Texte intégral
APOLLINE DE MALHERBE
Et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Sophie PRIMAS,
SOPHIE PRIMAS
Bonjour Apolline DE MALHERBE,
APOLLINE DE MALHERBE
Merci d'être avec moi, ce matin, pour répondre à mes questions sur RMC et BFM TV. Vous êtes la porte-parole du Gouvernement, vous venez des Républicains, vous êtes une proche de Bruno RETAILLEAU. Il y a beaucoup de questions à vous poser, très concrètes et assez immédiates, notamment sur les taxis. Et puis, des questions plus politiques, parce que vous avez, en quelque sorte, remis de la politique dans ce Gouvernement en disant, malgré le fait que vous partagez ce Gouvernement avec des macronistes, que pour vous le macronisme allait se terminer. En gros, avec Emmanuel MACRON, vous reviendrez dans un instant là-dessus, parce que les macronistes vous demandent même des excuses. Mais je voudrais qu'on parle de ce qui se passe dans les taxis, parce que ça se corse, et encore ce matin, cinquième journée de mobilisation pour les taxis, avec des tensions sur le terrain, avec des blocages. Aujourd'hui, ce sera à Paris et à Marseille. Est-ce que vraiment, il fallait attendre cinq jours, voire six, puisque la première rencontre avec le ministre des Transports et avec François BAYROU, ce ne sera que demain soir ?
SOPHIE PRIMAS
Non, la main a été tendue bien avant, puisque le ministre des Transports, Philippe TABAROT, a proposé, mercredi, déjà des rencontres. Les organisations n'ont pas souhaité venir à sa demande et à cette réunion, donc non, la main a été tendue. Et nous souhaitons vraiment que cette confrontation, cette discussion avec les organisations syndicales ait lieu. Philippe TABAROT fait des annonces, il propose, dans le champ de la concurrence, un certain nombre d'actions pour assurer la position des taxis. Donc, nous sommes prêts à discuter, nous sommes prêts à avancer sur leurs problématiques. Il faut toujours privilégier la voie du dialogue.
APOLLINE DE MALHERBE
Alors, il y a deux points sur lesquels les taxis sont en colère. Il y a la question du transport sanitaire et il y a la question de la réglementation vis-à-vis des VTC. Si on s'arrête d'abord sur la question de la tarification du transport des malades, aujourd'hui, le transport des patients n'a cessé d'amplifier en termes de prix pour l'État, 6,3 milliards d'euros, parce que l'assurance-maladie prend en charge 65 millions de trajets. Est-ce que vous allez faire machine arrière ?
SOPHIE PRIMAS
Non, on ne va pas faire machine arrière. Il s'agit de faire environ 100 millions d'économies, entre 100 et 150 millions d'économies sur 6,3 milliards. Donc c'est 2 % d'économies qui sont des économies qui seront faites sur l'efficacité, ne seront pas faites sur le service aux malades. Vous voyez bien qu'on a une population qui vieillit, on a une population qui est confrontée à des déserts médicaux, en particulier dans la ruralité. Il n'est pas question de laisser les personnes isolées, mal soignées et sans accès aux soins. Donc, c'est ça qu'il faut qu'on consolide et qu'on…
APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que ça veut dire que les taxis s'étaient habitués à une sorte de manne ?
SOPHIE PRIMAS
Non, il n'y a pas d'habitude. Moi, je ne fais pas de procès d'intention à personne. Il y a plusieurs sujets sur lesquels il faut qu'on réfléchisse et qu'on réfléchisse avec eux. Comment on peut optimiser ? Comment on fait qu'il y ait des taxis qui ne reviennent pas à vide, par exemple ? Comment on fait pour optimiser leur tournée quand c'est possible, quand les malades sont compatibles ? Comment on avance là-dessus ? Mais je le répète, c'est 2 % d'efforts sur 6,3 milliards, comme vous l'avez dit tout à l'heure. Donc, ça doit être possible en termes d'efficacité, plus de lutte contre ce qui pourrait être des dérives parfois.
