Interview de M. Vincent Jeanbrun, ministre de la ville et du logement, à BFM TV le 25 novembre 2025, sur l'hébergement d'urgence pour les femmes victimes de violences conjugales, le débat budgétaire, un plan de relance du logement, Les Républicains, le voile portée par des mineurs, la taxe foncière et le trafic de drogue.

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Média : BFM TV

Texte intégral

VINCENT JEANBRUN
Bonjour.

APOLLINE DE MALHERBE
Merci de répondre à mes questions ce matin. Vous êtes le ministre de la Ville et du Logement. Je rappelle, pour ceux qui n'auraient pas encore eu le temps de s'habituer au nouveau Gouvernement, que Vincent JEANBRUN, la première fois que je vous avais reçu, ici même, c'est lorsque vous étiez maire de L'Haÿ-les-Roses et qu'au moment des émeutes après la mort de Nahel, votre domicile avait été pris pour cible par des émeutiers. Un incendie avait même commencé. Votre femme avait dû tenter de s'enfuir. C'est comme ça qu'on a, à ce moment-là, j'allais dire, découvert votre visage, votre engagement. Aujourd'hui, vous êtes donc ministre de la Ville et du Logement. J'ai de nombreuses questions à vous poser et notamment sur cet hébergement d'urgence que vous nous annoncez ce matin pour les femmes victimes de violences conjugales. Dites-nous de quoi il s'agit.

VINCENT JEANBRUN
Absolument. Merci de me recevoir. Effectivement, aujourd'hui, c'est la Journée internationale de la lutte contre les violences faites aux femmes. Et donc à cette occasion, avec ma collègue Aurore BERGE, qui, dans le Gouvernement, est en charge de l'Egalité entre les femmes et les hommes, nous allons cosigner une circulaire qui permet de dire à tous les préfets maintenant comment on améliore la situation encore. Pour dire les choses simplement, ça repose sur un triptyque simple. Protéger, reloger, reconstruire. Protéger en faisant en sorte que les femmes aient tout de suite une solution pour sortir…

APOLLINE DE MALHERBE
Tout de suite. Tout est dans le tout de suite.

VINCENT JEANBRUN
Tout de suite. Tout est dans le tout de suite. Parce qu'on vient de connaître une semaine noire. Cinq femmes ont été victimes de féminicide rien que la semaine dernière. Cinq femmes. Et donc il y a une urgence absolue. La priorité, c'est de faire en sorte que les femmes sortent de logements qui, malheureusement, bien souvent, sont devenus des prisons.

APOLLINE DE MALHERBE
Les mettre à l'abri.

VINCENT JEANBRUN
Alors moi, je veux que demain, le logement devienne le refuge. On sort de la prison dans laquelle ont lieu les violences. Très vite, il y a un hébergement d'urgence et puis le processus de reconstruction dans un nouveau logement. On reloge pour pouvoir reconstruire sa vie, sa vie avec sa famille.

APOLLINE DE MALHERBE
Ça sera quand ?

VINCENT JEANBRUN
La circulaire, elle part aujourd'hui. Ça veut dire qu'elle s'inspire d'ailleurs de bonnes pratiques qui avaient déjà été mises en place à certains endroits. Tout ça va devenir automatique. Et donc nous allons construire quelque chose qui soit une réponse la plus réactive possible. C'est ça l'objectif. Et plus largement…

APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que ça pourrait être même proposé, j'allais dire, spontanément ? On sait que d'abord, la partie, j'allais dire l'étape la plus difficile, c'est d'avoir parfois la force d'aller porter plainte, d'être entendue. Est-ce que vous pouvez imaginer qu'à ce moment-là, dans la main tendue, il puisse y avoir l'évocation de cette possibilité-là ? Parce qu'elles ne le savent pas toujours. Il y a quand même une forme de solitude.

VINCENT JEANBRUN
Il faut le dire, et si des femmes nous entendent aujourd'hui, vous pouvez bénéficier de cet hébergement d'urgence, même si vous n'avez pas encore porté plainte.

APOLLINE DE MALHERBE
Même si vous n'avez pas porté plainte.

