Texte intégral
AMELIE DE MONTCHALIN
Bonjour,
APOLLINE DE MALHERBE
Merci d'être là aujourd'hui, en particulier vous qui êtes ministre des Comptes publics, ministre du budget. C'est aujourd'hui qu'on saura si ça passe ou si ça casse, puisque cet après-midi, il y aura le vote solennel du budget de la Sécurité sociale. Au moment où on se parle, vous avez fait les calculs, j'imagine, peut-être même encore toute la nuit, ça passe ou ça casse ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Je ne sais pas vous dire.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous ne savez pas ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Ce que je sais en revanche…
APOLLINE DE MALHERBE
C'est dans quelques heures, vous ne savez pas ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Non, je ne sais pas vous dire, parce que ce sont des décisions pour 577 députés qui ont un choix à faire. Mais ce que je sais vous dire avant, évidemment, d'aller dans le détail, c'est que je crois que les Français en ont marre. Je crois qu'ils en ont marre qu'on parle de ce budget. Et je suis la première concernée
APOLLINE DE MALHERBE
Vous-même, vous finissez par en avoir marre ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Non, moi, je n'en ai pas marre parce que ce qui est en jeu est beaucoup plus grand que l'énergie, que la patience, que ce qu'il faut faire pour les Français. Et je crois que les Français en ont marre parce qu'en fait, on parle de quelque chose qui a des conséquences, non pas pendant un an, deux ans, trois ans, a des conséquences pendant trois semaines. Est-ce que dans trois semaines, ce sera le réveillon, est-ce que dans trois semaines, le 1er janvier 2026, notre classe politique, cette assemblée, ces députés, le Gouvernement, est-ce qu'on a réussi à faire quelque chose de très simple ? Est-ce qu'il y a du plus pour les Français ? Est-ce qu'il y a du plus dans nos hôpitaux ? Est-ce que les infirmières peuvent être revalorisées ? Est-ce qu'on peut créer 4 500 postes dans les EHPADs pour accompagner les personnes âgées ? Est-ce qu'on peut calculer la retraite des femmes différemment quand elles ont eu des enfants ? Est-ce qu'on peut mettre 3,5 milliards d'euros de plus dans l'hôpital ? Et je le dis d'ailleurs, ce n'est pas 3,5 milliards d'euros affichés, c'est 3,5 milliards d'euros en vrai pour l'hôpital.
APOLLINE DE MALHERBE
Je voudrais que tous ceux qui nous écoutent et qui nous regardent comprennent bien ce qui se joue au fond dans la liste que vous venez de donner. Vous avez choisi une partie, pas tout, impossible de le faire en une fois, ce qu'il y a dans ce budget. Mais vous avez choisi sciemment un certain nombre de points qui relèvent du domaine de la santé. Et pourquoi je dis qu'il faut que j'explique à ceux qui nous écoutent et qui nous regardent que vos choix ne sont pas anodins ? C'est parce qu'au fond, quand on fait le calcul, c'est à très peu de voix près que ça passe. Et si ça passe, pour que ça passe, il faut, au moment où on se parle, qu'au minimum, les écologistes s'abstiennent. Ce matin, sur RMC, à 7h40, j'ai reçu la chef du groupe écologiste. Un des points essentiels qu'elle vous demande et qu'elle est en train d'écouter au moment où on se parle, c'est si vous alliez, un, allonger l'enveloppe allouée à l'hôpital, ce qu'on appelle l'Ondam, et deux, confirmer ce que vous venez de dire, c'est-à-dire que cette enveloppe, elle pourra être véritablement dépensée. Il y a eu un petit doute, on va tous se dire, il y a eu un petit doute parce que la ministre de la Santé a laissé entendre qu'il y avait l'enveloppe affichée et puis il y avait quand même les efforts qu'on allait faire. Est-ce que vous pouvez clarifier les choses ce matin ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Moi, je veux clarifier les choses pour les Français et je vais vous clarifier. Oui, le Gouvernement a prévu d'annoncer dans les débats d'aujourd'hui, une enveloppe pour l'hôpital, une enveloppe pour la santé qui fait qu'on va mettre 8 milliards d'euros de plus entre 2025 et 2026, si le budget est voté, j'y reviens, pour la santé des Français. Donc ça, c'est la première chose.
