Déclaration de Mme Rachida Dati, ministre de la culture, sur le bilan du "plan cabaret" et le lancement et la programmation de la Saison Cabaret, Paris le 25 novembre 2025.

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Texte intégral

Monsieur le Directeur général de la Création artistique, cher Christopher MILES,
Monsieur le Délégué à la danse et référent cabaret à la Direction générale de la Création artistique, cher Laurent VINAUGER,
Messieurs les directeurs régionaux des Affaires culturelles, cher Edward DE LUMLEY et cher Hilaire MULTON,
Madame la Présidente de l'Institut Français, chère Eva NGUYEN BINH,
Monsieur le Président d'Ekhoscènes, cher Olivier DARBOIS,
Monsieur le Directeur du Cabaret L'Ange Bleu et Président de l'association Cabaret en Scènes, cher Alexandre DUVOLLET,
Mesdames et Messieurs les partenaires de la Saison Cabaret,
Mesdames, Messieurs, chers amis,

Je voudrais d'abord remercier le cabaret La Sirène à Barbe de Dieppe, ainsi que tous les artistes et professionnels du cabarets présents aujourd'hui. C'est un honneur de vous recevoir au ministère. Votre présence ici est une reconnaissance claire du cabaret comme art à part entière.

Les numéros auxquels nous venons d'assister montrent que si le cabaret appartient à notre patrimoine, l'art du cabaret est un art bien vivant. Il connaît un véritable renouveau depuis plusieurs années, porté par des artistes et des collectifs qui inventent ces "personnages" façonnés par des imaginaires.

En janvier dernier, j'annonçais le premier Plan pour le Cabaret du ministère de la Culture. Il était temps, en effet, de reconnaître pleinement le cabaret comme une discipline qui participe activement de notre vie culturelle depuis plus de 150 ans.

Le cabaret, ce sont des artistes, des voix, des corps, mais ce sont aussi des lieux, dans toutes les régions de France. C'est un art qui, bien au-delà de nos frontières, représente notre pays en incarnant la liberté de parole, l'ouverture à l'autre, l'irrévérence, la satire sociale, l'esprit de revendication, la transgression joyeuse. Le cabaret est un espace d'invention permanente, où la convivialité et la création se conjugue, où l'on rit, où l'on pense, où l'on s'émancipe.

Ce plan national poursuit trois objectifs que je souhaite rappeler. Il vise d'abord à soutenir la création, car rien n'existe sans artistes et sans œuvres nouvelles. Il cherche ensuite à renforcer la visibilité et la connaissance du cabaret, afin de lui donner toute la place qui lui revient dans notre paysage culturel. Il a enfin pour ambition de valoriser le patrimoine du cabaret, qui fait partie de l'histoire de notre création populaire et spectaculaire.

Je veux remercier l'ensemble des acteurs - publics et privés - qui le portent avec le ministère. J'insiste sur cette coopération vertueuse entre acteurs publics et privés qui n'est pas toujours évidente dans le monde culturel ; elle est ici exemplaire. Je veux la saluer avec force.

Depuis son lancement, ce plan a permis des avancées concrètes. Le fonds de soutien que nous avons créé a accompagné 29 projets de création, issus d'esthétiques très diverses et dans toute la France. Plus de 180 projets avaient été déposés suite à un appel national, révélant l'extraordinaire vitalité du cabaret contemporain.

Le plan a également permis la mise en œuvre de 10 résidences cabaret, dans des lieux de spectacle vivant et dans des centres d'art. Je suis heureuse d'annoncer aujourd'hui que ces deux dispositifs d'aide à la création seront renouvelés l'an prochain.

Un autre dossier essentiel avance : l'extension du crédit d'impôt spectacle vivant à la catégorie des spectacles de variété, incluant les cabarets. Je sais le travail réalisé par Ekhoscènes, le Centre national de la Musique et les services du ministère et je souhaite qu'il aboutisse dans les prochaines semaines. Ce sera une avancée essentielle pour les entrepreneurs de cabaret, et notamment pour les plus petites structures.    

