Texte intégral
Déclaration relative au plan de développement de la condition militaire :
J'ai donc réuni ce matin avec le Chef d'état-major des armées, les Chefs d'états-majors de chacune des armées et les directeurs des services, les grands commandeurs pour leur présenter les mesures de revalorisation de la condition militaire dont je vais maintenant vous parler.
Ce plan a été décidé après avoir reçu les avis et propositions des différents CFM et du CSFM que j'ai réunis durant la première quinzaine de février.
Vous reconnaîtrez dans le plan d'amélioration d'aujourd'hui beaucoup des recommandations exprimées par vos instances de représentation et de concertation. Je sais que leurs positions ont été prises en exprimant de façon fidèle les sentiments des personnels militaires, et je veux réaffirmer en commençant, le lien de confiance que j'ai noué entre ces conseils et le niveau de décision politique que je représente. Ce plan a été élaboré et mis au point sur les propositions détaillées et réfléchies des Chefs d'états-majors et Directeurs qui ont joué tout leur rôle de soutien des aspirations de leurs personnels et de maîtrise des évolutions de l'institution militaire.
Je les remercie de leur implication personnelle. Ce travail en commun a permis de bien prendre en compte vos souhaits collectifs et les besoins d'une Armée maintenant professionnalisée.
J'ai tenu à rendre publiques ces mesures ici à Istres devant vous après avoir salué votre rôle dans les opérations militaires au nom de notre pays.
Cette action est le meilleur témoignage de votre efficacité, de la capacité de nos armées à faire respecter la France dans le monde.
C'est cela la signification de votre engagement. C'est cela aussi qui vous vaut la reconnaissance de nos concitoyens.
Ce sentiment de reconnaissance, il est profond, et il s'est consolidé dans la durée. Il n'est pas entamé par quelques commentaires négatifs exprimés dans tel ou tel média à partir d'anecdotes comprises de travers. Nos concitoyens reconnaissent avec bon sens que notre capacité militaire est une des toutes premières au monde, qu'elle est servie par des hommes bien préparés et conscients de leur responsabilité éminente. Ils voient bien, nos concitoyens, que chaque fois qu'il faut faire appel à des forces armées pour une mission risquée dans une crise grave, il n'y a que quelques nations qui sont sollicitées par les autorités internationales pour y jouer un rôle leader, et que la France fait à chaque fois partie de ce cercle restreint. Vous savez par exemple, qu'un officier général français commande actuellement la KFOR. Ce respect et cette confiance c'est vous qui le gagnez, vous pouvez en être fiers et je vous en exprime, au nom du gouvernement, notre reconnaissance.
Ce rang qui vous est reconnu, il a été acquis au prix d'un effort considérable pour réussir la réforme de la professionnalisation. Maintenant que nous franchissons ce cap, cet effort, accompli, et aussi la charge d'opérations de toute nature qui pèse sur les armées ont fait naître une attente collective de compensation de ces charges et de participation au progrès social.
C'est à cette attente que le gouvernement répond par le plan que je vais vous exposer. Il faut y voir aussi la marque de la reconnaissance du gouvernement et, au-delà, du Pays tout entier, a l'égard de votre action.
Ce plan comporte trois volets :
1. une série d'amélioration de rémunérations, dont beaucoup seront mises en uvre en 2002 et 2003 ;
2. un aménagement des mesures sur le temps d'activité obligatoire de la profession militaire (TAOPM) ;
3. un ensemble de mesures sociales destinées à améliorer la vie quotidienne.
Vous en aurez le détail dans les documents mis à votre disposition. Vos chefs de corps vous les exposeront très complètement. Je veux maintenant vous en expliquer les grands principes.
I - D'abord, les mesures d'amélioration de rémunération
Nous avons recherché deux objectifs dans ces mesures.
- le premier c'est la reconnaissance des contraintes liées au statut militaire et la compensation des charges opérationnelles ;
- le second objectif, c'est la revalorisation des qualifications pour assurer au sein des armées une carrière valable aux spécialistes indispensables à leur fonctionnement.
Ces objectifs s'accordent avec la professionnalisation qui demande une gestion attentive des carrières, un regard toujours renouvelé sur les métiers et les savoir faire.