APOLLINE DE MALHERBE
Des dérives. Alors vous le dites, j'ai eu deux types de témoignages sur RMC qui m'ont particulièrement alertée cette semaine sur la complexité de ce système. L'un des témoignages, c'était un médecin. Un médecin qui disait : "Je suis sous la pression de mes malades qui eux-mêmes sont sous la pression des taxis. Ils disent que parfois, les malades viennent et leur disent, il me faut absolument mon bon de transport. Ils se sont habitués en quelque sorte à ce bon de transport parce que les taxis leur disent, j'ai besoin de votre bon de transport pour le retour, sinon je ne vous attends pas". Est-ce qu'il y a eu ces dérives-là ? Est-ce que vous le constatez ?
SOPHIE PRIMAS
Écoutez, il suffit d'aller à l'entrée d'un hôpital et de regarder à l'accueil comment ça se passe. Et effectivement, il y a beaucoup de trafic au sens affluence entre le guichet et les chauffeurs de taxi qui arrivent. Mais je le répète, il ne faut pas abîmer ce qui est l'accès aux soins pour les Français. Donc il faut travailler sur l'optimisation des flux, sur l'organisation des flux avec les taxis, s'assurer qu'on fait le maximum pour réduire les frais. Moi, je ne veux pas faire de procès d'intention. Il faut qu'on regarde ensemble avec les médecins, avec l'assurance sociale, avec Catherine VAUTRIN, avec les organisations.
APOLLINE DE MALHERBE
Et l'autre type de témoignage, c'était aussi ce matin, notamment, un chauffeur de VSL. Ce sont les véhicules de santé légers. C'est-à-dire que ce ne sont pas des ambulances au sens où on peut allonger le patient. Ce sont des ambulances tout de même, mais dans lesquelles les patients sont assis. Donc ils ne sont pas taxis, ils sont véhicules de santé. Et ils disent pour un même trajet, nous, on prend parfois la moitié du prix de ce que prend un taxi. Parce que le taxi, au-delà des 50 kilomètres, c'est le double du prix qui s'affiche. Pourquoi vous ne privilégiez pas les VSL ?
SOPHIE PRIMAS
Vous voyez très bien qu'on a, là, un travail d'optimisation et d'organisation à faire. Et c'est particulièrement là-dessus que Catherine VAUTRIN va travailler.
APOLLINE DE MALHERBE
Oserez-vous le dire aux taxis, même dans la tension qui est en train de s'installer ?
SOPHIE PRIMAS
Écoutez, il y aura des discussions sures... Il faut qu'on fasse des économies, pas pour faire des économies, pour faire perdurer le système. Donc, il faudra travailler avec tout le monde. Les VSL, qui sont probablement une solution intermédiaire. Les taxis dont certains font 90 % de leur chiffre d'affaires avec le transport sanitaire. Donc, est-ce que c'est aujourd'hui la totalité de leur business ? C'est une question qu'il faudra se poser, leur poser. Et puis, il faut les protéger de la concurrence déloyale. C'est sur quoi le ministre des Transports travaille.
APOLLINE DE MALHERBE
Alors les protéger sur la concurrence déloyale, ça c'est l'autre volet, la question des maraudes électroniques. En gros, pour bien préciser les choses, pour que tout le monde comprenne de quoi il s'agit. Les VTC ont le droit, par exemple, d'aller chercher un client dans une gare ou dans un aéroport. Mais uniquement s'il y a eu une commande préalable, ils n'ont pas le droit de zoner autour. Ils n'ont pas le droit de rester en planque, en quelque sorte, ou à l'arrêt devant les gares et les aéroports. Mais ce que disent les taxis, c'est que dans les faits, ils restent quand même dans le coin. Pour que dès qu'on appuie sur son appui Uber, on ait immédiatement un chauffeur qui arrive. Est-ce que vous le constatez ? Est-ce que vous allez les aider à lutter contre ce que, eux, estiment être une dérive ?
