Texte intégral
Le colloque Femmes dans les métiers scientifiques et techniques - que j'ai le plaisir de recevoir aujourd'hui au ministère de la recherche - est, comme vous venez de l'exposer, le résultat d'un long travail associatif. L'Association "Femmes et sciences" fait partie des structures que le ministère soutient et dont il suit les travaux avec intérêt. Au même titre que d'autres associations très actives, nées à l'initiative de femmes scientifiques conscientes de la nécessité de renforcer la position des femmes dans leurs secteurs ou de familiariser les jeunes filles avec les sciences et les technologies. Je pense en particulier à "Femmes et mathématiques", à "association française des femmes dans l'Université", ou à "L'association française des femmes ingénieures".
La question de l'égalité des hommes et des femmes dans les études et les carrières scientifiques touche d'abord aux mentalités et aux comportements. Le rôle des associations, si elles sont bien implantées dans les milieux concernés, est donc le contrepoint indispensable aux actions menées par les pouvoirs publics : elles permettent de donner l'exemple, de faire état des expériences vécues en cours de carrière, de sensibiliser la communauté scientifique à la problématique, d'exercer une veille "sur le terrain".
C'est pourquoi j'ai décidé, en manière de reconnaissance et d'encouragement, d'attribuer sous forme de prix, que je remettrai tout à l'heure, quelques aides supplémentaires à des associations qui se sont montrées particulièrement actives pour la promotion des femmes dans le monde scientifique et technique.
La manifestation d'aujourd'hui s'inscrit dans une double série de réflexions.
Elle apporte d'abord une pierre supplémentaire à l'édifice que j'essaie de construire avec vous : celui d'un système de recherche équilibré, qui mette à profit toutes les compétences, et rende aux femmes scientifiques la place qui leur a longtemps été contestée. Après les rencontres organisées par le CNRS en février 2000 ( Les femmes dans la science : les femmes ont-elles la tête moins scientifique que les hommes ? ) et en septembre 2001 ( Femmes, hommes et sciences : agir pour l'égalité), après le colloque Genre et recherche de l'Union européenne des 8 et 9 novembre à Bruxelles, le sujet que vous allez traiter sous forme de tables rondes, Femmes dans les métiers scientifiques et techniques permettra de dresser un panorama des expériences professionnelles menées par les femmes dans les secteurs scientifiques public et privé.
Cette rencontre prend également place dans le déroulement des Assises de la culture scientifique et technique. J'ai souhaité, en effet, organiser une réflexion d'ensemble sur la médiation scientifique, dans laquelle interviendront tous les acteurs impliqués dans la production et dans la diffusion des connaissances. Ce sont en priorité les femmes scientifiques, dont l'image est encore trop peu répandue auprès du public, qui doivent apparaître avec visibilité dans les manifestations comme la Fête de la science, dans les émissions scientifiques ou dans les nombreuses opérations d'information menées auprès du public par les organismes de recherche, les universités et les associations.
Ces deux réflexions sont évidemment liées. Elles "travaillent" la question à la fois de l'intérieur (comment les femmes de science sont-elles traitées dans leur carrière et leurs métiers ?) et de l'extérieur (comment les femmes sont-elles reçues en tant que représentantes du savoir scientifique ?). L'avancée vers une égalité réelle des hommes et des femmes dans le domaine des sciences et des techniques dépendra du progrès accompli sur chacun de ces deux versants.
Dans ce combat, nous ne sommes pas isolés. Je rappellerai les mesures prises par le gouvernement français, et quelles actions le ministère de la recherche a engagées dans son propre secteur. Mais - une fois n'est pas coutume - nous avons la chance de voir l'Union européenne donner une impulsion dont chaque Etat membre pourra bénéficier.
Au moment de la construction de l'Espace européen de la recherche, l'approche commune européenne sur la question de la parité est une chance historique à saisir.
Le débat autour de la condition faite aux femmes dans le monde scientifique a fini par s'imposer dans les instances nationales et internationales. Là encore, il faut remercier les chercheuses et les associations qui, entretenant des liens et produisant des études, ont amené à une prise de conscience générale capable de peser sur la décision.
La Commission européenne a adopté une mesure importante : l'intégration de la dimension du genre comme facteur d'excellence.
Cette notion est issue, à l'origine, des travaux des féministes américaines, le mot "gender" couvrant une dimension à la fois biologique, grammaticale et sociale. Elle a été reprise au sein de l'Union européenne en 1998, lorsque la Commission a décidé de prendre en compte de façon effective l'égalité des chances, et de promouvoir la participation des femmes à l'effort de recherche en Europe. Le manque de femmes dans les domaines scientifiques était analysé, dès cette époque, comme une menace pour :
*l'équité (la discrimination fondée sur le sexe constituant une violation des droits de la personne l'excellence (la sous-représentation des femmes affaiblissant la qualité du système)
*l'efficacité (d'une part, il importe de puiser sans discrimination de sexe dans le vivier de jeunes scientifiques ; d'autre part, former des jeunes femmes scientifiques, dont on n'utilise pas ensuite les compétences, représente un véritable gaspillage).