APOLLINE DE MALHERBE
Là-dedans, il y a l'Ondam.
AMELIE DE MONTCHALIN
Et l'objectif de dépense d'assurance-maladie, il est réparti entre ce que les Français voient à l'hôpital, ce qu'ils voient chez leurs médecins généralistes, ce qu'ils voient dans leurs infirmières, notamment qui vont voir les personnes âgées, ce qu'ils voient aussi dans l'accompagnement des personnes âgées. Bref, on a beaucoup de complexités, mais pour être simple et pour que tout le monde comprenne, que l'on soit député ou d'ailleurs citoyen, oui, le Gouvernement souhaite donner les moyens utiles à l'hôpital pour qu'ils fonctionnent, les moyens qui sont adaptés à ses besoins, les moyens qui sont adaptés au vieillissement et les moyens qui sont donc demandés, je crois, par aujourd'hui tout le monde, pour qu'il y ait plu que 3,5 milliards de plus à l'hôpital entre 2025 et 2026.
APOLLINE DE MALHERBE
Ça veut dire un milliard de plus que ce que vous disiez encore il y a quelques jours.
AMELIE DE MONTCHALIN
Et ça veut dire effectivement que nous préparons à ajuster les moyens aussi au vu des votes. À un moment donné, les députés ont voté. Il faut qu'on ajuste les comptes. Et donc, deuxième question, moi, je suis la ministre des Comptes publics. Je ne fais pas, vous voyez, de l'entourloupe, je ne fais pas de la mascarade. Et c'est d'ailleurs très important pour les Français. On est dans une situation où on n'a pas de majorité. La confiance entre les députés, c'est aussi que le Gouvernement, il fasse ce qui est écrit dans la loi. Donc, si les députés votent, et ce que je souhaite, et je vais y revenir, du plus pour les Français, du plus pour l'hôpital, du plus pour les personnes âgées, moi, ministre des Comptes publics, je ne vais pas dire : " Vous avez voté quelque chose, mais moi, je vais faire différemment ". Donc, évidemment, je le confirme, tous les moyens qui sont inscrits dans le budget en cours de préparation, qui, j'espère, sera voté cet après-midi, évidemment, le Gouvernement s'engage pleinement à dépenser ce qui est écrit dans le budget.
APOLLINE DE MALHERBE
Chaque euro voté dans le budget sera dépensé.
AMELIE DE MONTCHALIN
Exactement, et j'ai une preuve pour ça, c'est qu'en 2025, chaque euro qui était dans le budget a été dépensé, ce qui fait que, tout à la fois, on a exactement dépensé ce qu'on voulait, et surtout, on n'a pas dépensé plus, on n'a pas dépensé moins, on a dépensé ce qu'on voulait. C'était une bonne nouvelle parce que ça n'a pas fait du déficit en plus, mais c'était aussi une bonne nouvelle parce qu'on a retrouvé de la confiance. Et moi, je suis très attachée à ça.
APOLLINE DE MALHERBE
Au moment où on se parle, et donc in extremis, puisque c'est le jour J, en fait, vous cédez un peu au chantage ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Pas du tout.
