Texte intégral
ADRIEN GINDRE
Bonjour Sophie PRIMAS.
SOPHIE PRIMAS
Bonjour Adrien GINDRE. Bonjour Bruce TOUSSAINT.
ADRIEN GINDRE
Hier soir sur TF1, Jordan BARDELLA, le président du Rassemblement National, a lancé un appel au Chef de l'État : la dissolution ou sa démission, pour sortir de l'impasse. Est-ce que vous balayez totalement cette idée ?
SOPHIE PRIMAS
Moi je ne balaye rien du tout, je ne veux pas faire de politique fiction.
ADRIEN GINDRE
Tout est possible ?
SOPHIE PRIMAS
Tout est possible… Enfin toute l'expression des partis politiques est possible, en particulier du Rassemblement National, mais d'autres. J'ai entendu monsieur MELENCHON prendre des positions extrêmement fortes.
ADRIEN GINDRE
Il appelle à la destitution du Chef de l'État.
SOPHIE PRIMAS
Voilà, donc la liberté de parole dans ce pays est préservée. Ce sur quoi nous, nous nous focalisons, c'est effectivement le 8 septembre et surtout c'est d'expliquer…
ADRIEN GINDRE
Le vote de confiance.
SOPHIE PRIMAS
Je n'aime pas ce terme de vote de confiance.
ADRIEN GINDRE
C'est le terme de la Constitution.
SOPHIE PRIMAS
C'est vrai que c'est le terme de la Constitution, mais ce n'est pas exactement en réalité ce qui va se passer le 8 septembre. Le 8 septembre, c'est un vote d'adhésion à certains nombres de principes pour savoir si, oui ou non, la France est dans une situation qui est une situation proche du surendettement avec toutes les conséquences dramatiques que cela pourrait avoir pour nous.
ADRIEN GINDRE
C'est ce que François BAYROU veut en faire. Pour le moment, on va rappeler la liste de ceux qui ont annoncé qu'ils ne voteraient pas la confiance : le RN, l'UDR, La France insoumise, le Parti communiste, les écologistes, le Parti socialiste. On est très, très loin de la confiance.
SOPHIE PRIMAS
Notre rôle et le rôle du Premier ministre et celui du Gouvernement, c'est d'expliquer aux Français pourquoi nous demandons ce vote, pourquoi le Premier ministre a décidé, avec l'accord du Président de la République, de demander ce vote le 8 septembre. Ce vote, le 8 septembre, c'est pour dire que la situation de la France est difficile budgétairement. Ce n'est pas nouveau, mais on arrive au pied du mur. Et donc, il faut agir collectivement.
ADRIEN GINDRE
Mais vous y croyez encore, malgré tout ce que je viens de citer ?
SOPHIE PRIMAS
Mais si moi, je n'y crois pas. Qui y croit ?
ADRIEN GINDRE
Le Premier ministre peut-être encore.
SOPHIE PRIMAS
Le Premier ministre, le Gouvernement est à la tâche. Mes collègues, Amélie de MONTCHALIN, Éric LOMBARD, tous, nous sommes sur les plateaux pour – et merci de m'inviter ce matin – expliquer que ce vote du 8 septembre, c'est un vote de confiance, j'allais dire.
BRUCE TOUSSAINT
Mais ce n'est pas un référendum, madame PRIMAS. Vous dites qu'on veut convaincre les Français…
SOPHIE PRIMAS
Oui, bien sûr.
BRUCE TOUSSAINT
Pourquoi pas ? Mais en l'occurrence, ce n'est pas le sujet.
SOPHIE PRIMAS
Oui, mais les Français, ils votent pour des parlementaires. Et je pense que leur influence auprès des parlementaires... Quelle est la question, en fait, qui va être posée le 8 septembre ? Est-ce que vous êtes d'accord pour dire que nous sommes en surendettement ? Ce sont les partis qui ont annoncé qu'ils allaient voter contre…
ADRIEN GINDRE
Si vous voulez entendre les Français, un chiffre ce matin, un sondage IFOP pour LCI, 63 % des Français favorables à la dissolution de l'Assemblée nationale. Pourquoi ne pas écouter les Français et dire qu'on leur redonne la parole, on va aux urnes ?
SOPHIE PRIMAS
Mais ça, Adrien GINDRE, c'est la prérogative du Président de la République, ce n'est pas celle du Gouvernement.
ADRIEN GINDRE
Donc ça ne serait pas une mauvaise idée.
