Texte intégral
JEFF WITTENBERG
Bonjour à tous. Bonjour Stéphanie RIST.
STÉPHANIE RIST
Bonjour.
JEFF WITTENBERG
Merci d'avoir choisi France Télévisions et les 4 Vérités pour votre première interview nationale. Et c'est important car vous êtes l'une des ministres les plus exposés, qui va être les plus exposés pendant la direction du budget. Parce qu'on vient de le dire, vous portez le secteur de la santé, celui de la Sécurité sociale, qui doit faire 17,5 milliards d'économies. Enfin, plutôt qui doit réduire son déficit à 17,5 milliards d'Euros en 2026. Avant de parler du détail, est-ce que vous dites qu'il va falloir faire des sacrifices et qu'ils sont indispensables ?
STÉPHANIE RIST
Il va falloir être sérieux sur le budget de la Sécurité sociale si on veut que la Sécurité sociale continue à nous protéger. Sérieux, cela veut dire maîtriser les dépenses. Mais il y aura dans ce budget qui va être débattu au Parlement, il y aura dans ce budget une augmentation de 5 milliards des dépenses pour la santé.
JEFF WITTENBERG
On va en parler dans le détail. Il y a beaucoup de secteurs qui vont être rognés. Alors il y a notamment une question qui est particulièrement débattue, combattue même par la gauche, c'est celle des franchises médicales. Dans le budget actuel, le reste à charge des patients sur les boîtes de médicaments, notamment sur les actes paramédicaux, doublerait, passant dans certains cas de 1 à 2 euros, voire de 2 à 4 euros. Est-ce qu'on va dans cette direction ? Est-ce que cela se fera ?
STÉPHANIE RIST
Dans le texte qui est proposé au Parlement, il y a une augmentation des franchises médicales qui sont plafonnées. C'est-à-dire effectivement une augmentation du reste à charge pour les patients. Il faut savoir, et c'est très important qu'on puisse le dire ce matin, que les patients les plus fragiles, les femmes enceintes, les jeunes, ceux qui ont la contribution solidaire, n'ont pas à payer ces franchises. Mon travail de ministre de la Santé, des Familles, des Personnes fragiles, cela va être de protéger les plus fragiles.
JEFF WITTENBERG
Mais la majeure partie des patients paiera cette franchise augmentée. Vous l'avez cité.
STÉPHANIE RIST
Oui. Nous allons avoir ce débat. C'est un débat intéressant parce qu'effectivement on peut discuter de quelles personnes ne peuvent pas les payer. C'est déjà le cas pour les personnes dont je vous ai cité tout à l'heure. Le débat pourrait avoir lieu s'il faut augmenter le nombre de personnes qui n'ont pas à payer ces franchises mais maintenant…
JEFF WITTENBERG
Donc il y a encore un débat possible sur effectivement cette question.
STÉPHANIE RIST
Il y a un débat absolument nécessaire sur tout le texte du budget, c'est l'engagement du Premier ministre avec les parlementaires.
JEFF WITTENBERG
Alors il y a un autre sujet qui fait encore une fois débat, le mot est faible, c'est la révision possible des critères d'admission des régimes d'affections de longue durée. Et la Ligue contre le cancer, notamment parce que cela concerne des dizaines de milliers de Français, dénonce cette possibilité, que ce critère soit révisé.
STÉPHANIE RIST
Oui, c'est une mesure qui est inscrite dans le texte du budget de la Sécurité sociale, qui change la philosophie de la prise en charge des ALD et qui est, pour moi, très intéressante puisqu'elle dit…
JEFF WITTENBERG
On rappelle que les ALD font que les patients ne paient aucun frais.
STÉPHANIE RIST
Oui. Vous êtes pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale. Ce qu'on dit là, c'est qu'on va le faire cette ALD avant en disant : "Si on protège bien les gens avant, si on fait de la prévention, il y aura moins de personne qui ira en ALD". Tout ça, ça va être discuté au Parlement. Et puis ce qui aura de remboursé dans le panier, ça sera défini bien évidemment avec la Haute autorité de santé et les soignants.
JEFF WITTENBERG
Alors pourquoi les associations, comme la Ligue contre le cancer, s'inquiètent dans ce cas, si vous leur avez précisé ça ?
STÉPHANIE RIST
Alors il s'agit d'une réforme qui est mise en place. Vous savez que je suis arrivée il y a trois jours. On n'a pas encore eu toutes ces discussions. Je crois qu'il y a dans beaucoup de domaines sur ce texte qui demandent des efforts partagés effectivement à rencontrer tous les acteurs, ce que j'ai commencé à faire. Mais il faut quand même un peu de temps.
JEFF WITTENBERG
Alors avant d'être ministre et jusqu'à cette semaine, vous étiez et vous êtes toujours rhumatologue, médecin rhumatologue au CHU d'Orléans. Vous savez que le secteur des hôpitaux, des cliniques s'inquiètent lui aussi. Les fédérations hospitalières craignent, malgré une augmentation du budget global de 2,1 %, qu'il y ait moins d'infirmiers, que ce budget, alors je cite, ce budget de la sécu serait la pire cure d'économies depuis 2010. On sait que l'hôpital, déjà, souffre. Là encore, qu'est-ce que vous répondez ? Est-ce que vous dites : "Non, c'est faux. L'hôpital sera toujours bien doté", alors que les chiffres semblent démontrer l'inverse.
