Texte intégral
Propos introductifs
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Madame la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations unies sur la violence contre les enfants,
Madame la Directrice générale du FNUAP,
Mesdames et Messieurs les Ambassadrices et les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs,
C'est un honneur pour moi d'ouvrir cet événement organisé par la France en partenariat avec Osez le féminisme, une organisation qui agit chaque jour en France, en Europe et à travers le monde pour porter haut et fort les droits et les libertés des femmes. Je tiens à remercier le Canada, le Mexique et la Suède de leur soutien, auquel je suis particulièrement sensible en tant que Ministre française en charge de l'égalité entre les femmes et les hommes.
Nous sommes rassemblés aux Nations unies cette semaine dans un contexte particulièrement inédit – plus qu'inédit, je crois, c'est un moment de bascule – avec nos partenaires européens et avec nos alliés à l'échelle internationale. La présence de ces trois pays moteurs pour l'égalité et l'émancipation des femmes est à l'image de ce que nous voulons bâtir au nom de la France. Une diplomatie féministe engagée, concrète et conquérante. Et oui, nous avons besoin de coalitions fortes.
Alors que sur le sol américain prolifère désormais une ère de régression, notamment dans le numérique, avec des plateformes soumises qui prêchent le virilisme et le masculinisme, c'est à dire une nouvelle ère de domination, avec des pages web au sein desquelles les mots "égalité" et "femme" sont supprimés, nous portons un message clair : lutter contre le backlash est une nécessité ; construire un monde sans violence est un impératif.
Alors que le fondamentalisme islamiste se répand et cherche irrémédiablement à contrôler les esprits et les corps des femmes, l'indifférence ne peut être une option.
Si j'ai fait le choix de ce thème des cyberviolences sexistes et sexuelles pour notre événement, c'est précisément parce que nous savons combien les outils numériques présentent des menaces grandissantes pour les femmes et les filles, là où ils pourraient surtout représenter des leviers puissants de protection, de liberté et d'émancipation.
L'exploitation sexuelle et numérique présente en réalité un continuum de violences. C'est un véritable fléau qui menace la sécurité de millions de femmes et d'enfants à travers le monde. Y remédier pour protéger les femmes est au cœur de notre action.
En quelques clics aujourd'hui, les contenus les plus atroces sont accessibles. Et soyons clairs, les plateformes, notamment pornographiques, ne sont pas de simples hébergeurs passifs. Elles participent à la promotion et à la diffusion de contenus à caractère criminel. Alors quand les détenteurs de ces plateformes ne respectent pas les obligations qui devraient être les leurs, nous avons la responsabilité collective d'agir.
La France agit résolument pour lutter contre l'exploitation et la traite des êtres humains avec un Plan national qui produit des résultats. Nous avons aussi lancé l'an dernier une Stratégie nationale de lutte contre le système prostitutionnel et l'exploitation sexuelle.
En matière de cyberviolence, la captation ou la diffusion de paroles ou d'images à caractère sexuel sans le consentement est considéré comme un délit dans notre code pénal. Et plus récemment, nous avons agi avec une loi sur la sécurité et la régulation de l'espace numérique. Le Digital Services Act, qui fait peur à certaines plateformes américaines, édicte un principe clair : ce qui est interdit hors ligne est aussi interdit en ligne. Cela concerne le retrait de contenu criminel, la vérification d'âge pour les sites pornographiques ou la classification en infraction des deepfakes à caractère sexuel. Dans le cadre du Sommet mondial sur l'intelligence artificielle, un laboratoire pour les droits des femmes en ligne a été lancé. Une première mondiale qui témoigne de la stratégie française d'unir les acteurs publics et privés, les chercheurs et les entreprises pour faire de la protection des femmes en ligne une priorité absolue.
Cet événement organisé par la France, et soutenu par des États amis et alliés, doit permettre de lever le voile sur des réalités que nous ne devons plus accepter.
C'est le cœur de l'action d'Osez le féminisme ! avec Aliénor [Laurent], Maina [Cerniawsky], leurs équipes et les femmes du réseau.
L'engagement et l'expérience des intervenantes du panel parlent d'eux-mêmes. Héma Sibi dirige une coalition pour l'abolition de la prostitution qui agit dans plus de 28 pays et apporte un soutien direct à près de 20 000 victimes de la prostitution et de la traite des êtres humains. Tatiana Kotlyarenko, que je remercie de sa présence, est une Ukrainienne engagée, experte internationale sur la violence contre les femmes et les filles. Tout comme Gemma Kelly, qui anime le centre d'éradication de toutes les formes d'exploitation sexuelle.
Dans cette véritable coalition européenne et internationale que nous bâtissons, la Suède joue un rôle particulier, grâce notamment au lobby suédois des femmes, qui regroupe 57 organisations et plus de 130 000 femmes, représentées aujourd'hui par Susannah Sjöberg. La CLEF, Coordination française pour le Lobby européen des femmes, participe aussi de cette action collective déterminante et je tiens à saluer l'engagement de Françoise Brié à nos côtés.
Enfin, parce qu'il est impossible de mener les combats qui nous rassemblent sans des femmes engagées pour la défense des victimes, nous avons le plaisir d'accueillir Maître Vanessa Bousardo, vice-bâtonnière du Barreau de Paris et créatrice du réseau Bâtonnières du Monde, une initiative pionnière soutenue notamment par le Women's Forum et sa présidente Nannette LaFond-Dufour, qui est parmi nous aujourd'hui.
Mesdames et Messieurs,
Notre enjeu est clair : nous devons définir les combats que nous voulons gagner ensemble, ici et maintenant.
Je vous remercie.
Remarques conclusives
Je crois que ce que nous avons réussi à apporter ce matin avec notamment la présence des Nations unies – que je remercie très vivement – et d'États comme le Mexique, la Colombie, la Suède ainsi que toutes les ONG qui ont pu s'exprimer ; les témoignages que nous avons entendus, rappellent la nécessité absolue qui doit être la nôtre et la détermination absolue qui doit être la nôtre pour lutter contre toutes les formes d'exploitation sexuelle, la prostitution étant bien une forme d'exploitation sexuelle que la France refuse de laisser passer.
C'est notre fierté.
C'est notre engagement.
C'est notre mobilisation collective en France, en Europe et à travers le monde qui nous permettra d'éradiquer toutes les formes de violence faites aux femmes, faites aux enfants et qui permettra que nous réussissions à construire un monde au sein duquel nous considérons que la domination et la violence n'ont pas et ne pourront jamais avoir leur place.
Je vous remercie.
Source https://onu.delegfrance.org, le 17 mars 2025