Afin d'éviter cette déperdition de forces, il a été décidé que la promotion des femmes dans la recherche se fasse à plusieurs niveaux : par les femmes, pour les femmes et sur les femmes. La stratégie adoptée est celle du "mainstreaming", c'est à dire l'intégration de la dimension du genre au niveau des systèmes, des structures, des institutions, des programmes, des politiques et des pratiques. Un système de veille "Femmes et science" ("genderwatch") a été créé au sein de la Commission pour suivre et renforcer l'intégration de la dimension du genre dans le Vème programme cadre. Il a pour mission de recueillir et de publier des statistiques, de favoriser la présence de femmes dans les panels d'évaluation et dans les assemblées consultatives, de mener des études évaluant l'incidence du point de vue du genre sur les programmes de recherche et de fournir un point d'ancrage au sein de la Commission.
Depuis lors, ce point d'ancrage est devenu une véritable Unité à vocation transversale au sein de la direction " science et société " de la DG recherche.
Je remercie ici la cheffe de cette mission, Mme Nicole Dewandre, qui a su mener à bien une première série de travaux, dont les résultats ont été exposés la semaine dernière à Bruxelles lors de la conférence Genre et recherche.
Les premiers rapports présentés visent à évaluer l'incidence de la dimension du genre dans le Vème Programme-cadre.
On constate que, même lorsque les programmes de travail font pleinement référence à l'égalité des chances entre les femmes et les hommes, il se produit un phénomène "d'évaporation" lors de la mise en uvre.
La technologie et la science conservent une perception asexuée du monde. Cela est d'autant plus frappant dans les domaines de recherche où la dimension humaine est prédominante, comme dans la santé ou les disciplines socio-économiques. Les recherches en matière d'environnement, de durabilité et d'énergie n'intègrent pas non plus la dimension du genre.
Le langage crée des distorsions du point de vue du genre, ou conduit à ne pas tenir compte du genre (par exemple en utilisant des termes comme consommateurs, travailleurs, malades, personnes âgées, citoyens).
La différence hommes-femmes parmi les chercheurs n'est pas prise en compte dans les questions de mobilité - ce que le partage inégal des tâches et des responsabilités familiales devrait pourtant imposer
Les conclusions finales alimenteront le processus de conception et de mise en uvre du prochain Programme-cadre : renforcement du Forum politique, enrichissement du système de veille "Femmes et sciences", développement de recherches spécifiques dans les domaines suivants :
*production de statistiques et d'indicateurs
*analyse des mécanismes de ségrégation
*études de cas
*évaluation des actions et des méthodes de benchmarking
*recherches en histoire, en sociologie et en philosophie des sciences dans une perspective féministe.
La Commission européenne agit donc comme catalyseur en fournissant plate-forme et outils nécessaires à la progression vers l'égalité des sexes dans le monde scientifique.
Le cadre juridique européen est désormais posé. Cependant, un partenariat plus intense doit être établi entre la Commission et les Etats membres. La France, qui a beaucoup contribué au travail réalisé par l'unité "Femmes et sciences", continuera à peser, au plan national, sur le processus de réforme.
Il existe une véritable mobilisation des pouvoirs publics français pour promouvoir la place des femmes dans les sciences. J'encourage moi-même toutes les actions de sensibilisation à ce problème, d'une part en soutenant les associations qui s'attachent à renforcer cette place, d'autre part en faisant évoluer le cadre institutionnel.
La parité en "sciences et technologies", rattachée à la direction de la recherche et disposant d'un budget propre. Madame Cyrot-Lackmann en est la responsable. Au-delà de sa tâche de coordination des initiatives menées par les organismes sous tutelle, cette mission assure deux fonctions principales.
La première fonction consiste à entretenir une étroite coopération avec notre représentante pour le domaine "Femmes et sciences" auprès de la Direction Recherche de la Commission européenne. Il est en effet particulièrement important de suivre les avancées et les décisions prises par la Commission sur la mise en place de l'Espace européen de la recherche, et de les répercuter auprès de la communauté scientifique française, afin de parvenir le plus vite possible à l'instauration, comme le préconise Bruxelles, d'une représentation d'au moins 40 % de chaque sexe dans toutes les instances.
Madame Claudine Hermann, présidente de l'association "Femmes et sciences", assure la tâche de correspondante auprès de l'Unité à Bruxelles. Je profite de cette occasion pour la remercier vivement de l'activité qu'elle déploie, à côté de ses travaux de physicienne et de professeure à l'Ecole Polytechnique. Vous êtes, Madame Hermann, une véritable animatrice de ces réseaux de femmes qui considèrent que leur compétence scientifique doit bien sûr servir la science, mais aussi améliorer, par l'exemple et la solidarité, le dispositif de recherche lui-même.
La seconde fonction de la mission est de solliciter et de financer, pour partie, des études et des données statistiques par genre auprès de différents partenaires comme l'Insee ou, par exemple, l'Ecole normale supérieure de Cachan, qui dispose déjà d'outils d'évaluation statistiques donnant lieu à une réflexion sur les cursus masculin et féminin. Produire des données sexuées et les rendre publiques, les analyser et faire apparaître les causes d'inégalité sont en effet des conditions nécessaires à la prise de conscience qu'il s'agit de provoquer.
