Texte intégral
NEILA LATROUS
8h32 sur BFM TV et RMC. Ce matin, mon invitée est une femme de droite au cœur du pouvoir au sein du Gouvernement. Bonjour Sophie PRIMAS,
SOPHIE PRIMAS
Bonjour,
NEILA LATROUS
Merci d'avoir accepté mon invitation ce matin.
Vous êtes la porte-parole du Gouvernement et j'avoue que vos lumières vont m'être précieuses au lendemain de cette conférence de presse du Premier ministre qui m'a quelque peu déroutée, Sophie PRIMAS. Quatre mois de discussion entre patronat et syndicat, pas d'accord signé entre les deux. Le Premier ministre les reçoit mardi, entre-perçoit une voie de passage qui existe. Sauf qu'hier, il n'y a toujours aucun accord voté, aucun accord signé plutôt sur la table. François BAYROU parle d'un exercice néanmoins inédit et remarquablement utile. Est-ce qu'il est dans le déni le Premier ministre, Sophie PRIAMS ?
SOPHIE PRIMAS
Non, c'est un exercice qui est inédit. On n'a jamais donné la responsabilité de cet équilibre des retraites aux partenaires sociaux. On ne leur a jamais donné véritablement les clés pour travailler ensemble. Et même si aujourd'hui, en effet, il n'y a pas d'accord encore signé, pas encore d'accord définitif, eh bien nous avançons. Et je crois que le Premier ministre a raison de ne pas lâcher, de continuer à croire en ce dialogue, de continuer à croire que maintenant il faut un peu l'autorité du Premier ministre pour aller jusqu'au bout. Et je crois qu'il y a des accords…
NEILA LATROUS
En tout cas, ces 48 heures n'ont pas servi à dénouer des situations.
SOPHIE PRIMAS
Il n'a pas servi à dénouer des situations, mais à servir à reprendre le dialogue. Il y a deux semaines supplémentaires. Et donc, à la mi-juillet, nous avons tous bon espoir, y compris la ministre Astrid PANOSYAN, que nous y arrivions, puisqu'il y a déjà des points d'accord, que le Premier ministre s'est engagé à les mettre au Parlement dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances sur la sécurité sociale. Et donc, nous allons au bout de l'exercice. Je crois que c'est important, parce que je voudrais vous dire que derrière, j'entends beaucoup, c'est une question, il veut durer, il ne veut pas la censure par rapport aux socialistes. Ce n'est pas ça.
NEILA LATROUS
Pour 67 % des Français, sondage ELAB. Le conclave est un coup politique pour retarder la motion de censure.
SOPHIE PRIMAS
C'est pour ça que j'aborde ce point. C'est parce qu'en réalité, qu'est-ce qu'il y a derrière cette bataille ? Qu'est-ce qu'il y a derrière cette volonté ? C'est la volonté d'avoir un système de retraite pérenne qui s'équilibre. C'est la volonté que nos enfants et nos petits-enfants, qui sont en train de payer les retraites actuelles, puissent bénéficier d'un système de retraite eux aussi.
NEILA LATROUS
Sophie PRIMAS, vous venez de me parler d'un atterrissage éventuel mi-juillet. Hier, le Premier ministre a parlé de 15 jours. Il y a quelques jours de décalage entre les deux. Ça veut dire que s'il faut que ça dure un peu plus longtemps que 15 jours, ça durera un peu plus longtemps que quinze jours.
SOPHIE PRIMAS
J'ai dit mi-juillet parce que je considère qu'on est pratiquement à la fin du mois de juin.
NEILA LATROUS
Donc, on ne sait pas qu'il y aura un délai supplémentaire.
SOPHIE PRIMAS
On est à peu près dans les pures de mi-juillet. S'il faut 24 heures de plus, peut-être qu'il faudra trois jours de moins. Je ne sais pas. Mais en réalité, il faut aller au bout de cet accord. Il faut trouver les voies et moyens pour équilibrer notre système et apporter aux Français des améliorations qui sont sensibles. Moi, je pense que mi-juillet, quand les Français verront, par exemple, que la retraite des femmes sera améliorée, les conditions de retraite des femmes seront améliorées ou des carrières hachées seront améliorées, ce sera une bonne nouvelle pour les Français.
NEILA LATROUS
On va entrer point par point dans les avancées possibles, envisageables pour les Français. Sophie PRIMAS, simplement, avancée remarquable. Il reste quelques centimètres. Pourquoi les partenaires sociaux n'ont pas été capables de signer sur ce qui fait déjà consensus ?
