Texte intégral
ADRIEN GINDRE
Bonjour Sophie PRIMAS,
SOPHIE PRIMAS
Bonjour Adrien.
ADRIEN GINDRE
Avant d'en venir aux questions de budget, ce témoignage hier soir sur TF1, l'ancien journaliste Charles BIETRY, atteint de la maladie de Charcot était l'invité d'Audrey CRESPO-MARA dans 7 à 8. C'est déjà dur de mourir, dit-il, "Mal mourir, c'est double peine". Et il prévient, "Si en France, les conditions ne sont pas réunies, j'irai en Suisse". Il appelle à un sursaut de nos gouvernants. Vous, porte-parole du Gouvernement, quand vous entendez ça, est-ce que vous ne vous dites pas qu'il y a urgence à avancer sur une loi avec un calendrier ?
SOPHIE PRIMAS
Bien sûr, il y a une grande urgence. C'est un texte qui avait été examiné à l'Assemblée nationale, qui a été dont l'examen a été coupé par la dissolution. Et depuis, nous sommes tous attelés à trouver un budget à la France, ce qui est une urgence. Derrière, il y a un calendrier avec aussi des urgences comme l'agriculture ou d'autres secteurs qui attendent des mesures. Et puis il y a cette loi qui est en attente, mais sur lequel le Premier ministre a engagé. Le fait que nous allions, j'espère, avant la fin de l'été et j'espère avant la fin du printemps ou le début du printemps, pouvoir légiférer.
ADRIEN GINDRE
Vous dites j'espère, ça veut dire qu'aujourd'hui, qu'on se comprenne bien, il n'y a pas de calendrier parlementaire qui soit programmé.
SOPHIE PRIMAS
Le calendrier parlementaire n'est pas programmé tant que le budget n'est pas voté. C'est la pierre de base pour reconstruire l'édifice, ensuite la législation. Il faut, donc, que nous votions un budget et derrière, le calendrier législatif sera monté par les deux assemblées.
ADRIEN GINDRE
Donc la réalité, en fait, c'est qu'aujourd'hui, au moment où l'on se parle, n'y a aucune réponse à apporter, aucune garantie qu'on puisse le dire.
SOPHIE PRIMAS
Il y a une volonté, si le budget est voté et si nous pouvons continuer dans notre travail législatif avec ce Gouvernement et de légiférer le plus vite possible.
BRUCE TOUSSAINT
Vous avez été touché par ce témoignage.
SOPHIE PRIMAS
J'ai été touché par la grande dignité de Charles BIETRY, et vraiment sa façon à la fois touchante, optimiste. "On ira jusqu'au bout", je crois, a dit sa femme. On voit la solidité de la famille, la solidité du breton qu'il est et, en même temps, cette grande détresse qu'on lisait. Evidemment, il faut répondre à cela.
ADRIEN GINDRE
Il appelle à un vote à l'unanimité. Vous, vous venez de la droite, une famille qui est globalement hostile à l'idée d'un projet de loi fin de vie. Est-ce que vous, à titre personnel, si vous étiez encore parlementaire aujourd'hui, vous voteriez ce texte ?
SOPHIE PRIMAS
Alors, je vais corriger. C'est vraiment quelque chose. Il y a en fait, vous savez, il y a deux sujets dans cette loi. Il y a le sujet des soins palliatifs et le sujet de la fin de vie.
ADRIEN GINDRE
Le palliatif, c'est consensuel, la fin de vie, ça l'est moins.
SOPHIE PRIMAS
Ça l'est moins parce que cela pose des questions qui sont des questions très douloureuses, philosophiques, qui ne sont pas médiocres. Mais en revanche, cela n'a rien à voir avec l'engagement politique qui est le nôtre. C'est quelque chose qui traverse, en fait, les questions qui sont liées à cela et non l'inverse.
ADRIEN GINDRE
Et donc, votre vote si vouez étiez parlementaire ?
SOPHIE PRIMAS
Je ne sais pas. Même lorsque nous étions en train d'examiner cela à l'Assemblée nationale, au Sénat, cette loi, c'est une question très difficile parce que j'ai beaucoup partagé, notamment avec des professeurs de médecine qui accompagnent, depuis de nombreuses années, en soins palliatifs. C'est très difficile. En même temps, on ne peut pas rester insensible à des reportages comme celui d'hier soir.
