Texte intégral
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les dirigeants d'organisations internationales et d'institutions financières internationales,
Mesdames et Messieurs les ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs en vos qualités respectives,
Chers amis,
Alors que la 4e édition du sommet "Nutrition pour la croissance" touche à sa fin, je tiens à saluer l'initiative lancée en 2012 par le Royaume-Uni d'organiser un sommet consacré à la nutrition dans la foulée des Jeux olympiques et paralympiques.
Je remercie chaleureusement les pays hôtes précédents qui ont porté le flambeau jusqu'à nous et leurs représentants qui sont présents aujourd'hui. Cette continuité est en soi le signe de notre mobilisation collective. Après la grande réussite des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, la France est fière d'avoir accueilli ce sommet qui a été ouvert hier matin par le Premier ministre, et pendant lequel l'esprit des Jeux nous a guidés - je peux en témoigner.
Je tiens à remercier les 500 représentants d'États, d'organisations internationales, du secteur privé et de la société civile qui ont participé à ces deux journées. Merci à tous ceux qui ont contribué à sa préparation de manière collective, et au sein d'une gouvernance conçue comme un partenariat. Merci au secrétaire général du sommet, envoyé spécial du ministre de l'Europe et des affaires étrangères pour la nutrition, M. Brieuc Pont, et l'équipe de la direction des affaires globales pour le travail exceptionnel d'organisation qui a été accompli. Ce succès est le vôtre.
J'adresse une mention spéciale à Expertise France pour l'organisation du Village des Solutions pour la Nutrition, installé au parc André Citroën. Ce village permet de donner vie aux échanges, de voir concrètement les solutions qui sont développées et de mesurer l'ingéniosité et la volonté inébranlables des acteurs de terrain. Il est ouvert jusqu'à ce soir, n'hésitez pas à vous y rendre.
Mes remerciements vont enfin au Forum de Paris pour la paix, pour l'événement consacré aux actions du secteur privé et dont les contributions sont inestimables. Ensemble, nous avons fait équipe pour la réussite de ce sommet et nous avons fait avancer une cause commune.
Alors que l'échéance pour la réalisation des Objectifs de développement durable se rapproche, notre mobilisation doit se poursuivre. À ce titre, nous sommes fiers d'avoir adopté la résolution franco-brésilienne prolongeant la décennie d'action des Nations unies pour la nutrition avec un très large soutien de la communauté internationale. Car la malnutrition est bien l'affaire de tous. Du Nord au Sud, elle frappe sous des formes diverses, comme la sous-nutrition ou l'obésité. Et elle nécessite les contributions de tous : Etats, organisations internationales, sociétés civiles ou secteurs privés.
C'était donc l'objectif du sommet de nous réunir et d'identifier ensemble des solutions. Nos travaux ont amené plusieurs pistes de travail autour de la nécessité d'améliorer les systèmes alimentaires dans leur ensemble, par exemple, pour sortir les sociétés et les individus du cercle vicieux de la pauvreté. Des propositions ont été avancées pour appuyer les régions fragilisées par les crises, les conflits ou les changements climatiques, notamment grâce à l'éducation et au progrès technologique. Au regard des désastres provoqués par la malnutrition sous toutes ses formes sur la santé, l'efficacité des systèmes de protection sociale a été soulignée. Nous avons aussi rappelé, dans la lignée du Sommet pour [l'action sur] l'intelligence artificielle organisé par la France en février dernier, les perspectives offertes par les innovations en matière de technologies agricoles. Ce sommet aura enfin été l'occasion de mobiliser la communauté internationale sur la question des financements, en défendant le rôle complémentaire des entreprises et des acteurs philanthropiques. C'est plus que jamais le nerf de la guerre. Je tiens à souligner également l'engagement des banques de développement, dont l'ampleur est inédite et je crois que nous pouvons tous les en remercier.
Après le considérable succès de Tokyo en matière de financements, je suis fier de vous annoncer que le sommet de Paris a permis d'obtenir des engagements majeurs. Une déclaration finale du sommet rappelle les grands principes de nos engagements communs. D'abord, 403 engagements ont été enregistrés de la part de 127 entités, gouvernements, entreprises et philanthropies. Cela témoigne de la prise de conscience sur l'importance de la nutrition pour tous. Parmi ces engagements, nous avons recueilli près de 28 milliards de dollars d'engagement pour la nutrition, dont plus de 750 millions d'euros pour la France.
Des engagements politiques importants ont également été pris pour renforcer les capacités des travailleurs de santé en matière de nutrition, pour accroître la production locale bio à destination des cantines scolaires, ou encore pour assurer la couverture essentielle d'au moins 80% des enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes allaitantes d'ici 2030. L'importance d'affirmer l'égalité de genre dans les stratégies de nutrition a été particulièrement soulignée. Pour la France, nous nous sommes également engagés à publier la Stratégie nationale pour l'alimentation, la nutrition et le climat, et à mieux prendre en compte ces enjeux dans nos politiques publiques à travers, par exemple, la mise en place d'accords collectifs avec les filières agroalimentaires, l'encadrement de la qualité nutritionnelle des repas servis dans les écoles, les établissements de la petite enfance et les maisons de retraite, la réduction de la pression du marketing alimentaire pour des produits trop gras, sucrés, salés pour lutter contre l'obésité infantile, la promotion de la prévention et le repérage précoce de la dénutrition, le renforcement de l'éducation à l'alimentation durable.
Ensemble, nous avons acté aujourd'hui que l'inaction n'était plus possible. Trop de personnes sont encore affectées par la malnutrition dans le monde. Les pertes économiques associées à la malnutrition se chiffrent à 800 milliards de dollars par an. C'est 20 fois plus que l'appel annuel des Nations unies pour les besoins humanitaires d'urgence dans le monde.
Mais j'ai de l'espoir aujourd'hui. J'ai écouté avec la plus grande attention les déclarations conclusives formulées au nom de la société civile, du secteur privé, des banques de développement et de la jeunesse. Toutes ces déclarations sont la preuve que le combat contre la malnutrition nous rassemble toutes et tous et doit se poursuivre avec l'ensemble des acteurs de la communauté internationale. Je salue particulièrement l'engagement des jeunes participants au sommet, eux à qui le futur de notre monde appartient. Bravo les jeunes !
Dans un monde de plus en plus brutal, où le principe même de solidarité internationale est remis en question, je me réjouis d'affirmer haut et fort avec vous aujourd'hui que la lutte contre la malnutrition reste une grande priorité et que nous resterons mobilisés ensemble. Hier, le Président de la République a proposé qu'un rendez-vous d'étape soit réalisé l'année prochaine, lors de la présidence française du G7. Vous pouvez compter sur le ministère de l'Europe et des affaires étrangères pour le porter. J'y prendrai toute ma part.
Je vous remercie.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 mars 2025