Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Notre invité ce matin, Yannick NEUDER, qui est ministre de la Santé et cardiologue de profession. Je voudrais quand même le rappeler, c'est bien vrai ?
YANNICK NEUDER
Oui, c'est toujours vrai.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est toujours vrai, oui, oui, parce que c'est important, parce qu'on dit toujours qu'on nomme ministre, des hommes ou des femmes qui ne connaissent rien au sujet. Là, vous connaissez le sujet puisque vous êtes cardiologue. Yannick NEUDER, on va faire un tout petit peu de politique et puis on va parler santé essentiellement dans notre rendez-vous. Richard FERRAND, président du Conseil constitutionnel, grâce à Marine Le PEN, une voix près. Est-ce que c'est grâce à Marine Le PEN ? Marine Le PEN a demandé aux députés RN de s'abstenir. Qu'en pensez-vous ?
YANNICK NEUDER
J'en pense que je suis vraiment venu pour parler de santé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah oui, d'accord, oui, non mais d'accord, Yannick NEUDER…
YANNICK NEUDER
J'en pense qu'il y a des séparations de pouvoir entre l'exécutif, le législatif et avec le Conseil constitutionnel. Sénat et Assemblée nationale ont voté. Moi, je n'ai pas à commenter.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, vous n'avez pas à commenter. Ça ne vous gêne pas la nomination de Richard FERRAND ?
YANNICK NEUDER
Je n'ai pas à commenter. Moi, je suis ministre de la Santé. Quand on s'exprime, ce n'est pas à titre personnel, c'est au titre de la fonction qu'on occupe, voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Là, vous allez être concerné quand même puisque c'est votre région. Et votre ami Laurent WAUQUIEZ est en difficulté face à Bruno RETAILLEAU. Je regardais le sondage IFOP Fiducial pour Sud Radio, paru ce matin. Que dit-il ? Auprès des sympathisants des Républicains : RETAILLEAU, 52%, WAUQUIEZ, 27%. Auprès des Français de droite : RETAILLEAU, 43%, WAUQUIEZ, 10%. Et puis l'ensemble des Français : RETAILLEAU, 30%, Wauquiez, 9%. C'est clair. Vous choisissez qui, vous ?
YANNICK NEUDER
Il n'y a pas à choisir. J'ai la chance d'avoir dans ma famille politique plusieurs talents. Après, clairement, je ne vais pas esquisser la question. Je suis en politique, j'ai été le vice-président pendant 7 ans de Laurent WAUQUIEZ, donc je suis fidèle à Laurent WAUQUIEZ.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous soutenez Laurent WAUQUIEZ ?
YANNICK NEUDER
Je soutiens Laurent WAUQUIEZ, clairement. Et je m'en suis très clairement ouvert à Bruno RETAILLEAU, puisque je suis loyal avec le ministre de l'Intérieur. Nous sommes dans le même Gouvernement. Nous travaillons ensemble, notamment sur des sujets comme le narcotrafic, lui sur le versant répression, et moi prochainement sur le versant prévention. Donc il n'y a pas… Il y a plusieurs talents. Moi, je suis avec Laurent WAUQUIEZ par fidélité depuis plusieurs années, mais je suis loyal au ministre de l'Intérieur. Et c'est une période à passer, mais on doit rester concentré sur les missions. Je suis avant tout le ministre de la Santé des Français.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, ministre de la Santé. Parlons de la sécurité, justement, dans les hôpitaux. Yannick NEUDER, j'ai vu : nouvelle agression de personnels soignants à Châlons-sur-Saône, mardi, une trentaine de personnes qui agressent trois personnels soignants suite au décès d'un proche de ces personnes. Tolérance zéro, dites-vous, mais comment ? Est-ce qu'il faut installer… Il y en a déjà des agents de sécurité dans tous les hôpitaux ?
YANNICK NEUDER
Alors, tout d'abord, c'est dramatique quand il y a des victimes et des patients qui décèdent, et les pensées vont en famille. Après, tout acte médical qui se passerait bien ou pas bien ou qui nécessiterait d'action ne peut pas légitimer des actes de violence. Donc, naturellement qu'il y a cette sécurité de proximité que vous évoquez. Je ne vois pas un seul directeur d'hôpital ou de clinique d'ailleurs, puisque ces agressions ont lieu aussi bien dans le public que dans le privé. Et aussi, n'oublions pas les libéraux qui sont aussi victimes de l'agression.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien sûr, j'ai vu le témoignage du docteur OULMEKKI, vous avez vu ça ?
