Texte intégral
THOMAS SOTTO
Bonjour et bienvenue sur RTL, Sophie PRIMAS, madame la porte-parole.
SOPHIE PRIMAS
Bonjour Thomas SOTTO.
THOMAS SOTTO
Le terrorisme a donc de nouveau frappé sur le sol français ce week-end à Mulhouse et le suspect est un Algérien de 37 ans inscrit au fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste en situation irrégulière, qui était sous le coup d'une OQTF mais que l'Algérie a refusé, à dix reprises, de reprendre. Dix reprises, c'est le ministre de l'Intérieur qui l'a dit. Quelle impuissance, Sophie PRIMAS.
SOPHIE PRIMAS
Permettez-moi d'abord de penser à la victime, ce monsieur portugais qui était très inséré dans la vie locale et qui a donné de sa vie, et c'est évidemment un drame, et puis également aux personnes qui ont été blessées.
THOMAS SOTTO
Y a-t-il une responsabilité de l'État dans le décès de ce pauvre homme.
SOPHIE PRIMAS
Ce qui est difficile, c'est effectivement, comme l'a souligné le ministre de l'Intérieur, le fait que nous n'arrivons pas à ramener les OQTF en Algérie mais aussi dans d'autres pays. Parce que vous savez qu'il y a une réunion interministérielle qui va se tenir cette semaine, sous la présidence du Premier ministre pour parler des pays avec lesquels nous avons des difficultés de retour. Bien sûr, on parle de l'Algérie mais il y en a effectivement d'autres et c'est effectivement une problématique. Alors vous savez que nous n'avons pas le droit de tenir ces personnes en rétention. Pour l'instant, le Conseil constitutionnel, plusieurs fois, malgré nos propositions, dit qu'il faut laisser ces personnes en liberté. Donc on a un sujet d'exécution sur les OQTF en effet.
THOMAS SOTTO
Mais que peut-on faire pour que ça ne se reproduise pas demain, la semaine prochaine, dans 15 jours ? Est-ce qu'on est impuissant aujourd'hui en l'état du droit ?
SOPHIE PRIMAS
Alors en l'état du droit aujourd'hui, je vous le répète, on a envisagé plusieurs fois de faire des mesures de rétention de sûreté sur ce type de profil. Ce monsieur était en plus schizophrène, donc il y avait des problèmes mentaux. On a envisagé plusieurs fois des mesures de sûreté, de rétention de sûreté, qui ont été à chaque fois retoquées par le Conseil constitutionnel au nom de la liberté individuelle des uns et des autres de se déplacer. Il faut donc trouver une solution qui soit compatible avec notre droit constitutionnel. C'est très compliqué dans la réalité.
THOMAS SOTTO
Il faut changer la loi ?
SOPHIE PRIMAS
Je pense qu'il faut réfléchir à changer la loi, en particulier là-dessus, puisque vous savez qu'il y a une proposition du Sénat en particulier qui est déjà d'augmenter le temps de détention dans les centres de rétention administrative, de le passer de 90 à 120 jours. C'est une première piste. Peut-être faudra-t-il aller plus loin, mais il faut changer la loi.
THOMAS SOTTO
Aller plus loin, est-ce qu'il faut une nouvelle loi immigration ? On sait que François BAYROU n'en voulait pas initialement. Est-ce que là, ce contexte, cette situation, ces drames, vous font dire oui, il faut réfléchir à une nouvelle loi immigration ?
SOPHIE PRIMAS
Vous avez dit tout à l'heure qu'il y a un problème d'exécution. Donc je suis plus favorable, dans cette situation politique actuelle et la configuration politique actuelle, à non pas une grande confrontation sur l'immigration, ou en tout cas des échanges de convictions assez différentes sur l'immigration. En revanche, je suis plus favorable à des petites mesures portées par des propositions de loi d'origine parlementaire ou des projets de loi qui régleront des problématiques de ce type-là, pour trouver la façon de mettre ces personnes à l'écart et de n'être plus des dangers.