SOPHIE PRIMAS
Parce qu'il y a des points de blocage. Il y a encore quelques points de blocage.
NEILA LATROUS
C'est tout pour rien ? C'est tout l'accord ou pas d'accord ?
SOPHIE PRIMAS
C'est un équilibre, un accord. Vous savez très bien qu'une négociation, c'est une question d'équilibre entre les partenaires. Donc, c'est ce à quoi nous travaillons naturellement. Il y a encore des points de blocage qui concernent en partie le financement. Moi, je comprends les organisations patronales qui font attention aussi à la compétitivité de l'entreprise France. Donc, il faut faire attention à cela. Vous savez que le travail finance très largement notre modèle social. Ce sera d'ailleurs, je pense, un sujet de présidentiel en 2027. Mais le patronat fait attention à ça.
NEILA LATROUS
Le patronat dit qu'on ne veut pas payer davantage. Et de fait, les syndicats disent aussi que ce n'est pas aux salariés de payer davantage.
SOPHIE PRIMAS
Oui, et c'est comme ça. Les salariés ne veulent pas être chargés davantage. Donc, il y a des questions sur la pénibilité. Il y a des accords sur la prévention. Il n'y a pas d'accord pour l'instant pour un départ anticipé sur des carrières pénibles. Donc, il y a encore ces points de difficulté. Mais regardons ce qui est acquis. Et le Premier ministre aura à cœur de prendre ses responsabilités et de mettre au débat pendant le projet de loi de finances de la Sécurité sociale à l'automne, ces points d'accord.
NEILA LATROUS
Sur la pénibilité, précisément, la CFDT dit qu'on n'y est pas du tout. Vous parlez à l'instant de points d'accord qui peuvent être soumis au débat. Est-ce que ça veut dire que s'il n'y a pas d'accord, les quelques avancées iront tout de même au Parlement ?
SOPHIE PRIMAS
Alors ça, ça sera la décision du Premier ministre qui sera annoncée mi-juillet. Donc, au terme de ces négociations, ça sera sa responsabilité et sa décision de savoir s'il va au-delà ou pas de l'accord qui sera trouvé sur les points sensibles.
NEILA LATROUS
Parce que, si je comprends bien, pour l'instant, les quelques avancées s'autofinancent en quelque sorte. Et donc, si vous en gardez certaines mais pas d'autres, ça déséquilibre le... Bien sûr, vous savez que la seule réserve... La réponse est dans ce que vous dites, c'est qu'a priori…
SOPHIE PRIMAS
Il faut trouver les moyens de financement. Donc, la seule réserve que nous avons mise et donnée aux partenaires sociaux en début de conclave, c'était effectivement un équilibre des retraites à 2030. Vous savez que c'est un déficit, aujourd'hui, très important qui peut aller jusqu'à 20 milliards. Ce n'est pas soutenable et ce n'est pas pérenne, encore une fois, pour les générations. Donc, notre responsabilité, c'est l'équilibre. Notre responsabilité, c'est la compétitivité des entreprises. C'est le poids du social dans la feuille de paye des salariés. Donc, c'est ce combo-là qu'il faut travailler tous ensemble.
NEILA LATROUS
Pour être très claire, Sophie PRIMAS, il n'y a pas d'évidence à ce que des avancées aillent devant le Parlement s'il n'y a pas d'accord global.
SOPHIE PRIMAS
Le Premier ministre s'est engagé à ce que les points d'accord soient traités dans le cadre du PLFSS. Je pense que c'est son objectif.
NEILA LATROUS
Mais ce que je n'ai pas compris, c'est les points d'accord signés ou pas signés ? C'est-à-dire, est-ce que c'est ce qui fait consensus entre les syndicats ?
SOPHIE PRIMAS
Ça sera la responsabilité du Premier ministre de prendre cette décision.
NEILA LATROUS
Donc, c'est encore un point à trancher par le Premier ministre. La question de l'équilibre du régime, c'est 6 milliards à trouver pour revenir à l'équilibre financier en 2030. C'est l'un des plus gros points noirs, si j'ose dire. Ou en tout cas, l'un des gros points à débloquer par les partenaires sociaux. Est-ce que la désindexation des retraites est une piste ? Ça revient à ne pas revaloriser les retraites selon le taux d'inflation. Donc, soit de les revaloriser d'un peu moins que l'inflation, soit de ne pas les revaloriser.