STÉPHANIE RIST
Il y a une augmentation dans le budget qui est présenté de plus de 2 milliards pour les hôpitaux. Mais les chiffres, aujourd'hui, ce n'est pas ça qui est important.
JEFF WITTENBERG
Mais c'est insuffisant disent les professionnels.
STÉPHANIE RIST
Ce qui est important, c'est qu'on puisse avancer dans la discussion. Et je comprends que les acteurs soient inquiets par rapport à cette première page qui est donnée. Il va y avoir des évolutions au Parlement. Je ne dis pas que nous n'allons pas maîtriser nos dépenses. Nous avons un enjeu collectif à maîtriser nos dépenses de la Sécurité sociale parce que c'est comme cela que nous pourrons être protégés par la suite. Maintenant, il faut le faire en concertation, en discussion. On est au début du travail.
JEFF WITTENBERG
Mais qu'on vous comprenne bien, cet argent qu'il y aura en moins ou disons moins que prévu pour les hôpitaux, est-ce que ça peut bouger ? Est-ce que là encore au cours de la discussion budgétaire, vous pourriez revenir sur les économies qui sont annoncées aujourd'hui ?
STÉPHANIE RIST
Mais si on peut faire des économies parce qu'on mutualise des achats, parce qu'on est plus efficace, eh ben c'est vers cela qu'il faut aller. Nous avons un effort collectif à faire d'économies, tout en conservant et en protégeant les plus fragiles, que ce soient les établissements plus fragiles ou les personnes les plus fragiles. Ça, c'est mon boulot.
JEFF WITTENBERG
Dans les bonnes nouvelles, vous allez mettre en place ce congé naissance qui était dans les tuyaux, si j'ose dire, depuis maintenant la réélection d'Emmanuel MACRON. Concrètement, c'est…
STÉPHANIE RIST
C'est un congé supplémentaire que les familles, les parents pourront choisir, qui permet aux pères et aux mères de prendre un ou deux mois de congé après la naissance de leur enfant qui sera mieux rémunéré que le congé parental, plus court mais mieux rémunéré, et qui permet d'avancer dans l'égalité hommes femmes et de prendre en charge la parentalité.
JEFF WITTENBERG
En tout cas, si vous devez faire des économies, c'est aussi pour compenser la suspension de la réforme des retraites qui, elle, devait rapporter de l'argent, notamment au budget de la Sécurité sociale et à l'État en général. Est-ce que, vous étiez députée Renaissance jusqu'à votre nomination, il y a quand même une amertume d'avoir renoncé à cette suspension, d'avoir renoncé plutôt à cette réforme ? Le Président recevait des parlementaires de votre parti, de Renaissance, hier et il leur a dit : "Je vous comprends". Est-ce que vous aussi, vous avez cette amertume, ce regret ?
STÉPHANIE RIST
Écoutez, moi, j'étais rapporteur de cette réforme des retraites. J'ai une conviction assez forte sur ce sujet. Personnellement, maintenant, il y a une réalité. J'aurais préféré que nous ayons une majorité, que nous n'ayons pas à revenir sur cette réforme. Il y a une réalité parlementaire, une réalité de notre pays, des Français qui nous ont élus et qui entraîne cette suspension nécessaire pour les Français.
JEFF WITTENBERG
Mais que vous avez du mal à avaler, si j'ose dire, si vous me permettez l'expression.
STÉPHANIE RIST
Ça s'appelle un compromis. Et quand on fait des compromis, ce n'est parfois pas facile.
JEFF WITTENBERG
Sur France 2, hier, Édouard PHILIPPE, l'ancien Premier ministre d'Emmanuel MACRON, disait qu'il y avait une sorte de désinvolture dans cette façon de faire et il ne parlait pas, évidemment, que de cette mesure, mais de l'action générale du Président.
STÉPHANIE RIST
Moi, je ne veux pas commenter. Pourquoi ? Pas parce que je n'ai pas envie de commenter, mais parce que je suis ministre de la Famille, de la Santé, des Personnes handicapées, des Personnes âgées et j'ai vraiment beaucoup de travail et que chaque minute doit être utile à ce travail-là.
JEFF WITTENBERG
Vous êtes la huitième ministre de la Santé depuis 2022. Ça vous laisse quand même de l'espoir ? Vous pensez que ce Gouvernement LECORNU va pouvoir tenir la barre un certain temps ?
STÉPHANIE RIST
Ça entraîne beaucoup d'humilité et beaucoup de nécessité de continuer les travaux engagés par mes prédécesseurs. Et c'est ce que je veux dire ce matin aux Français et aux acteurs. Nous allons poursuivre ce qui est engagé.
JEFF WITTENBERG
Merci beaucoup Stéphanie RIST.
STÉPHANIE RIST
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 octobre 2025