VINCENT JEANBRUN
Oui. C'est ce qui est dit dans la circulaire. L'idée, c'est qu'évidemment, il y a un contact avec les services spécialisés, comme le 115 par exemple, et tout de suite, vous êtes prise en charge. Ensuite vient le temps de la plainte. Ensuite vient le temps des procédures. Mais l'idée, c'est qu'on puisse mettre la femme, les enfants en sécurité le plus vite possible. C'est ça qui est rappelé aujourd'hui. Et plus largement, ma collègue Aurore BERGE travaille à ce qu'elle appelle une grande loi cadre transpartisane pour aller encore plus loin dans le droit des femmes.

APOLLINE DE MALHERBE
On le sent bien, au fond, avec votre dossier, Vincent JEANBRUN, la ville, le logement, vous êtes à la croisée de très nombreuses problématiques en France, qui sont des questions sociales, qui sont des questions de violence, qui sont des questions de territoire. L'une de vos premières, j'allais dire, idées, c'était de mettre fin au HLM à vie. Est-ce que ça va se traduire par quelque chose de concret ou vous avez juste lancé l'idée ?

VINCENT JEANBRUN
D'abord, on est dans une phase où la politique, c'est du débat et créer des consensus autour des idées.

APOLLINE DE MALHERBE
Oui. Enfin il n'y a pas encore grand-chose qui s'en dégage.

VINCENT JEANBRUN
L'époque où les ministres annonçaient en disant c'est comme ça et dans 10 jours, ça va être mis en place, elle est un petit peu révolue puisqu'aujourd'hui, c'est une période beaucoup plus parlementariste où on travaille avec les parlementaires, les députés.

APOLLINE DE MALHERBE
C'est frustrant ?

VINCENT JEANBRUN
Moi, j'ai toujours aimé le consensus et le dialogue, donc frustrant, non, surtout quand on a en face de soi des parlementaires qui jouent le jeu. Et on a, malgré l'image terrible que peut donner parfois l'Assemblée, parce que vous avez des deux côtés, deux extrêmes qui jouent le chaos, vous avez à l'intérieur aussi plein de gens raisonnables avec qui on arrive à travailler sur des sujets de fond. Et c'est vrai pour relancer le logement.

APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que vous diriez le mot cynisme ? C'est le mot utilisé hier par le Premier ministre, Sébastien LECORNU, qui dit qu'il y a aujourd'hui au Parlement le cynisme de certains partis.

VINCENT JEANBRUN
Le cynisme, je reprends le mot sans difficulté, mais c'est même au-delà. En fait c'est une hypocrisie terrible parce que vous avez ceux, la LFI, qui prétendent être aux côtés des plus modestes, des plus fragiles et qui ne votent jamais, quand ils ont la possibilité de le faire uniquement pour des questions politiciennes, pour en gros tailler des croupières au PS. Et vous avez de l'autre côté le Rassemblement national qui essaie de faire croire aux Français qu'ils les protègent, alors qu'en réalité, ils s'allient et votent avec les LFI très souvent pour un certain nombre de mesures complètement folles, que ce soit des impôts délirants, que ce soit des mesures qui vont taper le pouvoir d'achat des Français.

APOLLINE DE MALHERBE
Et au milieu, il y a votre famille politique, les LR. Vous avez sans doute lu les mots de Bruno RETAILLEAU. Bruno RETAILLEAU qui dit à propos de ce budget qu'il s'agit d'un hold-up, hold-up fiscal, social, démocratique et qui laisse entendre qu'aujourd'hui, il lui paraît impossible de le voter.

VINCENT JEANBRUN
Je considère que ce qu'on vit est nouveau. On a effectivement une nouvelle période. On ne savait pas faire ça avant en France parce que soit il y avait une majorité très claire, soit elle était un peu plus relative, mais hop, 49.3 et les choses avançaient. Ce n'est pas le choix qu'avait fait le Premier ministre parce qu'il a choisi, Sébastien LECORNU, de faire confiance aux parlementaires, de faire confiance à la démocratie. On a une occasion de montrer que la démocratie, ça fonctionne et qu'on peut trouver des compromis. Et c'est ça dont il faut se saisir. Et d'ailleurs, je sais que c'est très confus vu de l'extérieur, mais il y a déjà un certain nombre de sujets sur lesquels il y a eu des accords. Il y a déjà eu des compromis. Et vous avez des familles politiques qui vont…

APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que sur vos dossiers à vous, Vincent JEANBRUN, vous avez l'impression de trouver des compromis ?

