Texte intégral
THOMAS BONNET
Vincent JEANBRUN, bonjour.
VINCENT JEANBRUN
Bonjour.
THOMAS BONNET
C'est votre " Grande interview " sur Europe 1 et sur CNews. Vous êtes ministre de la Ville, ministre du Logement. On a beaucoup de sujets à aborder ce matin. Je voulais commencer avec le sort de Marie-Claude à Nantes ; elle a 73 ans. Et depuis cinq jours, elle a arrêté de manger. Elle fait une greffe de la faim pour alerter sur sa situation. Elle mettait son appartement, en tout cas une partie de son appartement, en location et le locataire ne veut plus quitter les lieux. Il a même pris possession de l'intégralité des lieux. Qu'est-ce que vous lui répondez ce matin ? Quelle réponse peut lui apporter l'État ?
VINCENT JEANBRUN
D'abord, lui dire qu'elle n'est pas seule dans son combat. Les services de la préfecture l'ont contacté. Moi, j'ai essayé de la joindre hier soir pour lui dire le soutien qui est le nôtre face à une situation profondément injuste. Elle est, je crois, reçue cet après-midi même pour pouvoir porter plainte et pour qu'on puisse faire avancer la procédure.
Mais au-delà de son cas personnel, ça nous interpelle sur un vrai sujet. C'est : que fait-on ? Quelle est la réponse publique quand on a une situation de cette nature ? On a eu une vraie progression avec la loi de mon prédécesseur, Guillaume KASBARIAN, qui avait fait une loi anti-squat et qui permet déjà d'avoir des outils forts quand quelqu'un rentre illégalement chez vous. Vous êtes parti, même dans une résidence secondaire, on rentre chez vous, là vous avez les outils juridiques, les préfets peuvent en 72 heures procéder à une expulsion. Ça a été une grande avancée. Mais on voit, dans le cadre de cette situation ou dans d'autres, que si la personne rentre légalement dans le domicile et là on retombe sur le point commun.
THOMAS BONNET
Le contrat de location, par exemple, pour une courte durée, il se maintient à l'intérieur ?
VINCENT JEANBRUN
Exactement. On est obligé de passer par le juge. Ça prend du temps, la trêve hivernale s'applique, etc. C'est vrai dans le cas d'un bail, comme a passé Marie-Claude, c'est vrai également avec du Airbnb. Et donc là il y a vraiment un angle mort, il y a une faille juridique. Il faut absolument qu'avec les parlementaires, on la corrige, parce que c'est inacceptable ce qui se passe.
THOMAS BONNET
Vous allez déposer un projet de loi prochainement pour corriger cette situation ?
VINCENT JEANBRUN
Vu le contexte, j'aimerais plutôt que ce soit avec les parlementaires qu'on fasse émerger un projet de loi, mais je considère qu'on ne peut pas garder la situation dans l'État. Et donc avec mes collègues du Gouvernement et avec des parlementaires, je pense qu'il est urgent qu'on ait une proposition forte. Pas de squatteurs, pas d'occupation illégale, il faut protéger le propriétaire.
Vous savez, le Premier ministre m'a demandé de lancer un grand plan pour sauver le logement en France, c'est-à-dire la construction du neuf, la réhabilitation de l'ancien. Un des premiers ingrédients pour redonner envie aux Français d'investir dans la pierre, d'investir dans le logement, c'est la confiance qu'en tant que propriétaire, je n'aurai pas de problème avec mes locataires, c'est fondamental. Et d'ailleurs, les locataires honnêtes, ils sont tous pénalisés quand il y a un locataire malhonnête qui squatte et qui occupe, donc c'est fondamental.
THOMAS BONNET
On va parler du logement social. Depuis l'adoption de la loi narcotrafic, il est possible maintenant d'expulser les dealers des logements sociaux, mais ça vient d'une initiative à chaque fois des bailleurs. Est-ce que sur le terrain, vous constatez qu'il y a maintenant des expulsions qui ont lieu concrètement pour ceux qui ne respectent pas les règles de la République ?