SOPHIE PRIMAS
Vous savez que nous avons des échéances budgétaires qui sont très ambitieuses. Et là aussi, ce sont des échéances budgétaires qui permettent à notre pays de revenir sur une forme de souveraineté financière et budgétaire. C'est impératif, sinon on se met dans la main des financiers internationaux avec des taux d'intérêt que nous ne pourrons plus supporter et des services publics qui seront dégradés parce qu'il faudra payer les intérêts de notre dette. Donc, c'est exactement l'inverse de ce qu'on veut. Donc, ça touche effectivement le système des retraites, ça touche le budget, ça touche la sphère sociale, ça touche les collectivités territoriales et bien sûr le fonctionnement de l'État. Donc, mi-juillet, encore une fois, le Premier ministre a tous les éléments et il fera l'ensemble des arbitrages à ce moment-là, y compris sur la question que vous indiquez.
NEILA LATROUS
Sophie PRIMAS, je me mets dans la peau de ceux qui nous écoutent qui disent "mi-juillet, François BAYROU le dira", quand on dit ça, c'est-à-dire que rien n'est exclu par principe et que la désindexation des retraites, c'est une piste.
SOPHIE PRIMAS
Toutes les pistes sont ouvertes, aujourd'hui, et c'est le Premier ministre qui choisira dans l'équilibre des finances publiques ce qu'il préfère. Il a dit qu'effectivement, il faut que ça soit un accord qui soit partagé, un effort qui soit partagé par l'ensemble des Français. La question de "Tout le monde participe et participe à hauteur de ce qu'il peut" est une question de justice également, est une question d'élan national. Dans ce bateau de la lutte contre le déficit, bien sûr, il y a le Gouvernement, mais il y a tous les partenaires sociaux.
NEILA LATROUS
Vous savez, hier, on a fait les partis politiques, Sophie PRIMAS, et si je me souviens bien, votre famille politique, les Républicains, ne veut pas entendre parler de désindexation des retraites. Donc, cette piste-là, elle n'a aucune chance de passer, si j'ose dire, le vote d'un budget.
SOPHIE PRIMAS
Nous verrons l'équilibre général qui sera proposé par le Premier ministre. Le Premier ministre proposera cet équilibre général mi-juillet et ensuite, jusqu'à l'automne, au moment où il faut déposer le projet de loi de finances devant le Parlement, c'est-à-dire début octobre, nous aurons un dialogue, évidemment, avec l'ensemble des parties prenantes et des partis politiques, naturellement.
NEILA LATROUS
Sophie PRIMAS, je rappelle que vous êtes la porte-parole du Gouvernement et que votre parole, de fait, engage ce que fait le Premier ministre, les ministres de l'économie, et elle est donc précieuse pour les Français. Je reviens d'un point sur les avancées qu'on a évoquées. Vous avez parlé des mères de famille. Leur retraite sera calculée sur les meilleures années. Le mode de calcul va changer pour que ça soit plus favorable. Le taux de départ à taux plein, sans décote, sera à priori avancé de six mois. Est-ce que ça, pour ceux qui nous écoutent…
SOPHIE PRIMAS
Pas que pour les femmes d'ailleurs.
NEILA LATROUS
Pour tout le monde, pour les 66 ans et demi, est-ce que pour ceux qui nous écoutent, on peut se dire ça, c'est acquis, ça on est sûr qu'à la fin de l'année, ce sera dans un texte ?
SOPHIE PRIMAS
Ça fera partie des avancées probables que le Premier ministre regardera et portera, si nécessaire, en loi de finances de la Sécurité sociale à l'automne. Moi, je pense que c'est une avancée considérable pour les femmes. J'étais dans l'hémicycle du Sénat au moment de la réforme des retraites portée par Elisabeth BORNE, et dans la partie gauche de l'hémicycle, c'était le sujet principal, la réforme des retraites. Donc j'imagine que, à la fois le Parti socialiste, toutes les formations plutôt à gauche, sont contentes de ces avancées qui se profilent sur la carrière des femmes. C'est une meilleure valorisation de leur carrière.
NEILA LATROUS
On sait quel est le gain sur une retraite ?
SOPHIE PRIMAS
Alors je ne l'ai pas là, mais je pense que Catherine VAUTRIN fera les calculs nécessaires.
