Interview de Mme Véronique Louwagie, ministre déléguée, chargée du commerce, de l'artisanat, des PME et de l'économie sociale et solidaire, à Sud Radio le 31 juillet 2025, sur les droits de douane américains, la simplification administrative pour les entreprises, la TVA réduite à 10%, les structures gonflables et les plateformes asiatiques.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Véronique Louwagie - Ministre déléguée, chargée du commerce, de l'artisanat, des PME et de l'économie sociale et solidaire

Média : Sud Radio

Texte intégral

BENJAMIN GLAISE
Il est 08 h 30 sur Sud Radio, Parlons Vrai avec mon invitée politique ce matin, Véronique LOUWAGIE, ministre déléguée au Commerce, à l'Artisanat, aux PME et à l'Économie Sociale et Solidaire. Véronique LOUWAGIE, bonjour.

VERONIQUE LOUWAGIE
Bonjour.

BENJAMIN GLAISE
Et merci d'être avec nous ce matin, J-1 avant l'entrée en vigueur de l'accord commercial entre l'Union européenne et les États-Unis. À partir de demain, tout produit européen débarquant sur le sol américain sera taxé à 15%, sauf quelques exceptions, on y reviendra. Vous avez reçu en tout cas hier à Bercy, avec sept autres ministres, les acteurs des filières impactées par ces droits de douane. Quel discours vous leur avez tenu ?

VERONIQUE LOUWAGIE
Écoutez, il était important d'avoir un échange avec ces entreprises pour leur donner les informations que nous avons à ce stade et pour entendre leurs préoccupations. En fait, le message a été le suivant : Est-ce que c'est un bon accord ? Non, évidemment, ça n'est pas un bon accord puisqu'il n'est pas symétrique. Est-ce que pour autant, nous avons évité le pire ? Oui, parce que si à défaut d'accord, demain, c'était des droits de 30% qui s'appliquaient. Les droits de 15%, évidemment, c'est beaucoup mieux que 30%. Pour autant, est-ce que tout est défini ? Non, et c'est la raison pour laquelle nous voulions entendre les entreprises, leurs préoccupations, savoir quels axes ils souhaitaient qu'on intervienne. Nous avions toutes les filières chimiques, pharmaceutiques, santé, produits, industries agroalimentaires. Et il nous faut travailler maintenant sur les exemptions, sur les cas particuliers, sur les contingents éventuels, par exemple, l'aéronautique va être exemptée, mais il y a d'autres secteurs également sur lesquels nous devons travailler. Et la France veut faire entendre sa voix.

BENJAMIN GLAISE
C'est quand même assez incroyable, on a du mal à comprendre que le Gouvernement, aujourd'hui, que vous ne sachiez pas encore, quels sont les termes précis de cet accord commercial entre l'Union européenne et les États-Unis.

VERONIQUE LOUWAGIE
Vous savez, à ce stade, nous avons eu une poignée de mains, dimanche dernier. Et vous savez très bien que dans des accords de cette nature…

BENJAMIN GLAISE
Entre Ursula von der LEYEN et Donald TRUMP.

VERONIQUE LOUWAGIE
Des accords de cette nature, je dirais que le diable se cache dans les détails. Donc il nous faut travailler par filière, il nous faut travailler sur tous les dispositifs qui impactent la France. Je rappelle que nos entreprises exportent et que 8% de ces exportations sont à la destination des États-Unis. Pour autant, nous avons réussi à préserver une part importante. Tout ce qui concerne l'aéronautique, pour lequel aujourd'hui nous savons que ce sera exempté, mais il nous faut encore agir sur les autres axes.

BENJAMIN GLAISE
Est-ce que vous demandez à ce matin la Commission européenne de vous informer davantage, de vous donner les précisions de cet accord ?

VERONIQUE LOUWAGIE
Alors, il nous faut avoir des précisions. Ce qui nous est revenu hier lors des échanges avec le monde économique, avec l'ensemble des filières, c'est que certes, des incertitudes sont levées. Nous pouvons être rassurés de ne pas avoir 30%. Mais maintenant, il nous faut des précisions. Les entreprises ont besoin de savoir, elles ont besoin de visibilité, lisibilité. Donc effectivement, nous avons entendu leur message d'avoir maintenant un agenda rapide, un agenda précis. Et en tout cas, la France fera…

BENJAMIN GLAISE
Parce que les droits de douane, effectivement, s'appliquent dès demain. Donc j'imagine qu'ils vous ont fait part de cette nécessité, de cette urgence qu'il y a pour eux.

