Déclaration de M. Bruno Mégret, président du Mouvement national républicain et candidat à l'élection présidentielle 2002, sur les aspirations identitaires du MNR et sur les grandes questions de son programme électoral, notamment l'Islam, l'immigration, l'insécurité, la souveraineté nationale, l'Europe, Paris, le 27 janvier 2002.

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Circonstance : Conseil national du MNJ à Paris, le 27 janvier 2002

Texte intégral

Chers amis, chers camarades du MNJ,
Nous venons d'entrer dans le XXIème siècle et, soyons-en bien conscients, c'est en même temps dans une nouvelle ère de l'histoire du monde que nous pénétrons. L'époque qui s'ouvre ne sera plus, c'est clair, celle de la société ramollie et assoupie que nous avons connue dans la seconde moitié du XXème siècle.
Certains croyaient que l'histoire allait disparaître. Elle revient en force avec sa dimension tragique, avec ses menaces, mais aussi avec la liberté qu'elle donne aux hommes de subir leur sort ou de forcer leur destin.
C'est clair, les mois qui viennent de s'écouler nous ont donné trois signes puissants qui résonnent comme un coup de gong.
Le 11 septembre, les monstrueux attentats islamistes qui ont frappé New York et Washington ont révélé de façon spectaculaire et tragique la réalité de la menace islamique et du choc des civilisations. Une menace islamique qui prend une dimension internationale tout le long d'une ligne de fracture qui du Sing Jiang à l'Europe en passant par Timor, les Philippines, le Cachemire, la Tchétchénie, le Proche-Orient, la Bosnie, le Kosovo et la Macédoine met au prise le monde islamique à une autre civilisation.
Mais surtout pour ce qui nous concerne, une ligne de fracture qui passe en pointillé sur notre sol et sur le sol européen. Puisque par la faute, la terrible faute, de la classe politique, l'immigration massive qu'elle a laissé venir sur notre territoire crée désormais un antagonisme majeur entre les valeurs, les normes et les lois du monde arabo-musulman et celles de notre civilisation européenne de tradition chrétienne.
Dès lors une grande menace pèse sur notre avenir, sur celui de notre peuple et de notre monde. Car un islamisme militant et guerrier est bien installé chez nous, telle une cinquième colonne, et n'a qu'un but : faire de la France et de l'Europe une terre d'islam.
D'ailleurs les actions délinquantes des jeunes immigrés des cités qui font la guerre à tout ce qui incarne une autorité - police, pompier, agent de l'EDF - sont bien des actions de voyous mais s'apparentent aussi à des actions de conquête d'un territoire. Car il s'agit bien d'empêcher les représentants de l'Etat français de pénétrer dans ces zones et ce n'est pas un hasard si on les appelle des zones de non-droit. Ce sont des zones où l'on s'efforce d'y interdire l'exercice de la souveraineté nationale. Alors c'est vrai, il ne s'agit pour l'instant que de pâté de maisons, que de groupes d'immeubles, mais le nombre de ces cités a été multiplié par neuf en cinq ans !
Autre signe que les Français ont d'ailleurs bien reçu comme un signal d'alarme : le match de football soi-disant amical entre la France et l'Algérie. Ce soir là, dans les tribunes du stade de France, près de 40 000 immigrés soi-disant intégrés ce sont trouvés dans la situation d'avoir à choisir entre la France et l'Algérie. On a vu le résultat, ils ont choisi l'Algérie. Pire ils ont choisi l'Algérie contre la France n'hésitant pas à insulter nos joueurs, à canarder la tribune officielle, et à siffler la Marseillaise, le tout devant un premier ministre qui n'a pas réagi, et qui a quitté le stade silencieux et la tête basse.
Ce soir là, chacun a pu comprendre que l'intégration ne marchait pas, que ces soi-disant nouveaux français n'avaient de français que leurs papiers, et qu'en des circonstances plus graves ils étaient prêts à prendre parti contre la France. Chacun a pu comprendre que l'immigration est une menace, et que les politiciens au pouvoir depuis des années ont joué les apprentis sorciers.