VINCENT JEANBRUN
Le texte était absolument fondamental. Nos quartiers populaires sont gangrenés par des trafiquants, ce qui fait que vous avez 5 à 6 millions d'honnêtes Français qui vivent une vie horrible parce qu'ils sont au milieu de narcotrafiquants toute la journée, et donc il faut absolument les protéger. Cette loi narcotrafic a permis une grande avancée. Elle a été vraiment définitivement adoptée cet été, donc les premiers effets se font sentir. Et pour moi - et ça va être l'objet d'une de nos volontés avec le ministre de la Justice, avec le ministre de l'Intérieur - c'est de bien rappeler à tous les acteurs, les bailleurs, mais également les préfets, qu'on doit pouvoir mettre tous les outils pour expulser les narcotrafiquants.
Moi, je fais un déplacement cet après-midi même à Franconville, chez le maire Xavier MELKI, qui, avec le préfet, avec le procureur, a déjà procédé à un certain nombre d'expulsions de cette nature. Donc pour moi, c'est fondamental. Et je le précise, si le bailleur était défaillant dans la procédure d'expulsion, maintenant, grâce à cette loi, le préfet peut reprendre la main. Donc elle est vraiment très efficace. Et j'ai envie de vous dire, elle était très attendue, mais allons jusqu'au bout maintenant.
Et un des travaux que j'aimerais porter, c'est faire en sorte que ça s'applique au-delà du simple sujet du narcotrafic. Au fond, c'est une chance, un logement social. C'est la solidarité nationale qui propose à une famille qui n'aurait pas les moyens de se loger dans le privé, qu'on vienne co-financer finalement son habitat. Eh bien, quand on trafique, quand on est un voyou, je pense qu'on perd le droit à cette solidarité nationale. Et donc, ce qui est vrai pour le narcotrafic, à mon sens, devrait être étendu. Et là aussi, c'est un des chantiers que je vais ouvrir.
THOMAS BONNET
Le maire Xavier MELKI, que vous allez rencontrer cet après-midi, dit par exemple qu'il y a des gens qui ont participé aux émeutes et qu'on ne peut pas expulser des logements sociaux. Mais alors, qu'on comprenne bien concrètement, ça veut dire que vous expulsez l'intégralité de la famille qui est dans ce logement social ?
VINCENT JEANBRUN
Oui, parce qu'en fait, quand vous signez un bail, vous avez une clause qui dit que vous devez l'occuper de manière paisible. Et donc, c'est vrai pour vous, c'est vrai pour vos occupants. Donc, effectivement, vous avez une responsabilité. Encore une fois, ce n'est pas joyeux. Et parfois, vous avez dans la famille des gens qui ne sont pas directement responsables, d'un grand frère qui deale, etc. Mais encore une fois, à côté, vous avez des millions de Français qui sont en droit de demander un logement social et qui, eux, sont prêts à l'occuper de la façon la plus honnête possible. Et donc, c'est à eux d'être prioritaires sur ces logements sociaux. Donc, là vous vous rappelez la situation de Franconville, mais qui est vraie partout en France, c'est qu'il y a des cas de narcotrafic avérés qui permettent de lancer des procédures d'expulsion rapide. Et c'est une bonne chose. Et on va faire en sorte que partout, les préfets, les bailleurs le mettent en oeuvre. Et puis, il y a ces questions où, mais qu'est-ce qui se passe quand c'est quelqu'un qui vole des voitures régulièrement, qui dégrade le matériel, qui menace, qui harcèle, etc. Eh bien, on doit pouvoir aller plus loin.
Dans le Val-d'Oise - et c'est pour ça que j'y vais cet après-midi - il y a une entente, il y a une convention de coordination. Les maires, les bailleurs, le préfet, le procureur, ça a été possible dans le Val-d'Oise. Je vais aller regarder comment ça fonctionne. Et évidemment, on va essayer de généraliser à toute la France, parce que dans ces quartiers populaires, vous avez d'honnêtes gens qui méritent qu'on les protège.