VINCENT JEANBRUN
C'est un très bon exemple, sur la question du logement, de faire un grand plan de relance du logement. Il y avait une copie du Gouvernement qui a servi de base de dialogue. Et puis on a été discuté avec le groupe de la droite républicaine qui est très à l'écoute sur les sujets de la crise du logement, mais également avec le groupe écologiste, également avec le groupe communiste, également avec le groupe socialiste, parce qu'au fond, ceux qui font l'effort d'aller écouter les élus locaux, les maires de toutes ces étiquettes, eux, nous disent : " Moi, sur le terrain, la crise du logement, ce n'est pas une question de droite ou de gauche. C'est une question de comment on fait en sorte qu'il y ait des logements pour que les Français se logent correctement ". Et donc on avance.

APOLLINE DE MALHERBE
Vous y croyez à ce budget ?

VINCENT JEANBRUN
Mais je peux vous dire en tout cas que sur mes thématiques et sous le contrôle de la ministre du Budget qui a géré ce dialogue dans l'Hémicycle, on a réussi à avoir un amendement qui était beaucoup plus dépensier que ce qu'aurait aimé Bercy, qui était peut-être un peu moins généreux vis-à-vis des investisseurs particuliers que ce qu'aurait aimé une partie de la droite de l'Hémicycle, mais qui était beaucoup plus social, etc. Et on a trouvé un équilibre.

APOLLINE DE MALHERBE
C'est vrai que chacun a fait un chemin quoi.

VINCENT JEANBRUN
Tout le monde a fait un chemin. C'est donc possible.

APOLLINE DE MALHERBE
Enfin ça ne passera que si, à la fin, ce budget est adopté.

VINCENT JEANBRUN
Tout à fait. Merci de le rappeler. Il y a beaucoup de sujets aujourd'hui qui dépendent de l'adoption d'un budget. C'est vrai pour relancer le logement en France. C'est vrai pour la loi de programmation militaire, on en parle beaucoup en ce moment. C'est vrai pour sauver nos agriculteurs qui ont besoin, et Annie GENEVARD se bat pour apporter un certain nombre de dispositifs dans ce budget. Effectivement, si le budget tombe, ça ne marche pas. C'est très important parce que j'ai lu que certains parlementaires, un, nous disent : " Crise démocratique ". Vous citiez Bruno RETAILLEAU. C'est quand même incroyable, quand on donne la main, on donne les rênes au Parlement, on nous explique que ce ne serait pas de la démocratie, c'est assez étonnant. Et puis ensuite, pardon de le dire, j'hallucine quand je vois certains responsables politiques qui nous disent : " S'il n'y a pas de budget, il y aura une loi spéciale, tout ira bien, c'est extraordinaire ". Mais attendez, il faut que les Français se rendent compte. La loi spéciale, déjà, ça n'existe pas sur le budget de la Sécurité sociale. Ça veut dire que s'il n'y a pas de vote du budget, la partie sociale, le PLFSS, pardon pour le sigle, il n'y a pas de budget pour la Sécu. Donc ce n'est pas bon. Je veux juste vous le dire simplement, ce n'est pas bon. Et sur le budget, il peut y avoir une loi spéciale. Cette loi spéciale, ça veut dire globalement, il n'y a plus d'économie parce que ce sont les mêmes qui vous disent qu'il faut faire plus d'économie. Loi spéciale, il n'y a pas d'économie. Ça coûte très cher. Il n'y a plus du tout d'investissement. Il n'y a plus d'innovation et il n'y a plus de pluriannuel. C'est-à-dire qu'on ne peut pas investir sur plusieurs années. Ce qui est terrible en matière de rénovation urbaine, le sujet que je porte, c'est terrible en matière de…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais selon ce dont vous parlez, Vincent JEANBRUN, c'est notamment votre ancienne, ou je ne sais plus si vous êtes encore dedans ou pas dedans, enfin LR.

