Point de presse conjoint de MM. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, et Wlodzimierz Cimoszewics, ministre polonais des affaires étrangères, sur l'adhésion de la Pologne à l'Union européenne et les propositions polonaises pour l'avenir de l'Europe, Paris le 26 février 2002.

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Circonstance : Visite en France de M. Wlodzimierz Cimoszewics, ministre polonais des affaires étrangères, à Paris le 26 février 2002

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,

Je viens de recevoir pour un long entretien mon homologue polonais, M. Cimoszewics, que j'avais déjà rencontré, mais nous n'avions pu avoir un entretien aussi approfondi. Notre entretien portait essentiellement sur la négociation de l'adhésion de la Pologne à l'Union européenne. J'ai fait part de mon souhait que tous les problèmes qui sont encore à résoudre soient surmontés du mieux possible, le plus vite possible. Dans la phase cruciale de cette négociation, il n'y a pas de problèmes particuliers entre la France et la Pologne.
Nous avons abordé plusieurs autres sujets : la Convention sur l'avenir de l'Europe, la question de l'OTAN, les rapports Europe/Etats-Unis, la lutte contre le terrorisme, la question du Proche-Orient. Nous avons pu vérifier que nous étions très favorables à la poursuite du Triangle de Weimar. Comme c'est également la position de Joschka Fischer, nous allons nous retrouver rapidement dans ce cadre tous les trois.

J'ajoute que dans nos relations avec la Pologne, nous gérons à la fois la situation actuelle - la France est un Etat membre et la Pologne est un Etat candidat - et nous gérons pour le mieux cette phase de négociation. Mais nous sommes également déjà dans l'avenir, un avenir proche où la France et la Pologne seront deux Etats membres de l'Union élargie. C'est dans cet esprit que nous avons déjà des échanges sur tous les autres sujets.

Q - Monsieur le Ministre, est-ce que vous ne vous inquiétiez pas du retard pris par les Polonais dans les négociations. En avez-vous entendu parlé ? La presse polonaise en parle.
R - C'est une négociation compliquée. On demande aux Etats candidats des réformes considérables en très peu de temps. Il est donc de leur intérêt d'avoir de bons réformateurs et de bons négociateurs. Mais l'issue ne fait aucun doute. Selon les chapitres et selon les moments, c'est plus ou moins facile, plus ou moins rapide. Mais à toutes les interrogations, il n'y a qu'une seule réponse : il faut, par la négociation, trouver les bonnes solutions ; nous allons les trouver.

Q - Monsieur le Ministre, si les pays candidats à l'Union européenne ne s'appliquent pas les mêmes conditions que les pays qui en sont déjà membres, ne peut-on craindre d'avoir une catégorie de pays de seconde zone qui ne soient pas membres de l'Union européenne à part entière ?
R - Non. Je pense que la négociation a pour objet, au bout du compte, de faire entrer des membres à part entière. Il n'est pas question de créer plusieurs catégories de membres. Mais pour régler les problèmes qui sont objectivement compliqués, on peut avoir affaire à des mécanismes de transition. Nous l'avons fait à chaque élargissement précédent pour gérer la transition et non pour créer des statuts différents.

Q - Concernant l'élargissement, vous avez dit que l'issue des négociations pour la Pologne ne fait aucun doute. En disant cela, ne craignez-vous pas que cela n'encourage pas les Polonais à faire les efforts nécessaires pour conclure ces négociations sur les chapitres les plus délicats ? Et est-ce que la Pologne a présenté ses idées pour la Convention sur l'avenir de l'Europe ?
R - Sur le premier point, quand je dis qu'il n'y a aucun doute, c'est qu'effectivement personne ne doute de l'entrée de la Pologne dans l'Union européenne. C'est clair. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de problèmes à résoudre par des négociations. Et nos amis polonais savent bien qu'ils doivent résoudre ces problèmes, sinon ils ne déploieraient pas une telle énergie, que je salue d'ailleurs, pour faire les réformes nécessaires. Je crois qu'il n'y a aucune ambiguïté là-dessus.

D'autre part, mon homologue m'a remis trois discours, fort intéressants, de lui-même, du président et du Premier ministre, sur les idées polonaises pour l'avenir de l'Europe. Je les connais déjà un peu. Je suis sûr que la Pologne va faire entendre sa voix dans la Convention qui commence dans les prochains jours.

Les contributions des uns et des autres se multiplient, en plus des discours importants qui avaient déjà été faits depuis un an ou deux. C'est une très bonne chose. Maintenant, la Convention va commencer à se mettre à l'écoute de tous ceux qui ont des idées ou des propositions à faire.

(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 février 2002)