La reconnaissance des contraintes liées au statut militaire, nous a conduits à revaloriser fortement l'I.C.M. Cette revalorisation va s'appliquer au seul taux non logé. Notre objectif est d'opérer une revalorisation de ce taux pour les militaires affectés en province de 23% et de 35% pour ceux affectés en région parisienne - dès avril 2002 la revalorisation sera de 4% en province et de 7% en région parisienne, et ce relèvement atteindra en 2003 un nouveau palier de 5% et 8,75% respectivement.
Cette mesure répond à une attente forte exprimée par tous les CFM.
C'est normal, car cette indemnité est spécifique au statut militaire, emblématique même. Elle est justifiée par les contraintes de la fonction. Cette revalorisation nous permet aussi de compenser les dépenses supplémentaires qui s'imposeront aux militaires affectés à Paris et en Ile-de-France.
La deuxième série de mesures se concentre sur les sujétions opérationnelles, sur le cur du métier.
Nous avons considéré avec le Chef d'état-major des armées et les
Chefs d'états-majors des trois armées Terre, Air, Marine que nous devions faire porter un triple effort sur l'I.S.C., l'absence du port base, et l'indemnité de sujétions d'alerte opérationnelle. Notre objectif est de revaloriser de 20% l'I.S.C. et de résorber l'écart entre les taux des personnels célibataires et mariés en portant à court terme le taux pour les célibataires à 80% du taux applicable aux mariés. L'alignement complet des deux taux sera réalisé à moyen terme.
En avril 2002, l'augmentation de l'ISC des personnels mariés est de 10% et nous réduisons déjà de 30% l'écart entre célibataires et personnels mariés. En 2003, nous inscrivons dans les travaux préparatoires au budget une nouvelle revalorisation de 3% de l'ISC et nous poursuivons la réduction de l'écart mariés- célibataires.
Cette mesure s'applique essentiellement l'armée de Terre et dans une certaine mesure aux autres armées.
Pour la Marine, nous avons voulu mieux compenser la pénibilité liée à l'absence prolongée du port base.
Une indemnité égale à 20% de la solde de base sera versée pour toute journée passée en mer, au-delà des 36 premières heures. Elle vient s'ajouter à la prime d'embarquement ou de sous marin qui est maintenue dans son régime actuel.
La montée en puissance de cette nouvelle indemnité s'effectue en 4 ans. Dès avril 2002, son montant atteint 7 % de la solde de base, elle sera portée à 11,3% de la solde dès 2003.
Pour les aviateurs, l'indemnité de sujétion d'alerte opérationnelle est portée de 1,83 par jour d'alerte à 5. Pour avril 2002 la première étape fixe l'indemnité journalière à 2,50.
Voilà pour la première série, reconnaissance des contraintes du statut et sujétions opérationnelles.
Mais une armée professionnelle a besoin dans la longue durée de personnels qualifiés et de spécialistes pour mettre en uvre ses matériels et piloter un management complexe. Elle doit donc leur assurer des rémunérations assez attractives pour qu'ils y développent leur carrière.
C'est le deuxième objectif de ce plan, que nous mettons en pratique par des mesures de reconnaissance des qualifications et des spécialités.
Ainsi, dès avril 2002, les primes de qualification des officiers brevetés, passent de 26 à 28 % , celles des officiers diplômés passent de 13 à 14 % et celles des sous-officiers diplômés de 10 à 11 %. Dans un deuxième temps, les primes des officiers diplômés et celles des sous-officiers diplômés seront revalorisées de 14 à 16% pour les officiers et de 11 à 12% pour les sous-officiers.
L'amélioration de carrière des officiers supérieurs sera recherchée par trois mesures :
1. l'augmentation en 2003 du contingent de hors échelles A : 120 personnels bénéficiaires;
2. l'augmentation en 2003 également du contingent de primes à 26 % pour l'armée de terre avec 390 bénéficiaires de plus ;
3. la création dès 2004 d'un 4ème échelon normal pour les officiers experts de l'armée de terre et des officiers des services.
Dans le même objectif d'amélioration des carrières, le contingent de primes D.Q.S. pour les sous-officiers sera progressivement augmenté pour porter la proportion des sous-officiers bénéficiaires à plus de 55%. La moitié de cette augmentation des sous officiers titulaires de la prime DQS, avec 2 800 bénéficiaires de plus, sera réalisée en 2002-2003.
Pour les jeunes sous-officiers, nous réduisons le délai de 3 à 2 ans entre l'obtention du diplôme et le versement de la prime de service. Cette mesure est mise en vigueur à partir de 2004.
