Déclaration de M. Bruno Mégret, président du Mouvement national républicain et candidat à l'élection présidentielle 2002, sur la stratégie politique du MNR pour l'élection présidentielle 2002, notamment en matière d'identité nationale, d'insécurité, de politique gouvernementale, économique et sociale, Paris, le 14 janvier 2002.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Voeux de Bruno Megret à Paris, le 14 janvier 2002

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
Si l'on considère que le 21è siècle sera le siècle du choc des civilisations et qu'il a commencé le 11 septembre dernier, nous voici donc au tout début de ce siècle, au tout début d'une ère nouvelle.
Et dans cette nouvelle configuration politique et géopolitique, le mouvement que je préside est sans doute le mieux préparé. Car nous sommes en prise, de plein pied, avec les nouveaux enjeux des années qui viennent. Nous avons plus que d'autres pris la mesure des menaces qui s'annoncent, comme nous sommes mieux armés que la plupart pour y apporter des réponses. Contrairement à d'autres, nous sommes tournés avec lucidité et détermination vers l'avenir.
Pour ma part, je n'ai pas la nostalgie de la quatrième ou de la troisième république, je ne suis pas un contemporain de Brejnev ou de Marchais. Et j'inscris clairement mon action dans la perspective du siècle qui s'ouvre. Mais pour affronter ces années de périls et d'incertitudes, il est indispensable que notre peuple et notre nation n'abandonnent pas leurs repères et leurs valeurs et puissent aborder le 21è siècle en restant enraciné dans ce qui a fait leur grandeur.
Et c'est pour cela que j'ai choisi le Louvre pour cette cérémonie de voeux.
Le Louvre qui est comme la National Gallery, le Prado ou les Offices, un de ces lieux privilégiés où sont réunis les plus belles oeuvres, les plus grandes oeuvres de la culture européenne et qui à ce titre s'affirme comme l'un des symboles les plus forts de la beauté et de la grandeur de notre civilisation. Et je place donc ma campagne sous le signe de tous ces chefs d'oeuvre qui expriment la richesse de l'héritage dont nous sommes les légataires et que nous avons le devoir de préserver et d'enrichir.
Mais le Louvre c'est aussi le symbole de l'Etat national qui a donné sa colonne vertébrale à la France et qui a constitué au fil des siècles, sous la monarchie comme sous la république, l'expression politique du peuple français.
Or aujourd'hui, l'Etat est démantelé, affaibli, dépossédé, obèse, impuissant, décrié et étouffant. Aussi, je veux lui rendre sa dignité, sa puissance et son autorité. Car il faut de nouveau à notre nation et à notre peuple un Etat fort.
C'est pourquoi les voeux que je formule vont d'abord à tous ceux qui incarnent la puissance publique et qui sont aujourd'hui oubliés, humiliés et bafoués par le pouvoir politique. Mes voeux vont aux forces de police et de gendarmerie qui subissent de plein fouet la montée de la violence. Qu'ils reçoivent enfin les moyens matériels, humains, légaux et psychologiques d'accomplir leur mission.
Mes voeux vont également aux forces armées réduites à la portion congrue et placées par le gouvernement dans des situations indignes. Qu'elles retrouvent les moyens nécessaires pour devenir de nouveau opérationnelles au service de notre nation.
Je formule le voeu que l'Etat cesse d'être bureaucratique, tentaculaire, tatillon et spoliateur, qu'il rompe avec l'esprit socialiste qui le gangrène et qu'il cesse d'être le jouet des lobbies. Je souhaite qu'il retrouve son autorité bienveillante, que l'Etat soit le garant intangible de l'intérêt général qui doit prévaloir sur les intérêts particuliers et qu'il assure la protection de tous et surtout des plus faibles.
Je souhaite que l'Etat exprime à nouveau clairement la volonté du peuple et que la république dont il est l'instrument soit de nouveau le garant de notre indépendance et de notre souveraineté.
Mais au-delà, je voudrais formuler mes meilleurs voeux pour les Français et tout d'abord pour ceux qui sont les premières victimes du profond désordre que connaît notre pays.
Mes voeux vont tout particulièrement aux Français qui souffrent de l'insécurité, de la délinquance et de la criminalité et surtout à ceux qui sont en première ligne face à ce fléau dans les cités exposées aux violences des voyous trop souvent immigrés, dont beaucoup sont devenus de véritables talibanlieusards. Mes voeux vont ainsi aux skieurs de la Fou d'Allos, aux habitants de Barr, de Créteil ou de Vitry. Qu'ils retrouvent la paix et la sécurité.
Mes voeux vont aussi aux familles, aux pères et aux mères de famille aujourd'hui complètement ignorés par un gouvernement qui, après avoir rogné les allocations familiales et promu le PACS, milite aujourd'hui pour le droit à l'adoption des couples homosexuels. Que les familles retrouvent le soutien de la nation et que les petits enfants français deviennent innombrables.
