Texte intégral
Madame la ministre, chère Aurore,
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Monsieur le préfet,
Mesdames et Messieurs,
Merci, chère Aurore, pour votre invitation et pour l'organisation de ces assises de lutte contre l'antisémitisme, dont nous devons faire un moment d'action collective.
L'antisémitisme n'est pas un combat du passé.
Il est une menace qui se réinvente, se dissimule, et se propage sans cesse.
Chaque génération doit l'affronter avec la même détermination.
Aujourd'hui comme hier, s'en prendre aux juifs, c'est s'en prendre à la République.
Depuis le 7-Octobre 2023, nous assistons à une intensification particulièrement inquiétante des actes antisémites sur notre sol.
A l'école, les chiffres parlent d'eux-mêmes.
Lors de l'année scolaire 2023-2024, les signalements ont été multipliés par plus de 4 : près de 1670 actes antisémites ont été recensés, contre près de 400 l'année précédente.
Lors du premier trimestre de cette année scolaire [2024-2025], ce sont déjà près de 480 actes qui ont été recensés, soit un niveau qui reste exceptionnellement élevé.
Et les réseaux sociaux amplifient cette propagation de la haine : dans 15 à 20 % des actes racistes et antisémites signalés, l'usage des moyens numériques est un facteur aggravant.
Mesdames et messieurs,
L'antisémitisme concerne toute la société.
L'École est donc est en première ligne pour lutter contre ce fléau.
C'est là que se construisent l'esprit critique, le respect, la tolérance et la citoyenneté.
C'est là aussi que nous devons combattre sans relâche la banalisation des injures et des menaces.
Sur les smartphones de nos élèves, dans les cours de récréation, sur les murs de nos établissements, les croix gammées, les références nazies, les insultes se multiplient.
Les équipes académiques constatent une banalisation préoccupante des propos et des gestes antisémites, et des tensions avec des familles qui minimisent, nient ou soutiennent ces comportements.
Face à cette réalité, notre réponse est ferme et systématique.
Les équipes académiques Valeurs de la République suivent chaque situation et accompagnent les directions d'écoles et d'établissements.
Dans le premier degré, les parents sont systématiquement convoqués.
Au collège et au lycée, tout acte antisémite fait l'objet d'une procédure disciplinaire.
Et lorsque l'acte est susceptible de relever d'une qualification pénale, un signalement est transmis au procureur et les victimes sont encouragées à porter plainte.
Les personnels peuvent bénéficier de la protection fonctionnelle, d'un accompagnement psychologique, et naturellement d'un soutien de leur hiérarchie.
Les services de défense et de sécurité académiques, institués par décret le 29 janvier dernier, auront désormais pour mission de renforcer le suivi de ces situations et d'améliorer la coordination avec les préfets, les procureurs et leurs équipes.
L'École joue aussi son rôle au quotidien.
Dans les programmes scolaires, l'enseignement de la Shoah débute dès le CM2. La Shoah doit pouvoir être enseignée dans toutes les salles de classe, sans exception. Ce n'est pas négociable.
Un professeur dont l'enseignement fait l'objet de contestations me trouvera toujours à ses côtés.
Les élèves, eux aussi, sont au rendez-vous : chaque année, le Concours national de la Résistance et de la Déportation mobilise près de 40 000 élèves et donne lieu à des productions remarquables.
Depuis 2023, année où j'ai lancé le plan national de lutte contre le racisme, l'antisémitisme et les discriminations liées à l'origine, chaque élève de France est tenu d'effectuer au moins une visite d'un lieu de mémoire au cours de sa scolarité.
Ce combat est global, et il est donc, par définition, interministériel.
Le ministère de l'Éducation nationale travaille en partenariat avec la DILCRAH. Un vade-mecum dont la refonte devrait être finalisée pour le mois de mars, a été élaboré à destination des équipes pédagogiques.
L'Éducation nationale travaille étroitement avec de nombreux partenaires dans le domaine de la mémoire, comme la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. Les professeurs peuvent ainsi bénéficier des formations dédiées, tandis que des milliers d'élèves sont sensibilisés à ces enjeux à travers des visites de musées et de lieux de mémoire.
La lutte contre l'antisémitisme concerne également nos universités.
Nous sommes particulièrement vigilants face aux dérives qui peuvent s'y développer et aux pressions qui peuvent s'exercer sur certains étudiants ou professeurs.
Depuis le 7 octobre 2023, 360 signalements ont été faits pour des incidents liés au conflit israélo-palestinien. Parmi eux, une cinquantaine de cas ont été identifiés comme antisémites.
Mais même si des progrès ont été faits, nous devons aussi prendre en compte le phénomène du sous-signalement.
Des pressions, un climat de défiance, empêchent parfois les victimes de se manifester.
Face à cela, nous devons agir avec fermeté et méthode : renforcer la prévention, accompagner les victimes, systématiser la remontée des signalements.
Aucun acte ne doit être passé sous silence.
Dès sa nomination, le ministre chargé de l'Enseignement supérieur Philippe Baptiste a réuni les présidents d'université pour faire un point sur la situation et rappeler la politique de tolérance zéro face à l'antisémitisme à l'université.
Une proposition de loi émanant du Sénat, destinée à renforcer la lutte contre l'antisémitisme à l'Université, sera examinée prochainement.
Son contenu va dans le bon sens, et nous la soutiendrons.
Mesdames et messieurs,
Une France où les juifs ont peur n'est pas la France.
Une France où l'on peut insulter un élève, un professeur, un voisin en raison de sa religion ou de ses origines n'est pas la France.
Rien, jamais, ne justifie l'antisémitisme.
Il n'y a pas de "mais". Il n'y a pas de "oui, mais…".
Il n'y a que la République et ses principes.
Il n'y a que notre détermination collective.
Le combat continue.
Je vous remercie.
Source : Service de presse du ministère de l'éducation nationale, le 15 mai 2025