L'ENS de Cachan apportera d'ailleurs sa contribution à une enquête dont la Mission du ministère a passé commande à l'Observatoire des sciences et des techniques. L'étude, conduite par Madame Laurence Esterle, permettra d'analyser le taux de participation des femmes dans les trois grands types d'instances scientifiques des institutions sous tutelle du ministère de la recherche : les instances dédiées à l'évaluation scientifique des projets ; les instances chargées de définir l'orientation stratégique des recherches ; les instances en charge de l'administration des institutions de recherche.
Madame Esterle vous présentera aujourd'hui les premiers résultats d'un échantillon de cette étude, réalisé sur le CNRS.
Une base de données sera constituée, et des indicateurs seront produits par institution de recherche, par types d'instance, par groupes de disciplines, par fonction.
Le rééquilibrage des sexes dans les instances délibératives ou consultatives reste en effet l'un des problèmes les plus urgents à régler. L'objectif de 40% fixé par Bruxelles est loin d'être atteint dans les conseils d'administration, conseils scientifiques, comités techniques paritaires, comités d'entreprise des établissements de recherche. La proportion des femmes y est encore, en moyenne, inférieure à 10 %.
Le droit français ne prend pas en compte les notions de quota ou de parité, et la loi récente sur la parité ne porte que sur la représentation politique. Doit-on parler alors de "discrimination positive" ? Au terme de la réflexion menée au sein du ministère, je ferai deux propositions.
En ce qui concerne les représentants élus, j'entends négocier une "charte de la mixité" avec les organisations syndicales du monde de la recherche, afin qu'elles s'engagent à présenter plus d'un tiers de candidates à toutes les élections de représentants du personnel au sein des différentes instances.
En ce qui concerne les personnalités qualifiées, une circulaire du ministre aux présidents et directeurs généraux des organismes fixera l'objectif d'un tiers de femmes désignées au terme du processus de décision, en demandant aux responsables de faire une liste de propositions comprenant au minimum un tiers de femmes. Cette procédure a été utilisée pour le renouvellement des membres du Conseil supérieur de la recherche et de la technologie. La non observance de ce ratio conduira au renvoi du dossier à l'établissement.
De manière générale, en ce qui concerne l'encadrement supérieur, le gouvernement a décidé que seront mises en uvre des chartes de "gestion du temps". En s'appuyant sur les négociations menées dans le cadre de l'aménagement et de la réduction du temps de travail, ces chartes comporteront des mesures de nature à favoriser la conciliation entre la vie professionnelle, la vie familiale et les temps sociaux.
Enfin - et je rejoins ici l'une de vos préoccupations d'aujourd'hui - il convient de suivre avec attention le parcours des femmes dans l'entreprise privée. Si nous progressons relativement vite dans l'analyse des données sur les femmes scientifiques dans les universités, les instituts de recherche et les académies des sciences, nous manquons encore d'informations sur les femmes dans l'industrie. Ou bien les données n'existent pas, ou bien elles ne sont pas disponibles.
J'ai donc décidé, en concertation avec la direction de la technologie, de lancer une enquête, afin de dresser un tableau des carrières féminines en entreprise, à partir de paramètres sexués comme l'évolution des effectifs féminins aux postes de responsabilité, mais aussi leur répartition par niveaux, structures, disciplines, postes rendements
Par ailleurs, j'ai également souhaité que soit favorisée la création d'entreprises technologiques innovantes par des femmes, notamment dans le cadre du concours lancé par le ministère : les lauréates de l'édition 2001 sont au nombre de 23. Leur proportion s'accroît, puisqu'elle passe à 10 %. Ce n'est certes pas encore assez, mais on peut considérer comme encourageant le fait que 19 % des projets retenus dans la catégorie "création-développement" émanent de femmes : celles-ci ont donc toutes les chances, à ce stade plus avancé que celui des "projets émergents", de mettre sur pied une entreprise à fort contenu technologique et à importante valeur ajoutée.
Je vais maintenant, avant que commencent vos travaux, procéder à la première remise du Prix qu'à ma demande, la mission pour la parité du ministère a créé, le Prix Irène Joliot-Curie.
Vous avez décrit tout à l'heure, Claudine Hermann, les origines de l'association "Femmes et sciences", et le cheminement qui a conduit à la rencontre d'aujourd'hui. Des historiennes, des femmes ingénieures, chercheuses, techniciennes, enseignantes, administratives, des femmes de France et d'Europe vont débattre entre elles et avec le public de la place des femmes dans les métiers scientifiques et techniques, de cette "ressource humaine féminine" qui constitue la moitié de notre excellence. Vous êtes encore, d'une certaine façon, des pionnières : il est regrettable qu'il en soit ainsi en 2001, mais on peut croire que les générations qui vous suivent n'auront plus, grâce à votre action, à lutter pour une égalité qui apparaîtra un jour comme une évidence.
C'est ce travail de formation et d'information - un travail culturel d'appropriation de la science par les jeunes filles, et de reconnaissance publique de leurs capacités - que le prix Irène Joliot-Curie se propose de récompenser.
Le nom d'Irène Joliot-Curie est donné à ce prix en hommage à une femme dont les travaux et la vie ont montré qu'il était possible d'être une grande scientifique tout en se mettant au service des autres. Physicienne française et Prix Nobel de chimie en 1935, elle n'hésita pas à promouvoir la science au niveau politique.
