Déclaration de M. Laurent Nunez, ministre de l'intérieur, sur le colonel Benoît Villeminoz, commandant le Groupe d'intervention de la Gendarmerie nationale, à Satory le 12 décembre 2025.

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Circonstance : Installation du colonel Benoît Villeminoz, commandant le Groupe d'intervention de la Gendarmerie nationale

Texte intégral

Monsieur le préfet des Yvelines, cher Frédéric,
Mesdames et monsieur les députés, 
Monsieur le président du Conseil régional, 
Monsieur le maire de Versailles,
Madame la maire de Bièvres,
Mon général, gouverneur militaire de Paris, 
Monsieur le directeur général de la gendarmerie nationale, cher Hubert,
Mesdames et messieurs les préfets,
Messieurs les généraux,
Mesdames et messieurs les directeurs,
Mesdames et Messieurs, en vos rangs, grades et qualités,
Mon Colonel, commandant le groupe d'intervention de la gendarmerie nationale,

Au GIGN, mille hommes sont comme un seul corps ; mille hommes ne forment qu'une unité. Aujourd'hui, vous prenez officiellement la tête de ce corps, le commandement de cette unité qui, depuis plus d'un demi-siècle, interpelle par son courage, fascine par ses exploits.

Mais que pourrais-je vous dire de ce groupe d'élite que vous ne sachiez déjà, mon Colonel ? Cette unité est pour vous une seconde peau, à peine cachée sous l'uniforme, tannée dès la deuxième affectation suivant votre formation à Saint-Cyr. Ce premier passage au GIGN comme chef de section au sein de la Force d'intervention aura duré sept ans, le temps de la raison. Le temps nécessaire, en tout cas, pour s'aguerrir au vaste panel de missions qui ne se ressemblent que par leur insondable exigence.

Entre 2004 et 2011, vous aurez ainsi la responsabilité de la gestion de plusieurs forcenés, de trois prises d'otages en milieu carcéral, d'arrestations d'objectifs haut de spectre de la criminalité organisée, ou encore de la traque de membre de l'ETA. Vous serez également projeté en Afghanistan et en Guyane. Pas moins que tout cela.

Au GIGN, la crise se gère, mais elle se négocie aussi. Durant cette période, vous complétez ainsi votre expertise en gestion de crise par celle de la négociation. Avec votre équipe, vous en ferez notamment la démonstration singulière dans la libération des passagers du Ponant, parmi lesquels 22 Français, pris en otage par des pirates somaliens durant une semaine. La cellule interministérielle de négociation du Quai d'Orsay pourra aussi compter sur vous à chaque enlèvement de nos ressortissants à l'étranger, de même que les négociateurs régionaux de la gendarmerie dont vous accompagnez la montée en puissance.

Breveté de l'Ecole de guerre en 2012, vous quittez le GIGN pour prendre le commandement de la compagnie départementale de Montmorency. Huit ans plus tard, vous vous éloignerez également de Satory pour prendre la tête du groupement départemental à Lyon. Ces postes vous offriront l'expérience plus qu'utile de la sécurité publique qui peut parfois virer aux crises les plus délicates et les plus sensibles : elles guettent dans la nouvelle zone de sécurité prioritaire val-d'Oisienne ; elles éclatent au cœur des violences urbaines qui n'épargnent pas le département rhodanien, à l'été 2023. Elles s'installent en Nouvelle-Calédonie où vous serez projeté en 2024 pour conduire les opérations liées à l'épisode insurrectionnel.

Mais c'est bien à la caserne Pasquier que se trouve votre seconde maison - si ce n'est pas la première. En 2014, deux ans à peine après votre sortie de l'Ecole de guerre, c'est au GIGN que déjà votre cœur vous ramène, cette fois comme chef d'état-major opérationnel. Au cours de cette période, l'unité d'élite connaîtra une opération de celles, sans doute, qui ont marqué son histoire ; de celles, assurément, qui ont frappé le récit d'une nation toute entière. Je ne doute pas, donc, qu'elle ait aussi laissé son empreinte dans la vôtre, mon colonel. Car quand elle repense à l'assaut donné par le GIGN dans l'imprimerie de Dammartin-en-Goële, ce 9 janvier 2015, la France retient encore son souffle – ce souffle qu'elle avait coupé pendant les 48 heures d'une interminable traque contre les terroristes de Charlie Hebdo. Dès lors, et jusqu'en 2018 - date à laquelle vous regagnerez l'état-major central de la gendarmerie -, vous contribuerez à adapter l'unité au plus haut niveau de la menace attentat que ces années noires-là n'auront malheureusement pas démenti.

Servir le GIGN, c'est " s'engager pour la vie ". Mon colonel : depuis plus de vingt ans, servir le GIGN est l'engagement de la vôtre. Et puisque votre maxime de vie se faisait si justement l'écho de la devise du groupe, c'est que l'heure était venue de se mettre à sa tête. C'est désormais chose faite : vous prenez aujourd'hui le commandement du GIGN avec toute la légitimé du chef qui a l'expérience du terrain sur lequel il envoie ses hommes, et la parfaite connaissance de la maison dont il détient les clés. L'autorité est toujours plus directe quand elle est naturelle.

Ce matin, j'ai l'honneur de vous confier ce commandement et vous comprendrez pourquoi je le fais avec beaucoup de confiance. Cette confiance, bien sûr, ne changera rien à l'imminence des périls qu'ont accepté d'affronter les femmes et les hommes qui rejoignent cette unité, partout sur le territoire, en métropole, en outre-mer, dans les emprises diplomatiques ou sur les théâtres extérieurs. Cette confiance n'ôtera rien au danger des opérations que vous pourrez mener sur terre, en mer et dans les airs ; dans la jungle, le désert ou en zone de combat : l'extrême est votre métier, et le courage est toujours votre réponse. Non, rien n'y changera.

Mais au GIGN, la confiance est aussi un témoignage essentiel. C'est celle que placent entre eux ses frères d'armes, celle-là même qui permet à chaque nouvelle recrue, au terme d'une exigeante formation, de tirer au Manhurin 73 sur une cible d'argile portée par l'un de leurs camarades. Cette confiance, totale, elle ne peut s'accorder qu'à ceux dont on ne doute ni de l'excellence ni de la valeur : c'est la confiance réservée à l'élite.

C'est celle que votre ministre place aujourd'hui en vous, mon Colonel, comme en chacun des membres du GIGN. Qu'elle vous serve simplement à diriger avec rigueur et humilité ce millier d'hommes et de femmes qui ont choisi le don d'eux-mêmes. Et puisqu'ils sont prêts à tout, menez-les au meilleur, et donnez-leur tout autant.

Vive le GIGN,
Vive la Gendarmerie nationale,
Et vive la France !


Source https://www.interieur.gouv.fr, le 15 décembre 2025