THOMAS BONNET
Un mot simplement pour finir sur les HLM, un mot rapide. Philippe JUVIN, député Les Républicains, a proposé d'offrir les HLM au bout de 20 ans d'occupation si on a respecté les règles. Le ministre du Logement que vous êtes est favorable à cette mesure ?
VINCENT JEANBRUN
Moi, je suis favorable au fait que le logement social ne soit pas à vie. Le logement social, c'est une chance, pas une honte. Moi, je ne suis pas pour l'offrir. Je suis effectivement qu'on puisse permettre aux occupants de l'acheter le plus vite possible quand ils en ont les moyens. Ça, c'est ma conviction personnelle que j'ai toujours défendue. C'est qu'à mon sens, il faut que ce soit une étape de vie, le logement social. C'est vrai pour ceux qui l'occupent. Donc, on parle de parcours résidentiels. Et ça doit être aussi - et ça, c'est ma petite innovation - une étape aussi pour le bâtiment. Je considère qu'en fait, il faut un parcours pour la résidence. Et qu'au fond, quand elle est inaugurée, elle est sociale. Et puis, au bout de 15 ans, en fait, elle a été vendue à ses occupants si c'est possible, si possible à tarif social. Et puis, on va recréer un petit peu de logement social ailleurs, ce qui finit par casser l'effet ghetto. Ce qui fait qu'en fait, quand vous passez dans une rue, vous ne dites pas : « Tiens, ça, c'est le quartier HLM depuis 20 ans et il sera encore comme ça dans 20 ans ». On change de paradigme à ce niveau-là.
THOMAS BONNET
Vincent JEANBRUN, c'est votre grande interview en direct sur CNews et Europe 1. Je m'adresse désormais au ministre de la Ville. Vous êtes ministre du Logement et de la Ville. Cette semaine a marqué les 20 ans des émeutes de 2005. Quelle leçon a-t-on tiré de cette période ? On a connu d'autres émeutes depuis. Ce n'est pas à vous que je vais l'apprendre, bien sûr. Vous avez été ciblé. Votre domicile a été ciblé en juin 2023 à L'Haÿ-les-Roses. Quelle leçon a-t-on tiré de cette période ?
VINCENT JEANBRUN
Je ne sais pas si on a tiré des leçons. En tout cas, on a un enjeu considérable à faire en sorte que la République ait encore ses lois et ses règles qui s'appliquent dans ses quartiers, dont certains ont donné le sentiment, et plus que le sentiment parfois, d'être en dehors du champ de la République.
THOMAS BONNET
Donc la loi ne s'applique pas dans certains quartiers. C'est ce que vous nous dites aujourd'hui ?
VINCENT JEANBRUN
La loi doit absolument s'appliquer partout. Et d'ailleurs, au-delà de la loi, la promesse républicaine. Quand vous avez des quartiers populaires dans lesquels les facteurs ne vont plus, dans lesquels les médecins ne vont plus, on voit bien que même au-delà de la question de la loi, la promesse républicaine n'est pas tenue. Quand vous avez du mal à accéder à certains quartiers… Je me souviens qu'élu maire en 2014, il y a certains quartiers de la ville où la police municipale ne pouvait même plus, enfin ne pouvait pas du tout rentrer.
THOMAS BONNET
Donc là, si elle rentrait, elle était ciblée par des délinquants qui s'y trouvaient ?
VINCENT JEANBRUN
C'était immédiatement une forme d'insurrection. On parle d'une époque où des parpaings entiers étaient jetés sur le véhicule de police municipale traversant par la voiture.