SOPHIE PRIMAS
C'est l'engagement qu'a pris le ministre des Transports. Ça fera l'objet de la discussion demain dans la rencontre qu'il y aura avec les taxis. Comment on peut lutter contre ça ? Comment on peut lutter contre les dérives de ce système-là ? On doit protéger aussi cette profession que sont les taxis sur cette concurrence qui est déloyale. Mais j'observe qu'eux-mêmes ont fait beaucoup d'efforts sur l'utilisation des plateformes. Ils se sont beaucoup modernisés. Et donc, ils utilisent aussi les mêmes outils. Donc, il faut encore une fois regarder dans l'ensemble, regarder comment on peut améliorer l'efficacité sur le transport sanitaire, lutter contre la fraude. Et le ministre des Transports a été très allant avec le ministre de l'Intérieur pour qu'on puisse aller jusqu'à la verbalisation de ceux qui trichent.
APOLLINE DE MALHERBE
Et là-dessus, vous allez donc soutenir les taxis dans cette vigilance. La patronne d'UBER France, qui s'exprime rarement, a accepté de répondre à mes questions, ce matin, sur RMC, Laureline SERYEIS, elle parle de 7 agressions de chauffeurs Uber. Mais elle dit également qu'il y a une tension entre les deux depuis longtemps, et notamment sur le partenariat qui pourrait exister entre UBER et les taxis, écoutez.
LAURELINE SERYEIS, PATRONNE D'UBER FRANCE
Trois chauffeurs de taxi qui travaillent avec l'application UBER ont subi quelque chose de grave. Il y a quelques semaines, en fait, sur l'application, ils ont été poursuivis et traqués nuit et jour dans toute l'île-de-France par des groupes de taxis qui se sont organisés, selon leur propre dire, en milice pour les retrouver, un véhicule de…
APOLLINE DE MALHERBE
Ce que vous voulez dire, c'est qu'ils ont fait semblant de commander un taxi sur l'application Uber pour pouvoir visualiser où est-ce qu'ils étaient, les suivre ?
LAURELINE SERYEIS
Cela peut exister, mais en l'occurrence, ce n'était pas ça. C'est que c'étaient des taxis qui avaient un marquage Uber sur leur voiture. Donc, ils étaient repérables dans la rue. Les plaques ont été relevées et ensuite des groupes se sont formés de manière à les poursuivre pendant plusieurs jours.
APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce qu'on est à nouveau en train de basculer dans ce qu'il y avait eu lieu il y a quelques années, c'est-à-dire une véritable guerre avec des tensions sur le terrain entre les taxis et les VTC ?
SOPHIE PRIMAS
C'est la raison pour laquelle il faut faire appliquer la réglementation avec beaucoup de fermeté. Avoir des milices qui prennent en chasse des chauffeurs UBER, ce n'est pas acceptable. On est dans un pays de droit, il faut donc respecter le droit, le faire respecter par l'ensemble des intervenants. Et c'est ce que va s'attacher à faire, à la fois, le ministre de Transport et le ministre de l'Intérieur.
APOLLINE DE MALHERBE
Sophie PRIMAS, il y a un autre point sur le transport. Je recevais ici à ce même micro, hier matin, le patron de la SNCF qui dit qu'on a besoin d'un milliard à partir de 2028 pour simplement maintenir en l'état les lignes. Et il suggère, pour trouver ce milliard, de remettre, en quelque sorte ce, qui était la taxe, l'éco-taxe, en mettant en place une taxe poids lourd, notamment contre les poids lourds qui traversent la France, qui font le plein avant de passer la frontière, qui ne dépensent, donc, rien sur le territoire, tout simplement pour passer par exemple du Luxembourg vers l'Espagne. Est-ce que vous pourriez envisager de remettre l'éco-taxe ?