YANNICK NEUDER
Exactement. Donc, il faut protéger nos soignants dans les structures d'hospitalisation. Les libéraux avec les maires… Les maires sont fortement impliqués dans la sécurité du quotidien avec les vidéoprotections, accompagnés parfois lors de visites à domicile ou autre. Par contre, ce qu'il faut, c'est aller plus loin dans l'outil, et là c'est notre rôle avec le garde des Sceaux, avec le ministre de l'Intérieur, c'est de voir renforcer l'arsenal législatif pour obliger que toutes ces agressions soient déclarées, permettre l'anonymat du soignant qui se fait agresser…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et qui va déposer plainte.
YANNICK NEUDER
…pour qu'il n'y ait pas de représailles sur lui-même ou sa famille. Et puis surtout, il faut peut-être renforcer l'arsenal avec un délit pénal beaucoup plus important et rediscuter peut-être des peines planchées qui font partie des sujets sur lesquels on doit illustrer cette tolérance zéro. Donc une proposition de loi du groupe Horizons avait été votée en mars. Nous avons des discussions avec le Sénat pour pouvoir l'inscrire au plus vite et pour pouvoir effectivement renforcer la protection des soignants. Mais je réaffirme bien, au nom du Gouvernement, la tolérance zéro vis-à-vis des agressions en général et particulièrement des soignants ; c'est insupportable quand vous portez assistance ou quand vous soignez les gens de se faire agresser. C'est le même combat aussi, on pourrait mettre des pompiers, des policiers, des gendarmes ; ce n'est pas acceptable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Yannick NEUDER, 20 000 médecins diplômés hors Union européenne exercent en France. 20 000 c'est énorme. Ils sont souvent sous-payés ces médecins étrangers ?
YANNICK NEUDER
Alors il y a des statuts qui sont parfois effectivement moins attractifs que d'autres. Je crois surtout qu'il faut arrêter d'opposer les différentes filières. Je crois que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un danger pour les patients… Ils représentent un danger pour les patients, dit Marion MARECHAL. Vous avez vu ça ?
YANNICK NEUDER
Pardon mais je ne viens pas ici commenter les propos de Marion MARECHAL-Le PEN. Moi, ce que je crois c'est que nous avons besoin de plus de médecins. Donc il faut former plus, il faut former mieux. Et entendez bien les deux mots : former plus, former mieux. Donc tous les médecins que nous pourrons former vont apporter du soin. Donc il y a notre formation initiale déjà où il faut supprimer le numerus, vous le savez, qui est trop restrictif. Après il faut rapatrier nos étudiants français qui sont partis en Roumanie, en Espagne, en Belgique. Il faut les faire revenir pour qu'ils finissent leur cursus. Après, nos médecins qui ont fait leur diplôme hors Union Européenne. Je crois qu'il faut surtout faciliter, simplifier, améliorer l'évaluation de leurs connaissances et de leurs compétences.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Accélérer leur naturalisation aussi ?
YANNICK NEUDER
La problématique, ce n'est pas un sujet d'immigration. C'est un sujet de compétences en santé. Je crois que quand vous êtes malade, vous voulez être soigné par un médecin compétent et qui est reconnu. Donc moi ce que je propose, c'est que dans nos services… Je suis hospitalier, j'étais hospitalier…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils sont incompétents, ceux qui exercent dans nos services ?
YANNICK NEUDER
Mais bien sûr que non. On ne met pas… c'est-à-dire qu'il faut évaluer les compétences. Et nous évaluons les compétences de nos étudiants. Nous évaluons nos externes, nos internes. Donc les PADHUE doivent être traités, entre guillemets, comme les autres. Vous avez des PADHUE dans vos services. Je redis que bon nombre d'hôpitaux ne fonctionneraient pas sans les médecins qui sont diplômés hors Union Européenne. Donc il ne faut pas les stigmatiser ni valider leurs connaissances en masse. Il faut faire les choses correctement. On évalue leurs connaissances, leurs compétences. Ils ont ce niveau de compétence requis pour exercer la médecine en France, ils sont validés ; ils ne l'ont pas, ils ont une formation supplémentaire et on réévalue. Mais par contre, je veux qu'on simplifie cet épisode de réévaluation qui doit se faire dans les services hospitaliers, encadré par les médecins qui sont déjà présents. Parce que c'est bien plus facile d'évaluer la compétence de quelqu'un sur un service que lors d'un examen ou d'une commission nationale. Donc je veux simplifier les choses et ça sera fait très prochainement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Yannick NEUDER, le tabac. Nouvelle campagne de lutte contre le tabagisme depuis mardi. Le prix des cigarettes a un peu baissé en Outre-mer. En métropole, augmentation de 20 à 50 centimes le paquet depuis début février. Il y aura une nouvelle augmentation en 2025 ou pas ?