APOLLINE DE MALHERBE
Ah non ? Ça n'a rien à voir. Vous pensez que si les écologistes n'avaient pas dit : " J'attends cet engagement pour décider si on vote contre ou si on s'abstient ", vous l'auriez fait quand même ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Pourquoi ce n'est pas du chantage ? Parce que moi, je suis très attachée à la sincérité. Soit on fait des choses où on dit " On met moins d'argent pour l'hôpital, vous savez ce qui se passera après ? " Les hôpitaux seront eux-mêmes en déficit. Et donc, la dette ne sera pas celle de la Sécurité sociale, ce sera celle des hôpitaux. Moi, m'indiquer contre lui, ça change quelque chose pour moi ? Rien du tout. Donc moi, je préfère qu'on fasse des choses transparentes. Il y a eu des votes à l'Assemblée, on en tire des conséquences. L'hôpital a besoin de moyens pour fonctionner. Il doit faire face au vieillissement. Il doit faire face aussi aux fameuses Ségur de la santé. On a augmenté les infirmières et les personnels à l'hôpital. C'est une très bonne nouvelle. Mais il faut qu'il y ait les moyens pour payer les infirmières et les médecins. Si vous n'avez pas les moyens, vous faites quoi ? Vous faites du déficit, vous n'investissez pas, vous n'adaptez pas. Et je pense qu'il y a une chose qu'on doit dire aux Français. C'est qu'aujourd'hui, qu'est-ce que les Français attendent ? Je vais revenir, non pas seulement des députés, mais de nous tous. C'est que la santé fonctionne mieux. C'est qu'il y ait des médecins plus disponibles. C'est qu'à l'hôpital, les choses soient peut-être parfois mieux organisées. Donc, on doit, à la fois, mettre des moyens pour payer les acteurs de la santé, que je remercie. Vous savez, je suis ministre aussi de la fonction publique. Ces hommes et ces femmes qui se lèvent le matin, on doit leur donner la confiance. Ils auront les moyens de faire leur métier l'année prochaine. Mais on doit aussi investir pour que ça marche mieux pour les soignants, pour les patients et face au vieillissement.
APOLLINE DE MALHERBE
On va faire les comptes.
AMELIE DE MONTCHALIN
Mais je veux revenir à ce qui se joue cet après-midi. Et vraiment, je veux le dire très simplement. Au fond, les députés, ils ont devant eux un bouton. Il y a écrit pour, contre ou abstention. Avec ce bouton, ils peuvent faire plus pour les Français, je vous l'ai dit, pour les familles avec le congé de naissance, pour l'hôpital, pour les EHPADs, pour notamment tous les enjeux du vieillissement, pour le handicap.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais ceux qu'il faut que vous arriviez à convaincre d'appuyer sur bouton " Pour ", c'est votre famille d'origine. Mais j'y reviens.
AMELIE DE MONTCHALIN
Et donc par ce même bouton, madame de MALHERBE, ils peuvent aussi réduire le déficit. Parce que s'il n'y a rien pour les Français, de plus en janvier, dans trois semaines, je peux vous dire aussi qu'il n'y aura rien de plus et de mieux pour les finances publiques. Parce qu'en absence de budget, vous avez un système qui est hors de contrôle. Et donc, en tant que ministre des Comptes publics, le bouton " Pour ", cet après-midi, il dit : " Oui, je vote pour que dans trois semaines, il y ait plus pour les Français. Je vote pour qu'il y ait moins de déficit que s'il n'y a rien ".
APOLLINE DE MALHERBE
C'est là qu'on va regarder ensemble.
AMELIE DE MONTCHALIN
Et d'en étais aussi pour la stabilité. Il y aura des élections en 2027. Et vous voyez, moi, je ne suis pas candidate en 2027. Moi, je suis candidate à agir pour 2025 et 2026. C'est d'ailleurs comme ça que Sébastien LECORNU a fait son Gouvernement. Nous tous autour de lui, nous n'avons qu'une ambition, c'est que la présidentielle se passe en 2027 et qu'elle se passe bien, que les débats puissent avoir lieu, mais que d'ici là, nous agissions ici et maintenant pour les Français.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous parlez de stabilité. Lui, il parle de vitalité démocratique. Amélie DE MONTCHALIN, il y a deux comptes que je voudrais faire avec vous. Un compte, en effet, sur l'ampleur du déficit, suivant que ce budget sera voté ou pas. Parce que finalement, là, en se parlant, vous avez rajouté quand même une ou deux lignes déjà. Donc, on va voir où est-ce que ça s'arrête. Mais d'abord, un compte quand même sur, en effet, le nombre de députés qu'ils vont appuyer, comme vous dites, sur le bouton pour, ceux qui vont voter contre et ceux qui vont s'abstenir. Ce qui est quand même assez délirant, Amélie DE MONTCHALIN, c'est que ceux qui vont voter pour, désormais, de manière acquise, c'est les socialistes. Et ceux qui envisagent…
AMELIE DE MONTCHALIN
Et aussi le groupe de Gabriel ATTAL.