VERONIQUE LOUWAGIE
Oui, effectivement que je vous le disais, il faut maintenant que nous ayons les détails de manière très rapide. Mais je rappelle que nous avions déjà depuis quelques mois des droits de douane de 10% qui s'appliquaient et qui s'ajoutaient aux droits existants. Donc nous étions à peu près en moyenne à 15%. Mais maintenant, effectivement, la France va faire entendre sa voix auprès de la Commission européenne à Bruxelles pour que très vite, nous puissions avoir un agenda précis avec toutes les modalités.

BENJAMIN GLAISE
Premier rendez-vous, première réunion à Bruxelles. Est-ce qu'on a une idée de la date ? C'est déjà vu ou pas encore ?

VERONIQUE LOUWAGIE
Non, à ce stade, nous avons eu la réunion hier. Nous avons fait un point hier soir entre tous les ministres de Bercy. Et nous allons travailler dès ce matin, nous rapprocher de la Commission européenne.

BENJAMIN GLAISE
Vous allez tenter de négocier de nouvelles exemptions. On parle beaucoup de la filière viticole, des spiritueux. Ce serait un objectif pour vous ?

VERONIQUE LOUWAGIE
Oui, c'est un objectif. Tout ce qui peut protéger nos entreprises françaises, protège nos emplois et nous agirons de la sorte qu'il s'agisse de la filière viticole, mais il y a également tout le monde de la santé, pour lequel il pourrait y avoir des exemptions. La pharmacie, la filière chimique, l'industrie agroalimentaire.

BENJAMIN GLAISE
Et pas que les grosses entreprises, les PME également.

VERONIQUE LOUWAGIE
Alors, vous avez tout à fait raison. En fait, toutes les entreprises, toutes les tailles d'entreprises exportent. Et nos PME, nos TPE, sont particulièrement, je dirais, vont être soumises, vont être impactées. Donc nous devons les défendre, nous devons les soutenir. Et c'est tout de cette manière que le Gouvernement est engagé pour accompagner nos entreprises.

BENJAMIN GLAISE
Engagement déjà, d'ores et déjà. Est-ce qu'il y a des mesures d'accompagnement qui sont prévues éventuellement pour les secteurs où les négociations seraient particulièrement compliquées ?

VERONIQUE LOUWAGIE
Écoutez, je pense qu'on va prendre les étapes les unes après les autres. Là, ce que nous souhaitons, c'est les défendre au mieux.

BENJAMIN GLAISE
Vous ne l'excluez pas en tout cas ?

VERONIQUE LOUWAGIE
Il faut s'adapter, je crois que c'est ça, en matière de politique. Un Gouvernement doit être là pour réagir et apporter des solutions adaptées au cas par cas, le cas échéant.

BENJAMIN GLAISE
" Nous n'avons pas été assez craints ", c'est ce qu'a dit Emmanuel MACRON lors du Conseil des ministres. Vous étiez présente. Pourquoi ne pas avoir déjà pris des mesures de rétorsion ? C'est ce que beaucoup de gens se posent comme question.

VERONIQUE LOUWAGIE
Écoutez, ce que nous avons voulu, et cela a été clairement affirmé par la France dès le début, nous n'avons pas voulu rentrer dans une escalade. Parce que cette escalade, qui aurait conduit à des droits de douane beaucoup plus importants, aurait été néfaste déjà pour les Américains, mais ce n'est pas ce qui nous intéresse le plus, mais pour les Européens et les Français. Pour autant, il y avait des mesures de rétorsion qui étaient prises au travers d'un pacte de 22 milliards, qui est toujours sur la table et qui nous sert aussi dans le cadre de la discussion des négociations. Je voudrais juste rappeler qu'au début des discussions, les États-Unis demandaient d'éviter la TVA, demandaient également la fin de la taxe sur les services digitaux, et nous avons pu préserver la TVA et la taxe sur les services digitaux. Les États-Unis demandaient également la levée de barrières non douanières, ce que nous avons aussi réussi, nous avons résisté à toutes ces demandes.