THOMAS SOTTO
Bruno RETAILLEAU a eu des mots très forts après cette attaque. "Il faut changer de braquet avec l'Algérie et accepter un rapport de force." Ça veut dire quoi, accepter un rapport de force et changer de braquet ?
SOPHIE PRIMAS
Je pense qu'aujourd'hui, on est dans une situation qui est une situation de relations diplomatiques avec l'Algérie. Il y a, aujourd'hui, un certain nombre de mesures qui pourraient être prises.
THOMAS SOTTO
Elles sont catastrophiques, ces relations diplomatiques avec l'Algérie.
SOPHIE PRIMAS
Elles sont très difficiles. Vous savez qu'aujourd'hui, c'est les 100 ans de Boualem SANSAL en prison.
THOMAS SOTTO
100 jours.
SOPHIE PRIMAS
100 jours, j'ai dit.
THOMAS SOTTO
100 ans.
SOPHIE PRIMAS
100 ans, peut-être pas, le pauvre homme… 100 jours, évidemment.
THOMAS SOTTO
Mais comment concrètement ? Parce qu'on entend les ministres qui se succèdent, qui se payent deux mots un peu parfois. Comment concrètement on change de braquet, on accepte un rapport de force ?
SOPHIE PRIMAS
Il y a des relations diplomatiques. On n'est pas obligé d'avoir des visas en quantité aussi importante. On peut cibler un certain nombre de personnes qui sont importantes dans leurs relations franco-allemandes et ne plus leur donner de visa sur la France. On peut accélérer un petit peu.
THOMAS SOTTO
On va réduire le nombre de visas accordés aux Algériens ?
SOPHIE PRIMAS
Écoutez, je ne sais pas quelles seront les mesures qui seront décidées mercredi. C'est l'objet de la réunion mercredi.
THOMAS SOTTO
C'est sur la table ?
SOPHIE PRIMAS
C'est sur la table. Je le répète, avec l'Algérie, mais avec aussi d'autres pays qui sont des pays sur lesquels on a des difficultés de retour.
THOMAS SOTTO
Il y a des divisions entre ministres, entre Jean-Noël BARROT d'un côté, ministre des Affaires étrangères, et Bruno RETAILLEAU. Il a répondu à RETAILLEAU, BARROT, hier. "Ce qui nous intéresse, c'est la sécurité des Français, pas le rapport de force pour le rapport de force."
SOPHIE PRIMAS
"Ce qui nous intéresse, c'est la sécurité des Français." Cette phrase aurait pu être dite par Bruno RETAILLEAU. Donc en réalité, l'objectif…
THOMAS SOTTO
Oui, mais ce qu'il lui dit là, c'est que ce que vous dites, monsieur le ministre de l'Intérieur, ne sert à rien.
SOPHIE PRIMAS
Jean-Noël BARROT est un diplomate, comme Dominique De VILLEPIN. Bruno RETAILLEAU est un ministre de l'Intérieur. Donc forcément, les visions qu'ils ont les uns et les autres sont différentes. C'est au Premier ministre qu'il reviendra de trancher. C'est le bonheur de la polyphonie du Gouvernement.
THOMAS SOTTO
Il est sur quelle ligne le Premier ministre ?
SOPHIE PRIMAS
Le Premier ministre est sur une ligne qui est une ligne de fermeté.
THOMAS SOTTO
Donc plutôt RETAILLEAU ?
SOPHIE PRIMAS
Non, pas plutôt RETAILLEAU, mais un équilibre entre les deux, c'est le principe du centrisme.
THOMAS SOTTO
Est-ce que vous allez remettre en cause les fameux accords de 68 qui gèrent nos relations avec les Algériens ?