SOPHIE PRIMAS
Alors vous savez que le 5 mai dernier, il y a eu, à Marseille, le lancement d'un grand plan qui s'appelle France Ambition Transport, sous l'égide du Premier ministre et du ministre des Transports. Avec un travail qui s'est engagé pour justement rechercher les sources de financement et en particulier des grands projets ferroviaires et de rénovation du ferroviaire. Le Président FARANDOU fait cette proposition, ça sera donc dans le débat. Moi j'étais là, j'étais parlementaire en 2013 au moment des bonnets rouges, vous vous rappelez qui avaient été initiés par ce péage et qui ont eu la peau de l'éco-taxe. Réfléchir à comment, aujourd'hui, le routier consommateur, enfin créateur de carbone peut essayer de nous aider à financer du ferroviaire, pourquoi pas, ça fait partie du débat. Alors pas exactement l'éco-taxe probablement, probablement quelque chose d'autre. Faire payer la route pour financer des investissements sur le ferroviaire, pourquoi pas, c'est dans le débat aujourd'hui et jusqu'à la fin du mois de juin, on aura l'occasion de travailler et de faire des propositions à l'issue.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc vous n'y êtes pas du tout fermé. Est-ce que vous pourriez trouver un moyen de faire payer plutôt les camions étrangers et non pas les camions français ? Avec évidemment une difficulté, c'est que l'Europe…
SOPHIE PRIMAS
Libre circulation.
APOLLINE DE MALHERBE
Avec la libre circulation, on aurait du mal éventuellement à l'accepter ?
SOPHIE PRIMAS
Il faut faire quelque chose qui soit compatible avec le droit européen, bien évidemment. Donc, nous sommes en train de travailler, le ministre des Transports travaille avec les parties prenantes, comme je vous l'ai dit dans le cadre du plan France Ambition Transport. Il ne faut rien s'interdire, c'est un peu comme sur le budget, il ne faut rien s'interdire de regarder, rien s'interdire comme piste de travail. Et il faut trouver le milliard supplémentaire par an que demande le président FARANDOU.
APOLLINE DE MALHERBE
Ça, pour le coup, il faudra le trouver ?
SOPHIE PRIMAS
Il faut mieux le trouver, parce que c'est de la remise à niveau, de l'amélioration de la résilience des réseaux existants. Il y a des réseaux qui ont 45 ans, 50 ans, 60 ans, me disait-il. Il faut les changer, il faut les rendre plus résilients. Plus résilients aussi aux changements climatiques. Donc oui, il faut qu'on fasse ces investissements. Et donc, il faut qu'on trouve les sources d'investissement.
APOLLINE DE MALHERBE
Sophie PRIMAS, je rappelle que vous êtes la porte-parole du Gouvernement. Et vous avez dit, "Le macronisme va finir dans les mois qui viennent". Vous pensiez lever un tel tollé ?
SOPHIE PRIMAS
Pour être honnête, ce n'était ni l'objectif ni la volonté, bien évidemment, de lever un tel tollé. Je vous remercie de me poser la question parce que ça me donne l'occasion de dire ma pensée et ce que j'ai dit ce jour-là. Ce jour-là, j'ai dit quelque chose de factuel. C'est que le mandat du président Emmanuel MACRON va se terminer au début de l'année 2027. Vous connaissez bien la politique comme moi. Ça veut dire qu'à l'été 2026, on sera dans la période d'élections présidentielles et de campagnes présidentielles. Et que le formidable élan qu'il a su... Moi, je n'étais pas macroniste, vous le savez. Vous l'avez dit, je viens des Républicains. Mais il a créé, en 2017, un élan, un parti de nouveaux parlementaires, un groupe parlementaire en 2017. Il a été élu grâce à ça. Il a eu une large majorité sur son premier mandat, une majorité un peu plus resserrée sur le deuxième. Il incarne cela. Il incarne ce courant politique. C'est ce qu'on appelle un peu rapidement le macronisme. Ça vient de son incarnation, comme on disait le sarkosysme, ou comme on parlait de la Chiracie. On a une incarnation qui est forte. Et à la fin de son mandat, bien sûr, ce n'est pas la fin de ses idées. Ce n'est pas la fin d'un parti. Puisqu'il existe, aujourd'hui, Renaissance, qui est un parti qui est un grand parti à l'Assemblée nationale, porté par le président ATTAL, et le Premier ministre ATTAL, ça serait, à charge, à eux de faire vivre les idées et la méthode qui était celle d'Emmanuel MACRON.