Et troisième signe, plus diffus, plus permanent, mais non moins réel : l'explosion de la violence, de la délinquance et de la criminalité. Plus 8 % en 2001 selon les chiffres officiels. Alors que chacun sait que ces chiffres sont sans doute sous-évalués dans un rapport de 1 à 5. Mais ce qui frappe c'est surtout la généralisation de la violence sur tout le territoire, la sauvagerie des voyous et leur origine largement immigrée puisque dans les prisons, 60 % des détenus sont étrangers ou d'origine étrangère.
Et la violence prend, par son intensité, la dimension d'une guerre civile larvée. Incendies de voitures généralisés, jusque dans les petites villes de province comme le Puy-en-Velay. Attentats gratuits par pure haine des Français et de leurs traditions comme à Barr en Alsace où une explosion dans la salle des fêtes du village pendant le réveillon de la Saint-Sylvestre a fait des dizaines de blessés dont plusieurs très graves.
Et que dire de l'assassinat, après viol et torture, d'une vieille femme de 91 ans à Avignon. Un crime odieux perpétré par deux immigrés dont l'aîné, un certain Djamel, avait déjà été interpellé pour cambriolage le 31 décembre. Bien que déjà multirécidiviste il avait été relâché. Le 7 janvier, il tue Madame Frequet à Avignon dans des conditions atroces. Sept jours plus tard, il est à nouveau arrêté pour vol de scooter avec violence et à nouveau relâché. Avant d'être finalement arrêté pour meurtre.
Aussi cette cavale sanglante prouve non seulement bien sûr le laxisme scandaleux du pouvoir socialiste et de sa justice, mais elle montre aussi combien ces jeunes immigrés, sans foi ni lois, se considèrent maintenant chez nous sur une terre de razzia, où l'on peut tuer, voler, violer, piller en toute impunité. Comme sur la terre d'une nation ennemie que l'on veut soumettre selon les règles les plus barbares.
Ces signes tragiques nous montrent clairement que les temps qui viennent seront sans doute plus durs que ceux qui précèdent. L'avenir s'obscurcit de menaces qui nous renvoient à ce que nos ancêtres ont pu connaître. On ne pourra plus parler seulement de taux de croissance, d'allocations, de niveau de vie et de droits de l'homme. On ne parlera plus autant de consommation, de durée du travail et de lutte contre les exclusions. Il sera plutôt question de force vitale, de choix de civilisation, d'antagonisme identitaire, de territoires à contrôler, à défendre ou à reconquérir. On se préoccupera plutôt de protection, de sécurité, de valeurs et d'enracinement.
Faut-il s'en inquiéter et se désespérer ? Oui il faut s'en inquiéter, mais je le dis non il ne faut pas s'en lamenter. Il faut regarder la réalité en face avec lucidité et courage. Car rien n'est joué, rien n'est perdu, il n'est pas trop tard, tout demeure possible. Et cette période plus dure qui s'annonce peut être aussi l'occasion d'une renaissance de notre nation, d'un réveil de notre peuple, d'un grand renouveau de notre civilisation.
L'Europe s'est laissée assoupir par le bien être, elle s'est laissée gagner par la torpeur d'un matérialisme douillet. Mais les épreuves qui s'annoncent peuvent être l'occasion pour les Français comme pour les autres peuples européens de se ressaisir, de se redresser et de renouer avec les qualités éminentes qui sont intrinsèquement les nôtres et qui nous ont permis de créer la magnifique civilisation qui est la nôtre.
Le retour de l'histoire, le retour du tragique peut être aussi le retour des peuples européens. Cela peut être l'occasion pour notre peuple de sortir de son engourdissement, de sa léthargie intellectuelle et morale, et de retrouver les vertus viriles et combattantes qui lui manquent actuellement, de retrouver la fierté et l'assurance qui lui font défaut aujourd'hui.