BENJAMIN GLAISE
Donc il y a eu des victoires, c'est ce que vous dites, européennes ?

VERONIQUE LOUWAGIE
Oui, mais il nous faut encore aller plus loin, et c'est en tout cas la manière dont le Gouvernement est engagé aujourd'hui.

BENJAMIN GLAISE
À titre personnel, je parlais d'Emmanuel MACRON il y a quelques instants, est-ce que vous espérez qu'Emmanuel MACRON prenne la parole publiquement ? Il ne l'a pas fait encore, il l'a fait avec vous en Conseil des ministres. Est-ce que vous souhaitez qu'il prenne la parole publiquement ?

VERONIQUE LOUWAGIE
Vous savez, c'est une négociation difficile, nous le voyons avec le Président TRUMP qui fait des avancées, des reculades, on le voit avec d'autres pays. Donc je pense que dans tout ce qui concerne ces discussions, cela s'effectue au niveau de la Commission européenne, il y a des discussions qui s'effectuent déjà à ce niveau.

BENJAMIN GLAISE
Donc il a raison de rester en retrait pour l'instant, selon vous ?

VERONIQUE LOUWAGIE
Je pense qu'il faut mesurer la manière dont nous devons agir. Ce qui est important, c'est de ne pas s'établir d'une escalade. Je crois que la France a été très claire dès le début. L'Europe a réagi de manière unie, ça aussi c'est très important, ça n'était pas forcément naturellement établi dès le début, c'était une volonté très forte de la France, et au moins ce message-là est passé, a été percutant.

BENJAMIN GLAISE
Vous avez entendu les socialistes qui demandent au Président qu'il réunisse les chefs de partis pour expliquer, je cite : " La stratégie de la France ". Ce serait souhaitable selon vous ? C'est prévu ?

VERONIQUE LOUWAGIE
Écoutez, je pense que dans la méthode, nous l'avons vu hier, puisque nous avons réuni l'ensemble des filières, des organisations professionnelles, du monde économique, il y a des réunions qui s'établissent également avec les partis, je pense à tout ce qui concerne les discussions au niveau du budget. Je pense que là, ce qui est important, c'est qu'il faut que nous soyons mobilisés pour faire entendre la voix de la France à Bruxelles, au niveau de la Commission européenne. C'est finalement le plus important dans les jours qui viennent.

BENJAMIN GLAISE
On l'a appris ce matin de TRUMP à propos du Canada. Un accord commercial est très difficile, dit-il, avec le Canada s'il reconnaît l'État de Palestine. La France, Emmanuel MACRON a annoncé qu'il reconnaîtra l'État de Palestine en septembre. Est-ce que ça remet en question cette annonce du président de la République ?

VERONIQUE LOUWAGIE
Écoutez, non, je ne crois pas. Je pense qu'il y a des sujets différents. Pour autant, nous voyons ici la difficulté de négocier avec le Président TRUMP, qui peut, je dirais, revenir en arrière, effectuer des reculades et prendre en compte certains éléments politiques de choix des pays qui sont complètement différents d'éléments de critères des accords commerciaux. Donc vous voyez, la discussion est difficile, la négociation est dure. C'est la raison pour laquelle, peut-être, le président de la République ne s'exprime pas aussi publiquement. Il mesure les difficultés.

BENJAMIN GLAISE
Oui, Véronique LOUWAGIE, je rappelle pour nos auditeurs qui nous rejoignent que vous êtes ministre déléguée au Commerce, à l'Artisanat, aux PME et à l'Économie Sociale et Solidaire. Venons-en aux annonces budgétaires de François BAYROU. Les artisans, les PME vont-ils devoir plus de charges ? C'est important aussi, vous avez parlé de visibilité, de le savoir un peu d'ores et déjà pour eux.