Il a fallu trois, quatre, ans pour pouvoir rétablir l'autorité. Et donc, il va falloir qu'on ait une ambition très claire. Moi, c'est ce que je porterais sur les quartiers politiques de la ville : de l'ordre, du beau et de l'espoir. L'ordre, on peut y revenir. Le beau, c'est effectivement ce qu'on évoquait sur casser les ghettos, reconstruire de l'efficace un cadre de vie sain. Et puis de l'espoir, parce que si tout ça, si on ne redonne pas du sens à la promesse républicaine, c'est-à-dire à la méritocratie, comportez-vous bien et un jour, peut-être que vous pourrez, c'était mon cas, devenir maire de la ville où vous avez grandi, peut-être un jour servir la République au sein du Gouvernement, alors on passe à côté. En revanche, et je reviens là-dessus, de l'ordre, c'est la première des choses.
THOMAS BONNET
C'est préalable à toute chose, mais monsieur le ministre, on a vu, la réponse à 2005 a été notamment la politique de la ville, beaucoup d'argent qui a été investi dans ces quartiers. D'ailleurs, est-ce que vous, vous êtes en mesure de nous dire ce matin combien l'État donne chaque année dans le cadre de la politique de la ville ? Il y a eu un débat ces derniers mois sur ce montant.
VINCENT JEANBRUN
En fait, une grande partie de ce qu'on a fait après 2005, c'est de la rénovation urbaine. C'est porté par une agence qui s'appelle l'ANRU, l'Agence nationale de rénovation urbaine, qui est notamment financée par ce qu'on appelle le paritarisme, en gros le patronat. Ça vient essentiellement du 1% patronal. Et donc, c'est de l'argent public, d'une certaine façon, mais on voit bien que c'était utile, parce que, croyez bien que les entreprises n'auraient pas investi dans la rénovation urbaine pour rien. Parce qu'il faut bien loger les gens, il faut bien loger les travailleurs. On a une somme importante, mais qui a permis des améliorations considérables. Les émeutes, ce n'est pas moi qui vais minimiser les émeutes de 2023.
THOMAS BONNET
Bien sûr.
VINCENT JEANBRUN
Mais évidemment, on imagine que ça aurait pu être présent bien plus tôt, et que ça aurait pu être bien pire dans certains endroits, si justement, il n'y avait pas eu cette politique de casser les ghettos…
THOMAS BONNET
Votre prédécesseur disait que c'était 600 millions d'euros par an, Juliette MEADEL, en l'occurrence. Sarah KNAFO, par exemple, qui est en une du JDNews cette semaine, dit : " Il faut arrêter avec la politique de la ville. C'est 8 milliards d'euros d'économie qu'on peut réaliser chaque année ". Qu'est-ce que vous répondez à ce débat ?
VINCENT JEANBRUN
Je dis sincèrement, moi, j'ai grandi dans une barre HLM de la ville dont j'étais maire. Je ne serais pas devant vous pour m'exprimer s'il n'y avait pas eu la politique de la ville. S'il n'y avait pas eu des moyens renforcés pour accompagner la police, l'école, les familles, dans des quartiers où on cumule quasiment toutes les difficultés sociales. La grande différence avec 2005, c'est que le narcotrafic a pris le pouvoir. La grande différence avec 2005, c'est qu'on a laissé les séparatistes planter leur drapeau plutôt que le drapeau tricolore. Et donc, évidemment, le combat n'est pas le même. Je veux juste dire aux gens qui disent : " La politique de la ville, ça ne sert à rien, ça ne sert à rien d'aider ces quartiers, etc. " Encore une fois, il n'y a pas 5 à 6 millions de délinquants dans ces quartiers. Il y a 5 à 6 millions de Français qui méritent qu'on les aide. Et vous avez un petit nombre de trafiquants ou de séparatistes qu'il faut combattre avec la plus grande fermeté.
THOMAS BONNET
Ce que disent certains, monsieur le ministre, par exemple Marie-Hélène THORAVAL, la maire de Romans-sur-Isère, elle dit : " Le quartier de la Monnaie en met de l'argent, plus que dans les autres quartiers de ma ville, et pourtant le résultat, il n'est pas là ".