APOLLINE DE MALHERBE
Et aussi le groupe de Gabriel ATTAL.
AMELIE DE MONTCHALIN
Et le groupe de Marc FESNEAU, du Modem.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous avez gagné sur la gauche ce que vous risquez de perdre sur la droite. Vous savez, qu'est-ce que vous dites aujourd'hui ? Parce qu'au fond, ce que vous devez convaincre, là, on a bien compris, vous vous êtes adressée aux écologistes. Après ce que vous venez de dire, il est tout à fait probable qu'ils décident de s'abstenir alors qu'ils avaient voté contre le dernier vote au moment des recettes. Ce qu'il faut que vous arriviez à convaincre, là, dans les minutes qui vous restent, c'est la droite.
AMELIE DE MONTCHALIN
D'abord, on a tout mis sur la table. Le Gouvernement s'est mis au service du Parlement. Ça fait plus de 200 heures qu'on discute de ce budget. Et comme je vous le dis, je pense que les Français en ont ras-le-bol. Et que si, nous, on ne change pas de disque, eux, ils vont changer de chaîne. Ils vont se brancher sur le canal extrême. Et le canal extrême, il a un autre projet pour la France. Il veut, au fond, que les Français revotent. Parce qu'il considère que les Français ont mal voté. Soit en 2024, c'est le RN qui pense qu'il faut refaire des législatives, soit Jean-Luc MELENCHON, qui pense qu'en 2022, les Français n'ont pas choisi de bons présidents. Il faut refaire des présidentielles. Dans les deux cas, je peux vous dire qu'il n'y a pas de budget. Les hôpitaux dont on parle, il n'y a aura pas de budget. Les infirmières dont on parle, il n'y aura pas de budget. Donc déjà, soyons clairs, moi, je ne veux pas donner les clés. Et je ne veux pas que nous, forces politiques de Gouvernement, nous n'arrivions pas à dire aux Français...
AMELIE DE MONTCHALIN
Vous dites que s'il n'y a pas de budget, c'est les extrêmes. Mais les extrêmes... Moi, j'ai passé plus de 100 heures sur le budget de la Sécurité sociale et l'hôpital dans l'hémicycle. C'est assez simple. Vous avez des députés qui veulent trouver des solutions. Ce n'est pas forcément simple. Ce n'est pas notre culture politique. Jamais depuis 1958, on n'a fait un budget comme ça dans l'hémicycle. Parce que depuis 1958, soit on avait des majorités absolues, soit on avait les 49-3. Nous, on n'a ni majorité absolue, ni 49-3. Donc, on a fait quelque chose d'inédit. Mais moi, j'ai senti des écologistes, des socialistes, des communistes, des députés évidemment du Parti Renaissance, du Parti des indépendants, LIOT du Modem, d'Horizon, des Républicains, chercher des solutions.
APOLLINE DE MALHERBE
Encore une fois Amélie DE MONTCHALIN, la droite, vous n'avez pas des ministres issus des LR et les LR hesitent à voter contre, à s'abstenir.
AMELIE DE MONTCHALIN
J'ai aussi vu deux groupes qui cherchent juste des problèmes. Vous savez, le RN dit toute la journée que la suspension des retraites, ils l'ont quand même voté. Mais qu'est-ce qu'ils vont faire dans trois heures cet après-midi ? Il est possible qu'ils votent contre. Si vous êtes pour quelque chose, si vous voulez que ça rentre dans la vie des Français, il faut, au fond, qu'ils votent pour. Mais ce n'est pas ce qu'ils vont faire parce qu'ils sont cyniques. Ensuite, vous me parlez de la droite.
APOLLINE DE MALHERBE
De la droite, LR et Horizon au fond.
AMELIE DE MONTCHALIN
Comme je vous le dis, le vote de cet après-midi, c'est ça qu'il faut que les Français comprennent, très simplement. C'est un vote qui permet tout à la fois de dire dans trois semaines, il y a du plus pour les Français, il y a du mieux pour les Français des choses qu'ils attendent. Et par ce vote, vous évitez que la Sécurité sociale aille droit dans le mur avec 30 milliards de déficit parce que je vais vous faire le compte.