NEILA LATROUS
Sophie PRIMAS, sans attendre l'issue de cette discussion, le Parti socialiste a déposé sa motion de censure que le Rassemblement national ne votera pas. Donc, à priori, elle ne passera pas. Politiquement, c'est tout de même une opération curieuse pour vous. Ce compte-là va se traduire par un Gouvernement, à nouveau, à la merci du Rassemblement national.
SOPHIE PRIMAS
Moi, j'ai tendance à dire que nous sommes à la merci, en permanence, et depuis le nouveau Gouvernement, d'abord de Michel BARNIER, et ensuite de François BAYROU, en permanence sous la tutelle de 577 députés, dont c'est la prérogative, mais sur ce sujet, vous voyez, on avait un débat hier soir dans l'hémicycle, tout le monde disait : "Mais vous votez avec le RN, vous ne votez pas avec le RN". Mais en fait, tous les textes se sont votés avec des géométries différentes dans cette Assemblée nationale que nous a envoyé les Français, et en fonction des textes et en fonction des sujets qui sont abordés, il y a des majorités qui se constituent, qui ne sont pas des majorités naturelles. Donc moi, je trouve assez curieux, et je le dis avec beaucoup d'empathie et beaucoup de respect, que le Parti socialiste dépose une motion de censure sur une question sociale, sur une question de dialogue social entre les partenaires sociaux. C'est un peu curieux. C'est leur liberté, je la respecte. Peut-être qu'une majorité ne se fera pas pour que cette motion de censure soit adoptée, je le souhaite, parce que nous sommes au milieu d'un chantier budgétaire qui est essentiel pour la France.
NEILA LATROUS
En quelque sorte, vous entrez en zone de turbulence, puisque c'est ce budget qui va valoir sans doute, composition de l'Assemblée nationale oblige plusieurs 49.3 et sans doute plusieurs motions de censure.
SOPHIE PRIMAS
J'ai l'impression d'être en zone de turbulence depuis mi-septembre. En réalité, l'incertitude permanente, la non-majorité à l'Assemblée nationale provoque ces zones d'incertitude, évidemment.
NEILA LATROUS
Ça ne va pas s'arranger, puisqu'il faut trouver 40 milliards supplémentaires pour l'année prochaine et 5 milliards dans l'immédiat pour tenir l'objectif d'un déficit public de 5,4 % cette année, c'est ce qu'annonçait hier le gouvernement. Sophie PRIMAS, je ne comprends pas, il y a un trou dans la caisse ?
SOPHIE PRIMAS
Alors en fait, vous savez que l'exécution d'un budget a fait beaucoup de polémiques en 2024, puisqu'il y avait un certain nombre de recettes qui n'avaient pas été prévues. Entre ce qui était prévu et ce qui s'est réalisé. Donc, il y a eu beaucoup de bruit et d'émotions évidemment autour de cette affaire.
NEILA LATROUS
Là c'est 5 milliards.
SOPHIE PRIMAS
C'est la raison pour laquelle, dans la transparence totale, Amélie de MONTCHALIN et Éric LOMBARD ont décidé de faire ces comités d'alerte, trois. Le deuxième s'est tenu hier, où nous regardons poste par poste l'exécution du budget.
NEILA LATROUS
5 milliards à trouver à l'été, c'est demain.
SOPHIE PRIMAS
C'est 5 milliards à trouver à l'été.
NEILA LATROUS
C'est demain, c'est même hier en fait.
SOPHIE PRIMAS
Alors qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que c'est 1,7 milliard en gros sur la sphère sociale, 3 milliards sur la sphère de fonctionnement de l'État et des collectivités territoriales.
NEILA LATROUS
Mais concrètement, 1,7 milliard sur la sphère sociale, ça veut dire quoi ? Qu'est-ce qui va changer pour les Français ? Des prestations en moins ?
SOPHIE PRIMAS
Ça veut dire qu'en fait, Catherine VAUTRIN et l'ensemble de son équipe sont en train de regarder les trois zones de dérapage, en tout cas, où il y a une évolution très importante des dépenses, à savoir les médicaments. Et donc, on voit tout de suite l'émotion qui est provoquée chez les pharmaciens par exemple. Il y a une négociation avec les entreprises du médicament. Il y a les affections de longue durée et puis, il y a les médicaments, les affections de longue durée et les arrêts-maladies qui progressent de façon considérable année après année.
