Déclaration de Mme Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, sur la liberté des femmes à l'occasion du débat général de la 69e session de la Commission de la condition de la femme, New York (États-Unis) le 11 mars 2025.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Aurore Bergé - Ministre déléguée chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations

Circonstance : Débat général de la 69e session de la Commission de la condition de la femme

Texte intégral

Monsieur le Président,

Simone de Beauvoir nous avait prévenu : "il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes, nos droits, soient remis en question. Votre vie durant, vous devrez demeurer vigilante." Et nous y sommes : ce moment, c'est aujourd'hui.

Partout dans le monde, la liberté des femmes est contestée, fragilisée, éliminée. Et pourtant, la liberté des femmes ne devrait jamais être une variable d'ajustement. Elle est la condition première de toute société juste, de toute humanité.

La France, fidèle à son histoire, à ses valeurs, le réaffirme ici devant vous : nous défendrons sans relâche la liberté des femmes.

La liberté des femmes, c'est d'abord celle de disposer de leur corps. Un principe qui ne devrait souffrir d'aucune remise en question et qui pourtant demeure un combat.

Alors que nous célébrons en France le premier anniversaire de l'inscription dans notre Constitution de la liberté des femmes de recourir à l'avortement, nous savons que ces victoires sont précaires, que chaque avancée est un rempart fragile contre tous les retours en arrière. Et nous savons que cette liberté conditionne toutes les autres.

La liberté des femmes, c'est aussi celle de vivre en sécurité. Sécurité dans leur pays, à l'abri des conflits, de la guerre et du terrorisme. Sécurité à l'abri des violences dans l'espace public, sur leur lieu de travail ou dans leur famille. Et aujourd'hui encore, des millions de femmes vivent sous la menace, l'intimidation ou la peur.

La liberté des femmes, c'est celle de pouvoir apprendre, d'aller à l'école, d'accéder au savoir, d'étudier, de créer, d'inventer. C'est celle d'ouvrir les horizons, de participer pleinement à la construction du monde. Nulle société ne peut prétendre à la prospérité ou à la justice si elle assigne la moitié de l'humanité à des destins qu'elle n'a pas choisis.

La liberté des femmes, c'est tout simplement celle de vivre, d'avoir le droit d'exister, sans justification, sans autorisation, sans condition. D'avoir la garantie de leur dignité et de tous leurs droits.

Pourquoi les hommes ont-ils si peur ? Si peur de nous, si peur de nos filles, pour que nous soyons instruites, émancipées, libres de décider, par nous-mêmes et pour nous-mêmes. Nous devons aujourd'hui franchir une nouvelle étape. Faisons entrer la diplomatie féministe dans une nouvelle ère, l'ère de la liberté.

Trente ans après la Conférence de Pékin, la France appelle à une refondation et une accélération de notre engagement international. Nous devons agir, ici et maintenant, pour la liberté des femmes.

Parce que l'histoire nous l'enseigne, les droits des femmes ne progressent jamais seules et ils ne progressent pas toujours en ligne droite. Ils avancent quand nous les défendons. Ils tiennent quand nous refusons de plier.

Le monde aujourd'hui nous regarde. Nous devons être à la hauteur de celles qui se battent, elles, chaque jour, pour leur liberté.

À la hauteur des femmes ukrainiennes qui résistent avec courage à l'ombre de la guerre imposée par la Russie.

À la hauteur des femmes afghanes et iraniennes qui refusent de disparaître sous les diktats des taliban ou des régimes oppressifs.

À la hauteur des femmes du Proche-Orient, Israéliennes et Palestiniennes, victimes et prisonnières du terrorisme islamiste, prises délibérément pour cible depuis le 7 octobre 2023 et qui aspirent à la paix.

À la hauteur des femmes du Soudan, victimes de bourreaux qui s'attaquent aujourd'hui à l'innocence absolue, à la fragilité la plus pure, à nos enfants.

À la hauteur de toutes celles qui, à travers le monde, d'Haïti, de la République démocratique du Congo, de l'Irak et de la Syrie, refusent la soumission, l'effacement et le silence.

Il n'y aura jamais de paix durable sans la liberté des femmes.

Il n'y aura jamais de progrès véritable sans la liberté des femmes.

Le moment est venu, venu de réaffirmer ensemble que rien n'est plus fondamental que notre liberté.

Alors oui, il nous faut demeurer vigilants et demeurer vigilants toute notre vie durant.

Mais ici, aujourd'hui et ensemble, nous devons avoir cette certitude. Nous devons être du côté de la liberté. Du côté de la liberté des femmes et, ensemble, nous ne reculerons pas.

Je vous remercie.


Source https://onu.delegfrance.org, le 17 mars 2025