ADRIEN GINDRE
On va revenir à la politique du quotidien, Sophie PRIMAS. Puisqu'on le disait budget, un compromis doit être trouvé cette semaine. En tout cas, c'est l'objectif entre députés et sénateurs. Sans attendre, d'ailleurs, que cette discussion aboutisse, le chef de l'État, lui, une nouvelle fois, va faire entendre sa voix. Ce sera demain au musée du Louvre. Je rappelle que le musée demande 500 millions d'euros pour remettre en état le bâtiment et, dans l'idéal, 400 millions supplémentaires pour de nouvelles salles, une nouvelle entrée. Quelle est la position du Gouvernement ? Est-ce que vous êtes prêts à consentir cette dépense exceptionnelle demandée par le Louvre.
SOPHIE PRIMAS
Alors, il n'est évidemment pas question. Au moment où nous construisons un budget qui est un budget de maîtrise des dépenses publiques, d'ajouter une ligne de 500 millions comme cela. En revanche, non, je veux juste dire que l'État contribue, chaque année, à hauteur de 100 millions au budget du Louvre. Le sujet de la rénovation du Louvre, de son adaptation à son public très large et à son succès, n'est pas un sujet qui émerge comme ça depuis deux ou trois jours, c'est un ancien sujet.
ADRIEN GINDRE
Je veux juste dire que les déclarations du président, demain, n'engageront que le président, n'engageront pas le Gouvernement.
SOPHIE PRIMAS
Ecoutez, la Constitution est assez claire. Le président préside, le Gouvernement gouverne, propose un budget et le Parlement le vote. Donc effectivement, ça n'engage que le président. Mais ce qui est très important, c'est que Rachida DATI, la ministre de la Culture, s'est déjà engagée à ouvrir une discussion, à regarder comment on peut négocier, par exemple, réfléchir sur la politique tarifaire des visiteurs en dehors de l'Union européenne.
ADRIEN GINDRE
Et on parle des moyens termes.
SOPHIE PRIMAS
Bien sûr, évidemment.
ADRIEN GINDRE
Autre coup de pression. Pardon, je me permets l'expression du président sur le budget du sport. Il a dit "il faut tenir nos engagements". Là, encore, vous dites, on est en train de chercher un budget qui puisse respecter nos équilibres. On en est où ? Les coupes annoncées sur le sport seront maintenus à l'identique contre la volonté du chef de l'État ?
SOPHIE PRIMAS
Alors, les coupes annoncées sur le sport sont assez impressionnantes parce qu'en réalité, il y a deux coupes, si je peux me permettre. La première qui est la non-reconduction des budgets qui étaient dédiés aux Jeux Olympiques. Donc, vous comprendrez que les Jeux Olympiques sont passés. Et puis, on a proposé un rabot supplémentaire qui a été très amendé par le Sénat. Aujourd'hui, la discussion parlementaire va se faire dans le cadre de la commission mixte paritaire. Nous faisons confiance aux parlementaires pour regarder ce qui…
ADRIEN GINDRE
Mais pas de raison spécifique de revenir en arrière sur le sport ?
SOPHIE PRIMAS
Si, on va revenir probablement en arrière sur le sport puisque vous savez qu'au Sénat, le rabot a été raboté, si je peux me permettre cette expression. Et que nous laissons les parlementaires prendre la décision dans le cadre de la commission mixte paritaire.
ADRIEN GINDRE
Hier soir sur LCI, c'est votre collègue ministre de l'économie, Eric LOMBARD qui allait de sa proposition sur les dépenses de santé. Il disait, "Etre remboursé à 100 % quand on a des revenus supérieurs à la moyenne. Est-ce que c'est vraiment indispensable ?" Là, il y a un chantier de son point de vue. Donc en clair, moins rembourser les frais de santé pour ceux qui sont les plus riches. Est-ce que c'est un chantier ? Vous nous confirmez que le Gouvernement compte ouvrir ?
SOPHIE PRIMAS
Ce qui est un chantier c'est de se dire comment on finance nos dépenses sociales ? C'est la moitié du budget de l'état et c'est un déficit très important. Donc, réfléchir à comment on finance nos dépenses sociales, comment on réduit les déficits, ça c'est le chantier qui est devant nous. C'est une proposition qui est une proposition personnelle du ministre de l'économie. Pour l'instant, il n'y a pas cette décision dans le spectre du Gouvernement.