VINCENT JEANBRUN
Je suis suspendu, mais…

APOLLINE DE MALHERBE
Vous êtes suspendu.

VINCENT JEANBRUN
Ce n'est pas le sujet.

APOLLINE DE MALHERBE
Ça veut dire que vous n'êtes pas éjecté.

VINCENT JEANBRUN
Non.

APOLLINE DE MALHERBE
Vous pourriez revenir, mais en tout cas, pendant un moment, vous n'y êtes plus.

VINCENT JEANBRUN
Moi, je vais vous dire simplement, je suis à la tâche. Je suis au travail et je n'ai pas perdu les valeurs qui sont les miennes donc je les défends.

APOLLINE DE MALHERBE
Mais est-ce que vous vous reconnaissez encore dans le parti LR ?

VINCENT JEANBRUN
Écoutez, on va voir quelle ligne défend le parti LR aujourd'hui. Mais pour l'instant, ce n'est pas mon sujet. Mon sujet, c'est de faire en sorte que la crise du logement, on en sorte dans ce pays, que toutes les personnes qui ont besoin d'un hébergement d'urgence, qu'on est au début de la trêve hivernale, il y a des gens qui peuvent mourir de froid.

APOLLINE DE MALHERBE
Enfin Vincent JEANBRUN, tout le monde n'est peut-être pas au fait de vos fonctions mais vous étiez porte-parole de LR.

VINCENT JEANBRUN
J'étais porte-parole du groupe à l'Assemblée nationale.

APOLLINE DE MALHERBE
Oui. Du groupe LR à l'Assemblée.

VINCENT JEANBRUN
Et vous aurez noté que le groupe à l'Assemblée nationale travaille, trouve des consensus tout en ayant une ligne très claire. Pas d'augmentation…

APOLLINE DE MALHERBE
Vous êtes en train de me dire qu'il y a une petite distinction entre le groupe de Laurent WAUQUIEZ et la direction Bruno RETAILLEAU.

VINCENT JEANBRUN
Je pense que ce n'est pas une journaliste très au courant que vous. J'apprendrai qu'il y a des différences parce que nos parlementaires, ils sont au travail et ils sont en train d'essayer de trouver des solutions pour faire avancer le pays. Ils sont du côté de l'ordre et pas du chaos.

APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce qu'à un moment, il faut que ce soit plus clair, plus franc et qu'il y ait une rescision ?

VINCENT JEANBRUN
Ce n'est pas à moi de commenter ces débats-là. Mais en tout cas, il y a des débats au sein de la famille de la droite. C'est bien, c'est sain. Moi, aujourd'hui, je suis au Gouvernement. Et ce que je peux vous dire, c'est que j'essaie de faire en sorte qu'il y ait des débats et du dialogue à tous les niveaux. Il existe un chemin pour qu'on vote ce budget.

APOLLINE DE MALHERBE
Il existe un chemin pour qu'on vote ce budget. Vous faites partie de…

VINCENT JEANBRUN
Et il faut tenir.

APOLLINE DE MALHERBE
Alors je n'arrive jamais à savoir. Quand j'ai écouté les mots du Premier ministre hier, qui disait à peu près la même chose que vous, qui disait qu'il y croyait encore. Je n'arrive pas à savoir si c'est de la méthode COUÉ, si on le dit, ça va marcher, ou si c'est une manière d'essayer encore de justifier simplement les jours qui viennent.

VINCENT JEANBRUN
On a un Gouvernement de combat. On a un Gouvernement qui, aujourd'hui, n'est pas là avec des ambitions…

APOLLINE DE MALHERBE
Vous m'avez tous dit que vous étiez... Je n'ai jamais vu un Gouvernement qui ne disait pas qu'il était au combat.