APOLLINE DE MALHERBE
Gabriel ATTAL, que vous appelez le président ATTAL…
SOPHIE PRIMAS
Il est président de groupe à l'Assemblée nationale
APOLLINE DE MALHERBE
En montrant beaucoup de respect ce matin, il a honnêtement été, semble-t-il, très agacé sur les réseaux sociaux. Le parti lui-même, Renaissance, a jugé même inacceptable que vous ayez dit un mot pareil, rappelant que vous aviez été nommé par le président de la République, Emmanuel MACRON. Est-ce que vous êtes ingrate ?
SOPHIE PRIMAS
Non, pas du tout. Je pense que depuis septembre dernier, la constitution du Gouvernement BARNIER, dans lequel j'ai eu l'honneur de siéger, et puis dans celui-ci auprès du Premier ministre, François BAYROU, nous essayons de mener un Gouvernement qui est un Gouvernement de coexistence entre plusieurs groupes politiques. Chacun de ces groupes politiques a viscéralement l'envie de faire avancer la France dans une situation politique inédite, qui est de non-majorité absolue à l'Assemblée nationale, de trouver les voies de passage, et de garder son identité. C'est ce que, parfois, j'appelle la polyphonie à l'intérieur du Gouvernement.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais Sophie PRIMAS, en vrai, quand vous dites que le macronisme va finir dans les mois qui viennent, on entend effectivement l'idée qu'avec Emmanuel MACRON, le macronisme se termine. Or ce matin, vous mettez un peu d'eau dans votre vin, vous dites que les idées peuvent perdurer. La vraie question, c'est celle-là. Est-ce que, comme Bruno RETAILLEAU ou d'autres, vous commencez à dire au fond que le macronisme était une parenthèse, le macronisme tel qu'il est entendu comme une sorte de "Et en même temps", c'est-à-dire comme l'idée qu'il n'y a plus de clivage entre la droite et la gauche. Est-ce que ça, vous pensez que ça va perdurer ?
SOPHIE PRIMAS
Moi, ce que j'ai voulu nommer, c'est que le président finissait son mandat, je vous le redis, dans 18 mois, au début de l'année 2027, que son parti politique, ses idées, étaient fortement incarnées par lui-même. Aujourd'hui, le relais va être repris par Gabriel ATTAL, par le groupe Renaissance, et c'était ça l'objet de ma question. Maintenant, votre autre question, qui est "Est-ce que je crois au clivage droite-gauche ?" Oui, j'ai toujours cru au clivage droite-gauche, parce que je pense que c'est la seule façon aujourd'hui de lutter contre les extrêmes. Et on voit bien la difficulté qu'on a avec le nouveau front populaire à gauche, où le Parti socialiste a du mal à savoir s'il doit continuer avec LFI ou s'il doit trouver son autonomie. La ligne politique sera tranchée dans leur congrès. Moi, je pense que ça, c'est simple, parce que ça permet une alternance.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc, vous souhaitez la fin du macronisme ?