Elle fut en effet nommée sous-secrétaire d'Etat à la Recherche scientifique en 1936 dans le Gouvernement du Front Populaire, premier gouvernement à créer une structure ministérielle consacrée à la recherche.
Irène Joliot-Curie fut professeur à la faculté des sciences de Paris en 1937, puis directrice des sciences à l'Institut du radium en 1946. Elle participa à la construction de la première pile atomique française et au Commissariat à l'énergie atomique. Elle porta également un grand intérêt à la promotion de la femme en étant membre du comité national de l'Union des femmes françaises et du Conseil mondial de la Paix.
Un tel parcours, alliant l'excellence, la passion, la conviction et l'engagement constitue une référence pour encourager la promotion des femmes dans le milieu scientifique.
Pour sa première édition, et pour marquer l'événement, le Prix Irène Joliot-Curie ira à trois lauréats : ce sont trois associations créées et présidées par des femmes scientifiques, qui se consacrent à la diffusion de la culture scientifique et technique. Comme je l'ai dit tout à l'heure, le développement de la culture scientifique et technique, où les femmes doivent trouver toute leur place, ne peut que contribuer à transformer une image trop exclusivement masculine de la science.
Parmi ces associations, l'une est bien connue pour son travail en profondeur dans le champ des mathématiques. Les deux autres, plus récentes, se sont distinguées par leurs activités en direction des populations scolaires et lycéennes.
L'association "Femmes et mathématiques", née en 1987, est présidée par Madame Christine Charreton. Cette association a pour objectif d'agir pour la promotion des femmes dans le milieu scientifique et plus spécifiquement en mathématiques. Elle s'applique également à encourager la présence des filles dans les études mathématiques.
Depuis 1996, l'association organise annuellement un forum des jeunes mathématiciennes à l'IHP de Paris et en publie les actes dans la revue qu'elle édite Femmes math. Elle collecte des statistiques, les diffuse dans la communauté scientifique, constitue des fichiers ressources et réalise une liste bibliographique.
Elle a par ailleurs organisé des réunions de sensibilisation pour les étudiantes de premier et de second cycle dans les universités. Elle a publié un document destiné aux professeurs de mathématiques du secondaire et un numéro spécial de la revue : Filles et maths dans les classes littéraires.
Elle propose actuellement une exposition itinérante pour les lycéennes et lycéens afin d'encourager les filles à faire des études en mathématiques: "Femmes en maths. Pourquoi pas vous ?". Cette exposition a été présentée le 19 mai dernier. Une tournée et des débats sont prévus dans les rectorats, les lycées et diverses institutions, dans toute la France. La rencontre des 9 et 10 novembre dernier à Nantes avait pour thème la question des filles dans les classes préparatoires scientifiques et les écoles d'ingénieurs.
L'association "Permis de jouer", crée depuis 1993, a basé son activité de formation et de sensibilisation sur l'animation et sur les jeux de vulgarisation : parcours ludiques, création de jeux pédagogiques sur mesure ou génériques. Ses membres consacrent leurs efforts à des domaines dans lesquels des pédagogies et des méthodes non conventionnelles ( jeux, théâtre) peuvent aider à apprendre et sensibiliser des publics variés (entreprises, institutions, milieux scolaire et d'insertion, grand public). Cela va de l'illettrisme à la sensibilisation à des thèmes culturels et scientifiques.
Cette association, qui participe régulièrement à la Fête de la science, compte beaucoup de femmes scientifiques parmi ses membres : informaticiennes, mathématiciennes, ingénieures en génie mécanique, biologistes, spécialistes des jeux Par exemple, Mme Odile DUSSAUCY, ingénieure Supelec et informaticienne, crée en ce moment la première ludothèque de jeux scientifiques de France, Madame GRASSI, la présidente, mène des actions de formation à destination des femmes. Toutes travaillent à la création d'un jeu pour intéresser les filles aux matières scientifiques.
Ce prix va permettre de pousser plus loin le projet.
L'association "Graine de Chimiste", présidée par Madame Janine Thibault, qui a été créée en 1991 par des enseignants chercheurs et des étudiants scientifiques, consacre ses activités à faire découvrir la chimie par les enfant et les adolescents. Elle appuie sa démarche sur les travaux réalisés par le Groupe de recherche en didactique de chimie et élabore une méthodologie pour aborder les sciences expérimentales dès l'école primaire. Ses activités sont basées sur l'affectif, la mise en confiance et le jeu. Les ateliers Graine de chimiste s'adressent à un groupe de 5 à 8 participants, qu'ils motivent, sensibilisent, responsabilisent. Par des manipulations en rapport avec des thèmes de la vie courante, ils suscitent l'envie d'en connaître plus. Des exemples ancrés sur le quotidien, tel la fabrication d'un gel de douche ou d'une encre magique, intéressent tout particulièrement les filles.
L'association organise aussi des animations s'appuyant sur le jeu pour transmettre une information et initier à une démarche scientifique. Les participants sont amenés à réfléchir en groupe pour comprendre et trier des données, émettre des hypothèses, résoudre une énigme, préparer et mettre en place une expérience. L'objectif de cette démarche est une approche générale de la chimie et une initiation aux techniques de manipulation.