APOLLINE DE MALHERBE
Amélie DE MONTCHALIN, je vais vous faire le compte. Il faut que vous parliez au LR ou alors vous avez peut-être renoncé. Vous vous êtes dit : « De toute façon, je n'arriverai pas à les convaincre ».
AMELIE DE MONTCHALIN
Mais bien sûr qu'on se parle.
APOLLINE DE MALHERBE
Ils vont décider dans quelques heures, en réunion groupe, ce qu'ils votent.
AMELIE DE MONTCHALIN
Ce que je leur dis et ce que je vous dis, c'est le déficit de la Sécurité sociale va être à moins de 20 milliards d'euros avec les votes qui ont eu lieu.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous êtes sûre de ça ? Oui, je veux bien que vous fassiez les comptes.
AMELIE DE MONTCHALIN
Deuxième chose.
APOLLINE DE MALHERBE
Il y a quelques jours, le calcul, c'était autour de 22 à 25 milliards. Là, vous dites que ça passe sous alors que vous venez d'augmenter l'enveloppe de l'octobre.
AMELIE DE MONTCHALIN
Parce qu'on assume de dire que notamment le Ségur de la santé, il manque de financement. On assume de dire que l'autonomie manque de financement et que l'État va faire un transfert à la Sécurité sociale et donc, le déficit de la Sécurité sociale sera de moins de 20 milliards.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous êtes sûre de votre coût ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Je suis sûre.
APOLLINE DE MALHERBE
On sera à moins de 20 milliards.
AMELIE DE MONTCHALIN
Je suis sûre de mon coût.
APOLLINE DE MALHERBE
Il y a trois semaines, on a compris qu'il y avait même 5 à 10 milliards qui s'étaient évaporés dans les recettes de l'État. Bercy qui disait que la TVA, finalement, c'était 5 à 10 milliards de moins. On est quand même sur le grand flou.
AMELIE DE MONTCHALIN
C'est mon métier. Et ce n'est même pas un métier, c'est une mission. Et ce que je fais au service des Français, c'est de dire toute la vérité, d'être la plus sincère possible pour que les gens comprennent ce qui se passe parce que c'est notre argent, c'est leur argent, c'est l'argent des Français.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc, on tient les 20 milliards.
AMELIE DE MONTCHALIN
Il y aura un déficit présenté cet après-midi à moins de 20 milliards d'euros parce qu'il y a des financements nouveaux, il y a des économies. Il y a plus d'économies dans ce budget de la Sécurité sociale et d'hôpital, il y a plus d'économies en 2026 que ce qui avait été prévu en 2025 et fait en 2025, que ce qui a été fait en 2024. Si je le dis autrement, ce budget porte plus d'économies que les trois précédents budgets pour la Sécurité sociale. Ça, c'est quand même un point important. Ça veut dire qu'à la fin des débats, bien sûr qu'il y a des gens qui auraient voulu faire plus d'économies et aussi des gens qui voulaient plus de recettes. Les votes ont eu lieu, les compromis se sont trouvés. Moi, ce que je peux vous dire sur le plan budgétaire, c'est que ce vote de cet après-midi permet qu'on soit sous les 20 milliards d'euros de déficit pour la Sécurité sociale, permet d'assumer qu'il y a des dépenses que l'État a prises comme décision qu'il faut bien financer, notamment le Ségur de la santé, notamment la dépendance et le vieillissement. Ce budget permet qu'il y ait du mieux, on en a parlé déjà.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous l'assumez complètement ce budget ? C'est-à-dire qu'il n'y a pas de réforme de fonds ? Il n'y a pas de réduction réelle des dépenses ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Qu'est-ce que j'assume ? J'assume d'être la ministre, aujourd'hui, à qui a été confiée la mission d'agir ici et maintenant, en 2025 et en 2026. Il y aura un grand choix politique. Il y aura évidemment des réformes. La réforme des retraites, vous imaginez bien que, vu la famille politique d'où je viens…
APOLLINE DE MALHERBE
Votre souhait n'était pas de la suspendre ?