VINCENT JEANBRUN
Eh bien, vous savez, c'est comme si vous me disiez : " Je mets beaucoup d'argent sur l'hôpital, il y a toujours des malades dedans, dis donc ". C'est quand même extraordinaire ça. Si on prend une photo des quartiers populaires, on y voit toujours des gens en grande difficulté. C'est vrai. Si on prend la vidéo, eh bien, vous voyez des gamins comme moi qui rentrent, et avec leur famille, qui en sortent, et qui font des études, et qui peuvent s'acheter autre chose, un petit appartement de banlieue, puis peut-être un jour un petit pavillon. Si vous regardez la vidéo, cet argent, il n'a pas été complètement inutile. Par contre, comme dans plein de dispositifs, ça mérite d'être rationalisé. Cet argent, il doit servir vraiment. Et il doit commencer dans les quartiers où c'est le plus difficile, par financer l'ordre, par financer la sécurité des habitants. Et donc, ce sera mon premier combat. Et une fois qu'on aura rétabli l'ordre dans ces quartiers, on pourra rétablir toute la promesse républicaine, à savoir notamment l'émancipation. Mais je veux le dire : ne confondons pas, si on enlève les outils de la politique de la ville, qui, encore une fois, peuvent être rationalisés, et je veux m'y employer. Mais sincèrement, si on enlève ça, on abandonne 5 à 6 millions de Français. Et ce sera bien pire.
THOMAS BONNET
En tout cas, la volonté de réaliser des économies, elle est là, en tout cas de la part de certains responsables politiques. Est-ce que c'est le cas du Gouvernement qui, à l'Assemblée nationale, est en train de nouer, de facto, un accord avec les socialistes ? Est-ce que vous êtes à l'aise finalement avec le fait que le budget se fasse en collaboration avec les socialistes et cette fameuse taxe ZUCMAN qui sera étudiée, examinée demain à l'Assemblée ?
VINCENT JEANBRUN
Il n'y a pas d'accord avec les socialistes.
THOMAS BONNET
Sur la suspension de la réforme des retraites, il y a eu un accord.
VINCENT JEANBRUN
Il y a un accord avec le Parlement français. Il y a un accord avec le Parlement français. Et d'ailleurs, je constate que depuis que le Premier ministre a courageusement posé le 49.3 sur le côté et a dit : " liberté de débat au Parlement, responsabilité du Parlement ", les débats se passent plutôt bien. On n'a finalement jamais autant parlé de fond, et on avance. Maintenant, moi, je vais être très clair : je suis, à titre personnel, farouchement opposé à la taxe ZUCMAN. Et le Premier ministre l'a rappelé très clairement, vous connaissez son expression : " On ne touche pas à la vache ". Il y a la vache et le lait que produit la vache. Le lait que produit la vache, on peut regarder, on peut débattre sur comment on répartit mieux l'argent des revenus. Par contre, l'outil productif qui est la vache, on n'y touche pas. ZUCMAN, c'est tuer la vache. C'est hors de question.
THOMAS BONNET
J'entends bien ce que vous me dites ce matin, mais vous étiez aussi opposé à la suspension de la réforme des retraites, mais vous allez sans doute faire partie d'un Gouvernement qui va adopter, qui va entériner la suspension de cette réforme des retraites.
VINCENT JEANBRUN
Encore une fois, aujourd'hui, c'est le Parlement qui va entériner ou ne pas entériner un budget pour la France. D'ailleurs, encore une fois, ce n'est pas juste des mots. Le Gouvernement a proposé, il y a un débat actuellement avec les parlementaires, à l'Assemblée et au Sénat. Et ensuite, c'est les deux chambres, le Sénat et l'Assemblée, qui décideront. Maintenant, je vais vous dire, entre deux maux, effectivement, on choisit le moins pire. On choisit le moins pire. La suspension, c'est quelques milliards d'euros et c'est des gens qui partent un peu plus tôt à la retraite. Ça ne coûte pas très cher. Une suspension, pardon, une dissolution, un chaos supplémentaire, c'est minimum 12 milliards. C'est ce qu'a coûté la dissolution précédente. Donc, évidemment, est-ce que c'est le budget que je souhaiterais ? Non. Parce que de toute façon, si on avait la majorité, on ferait autrement. Mais on n'a pas cette majorité. Donc, humilité, on fait ce qu'on peut en faisant confiance au Parlement.