Au plan politique, la période qui s'ouvre va ainsi sonner le glas des personnages sans idéal, sans volonté et sans force. Progressivement, elle va s'éteindre cette race de politiciens technocrates, coupée du peuple, toujours portée à se compromettre, à céder et à se résigner. Ces gouvernants sans colonne vertébrale, sans fierté ni honneur, qui se servent et ne servent à rien, qui se préoccupent de leur carrière mais jamais de leur peuple. Ces politiciens qui pensent tous pareils, qui parlent tous de la même façon, qui sont tous fondus au même moule, dociles pantins du politiquement correct, fidèles hauts parleurs de la pensée unique.
Et il va venir le temps des chefs, des combattants, des hommes d'Etat. De ceux qui savent affronter les épreuves, qui ont la force de prendre à bras le corps les défis de l'histoire. De ceux qui savent mobiliser un peuple, exprimer sa volonté, galvaniser son énergie.
Le retour de l'histoire, c'est aussi le retour des hommes politiques courageux, désintéressés, prêts au sacrifice. Le retour de ceux qui dans la gloire du grand soleil mais aussi dans les épreuves de l'obscurité acceptent d'avancer, sans dévier de leur chemin, avec obstination et persévérance, sans fléchir, sans douter, sans renoncer.
Et bien, chers amis, malgré nos faiblesses et nos imperfections, sachez-le, au MNR nous sommes de cette trempe-là. Nous sommes en avance sur le temps présent, nous sommes de plain-pied dans le siècle qui s'ouvre, en harmonie avec les exigences des années difficiles qui s'annoncent. Nous sommes donc l'avenir de notre peuple quand ceux de la classe politicienne, de Hue à Le Pen, incarnent clairement le passé.
Nous avons une ardeur, un espoir, une fierté, une volonté, un combat.
Et nous sommes l'avant garde de notre peuple. Nous sommes la preuve vivante de sa vitalité, de sa force sous-jacente. Nous sommes le signe que notre nation n'a pas dit son dernier mot et ne s'est pas résignée.
Notre responsabilité est donc immense. Car notre mission a une portée historique.
Et croyez-moi, notre force est bien supérieure à ce que nous imaginons. Car si notre nombre et nos moyens sont aujourd'hui bien limités, nous sommes en réalité forts de tout ce qui nous entoure et de tout ce qui survient. Songez donc, nous sommes entourés par des Français innombrables qui pensent comme nous, qui partagent nos constats, nos indignations, nos colères, nos aspirations et nos espoirs. Et ils sont des millions et des millions que nous n'avons pas à convertir : ils sont avec nous, même si aujourd'hui encore ils ne le savent pas eux-mêmes.
Songez donc, nous sommes forts de tout ce qui survient, forts des événements tragiques qui accablent notre pays et notre civilisation, car soyez-en bien conscients, moi j'en suis sûr, la France va se sauver, mais elle va se sauver au bord du précipice.
Et puis nous sommes forts des faiblesses de nos adversaires, forts de leur lâcheté, de leurs contradictions, de leurs abandons, forts de leur décrépitude.
Et enfin, chers amis, nous sommes forts de ce que nous avons déjà accompli. Car nous sommes de ceux qui ont eu le courage de dire non un certain 5 décembre 1998. Non au déclin de notre courant politique, non à l'impasse, non à la fin.
Et nous avons entrepris le renouveau de la droite nationale, un renouveau qui nous rend fort, fort de formidables possibilités de rassemblement, qui nous rend potentiellement capable de renverser nos adversaires.
Songez-y, chers amis, chers camarades du MNR. Tout se met en place pour un grand renouveau national : les problèmes s'aggravent, les Français se réveillent, les politiciens se discréditent, la droite nationale se rénove. Pendant qu'en Europe nos idées arrivent au pouvoir comme en Italie, en Autriche ou au Danemark.
C'est pourquoi tout est possible pour un grand basculement, et plus tôt qu'on ne l'imagine.