Graine de chimiste propose également une exposition interactive "l'eau de la planète à la maison".
Depuis sa création, on peut estimer que plus de 50 000 personnes ont manipulé et fait connaissance avec la chimie dans le cadre d'un atelier de l'association.
(source http://www.recherche.gouv.fr, le 2 janvier 2002)
La question de l'égalité des hommes et des femmes dans les études et les carrières scientifiques touche d'abord aux mentalités et aux comportements. Le rôle des associations, si elles sont bien implantées dans les milieux concernés, est donc le contrepoint indispensable aux actions menées par les pouvoirs publics : elles permettent de donner l'exemple, de faire état des expériences vécues en cours de carrière, de sensibiliser la communauté scientifique à la problématique, d'exercer une veille "sur le terrain".
C'est pourquoi j'ai décidé, en manière de reconnaissance et d'encouragement, d'attribuer sous forme de prix, que je remettrai tout à l'heure, quelques aides supplémentaires à des associations qui se sont montrées particulièrement actives pour la promotion des femmes dans le monde scientifique et technique.
La manifestation d'aujourd'hui s'inscrit dans une double série de réflexions.
Elle apporte d'abord une pierre supplémentaire à l'édifice que j'essaie de construire avec vous : celui d'un système de recherche équilibré, qui mette à profit toutes les compétences, et rende aux femmes scientifiques la place qui leur a longtemps été contestée. Après les rencontres organisées par le CNRS en février 2000 ( Les femmes dans la science : les femmes ont-elles la tête moins scientifique que les hommes ? ) et en septembre 2001 ( Femmes, hommes et sciences : agir pour l'égalité), après le colloque Genre et recherche de l'Union européenne des 8 et 9 novembre à Bruxelles, le sujet que vous allez traiter sous forme de tables rondes, Femmes dans les métiers scientifiques et techniques permettra de dresser un panorama des expériences professionnelles menées par les femmes dans les secteurs scientifiques public et privé.
Cette rencontre prend également place dans le déroulement des Assises de la culture scientifique et technique. J'ai souhaité, en effet, organiser une réflexion d'ensemble sur la médiation scientifique, dans laquelle interviendront tous les acteurs impliqués dans la production et dans la diffusion des connaissances. Ce sont en priorité les femmes scientifiques, dont l'image est encore trop peu répandue auprès du public, qui doivent apparaître avec visibilité dans les manifestations comme la Fête de la science, dans les émissions scientifiques ou dans les nombreuses opérations d'information menées auprès du public par les organismes de recherche, les universités et les associations.
Ces deux réflexions sont évidemment liées. Elles "travaillent" la question à la fois de l'intérieur (comment les femmes de science sont-elles traitées dans leur carrière et leurs métiers ?) et de l'extérieur (comment les femmes sont-elles reçues en tant que représentantes du savoir scientifique ?). L'avancée vers une égalité réelle des hommes et des femmes dans le domaine des sciences et des techniques dépendra du progrès accompli sur chacun de ces deux versants.
Dans ce combat, nous ne sommes pas isolés. Je rappellerai les mesures prises par le gouvernement français, et quelles actions le ministère de la recherche a engagées dans son propre secteur. Mais - une fois n'est pas coutume - nous avons la chance de voir l'Union européenne donner une impulsion dont chaque Etat membre pourra bénéficier.
Au moment de la construction de l'Espace européen de la recherche, l'approche commune européenne sur la question de la parité est une chance historique à saisir.
Le débat autour de la condition faite aux femmes dans le monde scientifique a fini par s'imposer dans les instances nationales et internationales. Là encore, il faut remercier les chercheuses et les associations qui, entretenant des liens et produisant des études, ont amené à une prise de conscience générale capable de peser sur la décision.
La Commission européenne a adopté une mesure importante : l'intégration de la dimension du genre comme facteur d'excellence.
Cette notion est issue, à l'origine, des travaux des féministes américaines, le mot "gender" couvrant une dimension à la fois biologique, grammaticale et sociale. Elle a été reprise au sein de l'Union européenne en 1998, lorsque la Commission a décidé de prendre en compte de façon effective l'égalité des chances, et de promouvoir la participation des femmes à l'effort de recherche en Europe. Le manque de femmes dans les domaines scientifiques était analysé, dès cette époque, comme une menace pour :
*l'équité (la discrimination fondée sur le sexe constituant une violation des droits de la personne l'excellence (la sous-représentation des femmes affaiblissant la qualité du système)
*l'efficacité (d'une part, il importe de puiser sans discrimination de sexe dans le vivier de jeunes scientifiques ; d'autre part, former des jeunes femmes scientifiques, dont on n'utilise pas ensuite les compétences, représente un véritable gaspillage).
Afin d'éviter cette déperdition de forces, il a été décidé que la promotion des femmes dans la recherche se fasse à plusieurs niveaux : par les femmes, pour les femmes et sur les femmes. La stratégie adoptée est celle du "mainstreaming", c'est à dire l'intégration de la dimension du genre au niveau des systèmes, des structures, des institutions, des programmes, des politiques et des pratiques. Un système de veille "Femmes et science" ("genderwatch") a été créé au sein de la Commission pour suivre et renforcer l'intégration de la dimension du genre dans le Vème programme cadre. Il a pour mission de recueillir et de publier des statistiques, de favoriser la présence de femmes dans les panels d'évaluation et dans les assemblées consultatives, de mener des études évaluant l'incidence du point de vue du genre sur les programmes de recherche et de fournir un point d'ancrage au sein de la Commission.