Au-delà des aides aux acteurs du secteur, je me bats pour la reconnaissance du cabaret comme un art qui a toute sa place dans notre politique culturelle. Le plan a permis d'organiser des rencontres et des journées d'études pour les professionnels du spectacle vivant et pour nos directions régionales des affaires culturelles. Il a également impulsé le développement d'expositions en France et des programmations cabaret dans notre réseau culturel à l'étranger. Je souhaite que cette dynamique autour du cabaret s'intensifie dans les mois à venir.

Le plan Cabaret prévoyait en effet un grand temps fort national. C'est dans cet esprit que nous nous retrouvons aujourd'hui pour la présentation de la Saison Cabaret, qui se déroulera du 16 septembre au 15 novembre 2026. C'est une première pour le cabaret, et c'est un moment fondateur.

La force de cette saison sera de s'appuyer sur nos artistes et sur nos lieux, partout en France. La programmation a été pensée à l'échelle de neuf grands territoires qui, ensemble, couvrent l'hexagone et les outre-mer.

Chaque territoire proposera une programmation rassemblée autour de trois fils rouges : le cancan, danse iconique et source infinie d'interprétations contemporaines ; les personnages de cabaret, qui font la richesse de la création actuelle ; et des personnalités ambassadrices et ambassadeurs qui accompagneront la Saison Cabaret sur l'ensemble du territoire. Je veux saluer ici deux ambassadrices présentes aujourd'hui : Lisette Malidor et Soa de Muse.

Dans chacun de ces territoires, un week-end festif constituera le cœur de la saison. Un grand événement public et gratuit se tiendra le samedi dans une ville importante, tandis que les cabarets et les scènes publiques participantes proposeront, du vendredi au dimanche, des ateliers, des rencontres, des visites, des expositions et des spectacles ouverts à tous.

Des projets au niveau national seront également développés :  la saison s'ouvrira par une rencontre nationale dédiée aux professionnels du secteur ; une exposition photographique itinérante viendra également célébrer les artistes et les lieux du cabaret, et circulera dans toute la France ; et un grand événement se déroulera au Chaillot - Théâtre national de la danse, le week-end des 25 et 26 septembre 2026.

À travers la Saison Cabaret, ce sont des publics mais aussi tout un secteur qui se fédèrent. Les grands axes de la Saison Cabaret ont ainsi été élaborés par des professionnels des secteurs privés et publics réunis autour du ministère de la Culture et d'Ekhoscènes. L'association "Cabaret en scènes" coordonnera l'organisation de la Saison en s'appuyant sur un comité national et ses déclinaisons régionales.

Car c'est cela la réalité du cabaret en France, un art décentralisé. Difficile de les citer tous, ils sont près de 200, mais je pense bien sûr à "L'Ange Bleu" en Nouvelle Aquitaine, cher Alexandre DUVOLLET, au "Cabaret l'Étoile Bleue" en région Provence Alpes Côte d'Azur, au cabaret "Moustache" en Bretagne. Je pense aussi à nos lieux pluridisciplinaires qui, de plus en plus, invitent des formes de cabaret. Et je sais, chère Régine MONTOYA, que vous le faites à la scène nationale d'Alençon.

Je voudrais redire, pour conclure, toute la considération que j'ai pour le cabaret. Il fait vivre à la fois un patrimoine puissant, celui de nos grandes revues, et une création vivante, audacieuse, qui renouvelle sans cesse ce genre unique. Pour moi, le cabaret, c'est la joie, c'est la liberté, c'est la célébration de ce que l'on veut être, sans filtre, sans contrainte. À l'heure où la liberté de création doit être défendue avec détermination, il est indispensable de réaffirmer que la culture demeure un espace de liberté et d'émancipation. Le cabaret en est l'une des expressions les plus éclatantes : joyeux, populaire, impertinent et surtout profondément humain.

Je vous remercie.


Source https://www.culture.gouv.fr, le 26 novembre 2025