Les primes des sous-officiers, chargés de la sécurité aérienne et la mise en uvre et la maintenance des aéronefs sont revalorisées pour l'ISSA de 17% à 20% pour les maîtres contrôleurs, de 12,5 à 17% pour les autres contrôleurs. L'IMOMA est relevée de 50 %. Toutes ces revalorisations prennent effet dès avril 2002.
Deux mesures sont prises au profit des militaires du rang :
- la première application générale consiste à réduire le délai d'attribution de l'échelle 4 de 15 à 11 ans de service. Cette mesure recevra une première application en 2002, avec une descente du délai de passage à 14 ans ;
- la seconde concerne les militaires du rang du service des essences qui bénéficient dès 2002 d'une augmentation du contingent d'échelle 4.
Trois relèvements de rémunérations de spécialistes complètent ce plan. Elles s'adressent aux personnels travaillant dans les services du SSA, de la DGA, et du SEA :
- une prime de technicité sera attribuée aux médecins et personnels de même statut ayant acquis une ancienneté suffisante, permettant un rapprochement par rapport à leurs confrères civils,
- l'allocation spéciale de développement des ingénieurs de l'armement sera revalorisée de 15% et les corps des IETA et les OCTAA bénéficieront d'une mesure de développement de carrière.
- des primes de technicité et de responsabilité seront respectivement attribuées aux sous-officiers et officiers du S.E.A. en 2002 et 2004.
Voilà l'ensemble des mesures pour les spécialistes.
Des moyens financiers très significatifs y seront engagés dès 2002.
Nous avons voulu, le CEMA, les CEM, les Directeurs des services et moi que ce plan pluriannuel renforce le succès de la professionnalisation et qu'il la renforce dans la durée.
Mais nous voulons en même temps que son application soit rapide et que ses effets soient appréciables pour chacun d'entre vous, dès 2002 et 2003. Les mesures applicables en 2002 prendront effet dès le début du mois d'avril et elles seront intégrées dans les feuilles de solde soit fin mai, soit fin juin, le temps nécessaire à l'élaboration des textes. Le premier Ministre a accepté que le Gouvernement y consacre dès cette année des moyens nettement accrus.
La Loi de Finance Rectificative pour 2002 allouera les crédits correspondants au budget de la Défense. Le coût des ces mesures est aussi pris en compte dans la préparation du budget 2003, qui s'engage maintenant.
En année pleine le coût de ces mesures d'amélioration des rémunérations sera de 101 Md'
(660 MF) pour l'année 2003 complète et déjà 57 Md' (375 MF) seront effectivement versés entre avril et décembre 2002.
Bon nombre de ces objectifs, vous l'avez noté seront réalisés au cours des années 2002 et 2003. En 2005, sera entièrement achevé le plan concernant l'ISC, l'indemnité de sujétion pour absence du port base, l'indemnité de sujétion d'alerte opérationnelle, les primes de qualifications des officiers, des sous officiers et des militaires du rang, les primes destinées aux spécialistes. La progression de l'ICM, mesure particulièrement importante financièrement, aura atteint en 2005 50% du relèvement programmé, la revalorisation complète devant être achevée en 2007-2008.
II - Le 2ème volet du plan de revalorisation concerne l'aménagement du T.A.O.P.M.
Je ne reviends pas sur l'exposé des mesures prises le 30 novembre 2001 que vous connaissez. Une armée professionnelle ne peut pas rester complètement décalée par rapport aux évolutions de la société civile. D'ailleurs, vos CFM l'avaient bien exprimé lorsque nous préparions ces mesures.
C'est pourquoi j'approuve les aménagements apportés par les Chefs d'états-majors dans l'organisation du temps de travail et qui entraîne du temps libéré, en fin de semaine notamment.
Bien sûr, ces aménagements sont modulés pour tenir compte des contraintes opérationnelles, des sujétions liées à la fonction et à la mission. La disponibilité, la permanence du service, la réactivité restent évidemment au cur de l'organisation.
Il est donc légitime et nécessaire que la décision de libérer du temps relève du commandement et de lui seul.
Lorsque les effectifs auront été totalement réalisés, lorsque les effets de la fin de la conscription auront été totalement absorbés, c'est_à-dire dans les mois qui viennent, les contraintes qui pèsent sur la libération du temps comme sur les permissions se desserreront de façon concrète.
C'est pourquoi j'insiste pour que le T.A.O.P.M. se traduise par du temps disponible, c'est important pour la condition militaire dans l'avenir.