AMELIE DE MONTCHALIN
La suspension, elle dit quoi ? Elle dit qu'on suspend pour trouver une solution démocratique, budgétaire et collective qui fasse qu'on retrouve de la légitimité.
APOLLINE DE MALHERBE
En 2027, vous militerez pour qu'on remette cette réforme au minimum.
AMELIE DE MONTCHALIN
Mais vous savez, à nouveau, si nous n'avons pas de... l'action concrète pour les Français, là, dans trois semaines, au 1er janvier 2026, est-ce que vous pensez qu'on va pouvoir tenir une présidentielle dans de bonnes conditions ? Est-ce que vous pensez que les débats vont pouvoir se tenir dans de bonnes conditions ?
APOLLINE DE MALHERBE
J'ai bien compris. Mais Amélie DE MONTCHALIN, maintenant, si on en revient aux chiffres, je vous repose la question. Vous dites, ce budget, il sera à moins de 20 milliards. Au passage, je vous demande quand même si vous avez trouvé une explication aux 5 à 10 milliards qui sont évaporés.
AMELIE DE MONTCHALIN
Bien sûr, on y travaille. On y travaille. Et vous savez, je ferai toute la transparence. J'ai demandé une mission d'inspection très approfondie. Il y a trois hypothèses. Il y a la fraude à la TVA. Tout le monde sait ce que c'est. Et on peut se dire que peut-être il y en a un peu plus cette année que l'année dernière. Il y a les petits colis. Tout ce que nous envoient chez TEMU et autres, comme ils sont…
APOLLINE DE MALHERBE
Ça ne paye pas la TVA.
AMELIE DE MONTCHALIN
Non, ça paye la TVA. Mais si vous dites que ça vaut 2 euros alors que ça en vaut 20, la TVA sur 2 euros, ça ne fait pas la même rentrée dans les caisses de l'État que la TVA sur 20 euros. Et la troisième option, c'est tous les enjeux qui sont liés à notre croissance, à notre consommation. Les Français ont beaucoup épargné en 2025. Ils ont moins acheté d'électroménager, ils ont moins acheté de voitures.
APOLLINE DE MALHERBE
Ils ont acheté plus des choses du quotidien. Vous comprenez l'inquiétude que ça suscite ? C'est-à-dire que là, vous êtes en train de nous dire que ça passe sous les 20 milliards et dans le même temps, en effet, on s'est retrouvé avec une prévision de 10 milliards d'euros de TVA qui, sans doute, va tomber.
AMELIE DE MONTCHALIN
Non, ce n'est pas 10. Ce n'est pas 10, d'abord. C'est entre 4 et 5 milliards. Moi, je tiens les comptes. Et surtout, ce qu'il faut dire aux Français, c'est que cette, effectivement, réalité n'a pas eu d'impact sur le déficit total. Le 5,4 % de déficit qui était l'objectif que les parlementaires, par un compromis, avaient trouvé en 2025.
APOLLINE DE MALHERBE
S'il n'y a pas de budget, c'est combien ? C'est 30 milliards de déficit en 2025 ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Si ça ne passe pas cet après-midi ? Mais ce qui est vrai, c'est que cet après-midi, ce qui se joue, c'est à peu près 10 milliards d'euros d'écart. Soit on est en dessous de 20, avec les décisions qu'on a prises, soit on est à peu près à 30, voire plus.
APOLLINE DE MALHERBE
S'il n'y a pas de budget, est-ce que vous démissionnerez ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Moi, je crois que si je démissionne là, demain, ce soir, parce qu'il n'y a pas de budget, d'abord, avant qu'il n'y ait pas de budget, il y a quand même beaucoup d'autres étapes. Il faut s'assurer que c'est à l'après-midi.
APOLLINE DE MALHERBE
C'est pour ça que je vous demande s'il n'y a pas de budget.