NEILA LATROUS
Ça veut dire que les règles peuvent changer sur chacun de ces éléments ?
SOPHIE PRIMAS
Ça veut dire qu'il faut regarder les règles.
NEILA LATROUS
Les affections de longue durée, les arrêts maladies et dès l'été ?
SOPHIE PRIMAS
Il faut regarder les règles, il faut tenir nos dépenses essentielles. Là aussi, c'est une question de pérennité de notre modèle social dans sa globalité. Donc, il faut regarder les fraudes aussi, qui est un système très coûteux pour la France.
NEILA LATROUS
Catherine VAUTRIN, votre collègue qui est ministre de la Santé, pourrait annoncer, demain, de nouvelles règles de remboursement parce qu'il faut trouver 5 milliards dans les médias et 1,7 milliard en l'espèce dans la sphère sociale.
SOPHIE PRIMAS
En l'espèce dans la sphère sociale. Vous savez qu'il y a eu un rapport de l'assurance-maladie qui donne un certain nombre de préconisations et donc, Catherine VAUTRIN travaille, aujourd'hui, sur les économies. Alors c'est des économies, mais c'est aussi des gels de budget. C'est-à-dire qu'il y a des budgets qui sont mis en réserve qu'on a dans le budget de l'année 2025 et on décide de les geler pour voir si la conjoncture nous permet de les dépenser. Et si la conjoncture ne nous permet pas de les dépenser, à ce moment-là, on ne les dépense pas, on les garde dans le budget. C'est impératif parce que ce 5,4 de déficit qui est déjà très au-dessus des 3 % de déficit qui nous permettrait de résorber notre dette, eh bien ces 5,4 %, il faut qu'on les garde parce que c'est une question de crédibilité aussi pour les Français, des efforts que nous devons faire collectivement, mais c'est une question de crédibilité sur la sphère financière qui nous prête de l'argent aujourd'hui pour faire face aux besoins du service public.
NEILA LATROUS
Sophie PRIMAS, vous parliez des arrêts-maladie qui dérapent, est-ce que les arrêts-maladie par téléconsultation, par exemple, ce sera fini dans pas longtemps ? Vous aviez déjà limité dans le précédent budget pas d'arrêts maladie depuis 3 jours. Amélie de MONTCHALIN, votre collègue du budget, dit qu'il faut envisager, pourquoi pas, qu'ils ne puissent plus être délivrés par téléconsultation ces arrêts-maladie ?
SOPHIE PRIMAS
Je ne veux pas annoncer ici des choses sur lesquelles Catherine VAUTRIN et son équipe sont en train de travailler. On travaille effectivement, tout est sur la table, y compris le fait d'avoir des arrêts-maladie de maximum un mois, puis ensuite, de retourner voir son médecin pour reconfirmer des arrêts de maladie de 15 jours en 15 jours. Il faut regarder ça, ce n'est pas évidemment, on ne veut pas priver les Français d'arrêts-maladie lorsque c'est nécessaire, mais nous voulons optimiser le système. Encore une fois, c'est une question de pérennité de ce modèle social qui est assez unique en France, mais qui, aujourd'hui, pose des problèmes d'équilibre et donc de pérennité dans le temps.
NEILA LATROUS
Un dernier mot d'International, Sophie PRIMAS, j'ai quelques questions pour vous sur le sujet, puisque la semaine a évidemment été marquée par les frappes entre Israël, l'Iran, le cessez-le-feu, le sommet de l'OTAN. Hier, cette réunion à Bruxelles où Emmanuel MACRON a dit vouloir organiser, le plus vite possible, la conférence à l'ONU pour relancer la solution dite à deux États, c'est-à-dire relancer le processus de reconnaissance de l'État palestinien. La conférence avait été reportée précisément en raison de la guerre entre l'Iran et Israël. Ça reste l'objectif de la France de reconnaître un État palestinien ?
SOPHIE PRIMAS
L'objectif de la France, c'est d'arriver à cette solution à deux États, une solution que nous poursuivons depuis des années et des années. Un État palestinien, un État israélien, un État palestinien et israélien, et véritablement avec des conditions. Nous voulons la sécurité d'Israël, nous voulons le rapatriement des otages, nous voulons que l'aide humanitaire urgentement rentre à Gaza, soit distribuée en sécurité. Vous savez qu'il y a eu des tirs à Gaza sur des centres de distribution de l'aide humanitaire. Il y a un vrai drame en ce moment en Palestine, parce qu'il y a de l'aide humanitaire qui rentre un peu, mais qui est soumise à des tirs, à des chantages, à des milices, etc. Il faut vraiment que l'aide humanitaire et les ONG rentrent en Palestine et puissent distribuer l'aide humanitaire, et puis, le désarmement du Hamas, et puis, la création d'un État palestinien et d'une autorité palestinienne qui soit en capacité démocratiquement de faire véritablement État en Palestine.