SOPHIE PRIMAS
La responsabilité du Gouvernement, c'est d'être lucide sur la situation budgétaire, de l'expliquer vraiment le plus pédagogiquement possible aux Français…
ADRIEN GINDRE
Mais vous, qu'est-ce que vous pensez de donner la parole aux Français ?
SOPHIE PRIMAS
… et de travailler avec les autres formations politiques pour essayer de trouver un budget à la France en 2026, et j'ajoute, en 2027, car le sujet sera le même en 2027.
ADRIEN GINDRE
Vous ne m'avez pas répondu. Pardon de vous reposer cette question…
SOPHIE PRIMAS
Mais parce que je ne peux pas répondre à votre question, c'est une prérogative du Président de la République.
ADRIEN GINDRE
Et vous n'avez pas d'opinion à ce sujet ? Vous le gardez pour vous ?
SOPHIE PRIMAS
Je n'ai pas d'opinion à ce sujet, pour le moment. Le Gouvernement est focalisé sur l'explication que nous devons faire aux Français, aux parlementaires, et sur le travail que nous devons mener pour remettre la France dans une situation budgétaire plus favorable.
ADRIEN GINDRE
Vous avez vu les premiers résultats depuis lundi, depuis que le Premier ministre a annoncé ce vote de confiance. La Bourse de Paris a chuté, deux jours de suite, encore…
SOPHIE PRIMAS
Ce qui montre bien que…
ADRIEN GINDRE
Je termine juste pour… Nos téléspectateurs n'ont peut-être pas tout en tête… Les taux d'intérêt français sont tendus, on se rapproche de l'Italie. Les patrons qui se réunissent aujourd'hui au MEDEF disent leurs craintes. Les Français, toujours dans ce sondage IFOP-LCI, se disent à 62 % inquiets. Franchement, on peut dire merci François BAYROU.
SOPHIE PRIMAS
Mais non, pas du tout. C'est la situation qui mène à cette inquiétude.
ADRIEN GINDRE
C'est lui qui l'a créé.
SOPHIE PRIMAS
Pas du tout.
ADRIEN GINDRE
Il n'y avait aucune obligation de déclencher ce vote de confiance.
SOPHIE PRIMAS
La situation est la même que celle que nous aurions eue au mois d'octobre, au mois de novembre, pendant l'examen du projet de loi de finances et du projet de loi de finances de la Sécurité sociale. L'objectif du Premier ministre aujourd'hui, c'est de dire : est-ce que nous sommes d'accord sur ce diagnostic ? Et après, travaillons ensemble à partir de la copie que j'ai remise le 15 juillet, qui n'est pas parfaite, qui est amendable, qui est améliorable, qui est modifiable par les parlementaires, par les partenaires sociaux, et essayons de trouver un compromis pour sortir la France du mauvais pas dans lequel elle se trouve.
ADRIEN GINDRE
Avant de parler des améliorations possibles, hier encore devant la CFDT, le Premier ministre a dit, ce sont ses termes, qu'il y avait un choix entre la responsabilité ou le chaos. Il se trouve que vous avez appartenu, il y a un an, à un Gouvernement dirigé par Michel BARNIER, qui a été renversé. Après, il y a eu un nouveau Premier ministre.
SOPHIE PRIMAS
12 milliards. Ça nous a coûté 12 milliards.
ADRIEN GINDRE
Oui mais la Terre ne s'est pas arrêtée de tourner, la France ne s'est pas arrêtée de tourner.
SOPHIE PRIMAS
On en cherche 44 aujourd'hui. Ça, ça nous a coûté 12 milliards. Et les taux d'intérêt étaient encore inférieurs à ce qu'ils sont aujourd'hui. Et donc, on ne cherche pas à mettre la panique dans la France.
ADRIEN GINDRE
On parle de chaos.
SOPHIE PRIMAS
On dit simplement que toute incertitude politique… Et elle est compliquée, la situation politique, c'est celle que nous ont donné les Français en juin 2024, mais elle est compliquée puisqu'il n'y a pas de majorité. Donc, toute nouvelle incertitude d'ici la grande échéance politique qui aura lieu pour les présidentielles de 2027, et qui sera vraiment le moment où toutes les formations politiques pourront exprimer leurs projets, il faut que la classe politique soit responsable et trouve un moyen d'avancer dans les deux ans qui viennent.
ADRIEN GINDRE
Vous êtes porte-parole du Gouvernement, et vous êtes aussi membre du parti Les Républicains. Les députés Les Républicains hier se sont réunis en réunion de groupe à l'Assemblée nationale. Ils ont refusé de se prononcer en bloc pour soutenir dès maintenant le Gouvernement. Certains ont dit "on le soutiendra", d'autres ont dit "on attendra le discours du Premier ministre". Certains même évoquent l'idée de voter contre la confiance. Est-ce que ces députés de votre parti sont des irresponsables ?