Toutefois, je souhaite tenir compte des interrogations qu'a pu entraîner le dispositif présenté le 30 novembre, en particulier pour simplifier le partage entre les jours libres attribués et les jours compensés financièrement, et pour assurer que ce mécanisme s'applique également à tous.
Après avoir analysé ces remarques et interrogations avec vos Chefs d'états-majors, j'ai décidé d'apporter des aménagements à ce dispositif sur deux points en répondant à l'attente des personnels.
D'abord la répartition des 15 jours entre jours indemnisés et jours de temps libre sera modifiée. Ce ne sont plus sept jours qui pourront être indemnisés mais huit.
Ensuite, des moyens financiers seront dégagés pour permettre le paiement effectif de ces huit jours de manière régulière à tous les personnels, à la seule exception de ceux qui sont en formation initiale et de ceux qui sont en congé de reconversion.
Le système est ainsi clarifié.
Il se traduit pour tous, par huit jours indemnisés et sept jours de temps libre à la disposition du commandement.
L'avantage financier individuel annuel de ces modifications pour 12 mois d'application est important : 680 (370 F/mois).
Ce dispositif T.A.O.P.M. réaménagé entre en vigueur dès 2002 avec prise d'effet au 1er février. Les modalités de paiement des huit jours indemnisés, se traduisent par des versements trimestriels , le premier aura lieu fin avril.
L'impact financier de cette mesure est de 158 M pour une année complète.
Le plan d'amélioration des carrières et des compensations va se prolonger après 2003, par d'autres mesures de progression. Elles seront financées par le fonds de consolidation de la professionnalisation que nous avons prévu dans le projet de LPM et qui dégagera une ressource supplémentaire de 80 à 90 M par an à partir de 2004.
Ces mesures vont se traduire dès les prochains mois sur les feuilles de soldes par des augmentations qui, quand je combine l'ensemble, iront de 750 à 2000 en année complète selon les grades, les contraintes opérationnelles, les qualifications et les spécialités.
Ainsi, à titre d'exemple, dès 2002, un caporal ou un quartier-maître verra sa solde progresser de 83 à 85 par mois.
Un sergent de l'Armée de Terre, célibataire, de deux ans d'ancienneté, affecté en province et qui effectue 50 jours d'entraînement sur le terrain verra sa solde mensuelle moyenne progresser de plus de 92 par mois.
Un adjudant de l'Armée de l'Air marié, deux enfants, avec un peu plus de 15 ans de service enregistrera un gain mensuel moyen de près de 110 .
Un lieutenant de vaisseau marié, deux enfants, absent 120 jours du port base (c'est le cas aujourd'hui, avec le groupe aéronaval) constatera une progression de sa solde moyenne mensuelle de 150 .
Il s'agit donc d'un plan de grande ampleur qui mobilise des moyens très conséquents et dont chacun pourra apprécier l'impact individuellement dans les prochaines semaines. Il répond très largement aux attentes légitimes exprimées par vos CFM et prépare l'avenir d'une armée professionnalisée, bien préparée à accomplir ses missions.
J'ai voulu aussi que ces mesures soient accompagnées d'un volet social qui puisse être mise en uvre rapidement. J'en décrirai rapidement les grandes lignes.
III - Troisième volet : les mesures d'environnement social et familial
Mon ambition comme celle de vos Chefs d'états-majors est que l'épanouissement de chacun passe par la reconnaissance du travail bien fait, par la possibilité d'effectuer un travail de qualité et par un ensemble de dispositions aptes à rendre la vie ou le travail plus commodes et plus agréables. Les conditions d'exercice du métier comptent beaucoup pour la communauté militaire.
C'est pourquoi j'ai souhaité que plusieurs aspects de la condition sociale et familiale du militaire soient améliorés par :
une meilleure prise en compte de la mobilité obligatoire du fait du statut militaire ;
une évolution de la politique du logement ;
une réponse mieux adaptée aux besoins familiaux et privés ;
par une meilleure prise en compte des conditions inhérentes au service.
La mobilité est nécessaire. Elle fait partie de la vie militaire, elle est inhérente au statut, à la diversité des missions, à l'évolution des responsabilités, au fil du déroulement de la carrière. Mais elle est aussi une contrainte qui entraîne un certain nombre de difficultés. Nous voulons donc prendre des dispositions pour la faciliter :
- en élargissant la notion de garnison dans les déménagements, pour permettre un choix familial de résidence;
- en améliorant l'aide financière de reconnaissance de la nouvelle affectation;
- et en recherchant de nouvelles procédures pour organiser les déménagements, et les rembourser.