VERONIQUE LOUWAGIE
Oui, alors effectivement, il y a des efforts qui doivent être conduits dans ce budget pour que nous puissions rétablir une trajectoire budgétaire qui nous permette de diminuer le niveau de déficit et qui nous permette de diminuer aussi notre endettement et la charge de la dette, c'est-à-dire les intérêts qui sont payés. Pour autant, je le dis, je le répète et je crois que nous sommes d'accord au niveau du Gouvernement sur ce point, il nous faut soutenir nos entreprises. Les entreprises ont…

BENJAMIN GLAISE
Et préserver par exemple au maximum leur niche fiscale ?

VERONIQUE LOUWAGIE
Le soutien des entreprises doit s'effectuer, je dirais, à tout niveau. Derrière, ce sont des emplois, c'est la structuration aussi de nos territoires. Il y a un certain nombre d'incertitudes qui existent au travers des droits de douane, vers un certain nombre d'éléments au niveau européen, au niveau international, en sus. Donc voilà, tout ceci génère des points d'attention et nos entreprises ont besoin de lisibilité, de visibilité, elles ont besoin d'investir, elles ont besoin d'embaucher ça participe à la croissance et il nous faut les soutenir. En tout cas, le Gouvernement est engagé par rapport à toute cette situation.

BENJAMIN GLAISE
François BAYROU qui a proposé un deal, un marché aux entreprises : moins de subventions et puis on échange plus de simplification. On entend beaucoup parler de ce terme de simplification, mais on a besoin de concret, de comprendre ce que serait par exemple une mesure de simplification qui pourrait être envisagée par le Gouvernement.

VERONIQUE LOUWAGIE
Alors vous avez raison, et d'ailleurs cela nous a été encore redit hier, les entreprises veulent de la simplification pour augmenter leur compétitivité. Je rappelle qu'aujourd'hui, le poids de la charge administrative sur les entreprises, c'est 3% du PIB. Donc il nous faut agir au niveau européen, il y a un certain nombre de directives omnibus qui sont en cours, il nous faut les accélérer finalement, la mise en place de ces directives. Au niveau français, nous avons des textes, un projet de loi simplification de la vie économique. Le Premier ministre, le 15 juillet dernier, a évoqué des mesures de simplification en intervenant par ordonnance. Il y a des mesures très simples que j'ai mises en oeuvre depuis quelques mois. La suppression d'imprimés CERFA. J'ai supprimé 147 CERFA depuis le mois de janvier.

BENJAMIN GLAISE
Document administratif, oui.

VERONIQUE LOUWAGIE
147 CERFA, ce sont 500 000 téléchargements en moins pour les entreprises. Donc là, vous voyez, c'est une mesure concrète.

BENJAMIN GLAISE
Économique et écologique, oui.

VERONIQUE LOUWAGIE
Oui, tout à fait. Et par ailleurs, cela participe à gagner du temps, puisque tout ce temps qui est consacré à des charges administratives par les chefs d'entreprise, n'est pas du temps qui est consacré à leur coeur de métier. Je le dis souvent, la dépense la plus importante pour un chef d'entreprise, c'est la perte de temps.

BENJAMIN GLAISE
Les prochaines décisions de simplification, ça serait quoi ? Vous avez déjà une idée en tête ?

VERONIQUE LOUWAGIE
Il y a des simplifications possibles au niveau de la commande publique. L'accès à la commande publique, c'est important, notamment pour les TPE, les PME. La commande publique, c'est à peu près 180 milliards d'euros. Donc, si nos entreprises peuvent accéder plus facilement à la commande publique, ce sont des marchés qu'elles peuvent obtenir plus facilement, et notamment au niveau des petites entreprises.

BENJAMIN GLAISE
Suppression de deux jours fériés, est-ce que c'est toujours d'actualité ou est-ce que vous y avez renoncé au Gouvernement ?

VERONIQUE LOUWAGIE
Écoutez, il n'y a pas de renoncement. Pour l'instant, le Premier ministre a annoncé le 15 juillet dernier, a fait cette proposition pour participer à de la croissance, pour générer de la croissance. C'est l'équivalent d'un peu plus de quatre milliards d'euros, pour faire en sorte effectivement de créer de la richesse au niveau du pays. Ce point fera l'objet de discussions au travers des échanges avec les organisations patronales, les organisations syndicales, et je pense que tout pourra être mis sur la table à ce moment-là. Mais dans l'immédiat, ça n'est pas abandonné, bien évidemment.