Depuis lors, ce point d'ancrage est devenu une véritable Unité à vocation transversale au sein de la direction " science et société " de la DG recherche.
Je remercie ici la cheffe de cette mission, Mme Nicole Dewandre, qui a su mener à bien une première série de travaux, dont les résultats ont été exposés la semaine dernière à Bruxelles lors de la conférence Genre et recherche.
Les premiers rapports présentés visent à évaluer l'incidence de la dimension du genre dans le Vème Programme-cadre.
On constate que, même lorsque les programmes de travail font pleinement référence à l'égalité des chances entre les femmes et les hommes, il se produit un phénomène "d'évaporation" lors de la mise en uvre.
La technologie et la science conservent une perception asexuée du monde. Cela est d'autant plus frappant dans les domaines de recherche où la dimension humaine est prédominante, comme dans la santé ou les disciplines socio-économiques. Les recherches en matière d'environnement, de durabilité et d'énergie n'intègrent pas non plus la dimension du genre.
Le langage crée des distorsions du point de vue du genre, ou conduit à ne pas tenir compte du genre (par exemple en utilisant des termes comme consommateurs, travailleurs, malades, personnes âgées, citoyens).
La différence hommes-femmes parmi les chercheurs n'est pas prise en compte dans les questions de mobilité - ce que le partage inégal des tâches et des responsabilités familiales devrait pourtant imposer
Les conclusions finales alimenteront le processus de conception et de mise en uvre du prochain Programme-cadre : renforcement du Forum politique, enrichissement du système de veille "Femmes et sciences", développement de recherches spécifiques dans les domaines suivants :
*production de statistiques et d'indicateurs
*analyse des mécanismes de ségrégation
*études de cas
*évaluation des actions et des méthodes de benchmarking
*recherches en histoire, en sociologie et en philosophie des sciences dans une perspective féministe.
La Commission européenne agit donc comme catalyseur en fournissant plate-forme et outils nécessaires à la progression vers l'égalité des sexes dans le monde scientifique.
Le cadre juridique européen est désormais posé. Cependant, un partenariat plus intense doit être établi entre la Commission et les Etats membres. La France, qui a beaucoup contribué au travail réalisé par l'unité "Femmes et sciences", continuera à peser, au plan national, sur le processus de réforme.
Il existe une véritable mobilisation des pouvoirs publics français pour promouvoir la place des femmes dans les sciences. J'encourage moi-même toutes les actions de sensibilisation à ce problème, d'une part en soutenant les associations qui s'attachent à renforcer cette place, d'autre part en faisant évoluer le cadre institutionnel.
La parité en "sciences et technologies", rattachée à la direction de la recherche et disposant d'un budget propre. Madame Cyrot-Lackmann en est la responsable. Au-delà de sa tâche de coordination des initiatives menées par les organismes sous tutelle, cette mission assure deux fonctions principales.
La première fonction consiste à entretenir une étroite coopération avec notre représentante pour le domaine "Femmes et sciences" auprès de la Direction Recherche de la Commission européenne. Il est en effet particulièrement important de suivre les avancées et les décisions prises par la Commission sur la mise en place de l'Espace européen de la recherche, et de les répercuter auprès de la communauté scientifique française, afin de parvenir le plus vite possible à l'instauration, comme le préconise Bruxelles, d'une représentation d'au moins 40 % de chaque sexe dans toutes les instances.
Madame Claudine Hermann, présidente de l'association "Femmes et sciences", assure la tâche de correspondante auprès de l'Unité à Bruxelles. Je profite de cette occasion pour la remercier vivement de l'activité qu'elle déploie, à côté de ses travaux de physicienne et de professeure à l'Ecole Polytechnique. Vous êtes, Madame Hermann, une véritable animatrice de ces réseaux de femmes qui considèrent que leur compétence scientifique doit bien sûr servir la science, mais aussi améliorer, par l'exemple et la solidarité, le dispositif de recherche lui-même.
La seconde fonction de la mission est de solliciter et de financer, pour partie, des études et des données statistiques par genre auprès de différents partenaires comme l'Insee ou, par exemple, l'Ecole normale supérieure de Cachan, qui dispose déjà d'outils d'évaluation statistiques donnant lieu à une réflexion sur les cursus masculin et féminin. Produire des données sexuées et les rendre publiques, les analyser et faire apparaître les causes d'inégalité sont en effet des conditions nécessaires à la prise de conscience qu'il s'agit de provoquer.
L'ENS de Cachan apportera d'ailleurs sa contribution à une enquête dont la Mission du ministère a passé commande à l'Observatoire des sciences et des techniques. L'étude, conduite par Madame Laurence Esterle, permettra d'analyser le taux de participation des femmes dans les trois grands types d'instances scientifiques des institutions sous tutelle du ministère de la recherche : les instances dédiées à l'évaluation scientifique des projets ; les instances chargées de définir l'orientation stratégique des recherches ; les instances en charge de l'administration des institutions de recherche.