SOPHIE PRIMAS
Je crois qu'il faut d'abord laisser la liberté à chacun des députés de… Il n'y a pas de mandat impératif. Quand vous êtes député, vous avez une liberté, même quand vous appartenez à un parti politique. Le parti politique s'est exprimé hier par un communiqué de presse de Bruno RETAILLEAU pour dire qu'il n'était pas possible pour nous de voter contre la question qui était posée puisque c'est l'ADN de notre parti que de la rigueur budgétaire et de trouver des moyens.
ADRIEN GINDRE
Sauf que ce n'est pas Bruno RETAILLEAU qui votera le 8 septembre, ce sont bien les députés.
SOPHIE PRIMAS
Je vais au bout. Que certains députés disent : "On veut écouter François BAYROU, on veut des précisions sur les principes généraux qui sous-tendront la discussion budgétaire à la fin de l'année", moi, je trouve ça normal, je trouve ça sain, je comprends cela. J'ai été moi-même députée, je comprends cela. Ils ont aussi des comptes à rendre par rapport à leur population et les Français qu'ils représentent, qu'ils soient interrogatifs, mais je ne comprendrai pas qu'alors que nous avons pris cette décision difficile de participer à ce Gouvernement dans l'intérêt général de la France en attendant les présidentielles de 2027, que nous votions contre un principe qui est un retour à un état budgétaire favorable.
BRUCE TOUSSAINT
Pardonnez-moi mais ce soir, François BAYROU est l'invité du 20h de TF1. Est-ce qu'il vient pour faire des propositions ? Est-ce qu'il vient ce soir – vous êtes porte-parole du Gouvernement – pour dire : "essayons de trouver un chemin" ? On parle d'un trou de souris. Est-ce que ce soir, il y aura du concret ? Pour essayer de convaincre…
SOPHIE PRIMAS
Cela lui appartient et donc je ne vais pas spoiler son intervention, vous m'excuserez.
ADRIEN GINDRE
Est-ce que vous considérez qu'il faut bouger avant le 8 septembre ?
SOPHIE PRIMAS
Je considère que François BAYROU continue sa mission qui est d'expliquer aux Français pourquoi il a pris cette décision qui est une décision un peu étrange et inattendue.
ADRIEN GINDRE
Je prolonge la question de Bruce. Est-ce qu'expliquer, ça suffira ? Est-ce qu'on n'est pas arrivé au moment…
SOPHIE PRIMAS
Il tend la main.
ADRIEN GINDRE
… où si vous ne bougez pas, si vous n'entendez pas, vous tomberez ?
SOPHIE PRIMAS
Je veux dire que depuis le 15 juillet, où François BAYROU, le Premier ministre, nous a présenté sa feuille de route sur le budget 2026, il a toujours dit que la porte restait ouverte, que toutes les décisions pouvaient être amendées. La seule vérité, c'est qu'il faut faire 44 milliards d'économies sur notre budget.
ADRIEN GINDRE
On ne touchera pas aux 44 milliards ? On ne touchera pas à ce chiffre ?
SOPHIE PRIMAS
On sera à 40, à 46, je n'en sais rien, mais c'est l'ordre d'idées qui compte. Il est important que tous les parlementaires et toutes les formations politiques et tous les Français comprennent que la porte est ouverte, que si tel ou tel parti politique ne veut pas d'une mesure... Par exemple, vous avez dit que moi, je fais partie des LR. Je crois au travail, à la vertu du travail, car dans le plan de François BAYROU, il y a faire des économies, mais aussi produire plus. Je crois à la vertu du travail. Les deux jours fériés ne font pas l'unanimité, par exemple, parmi les rangs des Républicains. Notre parti fera des propositions dans ce sens.
ADRIEN GINDRE
Vous aimeriez entendre François BAYROU dire qu'on renonce…
SOPHIE PRIMAS
Mais nous ne sommes pas aux temps des mesures, nous sommes temps de l'adhésion sur les principes. Voilà la différence.
BRUCE TOUSSAINT
Merci beaucoup. Donc si j'ai bien compris, vous n'êtes pas en train de préparer vos cartons.
SOPHIE PRIMAS
Écoutez, pour l'instant, on se bataille, donc on ne prépare pas les cartons, on est occupés à expliquer.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 septembre 2025