Voilà pourquoi nous devons nous engager sans réserve, car le succès est en vue. Il est possible. Il est possible, sauf dans une hypothèse. Il n'y a qu'un obstacle qui pourrait à coup sûr nous faire chuter. Et comme toujours dans les grandes entreprises humaines, cet obstacle n'est pas à l'extérieur de nous, il est en nous ! Il est en nous, car la seule chose qui pourrait nous arrêter c'est si nous nous laissions gagner par le découragement, si nous nous laissions envahir par le doute, si nous nous laissions gagner par la lassitude. Alors là oui, ce serait terrible, car il en serait fini de notre combat et de nos espoirs, et c'est pourquoi d'ailleurs nos adversaires font tout pour tenter de nous faire lâcher prise. Sondages minoratifs, occultation médiatique, campagne de déstabilisation, asphyxie financière,... Mais rien n'y a fait, nous sommes restés sourds et indifférents à tout cela, et nous avons tenu comme nous tiendrons encore.
Notre combat est difficile, démesuré, mais j'ai confiance et les élections qui viennent vont être j'en suis sûr une étape décisive qui va enraciner définitivement notre mouvement et achever la période de maturation et de transition. Avec ces élections présidentielle et législatives vient le moment où nous allons prendre notre essor et rassembler au plus large.
Je vous demande donc de vous engager sans réserve dans cette grande bataille.
Car dans ce combat qui est le nôtre, en cette période critique de l'histoire de notre pays, j'ai besoin de vous. J'ai besoin de la jeunesse de notre peuple.
Et c'est elle que vous incarnez ici au sein du MNR.
Vous l'avez compris, le retour de l'histoire et les menaces qui s'accumulent nous placent en première ligne, mais vous placent, vous les jeunes, plus encore que vos aînés aux avant-postes de notre combat.
Car la période qui s'ouvre est celle où les qualités propres à la jeunesse sont nécessaires, plus que jamais nécessaires. La vitalité, la force, l'enthousiasme, le sens de la communauté, le goût du dévouement, le besoin d'idéal. Tout cela vous le portez en vous, au fond de vous, et nous en avons besoin. Le MNR et la France en ont besoin.
Alors n'hésitez pas, libérez ces forces et cet élan, et surtout appelez vos camarades à vous imiter, à retrouver ces vertus pures et grandes qui, de tout temps, ont été celles de la jeunesse ici chez nous en terre d'Europe.
Et c'est pourquoi je ne vous promets rien. Nous ne sommes pas au PS ou au RPR. Je ne vous parlerai donc pas comme ces partis d'un contrat d'autonomie avec suivi personnalisé et allocations modulables. Je vous parlerai de ce que la France attend de vous et de ce que j'attends que vous fassiez pour votre peuple et pour le MNR.
Car les jeunes ne doivent pas être considérés comme des préretraités, des futurs assistés, des nouveaux consommateurs ou des futurs allocataires. Mais comme les forces vives, régénératrices et dynamisantes de notre peuple et ici chez nous de notre mouvement.
Je compte donc sur vous pour être parmi nous au sein du MNR ces ferments de dynamisme, ces combattants de première ligne, ces troupes d'élite qui entraînent, qui stimulent, qui montrent l'exemple.
Faites-le pendant ces quelques mois de la campagne qui s'ouvre, faites-le au quotidien par les actions d'éclat comme par celles plus humbles, mais plus méritantes, qui donnent toute leur ampleur à notre combat : le collage, le tractage, le porte-à-porte, les marchés, les caravanes. Faites-le car toutes ces actions, si modestes soient-elles, sont transcendées par le but qu'elles servent. Faites-le, et faites-le faire car ce sont ces actions qui donneront leur sens à votre engagement, ce sont elles qui nous donneront la victoire. Ce sont elles qui font notre honneur et notre grandeur.
Chers amis, chers camarades du MNJ, la France vous attend, je compte sur vous.
(source http://www.m-n-r.com, le 4 février 2002)