YANNICK NEUDER
Alors il y a une trajectoire qui avait été définie. On reste sur cette trajectoire-là. Il faut trouver le bon équilibre entre, naturellement rappelé par les campagnes de prévention, et c'est ce que j'ai fait avec mon ministère lundi, de relancer les méfaits du tabac. On a tendance à oublier, c'est 75 000 morts par an, c'est le cancer du poumon, ce sont les atteintes cardiovasculaires. Donc il faut vraiment réexpliquer que d'ailleurs, quand on peut s'arrêter de fumer, c'est parfois au prix de plusieurs tentatives ; c'est l'objet de cette campagne. Donc il faut trouver le juste équilibre entre le prix du tabac…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y aura d'autres augmentations en 2025 ?
YANNICK NEUDER
Il y a une courbe qui est prévue, voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et en 2026, accélération de l'augmentation ?
YANNICK NEUDER
On suit la courbe.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On suit la courbe. Est-ce que sur les terrasses des bars, des cafés, des brasseries, des restaurants, il sera interdit de fumer ?
YANNICK NEUDER
Ça fait partie des discussions en cours.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous y êtes favorable ou pas ?
YANNICK NEUDER
Je dis qu'il faut mettre des mesures qui soient aussi compatibles, acceptables avec tout le monde. On peut réfléchir, on peut réfléchir que dans l'espace public, en dehors, il y ait des espaces réservés aux fumeurs. Vous parlez des terrasses de café, on pourrait évoquer des sujets compliqués comme les plages…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Là, je suis très précis. Je vous dis pourquoi. Parce que beaucoup voient sur les terrasses des lycéens, ou même parfois des collégiens, fumer sur les terrasses des cafés. Est-ce que vous prévoyez d'interdire de fumer sur ces terrasses ? Est-ce que vous êtes favorable ou pas, vous, à titre personnel ?
YANNICK NEUDER
À titre personnel, il faut discuter, il faut voir. Parce qu'il y a un moment aussi, le moment de boire un café avec une cigarette fait partie aussi de la vie en général et des moyens des moments de répits.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous êtes contre l'interdiction ?
YANNICK NEUDER
Non, vous ne me faites pas dire, je suis pour, je suis contre. Ce n'est pas aussi binaire que ça. Je pense qu'il y a des périmètres autour des établissements scolaires, par exemple, je vous prends un exemple. Je pense que dans des périmètres autour des établissements scolaires, sur des lieux publics, des jardins publics, des choses comme ça, c'est peut-être quelque chose à réfléchir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça va être fait ?
YANNICK NEUDER
C'est quelque chose à réfléchir. Ce sont essentiellement les élus locaux qui, eux-mêmes, prennent des arrêtés pour pouvoir gérer ça. Moi, j'ai été maire localement, on attend…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Yannick NEUDER, vous ne me répondez pas, là, sur les terrasses.
YANNICK NEUDER
Parce que sur les terrasses, quel est le niveau d'acceptabilité ? Vous savez, on a beaucoup de Français qui ont beaucoup de difficultés économiques, de travail, de pouvoir d'achat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous dites non ?
YANNICK NEUDER
Non, je ne dis pas non, je dis qu'il faut aussi arrêter…
JEAN-JACQUES BOURDIN
De stigmatiser…
YANNICK NEUDER
Excusez-moi de l'expression ; arrêtons un peu aussi d'emmerder les Français. Je pense que mon rôle, c'est d'expliquer…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous êtes contre.
YANNICK NEUDER
Non, mon rôle, c'est d'expliquer que le tabac à grosse dose, tout ça…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je comprends.
