant davantage aux fonds européens. Cela passera par un véritable pacte pour la recherche que nous avons commencé à élaborer avec TOUS les acteurs concernés.
Aller vers une nouvelle phase de l'autonomie des universités en contre partie d'un indispensable effort de simplification, de transparence et d'évaluation.
Veiller au bien être des étudiants. Après avoir géré la dimension quantitative, il est essentiel de s'occuper des aspects qualitatifs. Renforcer l'attractivité en accueillant mieux. Et éviter les fuites de nos jeunes à l'étranger tout en attirant par ailleurs les meilleurs vers la France.
Ces différents chantiers sont désormais bien engagés. Ils doivent permettre à notre enseignement supérieur et à notre recherche de relever les défis du futur. D'ailleurs, j'ai l'intime conviction de l'impérieuse nécessité de travailler encore davantage avec les autres pays membres de l'Union Européenne. C'est pour cela que j'ai souhaité travailler très en amont pour le prochain "programme cadre".
L'Europe n'est pas un problème mais peut au contraire être la solution à certains de nos problèmes comme la taille critique ou encore le développement d'une véritable souveraineté garante de prospérité pour nos concitoyens dans un monde plus en plus en proie aux tensions géopolitiques. On s'aperçoit que ces questions prennent un relief et une acuité particulière.
La recherche et la science doivent pleinement prendre leur part pour créer la prospérité et la souveraineté. D'où l'importance d'une focale par exemple très forte autour des questions d'intelligence artificielle et de numérique.
Je remercie très vivement Clara Chappaz et je la félicite car elle va pouvoir continuer sa mission essentielle, alors que la France va accueillir le Sommet pour l'IA de février prochain. Je m'étais battu pour le rattachement de son secrétariat d'État au MESR. Ce n'était pas une simple coquetterie. Lorsqu'on regarde l'ensemble de la chaîne de valeur de l'IA, on constate qu'il faut la remonter. Si on veut franchir un nouveau saut, cela passera par la Recherche. C'est avec tristesse que je la vois partir à Bercy.
C'est vraiment dommage. J'espère que les liens tissés ici entre les cabinets et les directions seront maintenus. J'espère que ces liens seront maintenus entre l'IA, la recherche et l'enseignement supérieur qui est un levier de transmission de l'IA.
La recherche et la science doivent rester en dehors des tentations militantes. Je me suis investi pour que l'on distingue bien le militantisme de la science.
Encore une fois, la liberté d'expression et les libertés académiques doivent évidemment être pleinement garanties toutefois. Ce qui peut être dangereux, c'est d' habiller le militantisme sous les habits de la science. Cela se ferait au détriment de la réputation mais surtout de la qualité de nos recherches et de notre science. Beaucoup de collègues universitaires se sont investis sur cette question, pour que la qualité de la recherche soit en toutes circonstances garantie.
Par ailleurs, il était aussi devenu primordial que nos campus ne soient pas sous l'emprise de mouvements qui portent non seulement atteinte aux personnes et aux biens mais qui empêchent le bon fonctionnement de notre service public.
Nous devons défendre l'E.S.R. et c'est d'ailleurs pour cela que j'ai insisté pour que la passation de pouvoir puisse se faire ici à Descartes. Merci d'y avoir consenti. Le cœur du réacteur doit bien être ici, rue Descartes, et non pas à Grenelle. C'est la raison pour laquelle symboliquement, je ne me suis pas rendu rue de Grenelle. L'Enseignement supérieur et la Recherche sont suffisamment stratégiques pour notre pays pour qu'ils soient pris en compte. Je m'étais très fortement engagé pour cela aux côtés de Michel Barnier et j'avais réussi à le convaincre que l'enseignement supérieur et la recherche devaient avoir non seulement un ministère de plein exercice mais ne pas être noyés dans un grand tout. Les problématiques et les enjeux sont spécifiques et particuliers quand on parle d'Enseignement supérieur et de Recherche. Ils ne sont pas miscibles dans la seule question éducative. Non pas que cette question ne soit pas importante, mais on ne peut y réduire l'enseignement supérieur et la recherche.
Je formule donc des vœux, Monsieur le Ministre pour que vous puissiez avoir les coudées franches comme j'ai pu les avoir en ayant le contact et l'oreille attentive du chef du gouvernement. Ne vous laissez pas emporter par le retour du "grand tout" qui fait que trop souvent en pareille configuration l'enseignement supérieur et la recherche deviennent les variables d'ajustement de l'enseignement scolaire.
Mais j'ai confiance en votre parfaite connaissance de notre écosystème et de ses spécificités. Vous êtes suffisamment experts en la matière pour convaincre de cette nécessité.
Lorsque vous avez à défendre ce périmètre, pensez à Pierre et Marie Curie ou encore à Hubert Curien – dont cette salle porte le nom – et vous verrez, lorsque l'on est sur les épaules des géants, la mission qui vous est confiée est non seulement exaltante mais elle s'inscrit dans une lignée : celle de ceux qui savaient que la science et la recherche sont source de progrès pour tous à l'échelle de l'humanité.
Enfin, je ne voudrais pas terminer mon intervention sans remercier très vivement et très chaleureusement :
Les membres du cabinet, une Dream Team, et aussi plus particulièrement le binôme entre le directeur de cabinet, Jean-Luc Moullet et la directrice adjointe de cabinet, Sandrine Javelaud et bien sûr la chefferie de cabinet avec Fabrice Larché et Garance Abdat. Vous avez été nombreux à être en contact avec eux. J'ai souhaité que ce cabinet reflète l'état d'esprit du Ministre : ouverture, dialogue, échanges… J'ai été très fier qu'ils puissent exercer ces missions.
Le bureau du cabinet ; eux aussi sont la cheville ouvrière de ce Ministère
Les secrétariats, les chauffeurs et les équipes de sécurité
L'intendance et toutes les équipes
Les directions et les équipes du ministère ; la DGRI et les DGESIP mais aussi les directions supports. Je souhaite aussi insister sur rôle décisif des recteurs, des universités et des établissements d'enseignement supérieur.
En toute honnêteté, je ressens un peu de frustration de devoir quitter un peu rapidement ce beau ministère.
Sans vous tous, rien ne serait possible. Je vais quitter ce ministère toujours aussi passionné et avec autant d'humilité. Si l'enseignement et la recherche sont formidables, c'est grâce à des équipes formidables. Je ne vous oublierai pas.
Madame, Monsieur le Ministre, je formule des vœux pour que vous puissiez œuvrer efficacement et utilement pour notre enseignement supérieur, pour notre recherche, pour notre pays et l'ensemble de nos concitoyens.
Ce ministère c'est celui de l'avenir. C'est passionnant. J'espère que ce périmètre jouera pleinement son rôle dans les stratégies de notre Nation.
Bon vent à tous !
Source https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr, le 30 décembre 2024