Texte intégral
Bonjour Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux d'avoir reçu aujourd'hui au ministère des Affaires étrangères et européennes mon homologue turc Ahmet Davutoglu.
Nous avons parlé de tout, des problèmes régionaux, des problèmes mondiaux, des questions bilatérales sur lesquelles nous sommes d'ailleurs en parfait accord. Nous avons évoqué plusieurs dossiers : l'Iran, le Moyen-Orient, l'Afghanistan où la Turquie et la France sont engagés aux côtés des forces de l'OTAN.
Ahmet et moi, nous nous rencontrerons à nouveau prochainement, puisque le président Karzaï sera bientôt reconduit à la présidence de l'Afghanistan.
Mais vous imaginez aussi que les dossiers bilatéraux, notamment d'ordre économique ont été abordés et que nous nous réjouissons, après la visite du président Gül, de ce climat de confiance qui règne entre nos deux pays.
Par exemple, nous avons des perspectives en commun, aussi bien commerciales d'ailleurs que de travail sur la défense. Ces perspectives se sont bien clarifiées.
Nous avons également des perspectives concernant le gaz et le projet Nabucco, à propos de l'introduction de Gaz de France dans le système et je remercie nos amis turcs.
Je n'aborde pas tous les points car ils ont été nombreux et vraiment, il règne, je le répète, un climat marqué de manière croissante par la sincérité, les approches communes et l'amitié entre nos deux pays.
J'espère le prouver en retournant aussi vite que possible en Turquie.
Bienvenue Monsieur le Ministre, bienvenue Mon Cher Ahmet.
Q - Pour parler de deux questions pratiques, la Turquie a-t-elle levée certaines restrictions aux vols d'avions militaires français vers l'Afghanistan ? Est-ce une décision à laquelle vous êtes parvenue, pouvez-vous nous le confirmer ?
G. D.F entrera-telle dans Nabucco ? L'avez-vous demandé et comment ?
R - J'ai déjà dit oui pour la première question ainsi que pour la seconde. Laissez ces entreprises se déployer.
Q - M. Abbas ne se présente plus aux élections. Est-ce que cela vous inquiète ? Est-ce qu'aujourd'hui on peut parler d'une initiative franco-turque pour faire bouger les choses ?
R - Tout d'abord, je voudrais féliciter la diplomatie turque, qui est extrêmement active dans tous les domaines, en particulier au Moyen-Orient. Il est toujours très appréciable d'avoir un homologue inventif et souvent partageant nos idées.
Le président Abbas a dit qu'il ne se présenterait plus, mais comme il n'y a pas d'élections pour le moment, on ne peut pas dire que l'effet sera immédiat et il faut s'en féliciter. Je crois profondément que cette génération, celle de Mahmoud Abbas est celle qui peut faire la paix. Hélas, comme il l'a dit lui-même hier, le chemin de la paix est pour le moment bloqué.
Nous avons considéré cette déclaration comme une menace pour la paix et j'espère qu'elle n'aura pas d'effet tout de suite. Les élections devaient avoir lieu en janvier, mais le président de l'OLP souhaitait qu'elles aient lieu à Gaza et en Cisjordanie, or cela n'est pas possible maintenant. Je vais me rendre en Israël et dans les Territoires palestiniens d'ici quelques jours et j'insisterai auprès du président Abbas pour qu'il continue, avec obstination, sa démarche vers la paix, c'est-à-dire vers la création d'un Etat palestinien. La France n'a pas changé d'avis, au contraire, et pour cela je crois qu'il faut en effet que la colonisation s'arrête ou qu'au moins les pourparlers politiques reprennent, sur tous les sujets.
Q - Vous avez déclaré ne pas accepter le protocole d'Ankara. C'est une condition posée par la Commission européenne à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. Dans ces conditions, comptez-vous privilégier la logique turque ou celle de la Commission européenne ? Une autre question concernant vos voisins grecs, vous dites ne pas avoir de différend avec la Grèce, pensez-vous que le dialogue sera possible avec le nouveau Premier ministre grec, M. Papandreou ?
R - Nous avons été très heureux de voir le Premier ministre grec, M. Papandreou, se rendre rapidement en Turquie après sa prise de fonctions. Nous avions été très heureux de l'entendre au Conseil européen affirmer son approche positive des problèmes qui se posaient en général et entre la Turquie et la Grèce en particulier ainsi qu'avec Chypre. Cela nous donne l'occasion de dire combien la persistance de ce blocage depuis 40 ans au milieu la Méditerranée nous fait de la peine et nous pousse, plus que nous ne l'avons fait jusqu'à présent, à nous engager.
La saison de la Turquie a très bien commencé, elle s'achèvera en mars 2010 et M. Davutoglu doit visiter au Grand Palais l'exposition qui est une part du large programme de la saison culturelle.
Notre excellent ambassadeur de Turquie en France, M. Osman Korutürk, va nous quitter dans cinq jours. Nous le remercions d'avoir été pendant si longtemps, et avec beaucoup de brio et d'efficacité le porte-parole de son pays à Paris.
Q - (A propos de la demande d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne)
R - Laissez-moi vous dire que je ne commenterai ni les positions du président Chirac, ni celles du président Sarkozy. La situation est un peu plus compliquée que celle que vous venez d'exposer. Nous ne parlons pas de l'Union européenne parce que les positions sont claires : nous ne mettons aucun obstacle et nous voulons que les prochains chapitres soient ouverts, c'est ce que le président Sarkozy a dit au président Gül, et c'est ce que je viens de redire à mon homologue Ahmet Davutoglu. Laissons s'organiser les relations entre nos deux pays dans un esprit ouvert et amical. C'est ce que nous faisons, c'est l'étape actuelle, attendons la prochaine.
Q - La France est-elle toujours prête à jouer un rôle pour relancer les négociations entre la Syrie et Israël en collaboration avec la Turquie à l'occasion des deux visites la semaine prochaine à Paris du président syrien et de M. Netanyahu ?
R - Cette coïncidence des deux visites permettra de le faire. Nous l'avons dit à maintes reprises, mais nous ne voulons pas faire de concurrence illicite, du moins, contre-productive à l'égard de la Turquie. Nous étions tous d'accord pour tenter à notre mesure, à notre place, avec nos possibilités de jouer un rôle pour la paix au Proche-Orient. Ahmet Davutoglu vient de le dire, nous sommes en complet accord. Si nous pouvons jouer un rôle, si c'est possible, si cela se présente de meilleure manière maintenant qu'il y a quelques mois, nous jouerons un rôle. Sans aucun doute, nous parlerons du Processus de Paix à M. Netanyahu, à M. Bachar Al-Assad et nous tenterons de le faire avancer.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 novembre 2009