YANNICK NEUDER
Si maintenant une personne boit, fume une cigarette, que c'est son moment de quiétude, il faut trouver la bonne mesure.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc pour l'instant, on va pouvoir continuer à fumer, quoi.
YANNICK NEUDER
Donc je préfère expliquer les méfaits du tabac, prévoir des campagnes de dépistage sur le cancer, des choses comme ça. Et puis les gens prennent leur solution.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais Yannick NEUDER, il n'y a aucune honte à dire que finalement, emmerder les Français sur une terrasse de café, ce n'est pas bien, quoi. Il n'y a pas honte à le dire.
YANNICK NEUDER
Non, ce n'est pas honte. Par contre, on peut coupler ça avec un message en disant, "attention, chaque cigarette est une cigarette de trop."
JEAN-JACQUES BOURDIN
On peut afficher un message sur la terrasse du café aussi.
YANNICK NEUDER
Il y aura différentes façons de le faire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, dites-moi, la vente illégale des cigarettes augmente, évidemment. Les produits de vapotage, certains disent qu'ils sont nocifs, mais ils ne sont pas taxés, pourquoi ?
YANNICK NEUDER
Alors, attention, les puffs sont interdits.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On en trouve toujours. Sur Internet, ce n'est pas compliqué.
YANNICK NEUDER
On l'a interdit il y a trois semaines, donc il faut que tout ça se mette en place, pour notamment, vis-à-vis des jeunes. Les puffs sont aussi très commerciales, avec des goûts qui sont particulièrement adaptés à notre jeunesse. Et on sait que finalement, c'est du conditionnement, le geste qu'on conduit. En fait, souvent, les fumeurs de demain commencent par la puff.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais quand les puffs seront-elles interdites ?
YANNICK NEUDER
Là, elles sont interdites. Il faut mettre en place tout ça. On ne va pas mettre un gendarme, vous le savez très bien, devant chaque bureau de tabac. Donc là aussi, mais d'une façon générale, le message est d'interdire. Et puis, il y a un autre sujet que vous pourriez évoquer, c'est les pouches ; toutes ces boules de nicotine qu'on veut faire mettre dans la bouche de nos enfants. Moi, je suis ministre de la Santé, mais je suis avant tout médecin et père de famille, donc il faut qu'on interdise tout ça. Alors après, il y a des réglementations européennes, donc nous sommes en train de travailler ce sujet, et de faire des propositions au niveau de l'Europe. Il ne s'agit pas non plus de faire du populisme, de faire des choses qui sont interdites, et qui demain, on ne pourra pas prendre ces mesures, parce que ça ne correspond pas, effectivement, à la position européenne. Donc il faut travailler les dossiers sérieusement, donc la cigarette, les puffs, les pouches ; tout ça, c'est nocif pour la santé. Et je suis en train de m'en occuper. Ça fait 54 jours que je suis au ministère.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Yannick NEUDER, le cannabis, pas de légalisation, même encadré ?
YANNICK NEUDER
Ah non, non. Alors là, c'est très clair, ma position est très claire ; le cannabis, c'est presque 5 millions de Français qui ont un usage, je ne dirais pas quotidien, mais qui consomment du cannabis au moins une fois par an, donc il est hors de question de légaliser le cannabis.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Même à des fins personnelles ?
YANNICK NEUDER
Alors attendez, à des fins personnelles, bien entendu, bien entendu. Donc je croyais que vous allez me parler du cannabis thérapeutique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais vous en parler.
YANNICK NEUDER
Mais le cannabis, pourquoi, je suis absolument contre ? Parce que déjà, ça trouble les messages, on est contre les drogues, d'une façon générale. Le ministre de l'Intérieur mène une campagne sur le narcotrafic ; nous mènerons une campagne dans le cadre, notamment aussi de la santé mentale, sur l'addictologie aux drogues. On sait très bien que l'utilisation du cannabis, en fait, a complètement changé des époques 68 et autres, et que c'est un passage maintenant pour des drogues beaucoup plus dures, avec de la cocaïne, de l'héroïne. Les impacts sur la santé, notamment des plus jeunes, cardiovasculaires, on voit des infarctus avec des drogues, on voit des impacts neurologiques, des démences, des troubles psychosociaux majeurs accentués. Donc il est hors de question de favoriser… D'ailleurs tous les pays qui l'ont fait se mordent les doigts, puisque notamment le Canada, les États-Unis ont vu l'augmentation de la consommation et ont vu les impacts sur la santé particulièrement se majorer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le cannabis thérapeutique, expérimentation terminée, va-t-il être légalisé ?