NEILA LATROUS
Entre la première date prévue pour la conférence et aujourd'hui, la voie de la France ne s'est pas abîmée, précisément. Est-ce que Paris ne s'est pas décrédibilisé ? Comment dire en même temps, par exemple, Israël a le droit de se défendre et de demander concomitamment l'arrêt des frappes ?
SOPHIE PRIMAS
Alors, vous savez que nous sommes très attachés à le fait que l'Iran n'ait pas la bombe atomique, donc ça c'est évidemment, mais nous pensons que la solution diplomatique est la meilleure des solutions.
NEILA LATROUS
Pour vous, la voie de la France ne s'est pas abîmée ?
SOPHIE PRIMAS
Non, la preuve c'est que nous reprenons le chemin sur cette question de reconnaissance des deux États. Il faut qu'on y arrive, c'est une question d'équilibre dans cette partie du Moyen-Orient et donc, la voie de la France continue à peser sur le concert international.
NEILA LATROUS
Et donc, vous pensez que la France aura un rôle à jouer, y compris dans cette conférence-là ?
SOPHIE PRIMAS
Bien sûr, à côté de l'Arabie Saoudite d'ailleurs, qui est co-organisateur de ce sommet.
NEILA LATROUS
Puisqu'on parle d'international, Sophie PRIMAS, et puisqu'on parlait d'Europe, puisque les propos d'Emmanuel MACRON étaient tenus à Bruxelles, la Commission européenne propose de signer l'accord avec le Mercosur avant la fin du mois. La fin du mois, c'est lundi. Et l'accord avec le Mercosur, c'est ce qui fait trembler les agriculteurs français, puisque c'est un accord de libre-échange avec un certain nombre de pays d'Amérique du Sud. L'Allemagne, hier, a semblé vouloir forcer la main à Paris sur le sujet. Est-ce que les agriculteurs qui nous écoutent ce matin ont la garantie que cet accord n'entrera pas en vigueur ?
SOPHIE PRIMAS
Les agriculteurs ont la garantie que la France y est totalement opposée pour des raisons qui sont liées à l'activité agricole.
NEILA LATROUS
Obligation de moyens, obligation de résultats. Est-ce que le fait que la France y soit opposée suffit à ce qu'il n'entre pas en vigueur ?
SOPHIE PRIMAS
Nous nous battons chaque jour, et moi qui étais ministre du commerce extérieur, j'ai eu à me battre au G20, j'ai eu à me battre au Brésil contre cet accord. Cet accord, vous savez, il est daté, ça fait 20 ans qu'on en parle. Donc, il n'est plus du tout adapté au monde dans lequel nous sommes aujourd'hui. Et véritablement, la France, je voudrais dire, toute l'activité d'Annie GENNEVARD, la ministre de l'Agriculture, qui était mercredi en Pologne pour parler avec nos homologues polonais…
NEILA LATROUS
La Pologne qui s'oppose aux côtés de la France à la signature de cet accord.
SOPHIE PRIMAS
Exactement.
NEILA LATROUS
Mais ça ne suffit pas.
SOPHIE PRIMAS
Elle est aujourd'hui en Italie. Voilà. Et nous avons bon espoir, parce que Benjamin HADDAD a obtenu des avancées. Le ministre des Affaires européennes a déjà obtenu des avancées de la part de l'Italie cette semaine et la semaine dernière. Donc, nous sommes en train de créer cette minorité de blocage qui serait en aide.
NEILA LATROUS
Avant lundi.
SOPHIE PRIMAS
Écoutez, nous faisons le maximum pour le faire, parce que nous sommes persuadés que si cet accord est bon pour certains secteurs d'activité, il présente trop de difficultés sur le secteur agricole. Le secteur agricole doit d'ailleurs nous aider. Avec les organisations agricoles des autres pays européens, nous ne sommes pas seuls. Le Gouvernement, les organisations et les partis politiques, à l'unanimité, ont voté contre.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 8 juillet 2025