Texte intégral
Madame la Ministre, chère Annie Genevard,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les élus,
Madame la Directrice générale des patrimoines et de l'architecture, chère Delphine Christophe,
Mesdames et Messieurs, chers lauréats, chers amis,
Lorsque l'on pense au patrimoine, on pense bien sûr à nos monuments historiques, à nos églises, à nos châteaux, qui font la richesse de nos villes et de nos villages. Mais il existe aussi un patrimoine inestimable, qui se transmet de génération en génération, qui est un faiseur de liens : notre patrimoine culturel immatériel. Et c'est lui qui nous réunit aujourd'hui.
Depuis deux ans, j'ai la volonté de mieux le faire connaître et de mieux le partager, afin de mieux le sauvegarder. En faveur de ce patrimoine, j'ai engagé des efforts tout particuliers en 2025, avec la création d'un site internet dédié, la mise en place d'un agenda participatif, ainsi que la réalisation et la publication d'articles, de films et de reportages photographiques.
Cet effort est à la mesure de l'enjeu. Tous les patrimoines vivants que nous célébrons aujourd'hui, selon une tradition désormais bien établie, sont ainsi à la fois représentatifs de l'identité des communautés qui les portent et reflets de la diversité de notre Nation.
Les Outre-mer sont particulièrement à l'honneur cette année. Les nombreuses candidatures acceptées témoignent du dynamisme de ces territoires. Aux côtés des quadrilles de Guadeloupe et des jours de Cilaos de La Réunion, je tiens à saluer avec une attention toute particulière les traditions mahoraises et leurs représentants présents aujourd'hui : le Debaa des femmes, les pratiques traditionnelles liées à la fabrication du sel de Brandele, ainsi que les savoir-faire du tani malandi de Chirongui.
Nous savons toutes et tous combien le cyclone Chido a été une épreuve pour nos compatriotes mahorais, et combien ce territoire de la République a subi de destructions.
Identifier, valoriser et préserver le patrimoine de ce beau département est un gage de foi en l'avenir de l'île, une promesse de reconstruction et de jours meilleurs.
Qu'elles soient de La Réunion ou de Mayotte, les traditions ultramarines honorées cette année mettent particulièrement en valeur les femmes.
Je tiens à souligner la place éminente qu'elles occupent dans l'accomplissement et la transmission du patrimoine immatériel. Et comment, à ce propos, ne pas mentionner un art que nous sommes heureux et fiers de voir reconnu cette année : un ensemble de savoir-faire, mais aussi d'usages entièrement dédiés à la célébration de la beauté ? Je veux parler de la haute couture.
Consacrer la haute couture au patrimoine culturel immatériel de la France, c'est inviter chacun d'entre nous à prêter attention, derrière les paillettes des défilés, à la patience, à l'attention soutenue, à la recherche de perfection qui animent ces femmes – mais aussi ces hommes – dont les créations nous font rêver.
La mode est un pan essentiel de notre identité culturelle, et elle a toute sa place au ministère de la culture. Je suis fière en tant que ministre d'avoir engagé une série d'actions pour faire émerger de nouvelles générations de créateurs. Mon combat, vous le savez, c'est de faire reconnaître la culture dans toutes ses composantes.
Une autre culture qui a toute sa place dans notre patrimoine national, ce sont les musiques électroniques. Le président de la République avait dit être favorable à ce qu'elles soient reconnues à l'UNESCO. Je salue la mobilisation des acteurs de ces musiques : elles sont désormais inscrites dans notre liste nationale du patrimoine culturel immatériel. J'ai créé un label pour les clubs qui ont un réel engagement artistique, notamment pour les musiques électroniques. Je me réjouis que cette nouvelle reconnaissance pour ces cultures qui représentent de réelles communautés dans toute la France.
Vous le savez, la place de la culture dans la vie des territoires ruraux fait partie des grandes priorités de mon action. J'ai tenu à ce qu'un plan dédié à la ruralité permette de donner un nouvel élan à toutes les pratiques culturelles qui s'y déploient.
C'est donc une grande satisfaction pour moi de voir le monde rural si présent dans la liste des éléments consacrés cette année : l'affouage, les savoirs nautiques et les pratiques de pêche du bassin de la Loire, et bien entendu les comices agricoles du Doubs, chère Annie Genevard.
Mesdames et Messieurs, vous êtes tous les porteurs de ces traditions. Vous avez accompli une démarche volontaire et vous avez manifesté le désir de voir ces biens qui vous sont chers entrer dans le patrimoine de la République. Je vous remercie pour ces actes de candidature, qui sont aussi, chacun, des actes d'engagement.
Dans le parcours parfois semé d'obstacles que vous avez entrepris en vue de l'inclusion des pratiques qui vous tiennent à cœur à l'inventaire national du patrimoine culturel immatériel, vous avez mené un travail de réflexion collective, non seulement pour identifier et décrire vos traditions, mais également pour vous préoccuper de leur viabilité et proposer des mesures de sauvegarde adaptées à leurs besoins. Ce travail, vous l'avez accompli d'abord pour vos propres pratiques, mais le partage de vos expériences bénéficiera à toutes celles et ceux qui, après vous, entreprendront des démarches similaires.
Je sais que vous avez trouvé auprès des services de l'État attention, expertise et conseil. Je veux les remercier et leur dire ma volonté de renforcer encore leurs moyens.
Je tiens également à saluer les services de notre action internationale et ceux du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères pour l'attention qu'ils déploient afin de faire rayonner, à l'international et notamment au sein de l'UNESCO, notre patrimoine culturel immatériel et notre expertise en ce domaine. La France a la chance et l'honneur de siéger jusqu'en 2028 au sein du Comité intergouvernemental du patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO, dont la 20? session vient tout juste de s'achever à New Delhi.
Grâce à tous vos projets et aux actions entreprises dans le cadre du plan Culture et ruralité, l'année 2025 a été, pour le patrimoine culturel immatériel en France, une année de forte visibilité. Mon intention est qu'il en soit de même en 2026. Les actions de communication seront poursuivies, des travaux de fond sont en cours, avec notamment la préparation d'un ouvrage collectif à paraître aux Éditions du patrimoine, et je suivrai avec une attention toute particulière la mise en place du nouveau Centre français du patrimoine culturel immatériel.
Au-delà de l'obligation qui nous incombe, dans le cadre de la Convention, de désigner un organisme de référence pour la conduite de cette politique, j'ai à cœur que ce nouveau lieu soit un espace de croisement des expertises, entre métiers du patrimoine, monde associatif et recherche académique.
Il assurera, auprès de toutes les communautés et de l'ensemble des acteurs institutionnels du patrimoine culturel immatériel, des actions de formation, de recherche et de diffusion des connaissances, et contribuera au renforcement de notre expertise dans ce domaine, en France comme à l'international.
Encore une fois, je veux dire ma fierté de voir notre patrimoine culturel immatériel rayonner avec autant de ferveur. Vous en êtes le plus beau visage.
Je vous remercie.
Source https://www.culture.gouv.fr, le 18 décembre 2025