YANNICK NEUDER
Alors, déjà, je n'aime pas le terme "légalisé", vous ne diriez pas ça d'un bêta-bloquant ou d'un antibiotique. On ne légalise pas les antibiotiques. Là on parle d'un médicament. Donc il y a des douleurs, je l'ai déjà dit, il y a des douleurs rebelles, les algies de la face, les contractures, souvent des séquelles post-accidents vasculaires cérébraux, les algies vasculaires de la face, qui ne sont sensibles qu'à ces molécules-là, et qui sont souvent d'ailleurs des huiles actuellement. Donc il faut laisser en France se développer une filière thérapeutique. On parle d'un médicament qui sera évalué par la Haute Autorité de Santé. Les patients qui étaient dans ces études n'avaient aucune raison de voir leur traitement s'arrêter au 31 décembre, donc le 31 décembre, j'ai réaffirmé - je m'en rappelle bien, puisque j'étais en train de rentrer de Mayotte avec le Premier ministre, quand j'ai pris cette décision, pour qu'aucun patient - on parle bien de patient - n'ait d'interruption de son traitement. Donc tous les patients qui sont sous cette filière thérapeutique de cannabis vont avoir leur traitement. Et la Haute Autorité de Santé va évaluer s'il y a intérêt à agir, et si on voit que cette voie apporte des effets positifs à la santé, et surtout la prise en charge de douleur, par rapport à d'autres thérapeutiques. Donc si c'est une filière, il ne s'agit pas de légaliser, vraiment je reprends ce terme-là, c'est d'autoriser une nouvelle filière de médicaments. Un certain nombre d'ailleurs de laboratoire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle sera autorisée.
YANNICK NEUDER
Ça dépendra de l'évaluation de la Haute Autorité de Santé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous êtes plutôt favorable ?
YANNICK NEUDER
Si c'est une substance qui améliore la douleur des patients, à l'heure où on parle de soins palliatifs…
JEAN-JACQUES BOURDIN
La lutte contre la douleur.
YANNICK NEUDER
Moi je pense que notamment dans le développement des soins palliatifs… Et moi je suis très favorable qu'il y ait deux textes sur la fin de vie…
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'allais y venir.
YANNICK NEUDER
Puisque les soins palliatifs sont un sujet important.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y aura deux textes ?
YANNICK NEUDER
Il y aura deux textes. Le Premier ministre a été très clair sur cette position.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quand ?
YANNICK NEUDER
Je crois que c'est prévu autour du mois de mai.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Au mois de mai ?
YANNICK NEUDER
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Deux textes donc : l'un sur les soins palliatifs et l'autre sur l'aide à mourir.
YANNICK NEUDER
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, ok, très bien, au moins comme ça, c'est clair. La cocaïne, dites-moi, ça déferle. Combien ça coûte aujourd'hui un gramme de cocaïne ?
YANNICK NEUDER
Pardon, je ne peux pas vous répondre à cette question. Je ne fais pas encore les points de deal.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous savez que ça ne coûte rien ? ça coûte 50 euros.
YANNICK NEUDER
En tout cas, le cannabis est une des voies d'aller vers la consommation de cocaïne, c'est bien pour ça qu'il faut l'interdire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais vous parler des numéros d'urgence, parce que ça, ça me tient à cœur. En France, nous avons le 15, le 17, le 18, 112. Beaucoup de numéros d'urgence. Bien souvent, en Europe, dans de nombreux pays, il n'y a qu'un seul numéro d'urgence. Pourquoi est-ce que ce n'est pas le cas dans notre pays ? Je sais qu'il y a une expérimentation qui est conduite dans le département de l'Ain. C'est vrai, Yannick NEUDER ? Est-ce qu'un jour, nous aurons un seul numéro d'appel d'urgence ?
YANNICK NEUDER
Là encore, je ne suis pas conte, je ne suis pas pour. Il faut voir quel est l'intérêt. Je crois qu'il y a quand même des passerelles. Ne caricaturons pas. Il y a des passerelles entre notamment… Alors le 17, c'est complètement autre chose. C'est sur la force de gendarmerie ou de police. Mais sur le 15 ou le 18, c'est ça dont vous voulez parler.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pourquoi ne pas avoir le 112, simplement ?