Je formule aussi des voeux pour tous ceux - PME, artisans, commerçants, professions libérales, agriculteurs - qui travaillent, qui créent, qui entreprennent et qui font la richesse et le bien être de notre pays, qu'ils cessent d'être spoliés par des charges et des impôts excessifs et qu'ils trouvent enfin une juste rémunération de leurs efforts. Et je pense tout particulièrement aux 120 000 médecins de France à qui je souhaite de retrouver rapidement les conditions d'un digne exercice de leur profession.
Enfin, je formule des voeux pour tous nos compatriotes victimes de la mondialisation, éclopés de la guerre économique internationale, laissés pour compte du matérialisme et de l'égoïsme de la société, pour tous ceux - chômeurs, SDF, handicapés, personnes âgées - qui connaissent la précarité ou la misère. Pour tous ceux-là, j'en appelle à la fraternité nationale.
Et à tous les Français, je souhaite que l'année 2002 leur permette de reprendre conscience de ce qu'ils sont. Qu'ils se rappellent qu'ils appartiennent à un grand peuple, à une grande nation, qu'ils sont dépositaires d'une magnifique civilisation. Qu'ils se réveillent et qu'ils agissent pour remettre de l'ordre en France.
Mes voeux vont aussi aux peuples européens et tout particulièrement à ceux qui d'Anvers à Rome, de Copenhague à Vienne ou de Berne à Moscou nous montrent à un titre ou un autre que nos idées ont le vent en poupe et que l'Europe se réveille. Et je pense tout particulièrement aux gouvernements autrichien, danois et italien qui nous ouvrent la voie.
Enfin, Mesdames et Messieurs les journalistes, je voudrais vous présenter mes meilleurs voeux, pour vous mêmes et ceux qui vous sont chers. Et aussi bien sûr pour le bon exercice de votre difficile métier en cette année particulièrement cruciale.
Et je voudrais si vous me le permettez, formuler à cet égard un voeux particulier : formuler le voeu que la presse et les médias s'extraient un peu plus du présent immédiat qui prend souvent les habits d'une trompeuse apparence.
Rappelez-vous les élections présidentielles de 1981. M. Giscard d'Estaing devait être réélu dans un fauteuil, il a été battu. En 1995, tout était joué pour Balladur, c'est Chirac qui l'a emporté. En 1995 toujours, M. de Villiers était annoncé à 12 %, il a terminé en dessous de 5 %.
Rappelez-vous encore. il y a moins de deux ans, le RPF de MM. Pasqua et de Villiers devaient bouleverser la scène politique, supplanter la droite nationale et menacer le RPR, il a aujourd'hui presque disparu.
L'élection présidentielle qui s'ouvre est donc, je le dis, beaucoup plus ouverte qu'il n'y paraît. Les sondages, comme tout le monde l'avait reconnu au lendemain des municipales, sont trompeurs. La configuration du vote est encore incertaine. M. Pasqua ne sera peut-être pas candidat. Quant à M. Le Pen sa candidature est encore moins assurée. Car les signatures ne s'obtiennent pas dans les officines de sondage ni dans les salles de rédaction.
Et c'est pourquoi je nourris pour cette élection de grands espoirs. Mon objectif est de réaliser entre 5 % et 15 % des voix. Selon la configuration, je peux faire plus que Madelin ou Bayrou et même plus que Le Pen en 95.
Et c'est le voeux que je formule pour la France. Car notre pays a besoin d'un grand changement politique.
J'invite donc les Français à voter sans tabou, en fonction de leurs seules convictions, avec espoir et confiance car il faut qu'ils le sachent : tout est possible, rien n'est joué, rien n'est trop tard. On peut parfaitement remettre de l'ordre en France.
Le 1er janvier, c'est vrai, notre pays a perdu sa monnaie nationale et ce changement est néfaste. Je continue aujourd'hui de le penser car ce remplacement du franc par l'euro nous prive de l'un des instruments de la souveraineté et peut conduire à de graves mécomptes économiques. Il n'est pas viable en effet de plaquer une monnaie unique sur un espace économique qui n'est pas homogène. Et déjà d'ailleurs le passage à l'euro provoque une inflation plus forte en France, en Italie et en Espagne qu'en Allemagne ou aux Pays-Bas.
Pour autant, je ne pense pas comme certains que ce processus soit irréversible. Là aussi l'avenir est ouvert et si le passage à l'euro s'est réalisé techniquement sans difficulté majeure, le passage inverse, celui du retour au franc, pourra le moment venu s'effectuer encore plus aisément.
Mais surtout ce processus, je le souligne, ne condamne en rien la France. Notre pays en a vu d'autres, il continuera malgré l'euro. Car la France, ce n'est pas une monnaie, c'est un peuple, une terre, une langue, une civilisation.
Aussi je souhaite bonne année à notre civilisation, bonne année à la France, bonne année aux Français.
Bruno MEGRET
(Source http://www.m-n-r.com, le 16 janvier 2002)