SOPHIE PRIMAS
Ah, mais moi, je suis les Républicains, donc, je reste dans ma famille politique, comme d'autres dans ce Gouvernement restent dans leur famille politique, gardent leur singularité, leur conviction, leur projet pour 2027. Maintenant, nous, nous avons un nouveau président au LR. C'était l'objet, d'ailleurs, de ma réponse à votre consœur. Et nous allons travailler pour offrir un projet alternatif.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais je vous repose la question. Vous souhaitez la fin du macronisme ?
SOPHIE PRIMAS
Mais je ne souhaite la fin de rien. Moi, je suis respectueuse des partis politiques. J'ai présidé, au Sénat, une commission des affaires économiques pendant six ans. J'ai été vice-présidente du Sénat. Je respecte les partis politiques, même s'ils sont très éloignés de mes convictions politiques propres. Mais aujourd'hui, avec l'élection de Bruno RETAILLEAU, avec la renaissance des Républicains, avec notre présence et notre action au Gouvernement, nous voulons avoir un projet alternatif. C'est l'alternance politique. Et je trouve que c'est démocratiquement sain et c'est bien.
APOLLINE DE MALHERBE
Gérard LARCHER vous défend, d'ailleurs, et il en rajoute même une couche, puisque à nos confrères du Figaro, il dit, je cite, "Après Emmanuel MACRON, il n'y aura plus de macronisme".
SOPHIE PRIMAS
Nous partageons cette ambition avec le président LARCHER d'offrir un projet alternatif.
APOLLINE DE MALHERBE
Qui remplacera le macronisme.
SOPHIE PRIMAS
Qui sera une alternative à ce que nous connaissons. Aujourd'hui, il n'y a pas de surprise. Et donc, comme vous l'avez dit tout au début, l'émotion qui a été procurée est au-delà de ce que nous connaissons tous, de nos différences politiques.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous appelez vos confrères de chez Renaissance au calme.
SOPHIE PRIMAS
Moi, je les respecte beaucoup. Il faut qu'ils respectent aussi les différences des autres. Et en 2027, nous nous retrouverons...
APOLLINE DE MALHERBE
Mais chacun pour soi ?
SOPHIE PRIMAS
Oui, c'est normal.
APOLLINE DE MALHERBE
Ou vous serez chacun pour vous ? Vous serez opposés ?
SOPHIE PRIMAS
Nous, nous allons, avec Bruno RETAILLEAU, créer une vision pour la France. Créer un programme que nous proposerons en français. Et puis ensuite, les élections parleront.
APOLLINE DE MALHERBE
Quand vous dites ça, d'ailleurs, Sophie PRIMAS, il y a un personnage qui est à cheval, en quelque sorte, lui aussi, sur la droite et le macronisme. Qui, aujourd'hui, s'en est détaché, mais qui en a été un des pivots. C'est Edouard PHILIPPE. On commence à évoquer l'idée d'un ticket Edouard PHILIPPE-Bruno RETAILLEAU. Est-ce que ce serait Edouard PHILIPPE devant, Bruno RETAILLEAU derrière ? Est-ce que ce serait Bruno RETAILLEAU devant, Edouard Philippe derrière ? Ou est-ce qu'il vaut mieux que ce soit chacun pour soi ?
SOPHIE PRIMAS
Ecoutez, je crois que l'élection et ce qui se passe aujourd'hui en termes d'élan, l'élection de ce week-end et de Bruno RETAILLEAU à la tête des Républicains, l'élan que l'on voit en France pour le renouveau de la droite, nous conforte dans l'idée bien connue de Bruno RETAILLEAU qu'il faut y aller colline par colline. Aujourd'hui, on se met au travail, on constitue une équipe, on va faire un projet, et puis nous verrons, le reste, c'est de la politique fiction.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc quand cette petite musique d'un ticket, d'un duo, avance, ce n'est pas vous qui l'avancez, cette idée ?
SOPHIE PRIMAS
Non, non, pas du tout.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc c'est plutôt du côté d'Edouard PHILIPPE qu'on essaye d'installer cette idée que Bruno RETAILLEAU va se rallier à lui ?