BENJAMIN GLAISE
Grosse inquiétude du côté de la restauration. En ce moment, la TVA réduite à 10% sera maintenue, c'est l'objectif dans ce budget 2026 ?

VERONIQUE LOUWAGIE
Écoutez, il n'y a pas à ce stade de remise en cause de la TVA. Cette TVA à un taux réduit concerne 220 000 restaurants. Nous avons aujourd'hui, c'est vrai, des situations de défaillance au niveau des restaurants, c'est un peu plus de 3 500 défaillances au niveau de la restauration traditionnelle en 2024. C'est une situation difficile. C'est la raison pour laquelle je travaille actuellement avec les restaurateurs. J'ai reçu Catherine QUERARD, la présidente du GHR, Thierry MARX, président de l'UMIH il y a quelques jours.

BENJAMIN GLAISE
Qui demande, lui, vous l'avez entendu, une loi sur le fait maison dans la restauration. Qui sera avec nous d'ailleurs avec Maxime GUEDOT tout à l'heure.

VERONIQUE LOUWAGIE
Ah, très bien. Effectivement, j'ai échangé avec lui sur cette question, et j'ai créé des assises de la restauration et des métiers de bouche qui réunissent tous les professionnels. Nous travaillons sur cet aspect, comme d'autres aspects, qu'est l'attractivité des métiers, la modernisation aussi des magasins, des ateliers et également toutes les situations économiques par rapport à l'énergie, au coût des matières premières, avec tous ces professionnels.

BENJAMIN GLAISE
Véronique LOUWAGIE, c'est l'été, en plein milieu de l'été. En ce moment, certains parents vont profiter pour emmener leurs enfants jouer sur des structures gonflables. Ce n'est pas sans risque, on le sait. En 2024, la répression des fraudes avait procédé à des contrôles ciblés, dans 70% des cas, il y avait des problèmes de sécurité. Est-ce que de nouveaux contrôles ont été menés cette année ?

VERONIQUE LOUWAGIE
Alors, vous avez raison, c'est un sujet majeur. Nous ne transigeons pas avec la sécurité. Et finalement, chaque équipement dangereux doit être retiré. Chaque installation à risque doit être suspendue. C'est la raison…

BENJAMIN GLAISE
Avec sanction ?

BENJAMIN GLAISE
Oui, avec sanction le cas échéant. Vous évoquez un taux d'irrégularité de 70%. Je veux juste redire que sur les structures gonflables, c'est un peu plus de 460 contrôles qui se sont déroulés en 2024. Et ces contrôles ont donné lieu, dans 39 cas, à des arrêts de suspension immédiats d'activité, parce qu'il y avait danger. Ensuite, il y a d'autres non-conformités qui sont beaucoup moins prégnantes, beaucoup moins majeures, et qui, pour autant, donnent lieu à des avertissements, des injonctions, mais à chaque fois qu'il y a un risque imminent, il y a une demande, une suspension immédiate d'arrêt d'activité.

BENJAMIN GLAISE
D'autres contrôles ont eu lieu cette année, en 2025 ? Du côté de la DGCCRF.

VERONIQUE LOUWAGIE
Oui, les contrôles sont en cours. Nous en avons à peu près sur les structures gonflables 250. Nous en avons également dans des établissements de loisirs. J'étais cette semaine hier à Mézières-en-Drouais, où il y a une base de loisirs avec un plan nautique. J'ai participé, aux côtés des DGCCRF, aux contrôles qui se sont déroulés pour vérifier toutes les installations de sécurité. Je crois que c'est une mesure qui participe à protéger les vacanciers, à protéger les professionnels également, et à les rassurer pour qu'ils puissent passer des vacances tranquilles. Je veux juste dire aux auditeurs que notre main ne tremble pas sur cette question de sécurité.