SOPHIE PRIMAS
Écoutez, c'est ce que je vous disais tout à l'heure. Tous ces éléments-là, qui sont des éléments de relation avec l'Algérie, sont sur la table. Celui-ci, je ne sais pas s'il y est particulièrement. Moi, je voudrais juste dire qu'on parle beaucoup de l'Algérie. Je redis qu'il y a d'autres pays avec lesquels on a des problèmes de retour. Et la deuxième chose, c'est qu'il y a une énorme communauté française qui est d'origine algérienne et qu'il ne faut pas qu'il y ait de confusion. Donc cette espèce de focalisation sur l'Algérie, il faut faire aussi attention de ne pas tout mélanger.
THOMAS SOTTO
Sur l'enquête à propos de l'attentat de Mulhouse, est-ce que vous savez si le terroriste a agi seul ? Est-ce qu'on est en mesure de le dire ?
SOPHIE PRIMAS
Ce sont des informations que je ne suis pas en mesure de vous donner ce matin. En tout cas, je ne suis pas autorisée à divulguer un certain nombre d'informations, que d'ailleurs je n'ai pas. A priori, il y a eu des arrestations, mais je ne sais pas quel en est la teneur.
THOMAS SOTTO
On ne sait pas quel rôle ces personnes ont pu jouer autour de lui. Autre sujet du week-end, l'arrestation de Mohamed AMRA en Roumanie. Il a accepté d'être remis aux autorités françaises. Savez-vous quand cela sera chose faite ?
SOPHIE PRIMAS
Écoutez, a priori, on a jusqu'à un mois à peu près pour pouvoir le récupérer sur le sol français. Ce n'est pas très important en réalité, puisqu'il est maintenant emprisonné et sous bonne garde. Moi, je voudrais saluer le travail des policiers, évidemment, de la coopération des magistrats aussi qui ont été impliqués dans cette arrestation. Il y avait 50 policiers qui travaillaient 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 à cette arrestation. Je pense aux familles qui doivent être, non pas satisfaites, mais en tout cas soulagées.
THOMAS SOTTO
D'ailleurs, Dominique GARCIA, le père d'Arnaud GARCIA, un des deux surveillants pénitentiaires tués à Incarville par AMRA et ses complices, sera tout à l'heure à 8h15 l'invité d'Amandine BEGOT ici sur RTL. Parmi les personnes qui ont été interpellées après l'arrestation d'AMRA, savez-vous s'il y a le tueur ou est-ce qu'on n'est pas en mesure de le dire, l'homme qui a tiré ?
SOPHIE PRIMAS
On n'est pas en mesure de le dire, parce qu'il y a un grand nombre d'arrestations qui ont eu lieu. Et aujourd'hui, on n'a pas identifié exactement qui était le tireur.
THOMAS SOTTO
Sophie PRIMAS, ça fait 3 ans aujourd'hui que la Russie de Vladimir POUTINE a déclaré la guerre à l'Ukraine. Comment qualifieriez-vous la nature du soutien de la France à l'Ukraine ?
SOPHIE PRIMAS
Il est total, c'est-à-dire que nous considérons que l'Ukraine a été le pays évidemment agressé par la Russie, dont les frontières ont été agressées. Il y a maintenant des milliers et des milliers de morts, de part et d'autre d'ailleurs. Mais l'Ukraine est la seule qui peut décider de son destin et décider s'il doit y avoir la fin de la guerre, l'entrée des négociations.
THOMAS SOTTO
Donald TRUMP n'a pas l'air d'être tout à fait persuadé par ce que vous dites, lui qui semble avoir basculé côté russe.
SOPHIE PRIMAS
Oui, je ne sais pas s'il a basculé côté russe ou si c'est une stratégie de sa part. Mais en tout cas, c'est évidemment à l'Ukraine de décider quand est-ce que la guerre s'arrêtera, dans quelles conditions elle doit s'arrêter et dans quelles conditions on peut envisager une paix. Et naturellement, les Européens doivent être à la table des négociations. Vous savez, on a toujours cette expression, si on n'est pas à la table des négociations, alors on devient le menu.