SOPHIE PRIMAS
Edouard PHILIPPE a légitimement une ambition présidentielle, il l'a déjà dit, il a officiellement annoncé sa candidature, il est officiellement candidat, donc, nous allons jouer chacun notre musique, et puis nous verrons à l'été 2026, à l'automne 2026, avant les élections présidentielles, quel est l'état politique de notre pays.
APOLLINE DE MALHERBE
À ce stade, en tout cas, pas question de mettre en place quelques duos que ce soit ?
SOPHIE PRIMAS
À ce stade, travaillons.
APOLLINE DE MALHERBE
La cote de popularité de Bruno RETAILLEAU a pour la première fois d'ailleurs dépassé celle d'Edouard PHILIPPE, 51 % de bonnes intentions contre 48 % pour Edouard PHILIPPE, selon le sondage pour Le Figaro qui a été publié hier. Est-ce que ça, ça vous donne des ailes ?
SOPHIE PRIMAS
Indéniablement, je le redis, l'élection de Bruno RETAILLEAU, notre participation qui avait été décidée par le parti au Gouvernement, le fait qu'on montre en fait quel type d'homme et de femme politique nous sommes quand nous sommes en responsabilité, donne un élan à la droite, c'est très important, et oui, c'est probablement une renaissance aussi de notre parti.
APOLLINE DE MALHERBE
Il fallait le cacher, le rapport sur l'entrisme des frères musulmans, le laisser dans un fond de tiroir ?
SOPHIE PRIMAS
Non, il ne fallait pas le cacher, parce que je crois que ce sentiment d'un entrisme est tout à fait diffus mais n'était pas documenté. En réalité, dans les élus locaux, dans les associations et les clubs de sport, on voit bien, on sent quelque chose qui ne va pas, mais on ne savait pas mettre des mots, on ne savait pas le mesurer. Ce rapport au moins le mesure.
APOLLINE DE MALHERBE
Lorsqu'Emmanuel MACRON fait reproche, semble-t-il, en particulier à Bruno RETAILLEAU, d'avoir beaucoup parlé, d'avoir beaucoup publiquement évoqué ce rapport, puis vraisemblablement de l'avoir communiqué, est-ce que vous trouvez ce reproche légitime ?
SOPHIE PRIMAS
Je n'étais pas à ce Conseil de défense, donc, j'ai du mal à savoir exactement ce qu'il s'y est passé. Je sais que Bruno RETAILLEAU est venu avec des solutions, que le président de la République prend cette question de l'entrisme avec beaucoup de sérieux pour défendre une valeur qui est une valeur fondamentale de notre République française qui est la laïcité, c'est-à-dire pour protéger aussi les musulmans qui sont dans le cadre de la laïcité et qui sont en France en respectant parfaitement tous les codes et les valeurs de la laïcité, et donc, il demande des actions, qui sont encore des actions renforcées. Bruno RETAILLEAU est venu avec des solutions.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc, tout va bien entre Bruno RETAILLEAU et Emmanuel MACRON.
SOPHIE PRIMAS
Et là aussi on est au travail. Il y a eu un petit peu d'énervement probablement. Mais voilà.
APOLLINE DE MALHERBE
Il y a eu de l'énervement tout de même.
SOPHIE PRIMAS
On voit bien qu'il y a eu un petit peu de tension, on sent bien qu'il y a eu un petit peu de tension mais je crois que ce n'est pas très important au regard de l'enjeu qui est là et les solutions, Bruno RETAILLEAU en a plusieurs et va les retravailler encore en avant.
APOLLINE DE MALHERBE
Sophie PRIMAS, porte-parole du Gouvernement et on le comprend, porte-parole aussi de Bruno RETAILLEAU tout de même.
SOPHIE PRIMAS
Je suis LR.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 mai 2025