Dans le même ordre d'idée, la revalorisation des frais de déplacement professionnel fait l'objet d'une étude dont les conclusions seront présentées aux CFM et CSFM de printemps.
Le deuxième point concerne la question du logement. Nous allons recherché des améliorations dans:
- la prise en charge du dépôt de garantie et l'amélioration des prêts d'accession à la propriété , thèmes sur lequel va être réuni un groupe de travail ;
- et nous allons également travailler à l'amélioration du cadre de vie en enceinte militaire
Le troisième point concerne l'environnement familial des militaires. Les besoins de la famille du militaire s'inscrivent dans l'évolution de la société. En particulier, le nombre de conjoints exerçant une activité professionnelle et la proportion de personnel féminin continuant de s'accroître. Ces évolutions créent des besoins supplémentaires en ce qui concerne la garde des jeunes enfants.
Nous allons consentir un effort accru pour la construction de nouvelles crèches, pour l'augmentation du nombre de places conventionnées dans des structures existantes et l'aide à la garde d'enfants en horaires atypiques.
La scolarité des enfants sera facilitée pour les études supérieures par un système de prêts à l'éducation sans intérêt et à remboursement différé.
Enfin, nous voulons prendre mieux en compte les contraintes inhérentes au service :
- d'une part, en améliorant la prise en charge des repas de midi par nécessité de service, en faisant bénéficier le militaire présent au service de la prise en charge du repas de midi,
- d'autre part, en améliorant l'accès à la fonction publique des militaires sous contrat, dans la préparation de la reconversion, par les emplois réservés.
Vous trouverez le détail de ces mesures, dont certaines vont demander un travail de réflexion avec vos CFM, dans les documents qui vous seront remis.
Voilà l'essentiel des décisions qui vont être mises en uvre et que je souhaitais vous présenter aujourd'hui. Elles sont d'importantes. Elles sont légitimes. Elles vont, je crois, conforter le statut militaire. Elles sont un élément - il y en a d'autres - de l'ensemble des actions nécessaires à un exercice efficace du métier des armes.
D'autres mesures vont être engagées dans le prolongement de celles déjà menées pour améliorer la disponibilité des matériels et externaliser certaines tâches qui ne sont pas au cur du métier et qui pèsent sur l'accomplissement des missions.
Beaucoup de choses ont déjà été faites mais je ne prétends pas que tout soit achevé. Peu d'institutions auront réussi en si peu de temps une transformation aussi profonde que celle qui a été conduite dans les armées. Cette transformation n'aurait pas été possible si votre engagement n'avait pas été total. On ne mène pas une telle réforme sans rencontrer des difficultés, qui vont avec tout grand projet. Nous les surmontons une à une.
Je souhaite que la démarche que nous engageons aujourd'hui vous conforte dans le choix que vous avez fait de servir les armes de la France.
J'attends de la communauté militaire tout entière, de chacune et de chacun d'entre vous qu'il poursuive ses missions avec une motivation renforcée et en respectant l'autorité de ses chefs.
L'image et l'efficacité de l'Institution dépendent de votre action. La place de notre pays dans le monde dépend de votre disponibilité et de votre efficacité.
Je vous renouvelle mes remerciements pour votre engagement total
au profit de cet objectif. Je vous exprime à nouveau avec le Chef d'état-major des armées, les Chefs d'états-majors de chacune des Armées, les Directeurs des services, mon entière confiance.
(Source http://www.défense.gouv.fr, le 1e mars 2002)
Déclaration aux détachements de retour d'opération :
Officiers, sous-officiers, officiers mariniers,
Soldats de l'armée de Terre, aviateurs, marins,
Hommes et femmes des services interarmées,
Voilà trois mois, les premiers d'entre vous quittaient la France pour être déployés loin du pays au sein de l'engagement allié en Afghanistan. Les uns se déployaient au Proche-Orient, d'autres faisaient route vers l'Asie Centrale, d'autres encore s'apprêtaient à accomplir en mer, des missions de surveillance.
Dans le même temps, d'autres parmi vos camarades revenaient de Macédoine et d'Erythrée, d'autres encore accomplissaient des missions de sécurité indispensables sur notre sol. J'ai souhaité vous rassembler, vous rencontrer, pour vous féliciter, pour vous remercier aussi et pour vous exprimer la gratitude du pays à l'égard de votre engagement.