VINCENT JEANBRUN
En tout cas, moi, je peux vous dire que là, on n'est pas là pour des ambitions 27 ou je ne sais quoi. On est là pour essayer, chacun dans nos domaines, de faire avancer le sujet sur des sujets concrets. On a parlé de protéger les femmes victimes de violences tout à l'heure. Il y a une crise terrible du logement aujourd'hui en France. Les Français n'arrivent plus à se loger. Moi, j'ai la mission d'essayer de faire avancer les choses. Sans budget, on n'y arrivera pas, on ne pourra pas changer la donne. On a eu un débat sur le fait de protéger les Français des menaces extérieures. Sans budget, on ne financera pas notre défense. Et ceux qui pensent qu'on peut jouer avec le feu ont tort. Donc, on mettra chacun devant ses responsabilités. Il faut comprendre une chose, le budget qui est actuellement en débat n'est plus le budget du Gouvernement. C'est un budget qui a été modifié, qui a été amendé, qui a été transformé. C'est donc le budget du Parlement.

APOLLINE DE MALHERBE
Et c'est la vie au fond, c'est ce que vous dites. Vous dites, c'est absurde de dire que ce n'est pas démocratique puisque précisément, à vos yeux, ça l'est encore davantage. J'ai encore des questions sur les squats, sur les taxes foncières. Mais puisque vous évoquiez le groupe LR à l'Assemblée, Laurent WAUQUIEZ propose une loi pour interdire le voile à toute personne mineure. Vous seriez encore député, vous la voteriez ?

VINCENT JEANBRUN
Je n'ai pas vu le texte précisément. En tout cas, moi, je me souviens en tant que maire d'avoir été interpellé, déjà personnellement et par des citoyens.

APOLLINE DE MALHERBE
Ancien maire de L'Haÿ-les-Roses.

VINCENT JEANBRUN
Ancien maire de L'Haÿ-les-Roses. Parfois, de manière très exceptionnelle, des fillettes très, très, très petites, très petites, je dirais autour de sept ans, l'âge de ma fille aujourd'hui, qui étaient non pas avec simplement un voile sur la tête, mais qui étaient voilées de noir, de pied en cap, avec des gants noirs. Et c'était encore l'époque où il était normal d'avoir un masque Covid. Effectivement, c'est surprenant et ça interpelle. Maintenant, moi, j'ai toujours considéré que le pays laïc dans lequel nous sommes doit poser la question de la présence de tous les signes religieux ou pas. C'est-à-dire qu'on ne peut pas faire une distinction spécifique à une religion, selon moi. Mais c'est des débats que j'avais pu avoir, y compris avec François BAROIN, sur le fait que probablement la religion doit être ramenée dans un espace peut-être plus personnel parfois. Et donc, ça veut dire qu'il y a des endroits. C'est vrai aujourd'hui de l'école, mais peut-être demain, les services publics. On peut se poser une question à ce niveau-là. Le débat, en tout cas, il ne fait jamais de mal. Il permet d'avancer sur ces sujets.

APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous ne vous prononcez pas aujourd'hui pour l'interdiction du voile aux moins de 18 ans. C'est ça la question que pose Laurent WAUQUIEZ. Elle est très précise. Il dit interdiction, voire même punition des parents si leur enfant est voilé.

VINCENT JEANBRUN
Le sujet, c'est l'égalité entre les hommes et les femmes. Donc, comment on protège ce pilier de notre République et tout ce qui va dans le sens de protéger nos jeunes filles ira dans le bon sens. Maintenant, il faut que ce soit efficace et que ce soit quelque chose qu'on peut mettre en pratique.

APOLLINE DE MALHERBE
Mais si c'est constitutionnel, si c'est possible, vous diriez oui.

VINCENT JEANBRUN
Je ne fais pas de politique fiction.

APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous y seriez favorable à cette interdiction.

VINCENT JEANBRUN
Aujourd'hui, des fillettes voilées de pied en cap et gantées de noir, moi, ça me pose un sujet. Et l'interpellation de Laurent WAUQUIEZ, elle pose cette question-là. Donc, que le débat puisse avoir lieu à l'Assemblée, c'est toujours une bonne chose.

APOLLINE DE MALHERBE
Vincent JEANBRUN, ministre de la Ville et du Logement. La taxe foncière, 7,4 millions de foyers vont voir leur facture alourdie sur des critères qui sont notamment le fait d'avoir tout simplement accès à une salle de bain ou à des WC. Est-ce que franchement, ce n'est pas le truc de trop ?