ADRIEN GINDRE
Donc, elle n'engage pas le Gouvernement ?
SOPHIE PRIMAS
Elle n'engage pas le Gouvernement.
BRUCE TOUSSAINT
Donc, c'est décidément une marque de fabrique de ce Gouvernement. Ce sont des ministres qui font des propositions et après, on dit, le Gouvernement n'y est pour rien.
SOPHIE PRIMAS
C'est une marque de fabrique du Premier ministre qui laisse ses ministres, qui sont des ministres à la grande expérience, faire des propositions.
BRUCE TOUSSAINT
Donc c'est un pas en avant, deux pas en arrière ?
SOPHIE PRIMAS
Non, ce n'est pas deux pas en arrière, c'est un pas en avant et puis on prend les décisions, ensuite.
ADRIEN GINDRE
Vous aviez dit polyphonie, la semaine dernière, on peut dire que le mot prend tout son sens. Une précision, on disait compromis, mais compromis c'est surtout compromis avec les socialistes Sophie PRIMAS. Il y a eu des votes au Sénat, en majorité de droite, qui vont à l'inverse de ce que les socialistes espèrent concernant les 4 000 postes dans l'éducation nationale, les 500 postes à FRANCE TRAVAIL. Vous, encore une fois, qui venez de cette chambre haute, le Sénat, et qui venez de la droite, qu'est-ce que vous dites aux sénateurs de droite qui ont voté à leur âme et conscience et à qui, en fait, on va demander de vous revoir leur copie ?
SOPHIE PRIMAS
Mais c'est tout le temps comme ça. En fait, la discussion entre le Parlement, entre les deux chambres du Parlement…
ADRIEN GINDRE
C'est rare que des socialistes minoritaires décident de la politique finalement menée ?
SOPHIE PRIMAS
Ce que nous souhaitons avoir c'est ni un Gouvernement, Amélie DE MONTCHALIN l'a parfaitement dit, c'est ni un budget gauche ni un budget droite, c'est un budget qui trouve le chemin du compromis pour qu'enfin la France ait un budget. C'est ça l'urgence. Donc, le Sénat a pris les positions. Je note d'ailleurs, sans défendre le Sénat, mais que le déficit a été tenu au Sénat, même un petit peu au-delà de ce qui est demandé. Donc les sénateurs ont pris leurs responsabilités, ils ont affirmé un certain nombre de choix, notamment sur le sport, mais aussi, bien sûr, sur d'autres éléments. Et maintenant, on rentre dans la chambre de la discussion de la Commission mixte paritaire. Vous savez, moi j'étais président…
ADRIEN GINDRE
Ce n'est pas bizarre, vous, de vous dire, toute femme de droite, fait tout pour satisfaire les socialistes.
SOPHIE PRIMAS
Pas tout pour satisfaire les socialistes, tout pour satisfaire le chemin qui nous permettra d'avoir un budget. Vous voyez, il y a plein de projets de loi qui sont derrière en attente, dont celui dont on a parlé au début de notre interview. Il faut que, maintenant, on délivre et on perd 100 millions par jour. Donc il faut vraiment voter ce budget.
ADRIEN GINDRE
Une précision, Sophie PRIMAS, tout ça, tous ces compromis, c'est pour éviter la censure et que le Gouvernement soit renversé. Mais vous nous confirmez que le budget sera bien adopté par 49.3, l'Assemblée nationale.
SOPHIE PRIMA
Non, la méthode du Premier ministre, c'est, d'abord, l'écoute, ensuite le dialogue.
ADRIEN GINDRE
Non, pardon, vous nous dites donc qu'il y aura un vote sur le budget à l'Assemblée ?
SOPHIE PRIMA
Je vais finir. Donc, la méthode de François BAYROU, c'est le dialogue, l'écoute, le dialogue et la responsabilité. Donc, nous prendrons des responsabilités si nécessaire, mais nous préférons dialoguer jusqu'au bout et trouver ce compromis dont on parlait tout à l'heure.
BRUCE TOUSSAINT
Merci beaucoup Sophie PRIMAS, merci Adrien.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 28 janvier 2025