Déclaration de M. Georges Sarre, président du Mouvement des citoyens, sur la proposition de loi du parti communiste français tendant à octroyer une pension à taux plein aux salariés ayant cotisé 40 annuités avant d'avoir 60 ans, à l'Assemblée nationale, le 27 novembre 2001.

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Circonstance : Discussion de la proposition de loi, présentée par Alain Bocquet du PCF, sur les retraites à l'Assemblée nationale le 27 novembre 2001

Texte intégral

Monsieur le Ministre,
Mes Chers Collègues,

Cette matinée est consacrée - à ma relative surprise, vu l'issue quasi certaine de nos débats - à l'examen de la proposition de loi de nos collègues communistes tendant à octroyer une pension à taux plein aux salariés ayant cotisé 40 annuités avant d'atteindre l'âge de la retraite.

Cette retraite " anticipée " est une mesure de bon sens autant qu'une mesure de justice sociale. Elle concerne des salariés qui ont commencé à travailler très jeunes, et ont, à ce titre amplement participé au développement de la Nation. Généralement usés par des travaux physiquement astreignants, certains se trouvent dans des situations difficiles, malades, chômeurs ou tout simplement épuisé par le labeur. Il serait juste qu'ils puissent, sur demande, bénéficier de leur retraite avant l'âge légal.

De l'ACA à l'ARPE en passant par l'ASFNE, depuis plusieurs années, de multiples mesures ont concouru peu ou proue à faciliter les départs à la retraite de ces travailleurs en créant des systèmes de préretraites et des allocations, en abaissant de fait l'âge légal de la cessation d'activité.

Puisque le projet existe et puisque tout le monde semble être d'accord, pourquoi attendre pour le concrétiser !! L'idée aujourd'hui est tout simplement de systématiser cette tendance. Cette proposition n'est pas nouvelle. Nous sommes nombreux dans cet hémicycle à avoir demander une telle réforme. J'avais déposé, avec l'ensemble de mes collègues du Mouvement Des Citoyens, une proposition de loi allant en ce sens en février 1998. Relevons surtout - cela ne manque pas de piquant - que la retraite à taux plein avant 60 ans devrait être reprise au titre des propositions du parti socialiste en perspective des élections.

Il est savoureux, en effet, de constater que ceux là même qui ont refusé cette réforme il y a quelques jours, " battront " demain " la campagne " en la promettant aux Français. Lors de la discussion en première lecture du PLFSS, le gouvernement a opposé une fin de non recevoir à cette mesure. A peine a-t-il consenti un " dispositif d'équivalent retraite " limitée aux bas revenus et aux chômeurs en fin de droits.

Il y a un mois, " sauter le pas " et accepter la liquidation pure et simple de la pension coûtait trop cher ! On sait pourtant que la dépense occasionnée serait sérieusement amoindrie par la suppression mécanique de toutes les mesures dont bénéficient les personnes concernées aujourd'hui, sans compter toutes les économies faites grâce aux embauches induites pour la Sécurité sociale, l'UNEDIC, l'Etat.

Aujourd'hui, la parade la gouvernementale semble avoir quelque peu changée. Rien n'est possible, toute mesure est exclue au motif qu'elle ne peut être séparée d'une réforme d'ensemble. Je commenterais simplement en disant que, dans cette histoire, le rapport du conseil d'orientation des retraites attendu pour le début du mois prochain " aura eu bon dos ".

Puisque le projet existe et puisque tout le monde semble être d'accord, pourquoi attendre pour le concrétiser !!
Aujourd'hui hélas, ce texte a peu de chance d'être adopté. Je le déplore. J'aimerais rappeler simplement que beaucoup de Français n'aiment ni les faux-fuyants, ni les faux-semblants.

(Source http://www.mdc-France.org, le 11 décembre 2001)