VINCENT JEANBRUN
Moi, j'ai été surpris en le voyant.

APOLLINE DE MALHERBE
Vous-même surpris, vous-même, ministre du Logement, avouez que c'est délirant.

VINCENT JEANBRUN
On voit que Bercy, là-dessus, a voulu avancer sur une réforme qui est annoncée depuis des années. Voir comment on met à jour aujourd'hui ce qu'on appelle les valeurs locatives. En l'occurrence, maintenant, effectivement, là, au moment où on est sur le budget, ce n'était pas le moment. Et c'est pour ça, d'ailleurs, qu'il y a une volonté du Gouvernement de pouvoir suspendre l'application de cette mesure. Parce qu'encore une fois, en plus, les mots choisis étaient très particuliers.

APOLLINE DE MALHERBE
Le confort, mais surtout, est-ce que ces critères-là, qui sont des critères qui datent des années 60, doivent encore être ceux sur lesquels on décide de ce qu'on paye comme taxe foncière ou pas ?

VINCENT JEANBRUN
Probablement que la vraie réforme, elle nécessiterait d'être vraiment dans une nouvelle logique, des nouveaux paradigmes. Et là, on n'est pas dans le moment pour le faire, objectivement.

APOLLINE DE MALHERBE
Donc, en vrai, ce que vous êtes en train de me dire, c'est que vous ne pouvez rien faire.

VINCENT JEANBRUN
C'est-à-dire ?
Tél : 01 42 75 54 43

APOLLINE DE MALHERBE
Vous n'allez pas pouvoir la suspendre, cette augmentation ?

VINCENT JEANBRUN
Ce n'est pas ce que je vous dis. Je sais qu'il y a la volonté du Gouvernement pour le faire. Ce n'est pas à moi de l'annoncer, mais…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous pensez pouvoir, à un moment ou à un autre, suspendre avant... C'est septembre, le moment où les Français, où ces 7,4 millions de foyers supplémentaires vont devoir le payer, c'est septembre. D'ici septembre, vous avez le souhait de la suspendre.

VINCENT JEANBRUN
Il y a la volonté du Gouvernement de pouvoir suspendre cette mise en application pour remettre tout ça à plat. Ça ne veut pas dire qu'il n'y aura jamais de réforme de la valeur locative sur laquelle est calculée la taxe foncière. Il y a un moment donné, il va falloir moderniser tout ça. Je vous le dis pour une raison simple. Moi, je l'ai vu. Je suis passé d'un petit appartement à L'Haÿ-les-Roses à une maison. Et le jour où on est passé de l'un à l'autre, la taxe foncière a baissé parce que la maison était plus ancienne que l'appartement. Donc, vous avez un petit appartement. Vous payez plus de taxes foncières que la maison. On voit bien qu'il y a une nécessité de repenser les choses. Pour autant, on n'annonce pas ça comme ça sur des critères que personne ne comprend.

APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous espérez donc pouvoir le suspendre. Vincent JEANBRUN, la marche blanche à la mémoire du frère d'Amine KESSACI samedi, vous n'y étiez pas. Alors, je comprends, votre avion n'a pas décollé, mais pourquoi vous n'avez pas sauté dans un train ? Vous, vous êtes le maire de la ville, le maire du logement. Comment c'est possible ?

VINCENT JEANBRUN
Écoutez, c'était particulièrement douloureux. J'avais envie d'être aux côtés d'Amine, de sa maman, de sa famille. J'étais avec la porte-parole du Gouvernement. On était avec deux anciens Premiers ministres, Dominique DE VILLEPIN et Gabriel ATTAL. Et effectivement, on est restés coincés sur un tarmac à Roissy. Pardon, c'est ridicule tellement c'est parce qu'il n'y avait pas le dégivrage d'abord. Puis ensuite, le personnel qui avait changé…

APOLLINE DE MALHERBE
Donc, vous étiez déjà dans l'avion quand ça a été arrêté ?

VINCENT JEANBRUN
On était dans l'avion et donc je ne pouvais pas sauter dans un train.