Madame Esterle vous présentera aujourd'hui les premiers résultats d'un échantillon de cette étude, réalisé sur le CNRS.
Une base de données sera constituée, et des indicateurs seront produits par institution de recherche, par types d'instance, par groupes de disciplines, par fonction.
Le rééquilibrage des sexes dans les instances délibératives ou consultatives reste en effet l'un des problèmes les plus urgents à régler. L'objectif de 40% fixé par Bruxelles est loin d'être atteint dans les conseils d'administration, conseils scientifiques, comités techniques paritaires, comités d'entreprise des établissements de recherche. La proportion des femmes y est encore, en moyenne, inférieure à 10 %.
Le droit français ne prend pas en compte les notions de quota ou de parité, et la loi récente sur la parité ne porte que sur la représentation politique. Doit-on parler alors de "discrimination positive" ? Au terme de la réflexion menée au sein du ministère, je ferai deux propositions.
En ce qui concerne les représentants élus, j'entends négocier une "charte de la mixité" avec les organisations syndicales du monde de la recherche, afin qu'elles s'engagent à présenter plus d'un tiers de candidates à toutes les élections de représentants du personnel au sein des différentes instances.
En ce qui concerne les personnalités qualifiées, une circulaire du ministre aux présidents et directeurs généraux des organismes fixera l'objectif d'un tiers de femmes désignées au terme du processus de décision, en demandant aux responsables de faire une liste de propositions comprenant au minimum un tiers de femmes. Cette procédure a été utilisée pour le renouvellement des membres du Conseil supérieur de la recherche et de la technologie. La non observance de ce ratio conduira au renvoi du dossier à l'établissement.
De manière générale, en ce qui concerne l'encadrement supérieur, le gouvernement a décidé que seront mises en uvre des chartes de "gestion du temps". En s'appuyant sur les négociations menées dans le cadre de l'aménagement et de la réduction du temps de travail, ces chartes comporteront des mesures de nature à favoriser la conciliation entre la vie professionnelle, la vie familiale et les temps sociaux.
Enfin - et je rejoins ici l'une de vos préoccupations d'aujourd'hui - il convient de suivre avec attention le parcours des femmes dans l'entreprise privée. Si nous progressons relativement vite dans l'analyse des données sur les femmes scientifiques dans les universités, les instituts de recherche et les académies des sciences, nous manquons encore d'informations sur les femmes dans l'industrie. Ou bien les données n'existent pas, ou bien elles ne sont pas disponibles.
J'ai donc décidé, en concertation avec la direction de la technologie, de lancer une enquête, afin de dresser un tableau des carrières féminines en entreprise, à partir de paramètres sexués comme l'évolution des effectifs féminins aux postes de responsabilité, mais aussi leur répartition par niveaux, structures, disciplines, postes rendements
Par ailleurs, j'ai également souhaité que soit favorisée la création d'entreprises technologiques innovantes par des femmes, notamment dans le cadre du concours lancé par le ministère : les lauréates de l'édition 2001 sont au nombre de 23. Leur proportion s'accroît, puisqu'elle passe à 10 %. Ce n'est certes pas encore assez, mais on peut considérer comme encourageant le fait que 19 % des projets retenus dans la catégorie "création-développement" émanent de femmes : celles-ci ont donc toutes les chances, à ce stade plus avancé que celui des "projets émergents", de mettre sur pied une entreprise à fort contenu technologique et à importante valeur ajoutée.
Je vais maintenant, avant que commencent vos travaux, procéder à la première remise du Prix qu'à ma demande, la mission pour la parité du ministère a créé, le Prix Irène Joliot-Curie.
Vous avez décrit tout à l'heure, Claudine Hermann, les origines de l'association "Femmes et sciences", et le cheminement qui a conduit à la rencontre d'aujourd'hui. Des historiennes, des femmes ingénieures, chercheuses, techniciennes, enseignantes, administratives, des femmes de France et d'Europe vont débattre entre elles et avec le public de la place des femmes dans les métiers scientifiques et techniques, de cette "ressource humaine féminine" qui constitue la moitié de notre excellence. Vous êtes encore, d'une certaine façon, des pionnières : il est regrettable qu'il en soit ainsi en 2001, mais on peut croire que les générations qui vous suivent n'auront plus, grâce à votre action, à lutter pour une égalité qui apparaîtra un jour comme une évidence.
C'est ce travail de formation et d'information - un travail culturel d'appropriation de la science par les jeunes filles, et de reconnaissance publique de leurs capacités - que le prix Irène Joliot-Curie se propose de récompenser.
Le nom d'Irène Joliot-Curie est donné à ce prix en hommage à une femme dont les travaux et la vie ont montré qu'il était possible d'être une grande scientifique tout en se mettant au service des autres. Physicienne française et Prix Nobel de chimie en 1935, elle n'hésita pas à promouvoir la science au niveau politique.
Elle fut en effet nommée sous-secrétaire d'Etat à la Recherche scientifique en 1936 dans le Gouvernement du Front Populaire, premier gouvernement à créer une structure ministérielle consacrée à la recherche.