YANNICK NEUDER
Mais discutons de comment tout ça derrière… Moi, ce que je ne veux pas rentrer, c'est dans l'opposition entre la prise en charge du SAMU ou la prise en charge de pompiers. On a la chance d'avoir une organisation territoriale qui est bien différente de certaines régions à l'autre, de certains départements à l'autre. Donc, je crois que tout ça… Non, ne faisons pas un problème, c'est relativement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes favorable à un numéro unique ou pas ?
YANNICK NEUDER
Il faut regarder les avantages et les inconvénients. Je n'ai pas de position a priori ou a posteriori qu'est-ce qu'on gagne. Parce que qu'est-ce qu'on gagne ? Voilà, moi, si on me montre qu'il y a des effets sur diminuer le délai de prise en charge, qu'on est plus proche et tout ça, pourquoi pas ? Si ça permet d'améliorer la santé des Français, oui. Après, changer quelque chose pour dire de le changer. S'il n'y a pas d'impact positif sur la prise en charge des patients dans les territoires, moi, je veux bien tout changer. Mais je crois qu'il y a aussi d'autres sujets à traiter plus urgemment.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, Tramadol et Codéine sur ordonnance sécurisée. On est d'accord ?
YANNICK NEUDER
Moi, je crois qu'il faut faire attention.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quand ? Le 1er mars, c'est ça ?
YANNICK NEUDER
On n'a un PLFSS, ça ne vous a pas échappé, un budget de Sécurité sociale, que depuis lundi. Et ça ne fait pas 48 heures que le projet de loi a enfin été voté, qu'on me pose plein de sujets. On me posait au Sénat la question des maladies, des maladies rares et notamment de l'amyotrophie spinale. C'est tous des sujets sur lesquels on a trois propositions nouvelles de dépistage de maladies néonatales, dont l'amyotrophie spinale. Eh bien, plus vite on a un budget, plus vite on peut lancer les plateformes pour la technologie, les appels d'offres pour plus vite dépister. Chaque jour qui passait dans ce pays sans budget de la Sécurité sociale est un jour de moins pour la santé des Français et un jour qui a coûté à peu près 30 millions d'euros. Dépêchons-nous, il y a 130 enfants qui naissent chaque année avec une amyotrophie spinale sur lesquels on peut mieux dépister, on peut mieux traiter. Il y a la thérapie génique et ça permet de faire moins de handicaps, d'améliorer la santé de nos enfants. Ce sont des sujets importants.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Yannick NEUDER, à quand les ordonnances infalsifiables ? Les ordonnances de médecine infalsifiables ?
YANNICK NEUDER
On y est dessus, tout comme les arrêts de travail infalsifiables, tout comme la sécurisation aussi de la carte vitale. Nous avons des applications qui sont en test dans un certain nombre de départements. D'ailleurs, je ne sais pas si vous avez digitalisé votre carte vitale. Il y a une application qui fait ça. On le fait pour nos cartes bancaires.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Exactement.
YANNICK NEUDER
Voilà, donc je ne vois pas pourquoi…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quand est-ce que ça sera généralisé et imposé ?
YANNICK NEUDER
Dans ce PLFSS-là, on a mis des moyens pour pouvoir faire en sorte que la carte vitale soit digitale.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça sera effectif quand ?
YANNICK NEUDER
Là, dans les mois qui viennent, les semaines qui viennent. On a déjà une vingtaine de départements qui sont dessus, 23 je crois exactement. Et j'espère qu'à la fin de l'année, tous les Françaises et les Français, hormis la fracture numérique, parce que tout le monde n'a pas de smartphone et tout le monde n'est pas à un usage aisé du numérique. Mais arrêtons aussi de créer des trucs très compliqués. Il y a des outils du numérique ; tout le monde le pratique déjà pour sa carte bancaire. Donc arrêt de travail infalsifiable, ordonnance infalsifiable, carte vitale numérisée. Nous avons 13,5 milliards de fraudes au système social. Donc nous avons des marges. Et chaque euro qui est mal utilisé et qui est fraudé, est un euro de moins pour la santé des Français. Et ça, je me battrai sans relâche avec notamment Bercy sur ce sujet.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je voulais terminer avec l'affaire Le SCOUARNEC, qui est une affaire terrible. Le procès de ce chirurgien ouvrira lundi prochain. Je vous dis ça parce que beaucoup disent qu'il y a eu une omerta du monde médical. Il a été condamné en 2005 pour détention d'image pédopornographique. Personne n'a réagi ; aucune autorité préfectorale ou autre, aucune autorité nationale, aucune autorité médicale, même pas le conseil de l'ordre. Il n'a jamais été interdit d'exercer. Est-ce qu'il n'y a pas, là, un manquement absolument insupportable ?