Aviateurs, vous êtes partis accomplir des missions de reconnaissance et de renseignement d'une nécessité majeure non seulement pour la conduite des opérations mais aussi pour la nécessaire appréciation stratégique de la situation. Vous avez mené des opérations de transport, de transit, de soutien essentielles à la réussite de l'action d'ensemble. Vous l'avez fait avec efficacité, célérité, rigueur, comme vous y êtes accoutumés.
Soldats de l'armée de Terre, "marsouins" et "légionnaires" pour beaucoup, vous avez subi les aléas de mises en place difficiles, vous avez mené à bien des missions délicates au contact de forces étrangères, dans un environnement très mouvant et risqué et avec des conditions climatiques très dures. Vous l'avez fait avec le sérieux, l'abnégation et l'enthousiasme qui vous caractérisent.
Marins embarqués, vous avez rejoint très tôt une formidable flotte concrétisant l'engagement solidaire de la coalition sur le théâtre. Avec nos bâtiments de tous types, les "Atlantique" puis le groupe aéronaval autour du porte-avions Charles-de-Gaulle, les aéronefs embarqués et le sous-marin nucléaire d'attaque, vous vous êtes intégrés avec aisance dans un dispositif aéromaritime extrêmement complexe. Vous l'avez fait, vous aussi, dans un esprit de disponibilité, avec la compétence et le professionnalisme que l'on vous connaît.
Médecins et infirmiers, spécialistes du soutien pétrolier, vous avez accompagné, parfois précédé, vos camarades pour leur permettre de remplir leur mission opérationnelle dans les meilleures conditions possibles de sécurité et d'efficacité.
Ainsi, à Istres même en base arrière, à Douchanbé, à Mazar-e-Charif, dans les pays du Golfe, en mer, en Afrique pour certains, vous avez collectivement accompli avec brio les missions qui vous avaient été fixées par le chef d'état-major des Armées, sur la décision des plus hautes autorités de notre pays.
Depuis, d'autres de vos camarades ont pris la relève dans les mêmes missions pour les uns, ou, pour d'autres, dans des missions différentes. Je pense en particulier à vos successeurs qui assurent encore tout le transport à partir de Douchanbé, mais aussi à vos compagnons d'armes engagés au sol à Kaboul au sein de la Force internationale d'assistance et de sécurité ou déployés en mer à bord de nos bâtiments et au sein de notre groupe aéronaval.
Je pense aussi à ceux qui viennent de se déployer à Manas au Kirghizistan pour compléter la capacité en force aérienne de notre engagement interarmées.
Je pense aussi, bien sûr, à ceux qui parmi vous, s'apprêtent à partir pour rejoindre ce dispositif opérationnel français qui, sur le terrain afghan ou sur son pourtour, compte actuellement 4500 hommes et femmes des trois armées et des services. En vous rendant hommage aujourd'hui, c'est aussi vers eux que vont mes pensées.
Mais mon soutien chaleureux va aussi vers les familles qu'ils ont laissées en France, qui elles aussi consentent un sacrifice, qui attendent avec patience, confiance, inquiétude souvent, fierté en tout cas.
Cette fierté nous la partageons car, comme vous voici quelques semaines, tous ceux qui sont actuellement en opération exercent leur métier avec abnégation, en étant convaincus à juste titre d'accomplir une mission au service de la paix, mais aussi de la France, de sa sécurité, de ses intérêts stratégiques, de son rayonnement.
[Le métier des armes]
Ce "métier des armes" selon la formule qui vous fait honneur, vous l'avez choisi et vous l'exercez dans sa représentation la plus élevée, l'engagement opérationnel, ce moment intense de vérité où s'expriment les qualités militaires de disponibilité, de courage, de dépassement de soi, en même temps que se prennent les risques.
Accomplissant une mission destinée à combattre le terrorisme et restaurer la paix internationale, vous avez servi la France et les valeurs universelles autour desquelles elle se rassemble. Porteurs de l'image de notre pays dans des contrées inconnues pour vous, dans des milieux internationaux traversés de rivalités, comme en France vis-à-vis de nos concitoyens, vous avez fait honneur aux Armées françaises.
Impliqués au cur de votre métier, vous avez donné un sens à votre engagement qui atteint par cela toute sa vérité. Soldats de métier, "professionnels" comme on dit, votre "profession" n'est pas une simple activité rémunérée, mais bien plus que cela Elle est un état d'esprit qui rend heureux de servir et permet d'affronter l'épreuve, elle est une façon d'être qui aide à dominer la difficulté et le danger, elle est aussi un style de vie qui affirme le don de soi et dans lequel le "collectif" prime sur "l'individuel ".