AMELIE DE MONTCHALIN
Mais comme on l'a dit, est-ce que le sujet aujourd'hui, c'est que le Gouvernement démissionne ? Vous voyez bien que le sujet, ce n'est pas le Gouvernement. Le sujet, c'est comment dans un pays qui n'a pas de majorité.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais est-ce que vous dites ça pour dédramatiser ou est-ce que vraiment, vous ne démissionnerez pas ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Vous savez, les ministres, on démissionne avec un Premier ministre. Moi, je me suis engagée avec Sébastien LECORNU dans un Gouvernement qui agit ici et maintenant. Je ne suis candidate à rien d'autre qu'à cette action pour 2025, pour 2026. Si le Premier ministre considère que notre responsabilité pour trouver une solution, si le problème venait de nous, évidemment qu'on partirait. Moi, mon intuition et ce que j'ai vécu depuis maintenant quelques mois, c'est que le gouvernement a changé totalement, totalement de posture et de culture. Ce n'est pas un Gouvernement qui force une copie, une version en disant : " J'ai raison tout seul, suivez-moi ou alors ".
APOLLINE DE MALHERBE
C'est dans un dialogue avec l'Assemblée.
AMELIE DE MONTCHALIN
C'est nous qui nous sommes mis au service du Parlement. On a 1 049 voix de côté.
APOLLINE DE MALHERBE
Il vous reste quelques heures.
AMELIE DE MONTCHALIN
Et on s'est mis au service d'un compromis et on a fait des choses qui sont effectivement différentes.
APOLLINE DE MALHERBE
Quelques heures pour espérer que ce que vous aurez gagné d'un côté, vous ne l'aurez pas perdu de l'autre. Amélie DE MONTCHALIN, est-ce que les militantes féministes qui ont tenté d'empêcher le spectacle d'Ari ABITTAN habitant méritent d'être traitées par Brigitte MACRON de " Sale connes ? "
AMELIE DE MONTCHALIN
Ce n'est pas un langage, je pense, qui a vocation à être dans le débat public. Il y a deux choses que je veux dire là-dessus. On est et on a le droit, évidemment, et je crois que vous et moi aussi, d'être féministes, de lutter contre les violences sexuelles, de s'assurer que dans notre pays, la loi soit respectée et que les femmes soient protégées. Maintenant, est-ce que ça se passe en interdisant des spectacles ? C'est ça qu'il faut avoir en tête. Il y a peut-être des endroits où on peut être dans le combat, puis, il y a des endroits où il faut être dans le respect, et je pense que chacun peut faire la part des choses.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc vous ne cautionnez pas le fait que des militantes aient tenté d'annuler, de faire annuler, effectivement, ce spectacle ? Est-ce que vous cautionnez l'expression " Sale connes ? " Est-ce que ça vous a choqué quand vous avez su Brigitte MACRON avait dit " Sale connes ? "
AMELIE DE MONTCHALIN
Je dois vous dire que là, je suis concentrée sur le budget. Je pense qu'on a tous parfois des mots qui sont du langage trivial. Je pense qu'on comprend tous bien à quel point, pour un artiste, être empêchée de faire son métier aux motifs de choses qui, d'ailleurs, n'ont rien à voir avec le spectacle, ça peut amener de l'agacement et donc, effectivement…
APOLLINE DE MALHERBE
Donc, vous comprenez l'agacement de la Première dame, vous comprenez moins le vocabulaire.
AMELIE DE MONTCHALIN
Mais surtout, le vocabulaire, elle n'a pas fait une conférence de presse pour dire ça. Donc c'est aussi des propos qui sont des propos volés dans un espace privé. Donc moi, ce que j'ai à dire, à nouveau, je ne vais pas faire ni de la petite phrase, ni de la petite polémique, ni de la grande politique ce matin. Aujourd'hui, moi, mon métier, mon rôle, ma mission ce matin, c'est est-ce que dans trois semaines, pour les Français, pour les personnes en situation de handicap, pour les personnes âgées, pour les féministes... Parce que dans ce budget, il y a aussi beaucoup d'actions qu'on va mener pour la santé, notamment sexuelle, pour la prévention, pour un entretien médical long entre 45 et 65 ans pour toutes les femmes, notamment pour préparer la ménopause. Vous voyez le féminisme, ça peut se faire à beaucoup d'endroits, et ça se fait aussi dans le budget. Et on peut, pour ça, avoir des mots et des sourires en se disant qu'on a des combats, mais que parfois aussi, on essaie d'avoir des résultats.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 10 décembre 2025