BENJAMIN GLAISE
Je voudrais qu'on parle de cette tribune, dans Les Échos du secrétaire national de la CPME, un Gaétan DE SAINTE-MARIE, qui dit " C'est comme si on envoyait nos soldats combattre avec des pistolets à eau. " Il parle de cette bataille en cours en ce moment, entre les petits commerces d'un côté et les géants chinois, comme SHEIN, TEMU de l'autre. Que peut faire l'État pour aider les petits commerces ?

VERONIQUE LOUWAGIE
Alors, vous avez raison, il a raison, nous devons combattre, je dirais, toutes ces plateformes, ces plateformes asiatiques, qui aujourd'hui ont des pratiques commerciales, des pratiques de fabrication complètement déloyales. Et nous avons mené une action, un plan d'action, depuis quelques mois au niveau du Gouvernement, en triplant les contrôles pour vérifier la régularité, la conformité des produits, en faisant des contrôles à 360 degrés sur l'ensemble des plateformes, avec un plan d'action conduit avec les douanes, pour faire une communication systématique des informations. Nous avons une amende qui a été mise en place à destination de SHEIN, il y a quelques semaines, de quarante millions d'euros. Il y a d'autres enquêtes en cours.

BENJAMIN GLAISE
Notamment sur TEMU, accusé par l'Union européenne de violer sa législation sur les services numériques. On parle notamment de « jouets pour bébés » qui ne respecteraient pas les normes.

VERONIQUE LOUWAGIE
Alors, vous avez raison, ça, ce sont des enquêtes qui sont engagées au niveau européen, où la France d'ailleurs est acteur, avec des sanctions qui pourraient aller jusqu'à 6% du chiffre d'affaires annuel. Et nous avons encore d'autres enquêtes qui sont en cours au niveau européen, des enquêtes au niveau français et des enquêtes au niveau européen. Et nous travaillons également…

BENJAMIN GLAISE
Au niveau français, ça concerne quoi exactement…

VERONIQUE LOUWAGIE
Alors, c'est compliqué, je ne peux pas parler aujourd'hui des enquêtes qui sont en cours, mais je peux vous dire qu'il y a un grand nombre qui font l'objet de communications également, après au niveau pénal, le cas échéant.

BENJAMIN GLAISE
Véronique LOUWAGIE, dernière question. Les retards de paiement entre entreprises qui continuent de grimper fortement, c'est une grosse inquiétude, ça déstabilise toute notre économie. Quelle doit être ici la réponse de l'État ? Incitation, renforcement des sanctions ?

VERONIQUE LOUWAGIE
Alors, vous avez raison, les retards de paiement, je dirais, s'accentuent. Nous sommes arrivés à quatorze jours de retard de paiement. Je voudrais dire ici que les PME sont les principales entreprises affectées. Puisque finalement, ça a été dit dans un rapport de l'Observatoire des paiements qui est remis par la Banque de France, les PME sont les premières à payer, pour autant elles sont les dernières à être payées. Donc nous devons agir, parce que cette situation n'est pas normale. Je rappelle qu'en matière de défaillance…

BENJAMIN GLAISE
Comment concrètement pour comprendre ?

VERONIQUE LOUWAGIE
Juste vous dire, en matière de défaillance d'entreprises, 25% des défaillances d'entreprises sont dues à des retards de paiement. Donc moi, je soutiens des mesures qui participeraient à établir des sanctions beaucoup plus fortes que ça existe. Aujourd'hui, nous avons un plafond de sanctions à deux millions d'euros. Je propose que ces plafonds de sanctions soient proportionnels au chiffre d'affaires et puissent atteindre 1% du chiffre d'affaires. Il nous faut des mesures dissuasives, protéger nos PME. C'est, je dirais, le courant, mon action de tous les jours.

BENJAMIN GLAISE
Véronique LOUWAGIE, je rappelle, ministre déléguée au Commerce, à l'Artisanat, aux PME, à l'Économie Sociale et Solidaire. Un grand merci d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio.

VERONIQUE LOUWAGIE
Merci à vous.

BENJAMIN GLAISE
Et très belle journée à vous.

VERONIQUE LOUWAGIE
Belle journée à vous.

BENJAMIN GLAISE
Sud Radio, il est 8 h 49.


source : Service d'information du Gouvernement, le 1er août 2025