THOMAS SOTTO
Vous pensez qu'Emmanuel MACRON peut encore raisonner Donald TRUMP ou Vladimir POUTINE ?
SOPHIE PRIMAS
Je pense qu'il est toujours bon d'essayer de négocier. Donald TRUMP est dans une posture de négociation qui est la sienne, avec une stratégie de négociation qui est la sienne. Que ne dirait-on si on n'allait pas négocier avec lui et le rencontrer ?
THOMAS SOTTO
Les résultats des élections en Allemagne, on en parlait avec François LENGLET à l'instant. Quelle est la position de la France ? Vous prenez acte, vous êtes inquiets, vous êtes soulagés ? Qu'est-ce que vous dites à celui qui sera sans doute le prochain chancelier, Friedrich MERZ ?
SOPHIE PRIMAS
Écoutez, je pense qu'on ne peut prendre qu'acte des résultats et se réjouir peut-être que ce nouveau chancelier qui s'annonce dans une coalition qui sera une coalition effectivement large, est compliqué, mais la situation politique en France l'est également. Nous souhaitons vraiment renforcer les liens avec l'Allemagne. Nous avons besoin, comme moteur du réveil européen, qu'à la fois l'Allemagne, la France, l'Italie, et des relations qui soient des relations très fortes, il faut réactiver… Alors je ne sais pas s'il a vraiment toujours existé ce couple franco-allemand, mais en tout cas, le lien entre la France et l'Allemagne a toujours fait un moteur pour l'Europe, un moteur industriel, un moteur énergétique, un moteur dans les négociations commerciales, et bien sûr un moteur pour l'Europe de la défense qui s'annonce et qui va être très importante.
THOMAS SOTTO
Et quand vous voyez Elon MUSK qui, toute la journée d'hier, a tweeté "AFD, AFD, AFD", le nom du parti d'extrême droite d'origine néo-nazie ?
SOPHIE PRIMAS
C'est épouvantable. C'est de l'ingérence dans la vie politique et démocratique d'un pays. C'est assez épouvantable.
THOMAS SOTTO
Dernière question, c'est de la politique chez nous, et comme on est au bout, il va falloir que vous répondiez par un nom : RETAILLEAU ou WAUQUIEZ pour la présidence de LR ?
SOPHIE PRIMAS
On verra quand tous les candidats seront prononcés.
THOMAS SOTTO
Non, non, non ; gouverner c'est choisir. RETAILLEAU ou WAUQUIEZ ?
SOPHIE PRIMAS
Non, je ne peux pas ici, comme porte-parole, choisir devant vous et je choisirai quand tous les candidats seront connus.
THOMAS SOTTO
Bon, plutôt RETAILLEAU ? Plutôt WAUQUIEZ ?
SOPHIE PRIMAS
Je vous laisse dire, je vous laisse choisir.
THOMAS SOTTO
Vous êtes très proche de Bruno RETAILLEAU, non ?
SOPHIE PRIMAS
Et de Laurent WAUQUIEZ.
THOMAS SOTTO
C'est dommage de finir sur la langue de bois, mais j'aurai essayé. Merci beaucoup Sophie PRIMAS.
SOPHIE PRIMAS
Merci.
THOMAS SOTTO
Dans un instant, c'est Philippe CAVERIVIERE qui arrive, parce que ça aussi, ça fait partie des charges d'une porte-parole du Gouvernement.
SOPHIE PRIMAS
Aïe, aïe, aïe.
THOMAS SOTTO
CAVERIVIERE sur RTL, tout de suite.
AMANDINE BEGOT
Le retour, il revient de vacances.
SOPHIE PRIMAS
Aïe, aïe, aïe.
AMANDINE BEGOT
À tout de suite.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 25 février 2025