APOLLINE DE MALHERBE
J'avoue que je me disais, je ne comprends pas très bien pourquoi vous n'avez pas juste détourné votre route pour aller à la gare ?

VINCENT JEANBRUN
On est bien d'accord. Donc, j'étais dans l'avion. On a passé plus d'une heure et quart, je crois, dans l'avion. Ensuite, on est descendu de l'avion. On a essayé de voir s'il n'y avait pas un autre vol à Roissy, à Orly, pardon. Bref, je peux vous assurer qu'on a mis tout en oeuvre.

APOLLINE DE MALHERBE
Vous les avez eus au téléphone ?

VINCENT JEANBRUN
J'ai évidemment appelé Amine, un garçon d'un extrême courage. Vous l'avez vu, vous l'avez reçu sur ce plateau, dans une émission qui d'ailleurs était pleine d'émotions, mais qui regarde tout ce qu'on avait pu vivre avec ma famille. On a été particulièrement touchés par le courage de ce garçon, de sa maman aussi, qui est extrêmement courageuse. Et typiquement, le genre de famille exemplaire qu'on a envie de défendre. Aujourd'hui, si je suis heureux d'être ministre de la Ville, de tous les quartiers politiques de la ville, tous les quartiers prioritaires, c'est aussi pour aller soutenir et aider des garçons comme Amine.

APOLLINE DE MALHERBE
Il demande plus de services publics. Il dit que c'est aussi vraiment des efforts sur l'éducation qu'il faut faire, sur les jeunes. Est-ce que vous allez vous rendre sur place ? Est-ce que vous allez les rencontrer ?

VINCENT JEANBRUN
Oui, on va évidemment aller sur place. J'accompagnerai le président de la République qui ira à Marseille très prochainement. J'avais prévu de m'y rendre juste avant, justement, l'assassinat du frère d'Amine. On devait y aller avec le ministre de l'Intérieur. Finalement, on a dû décaler nos plans, mais je suis chargé de mon portefeuille ministériel de Marseille en grand. Et donc, à ce titre, j'irai évidemment aussi souvent que nécessaire. Et je partage ce qu'a dit Amine sur le fait qu'il y a évidemment une absolue nécessité de rétablir une sécurité, c'est-à-dire une forme de répression de la criminalité. C'est une évidence, c'est la première étape. Mais derrière, il faut évidemment aller ensuite nourrir la prévention. Et la meilleure des préventions, c'est la culture. Vous savez, hier, j'étais en Seine-et-Marne chez Jean-François COPÉ à Meaux, et on a regardé l'avant-première d'un film sur les rixes.

APOLLINE DE MALHERBE
C'est la culture, dites-vous. Mais pardon, ils étaient où, les représentants de la culture à Marseille ?

VINCENT JEANBRUN
Il a prouvé Jean-François COPÉ à Meaux, simplement.

APOLLINE DE MALHERBE
Ils étaient où les rappeurs, les chanteurs ? Ils étaient où le sport ? Ils étaient où ?

VINCENT JEANBRUN
C'est une bonne question. C'est une bonne question. En l'occurrence, il faut qu'on remette la... Mais vous savez, ce n'est pas le show business qu'il faut remettre au coeur des cités.

APOLLINE DE MALHERBE
Mais à un moment, il y a peut-être aussi une question de modèles, d'exemples, non ?

VINCENT JEANBRUN
Je suis bien d'accord. D'ailleurs, vous voyez, aux JO, c'est quasiment que des jeunes athlètes qui sortent de nos quartiers prioritaires, qui sont là. Donc, c'est dire s'il y a des talents dans ces quartiers prioritaires. Mais je veux revenir d'un mot, si vous me permettez, sur ce que j'ai vu hier soir. J'ai vu des jeunes qui avaient participé à des rixes, à de la violence à Meaux. Et parce que, justement, la municipalité a mis en place des services publics sur la culture, sur le sport, de l'accompagnement.

APOLLINE DE MALHERBE
Mais pour vous, c'est une manière de les sortir.

VINCENT JEANBRUN
Ils sont devenus non seulement des grands frères, qui aujourd'hui font des films pour dire plus jamais ça.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 novembre 2025