Irène Joliot-Curie fut professeur à la faculté des sciences de Paris en 1937, puis directrice des sciences à l'Institut du radium en 1946. Elle participa à la construction de la première pile atomique française et au Commissariat à l'énergie atomique. Elle porta également un grand intérêt à la promotion de la femme en étant membre du comité national de l'Union des femmes françaises et du Conseil mondial de la Paix.
Un tel parcours, alliant l'excellence, la passion, la conviction et l'engagement constitue une référence pour encourager la promotion des femmes dans le milieu scientifique.
Pour sa première édition, et pour marquer l'événement, le Prix Irène Joliot-Curie ira à trois lauréats : ce sont trois associations créées et présidées par des femmes scientifiques, qui se consacrent à la diffusion de la culture scientifique et technique. Comme je l'ai dit tout à l'heure, le développement de la culture scientifique et technique, où les femmes doivent trouver toute leur place, ne peut que contribuer à transformer une image trop exclusivement masculine de la science.
Parmi ces associations, l'une est bien connue pour son travail en profondeur dans le champ des mathématiques. Les deux autres, plus récentes, se sont distinguées par leurs activités en direction des populations scolaires et lycéennes.
L'association "Femmes et mathématiques", née en 1987, est présidée par Madame Christine Charreton. Cette association a pour objectif d'agir pour la promotion des femmes dans le milieu scientifique et plus spécifiquement en mathématiques. Elle s'applique également à encourager la présence des filles dans les études mathématiques.
Depuis 1996, l'association organise annuellement un forum des jeunes mathématiciennes à l'IHP de Paris et en publie les actes dans la revue qu'elle édite Femmes math. Elle collecte des statistiques, les diffuse dans la communauté scientifique, constitue des fichiers ressources et réalise une liste bibliographique.
Elle a par ailleurs organisé des réunions de sensibilisation pour les étudiantes de premier et de second cycle dans les universités. Elle a publié un document destiné aux professeurs de mathématiques du secondaire et un numéro spécial de la revue : Filles et maths dans les classes littéraires.
Elle propose actuellement une exposition itinérante pour les lycéennes et lycéens afin d'encourager les filles à faire des études en mathématiques: "Femmes en maths. Pourquoi pas vous ?". Cette exposition a été présentée le 19 mai dernier. Une tournée et des débats sont prévus dans les rectorats, les lycées et diverses institutions, dans toute la France. La rencontre des 9 et 10 novembre dernier à Nantes avait pour thème la question des filles dans les classes préparatoires scientifiques et les écoles d'ingénieurs.
L'association "Permis de jouer", crée depuis 1993, a basé son activité de formation et de sensibilisation sur l'animation et sur les jeux de vulgarisation : parcours ludiques, création de jeux pédagogiques sur mesure ou génériques. Ses membres consacrent leurs efforts à des domaines dans lesquels des pédagogies et des méthodes non conventionnelles ( jeux, théâtre) peuvent aider à apprendre et sensibiliser des publics variés (entreprises, institutions, milieux scolaire et d'insertion, grand public). Cela va de l'illettrisme à la sensibilisation à des thèmes culturels et scientifiques.
Cette association, qui participe régulièrement à la Fête de la science, compte beaucoup de femmes scientifiques parmi ses membres : informaticiennes, mathématiciennes, ingénieures en génie mécanique, biologistes, spécialistes des jeux Par exemple, Mme Odile DUSSAUCY, ingénieure Supelec et informaticienne, crée en ce moment la première ludothèque de jeux scientifiques de France, Madame GRASSI, la présidente, mène des actions de formation à destination des femmes. Toutes travaillent à la création d'un jeu pour intéresser les filles aux matières scientifiques.
Ce prix va permettre de pousser plus loin le projet.
L'association "Graine de Chimiste", présidée par Madame Janine Thibault, qui a été créée en 1991 par des enseignants chercheurs et des étudiants scientifiques, consacre ses activités à faire découvrir la chimie par les enfant et les adolescents. Elle appuie sa démarche sur les travaux réalisés par le Groupe de recherche en didactique de chimie et élabore une méthodologie pour aborder les sciences expérimentales dès l'école primaire. Ses activités sont basées sur l'affectif, la mise en confiance et le jeu. Les ateliers Graine de chimiste s'adressent à un groupe de 5 à 8 participants, qu'ils motivent, sensibilisent, responsabilisent. Par des manipulations en rapport avec des thèmes de la vie courante, ils suscitent l'envie d'en connaître plus. Des exemples ancrés sur le quotidien, tel la fabrication d'un gel de douche ou d'une encre magique, intéressent tout particulièrement les filles.
L'association organise aussi des animations s'appuyant sur le jeu pour transmettre une information et initier à une démarche scientifique. Les participants sont amenés à réfléchir en groupe pour comprendre et trier des données, émettre des hypothèses, résoudre une énigme, préparer et mettre en place une expérience. L'objectif de cette démarche est une approche générale de la chimie et une initiation aux techniques de manipulation.
Graine de chimiste propose également une exposition interactive "l'eau de la planète à la maison".
Depuis sa création, on peut estimer que plus de 50 000 personnes ont manipulé et fait connaissance avec la chimie dans le cadre d'un atelier de l'association.
(source http://www.recherche.gouv.fr, le 2 janvier 2002)