C'est pour cet engagement, reconnu de vos compatriotes que je souhaite vous rendre hommage aujourd'hui, tout comme je souhaite rendre hommage à ceux de vos camarades, hommes et femmes, engagés en opération à l'heure où je parle, aux 2800 de Bosnie, aux 6000 du Kosovo et de Macédoine, aux 250 du Liban, à celles et ceux qui veillent sur terre, dans les airs, en mer, au-delà de nos frontières mais aussi, pour 5000 d'entre eux, sur le sol de notre pays qui -comme tous les pays libres- doit préserver sa sécurité, et donc sa liberté, et affirmer sa position et celle de l'Europe dans le monde global.
"Citoyens armés" au service de la France, hommes et femmes des situations d'urgence, je vous salue et je vous félicite d'être tels que vous êtes, disponibles, enthousiastes, déterminés.
[En conclusion]
Comme vous le constatez, c'est dans ce cadre bien particulier d'un retour d'opération que j'ai tenu à vous dire ma gratitude et celle des Français alors que dans le même temps vous exprimez un appel à davantage de considération et que se manifestent vos attentes légitimes pour une amélioration de vos conditions de vie et d'exercice de votre métier.
C'est la raison pour laquelle je me suis exprimé ce matin devant vos chefs, tous réunis, qui en ce moment même, diffusent vers vos camarades, les décisions que j'ai prises et que je souhaite vous présenter dans quelques minutes dans un contexte plus adapté que celui d'une cérémonie.
Avant donc de vous retrouver dans un instant, je vous dis encore, solennellement, la fierté que nous ressentons tous à l'égard des missions que vous accomplissez et la profonde confiance que vous portent, au nom de tous les Français, les plus hauts responsables de notre République.
(Source http://www.défense.gouv.fr, le 1e mars 2002)
J'ai donc réuni ce matin avec le Chef d'état-major des armées, les Chefs d'états-majors de chacune des armées et les directeurs des services, les grands commandeurs pour leur présenter les mesures de revalorisation de la condition militaire dont je vais maintenant vous parler.
Ce plan a été décidé après avoir reçu les avis et propositions des différents CFM et du CSFM que j'ai réunis durant la première quinzaine de février.
Vous reconnaîtrez dans le plan d'amélioration d'aujourd'hui beaucoup des recommandations exprimées par vos instances de représentation et de concertation. Je sais que leurs positions ont été prises en exprimant de façon fidèle les sentiments des personnels militaires, et je veux réaffirmer en commençant, le lien de confiance que j'ai noué entre ces conseils et le niveau de décision politique que je représente. Ce plan a été élaboré et mis au point sur les propositions détaillées et réfléchies des Chefs d'états-majors et Directeurs qui ont joué tout leur rôle de soutien des aspirations de leurs personnels et de maîtrise des évolutions de l'institution militaire.
Je les remercie de leur implication personnelle. Ce travail en commun a permis de bien prendre en compte vos souhaits collectifs et les besoins d'une Armée maintenant professionnalisée.
J'ai tenu à rendre publiques ces mesures ici à Istres devant vous après avoir salué votre rôle dans les opérations militaires au nom de notre pays.
Cette action est le meilleur témoignage de votre efficacité, de la capacité de nos armées à faire respecter la France dans le monde.
C'est cela la signification de votre engagement. C'est cela aussi qui vous vaut la reconnaissance de nos concitoyens.
Ce sentiment de reconnaissance, il est profond, et il s'est consolidé dans la durée. Il n'est pas entamé par quelques commentaires négatifs exprimés dans tel ou tel média à partir d'anecdotes comprises de travers. Nos concitoyens reconnaissent avec bon sens que notre capacité militaire est une des toutes premières au monde, qu'elle est servie par des hommes bien préparés et conscients de leur responsabilité éminente. Ils voient bien, nos concitoyens, que chaque fois qu'il faut faire appel à des forces armées pour une mission risquée dans une crise grave, il n'y a que quelques nations qui sont sollicitées par les autorités internationales pour y jouer un rôle leader, et que la France fait à chaque fois partie de ce cercle restreint. Vous savez par exemple, qu'un officier général français commande actuellement la KFOR. Ce respect et cette confiance c'est vous qui le gagnez, vous pouvez en être fiers et je vous en exprime, au nom du gouvernement, notre reconnaissance.