THOMAS BONNET
Vincent JEANBRUN, ministre de la Ville et du Logement, j'ai quelques questions pour finir. Elles appellent des réponses courtes si vous le pouvez : est-ce que vous êtes toujours, dans votre esprit, membre des Républicains ? Vous avez été suspendu par Bruno RETAILLEAU, parce que vous participez au Gouvernement.
VINCENT JEANBRUN
Moi, je n'ai pas changé de valeur et je n'ai pas changé de famille politique. Donc, je suis toujours, dans mon coeur et dans mon esprit, membre de cette famille politique.
THOMAS BONNET
Est-ce que vous appelez de vos voeux une union, la plus large possible, à droite en vue de la présidentielle de 2027 ? Et si oui, avec qui ?
VINCENT JEANBRUN
Moi, je suis pour une union des gens responsables qui veulent tirer ce pays vers le haut et donc, qu'on avance. Maintenant, vous posez cette question souvent à vos intervenants. Pour faire une union de la droite, il faut que les gens qui se reconnaissent dans les valeurs de droite aient envie de finir. Quand vous avez une partie de ces formations politiques, c'est le cas de Marine LE PEN, qui dit « Moi, je ne suis ni de gauche ni de droite », ça rend compliqué tout accord ou toute alliance.
THOMAS BONNET
Aujourd'hui, à l'Assemblée, va être débattue une proposition du Rassemblement national pour dénoncer l'accord Franco-Algérie 1968. Si vous étiez Député, vous voteriez pour ?
VINCENT JEANBRUN
Aujourd'hui, je suis membre du Gouvernement, donc vous me permettrez de ne pas m'engager à ce titre. En revanche, je sais que mes collègues députés de la droite républicaine voteront pour ce qu'ils ont défendu depuis des mois. Et donc, le sujet, ce n'est pas de regarder d'où vient la proposition, c'est vraiment de se dire : est-ce qu'elle est utile et cohérente.
THOMAS BONNET
Un dernier mot, vous étiez, avant d'être nommé au Gouvernement, président de la commission d'enquête à l'Assemblée pour étudier les liens entre les partis politiques et l'islamisme. Qu'est-ce que vous attendez de cette commission d'enquête qui vise, sans le dire explicitement, mais qui vise notamment la France insoumise ?
VINCENT JEANBRUN
Qu'elle est claire, qu'elle permette aux débats publics, de manière sereine, et j'allais dire scientifique, parce qu'on auditionne des gens de grande qualité et très sérieux, de dire des faits, à savoir qu'aujourd'hui, il y a des formations politiques qui, à minima, sont instrumentalisées par des courants islamistes et qui peut-être même, eux, essayent de les instrumentaliser à des fins politiques. Donc, il faut dénoncer ces choses-là. C'est pour ça qu'on avait courageusement, avec Laurent WAUQUIEZ, proposé cette commission d'enquête. Elle est reprise par des parlementaires de grande qualité qui mènent des débats objectivement à voir, à regarder, et à écouter.
THOMAS BONNET
Jean-Luc MELENCHON sera auditionné, vous le pensez, dans le cadre de cette commission ?
VINCENT JEANBRUN
C'était mon souhait. J'espère vivement qu'il le sera.
THOMAS BONNET
Merci beaucoup Vincent JEANBRUN, ministre de la Ville et du Logement.
VINCENT JEANBRUN
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 3 novembre 2025