Le contexte
Quatre mois avant l’élection, la droite a deux candidats issus du même parti, et le principal parti d’opposition, le parti socialiste (PS), n’a pas encore trouvé le sien.
Depuis les élections législatives de mars 1993 et la victoire de l’opposition RPR-UDF, la France connaît sa deuxième période de cohabitation. François Mitterrand arrive bientôt au terme de son deuxième septennat, Édouard Balladur est Premier ministre en accord avec Jacques Chirac qui se réserve pour le scrutin présidentiel. Ce sera sa troisième candidature. L’accord ne résiste pas à la popularité d’Édouard Balladur qui décide de se présenter, appuyé par l’UDF et plusieurs responsables du parti gaulliste. Deux mois et demi avant le premier tour, il devance dans les sondages Jacques Chirac, qui s’est déclaré officiellement le 4 novembre. Philippe de Villiers, fort de son score aux élections européennes de 1994 (12,3%), tente sa chance et Jean-Marie Le Pen est de nouveau candidat.
À gauche, sont enregistrées les candidatures de Robert Hue (PCF), Dominique Voynet (Verts) et, pour la quatrième fois, d’Arlette Laguiller (LO). Le PS, lourdement défait aux élections de 1993, a vu l’abandon de tous ses candidats éventuels : Michel Rocard après sa contre-performance aux européennes de 1994 (14,4%), Jacques Delors, favori des sondages, qui annonce sa non-candidature le 11 décembre 1994. Lionel Jospin ne sera désigné officiellement que début février.
À noter la présence d’un candidat extérieur aux principaux mouvements, Jacques Cheminade.
Innovations et particularités
Pour la première fois depuis 1981, un Président sortant n’est pas candidat.
Pour la première fois, le centre et la droite non gaulliste n’ont pas de candidat issu de leur rang.
Au premier tour, l’abstention (21,6%) est la plus élevée de toutes les élections présidentielles à l’exception de celle de 1969 (22,4%).
Les résultats du premier tour sont une surprise par rapport aux derniers sondages publiés une semaine avant le scrutin, qui plaçaient Jacques Chirac en tête devant Lionel Jospin et Édouard Balladur.
L'année 1995 est aussi la révélation de l’inadaptation de la loi de 1977 interdisant la publication de sondages la semaine précédant les deux tours : ils peuvent être publiés par la presse étrangère plus facilement consultable par internet. De fait, dans ce domaine, l’égalité de tous les citoyens n’est plus assurée. Afin de remédier à ce constat, l’interdiction de publication la dernière semaine est levée pour le scrutin de 2002.
Première campagne présidentielle où les plafonds de dépenses sont strictement limitées (loi du 11 mars 1988, lois du 15 janvier et du 10 mai 1990) : 14 796 000 euros au premier tour, 19 764 000 euros au second. Chaque candidat doit faire parvenir ses comptes de campagne détaillés signés de lui-même, de son mandataire financier et certifiés par un expert comptable au Conseil constitutionnel dans les deux mois qui suivent l’élection.