YANNICK NEUDER
Mais monsieur BOURDIN, on parle… Cette situation, vous l'aviez dit vous-même, est intolérable, inadmissible. Moi, je suis ministre de la Santé depuis une cinquantaine de jours. Je ne vais pas commenter une opération judiciaire en cours.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais il peut y avoir une enquête ouverte sur le manquement.
YANNICK NEUDER
Mais naturellement que c'est bien à ce titre-là que j'ai relancé les campagnes. J'ai dit que je voulais être le ministre de la Santé des Français, mais le ministre de la Santé qui protège aussi les soignants. Puisque je suis persuadé que les soignants sont aussi la principale richesse de notre système de santé. Donc j'ai dénoncé et j'ai relancé le plan de lutte contre les violences sexuelles et sexistes pour les professionnels également, pour les patients, pour pouvoir… Effectivement, cette situation est intolérable. Donc on prendra toutes les conséquences qu'il y a à prendre. Mais ne me demandez pas, au bout de 50 jours à ce ministère, de commenter une affaire judiciaire en cours qui date d'il y a 20 ans.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je ne commente pas l'affaire judiciaire. Je vous demande pourquoi.
YANNICK NEUDER
Il ne doit pas avoir d'omerta sur ces sujets. Je vous le confirme.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas d'omerta sur ces sujets.
YANNICK NEUDER
Pas d'omerta sur ces sujets. Et d'ailleurs, les étudiants en médecine par ailleurs ou autres se sont beaucoup saisis de cette lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Et on doit aussi libérer la parole sur ces sujets.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'avais oublié l'alcool. Parce qu'on oublie souvent l'alcool. On parle beaucoup du tabac, la drogue, le cannabis mais on parle peu de l'alcool.
YANNICK NEUDER
On peut en parler.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On peut en parler. Vous avez raison.
YANNICK NEUDER
Plus de 40 000 décès par an.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais oui, je sais. C'est pour ça que je vous en parle. Comment protéger les jeunes des influenceurs, par exemple ?
YANNICK NEUDER
C'est un sujet sur lequel j'aimerais bien que nous puissions travailler. Il y a une proposition de loi d'ailleurs d'une députée qui veut justement supprimer la publicité sur les alcools forts, notamment par les influenceurs. Je l'ai déjà dit.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous y êtes favorable ?
YANNICK NEUDER
J'y suis favorable. Je l'ai même cosigné quand j'étais député. Donc je ne vais pas me renier en tant que communiste de la Santé. Pourquoi ? Parce que c'est l'intérêt et qu'on sait très bien. Et ça, je permets de le redire. Merci de me reposer cette question-là. C'est qu'on sait très bien que l'alcoolisation aiguë, notamment de notre jeunesse, est surtout faite avec des alcools forts. Donc je pense qu'il faut vraiment pouvoir trouver des moyens.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Interdire tous ces influenceurs.
YANNICK NEUDER
Sur les influenceurs, sur les publicités, rappeler les méfaits. Rappeler aussi la nécessité que quand on va en soirée de désigner un qui ne boira pas… Il y a beaucoup de prévention à faire. Mais arrêtons aussi d'opposer… Nous avons aussi une filière viticole et on peut très bien faire de la prévention sur l'alcoolisation aiguë des jeunes qui est méfait d'accident de la route, méfait de violence, méfait d'atteinte de la santé des jeunes, sans pour autant mettre en difficulté notre filière. Ce sont des vieux combats. On oppose des sujets qui n'ont pas à s'opposer. On peut être un pays où, effectivement, il y a une filière viticole et on peut très bien avoir un programme de lutte contre l'utilisation d'alcool fort en soirée. Ça n'a rien à voir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Yannick NEUDER d'être venu nous voir.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 21 février 2025