Ce rang qui vous est reconnu, il a été acquis au prix d'un effort considérable pour réussir la réforme de la professionnalisation. Maintenant que nous franchissons ce cap, cet effort, accompli, et aussi la charge d'opérations de toute nature qui pèse sur les armées ont fait naître une attente collective de compensation de ces charges et de participation au progrès social.
C'est à cette attente que le gouvernement répond par le plan que je vais vous exposer. Il faut y voir aussi la marque de la reconnaissance du gouvernement et, au-delà, du Pays tout entier, a l'égard de votre action.
Ce plan comporte trois volets :
1. une série d'amélioration de rémunérations, dont beaucoup seront mises en uvre en 2002 et 2003 ;
2. un aménagement des mesures sur le temps d'activité obligatoire de la profession militaire (TAOPM) ;
3. un ensemble de mesures sociales destinées à améliorer la vie quotidienne.
Vous en aurez le détail dans les documents mis à votre disposition. Vos chefs de corps vous les exposeront très complètement. Je veux maintenant vous en expliquer les grands principes.
I - D'abord, les mesures d'amélioration de rémunération
Nous avons recherché deux objectifs dans ces mesures.
- le premier c'est la reconnaissance des contraintes liées au statut militaire et la compensation des charges opérationnelles ;
- le second objectif, c'est la revalorisation des qualifications pour assurer au sein des armées une carrière valable aux spécialistes indispensables à leur fonctionnement.
Ces objectifs s'accordent avec la professionnalisation qui demande une gestion attentive des carrières, un regard toujours renouvelé sur les métiers et les savoir faire.
La reconnaissance des contraintes liées au statut militaire, nous a conduits à revaloriser fortement l'I.C.M. Cette revalorisation va s'appliquer au seul taux non logé. Notre objectif est d'opérer une revalorisation de ce taux pour les militaires affectés en province de 23% et de 35% pour ceux affectés en région parisienne - dès avril 2002 la revalorisation sera de 4% en province et de 7% en région parisienne, et ce relèvement atteindra en 2003 un nouveau palier de 5% et 8,75% respectivement.
Cette mesure répond à une attente forte exprimée par tous les CFM.
C'est normal, car cette indemnité est spécifique au statut militaire, emblématique même. Elle est justifiée par les contraintes de la fonction. Cette revalorisation nous permet aussi de compenser les dépenses supplémentaires qui s'imposeront aux militaires affectés à Paris et en Ile-de-France.
La deuxième série de mesures se concentre sur les sujétions opérationnelles, sur le cur du métier.
Nous avons considéré avec le Chef d'état-major des armées et les
Chefs d'états-majors des trois armées Terre, Air, Marine que nous devions faire porter un triple effort sur l'I.S.C., l'absence du port base, et l'indemnité de sujétions d'alerte opérationnelle. Notre objectif est de revaloriser de 20% l'I.S.C. et de résorber l'écart entre les taux des personnels célibataires et mariés en portant à court terme le taux pour les célibataires à 80% du taux applicable aux mariés. L'alignement complet des deux taux sera réalisé à moyen terme.
En avril 2002, l'augmentation de l'ISC des personnels mariés est de 10% et nous réduisons déjà de 30% l'écart entre célibataires et personnels mariés. En 2003, nous inscrivons dans les travaux préparatoires au budget une nouvelle revalorisation de 3% de l'ISC et nous poursuivons la réduction de l'écart mariés- célibataires.
Cette mesure s'applique essentiellement l'armée de Terre et dans une certaine mesure aux autres armées.
Pour la Marine, nous avons voulu mieux compenser la pénibilité liée à l'absence prolongée du port base.
Une indemnité égale à 20% de la solde de base sera versée pour toute journée passée en mer, au-delà des 36 premières heures. Elle vient s'ajouter à la prime d'embarquement ou de sous marin qui est maintenue dans son régime actuel.
La montée en puissance de cette nouvelle indemnité s'effectue en 4 ans. Dès avril 2002, son montant atteint 7 % de la solde de base, elle sera portée à 11,3% de la solde dès 2003.
Pour les aviateurs, l'indemnité de sujétion d'alerte opérationnelle est portée de 1,83 par jour d'alerte à 5. Pour avril 2002 la première étape fixe l'indemnité journalière à 2,50.
Voilà pour la première série, reconnaissance des contraintes du statut et sujétions opérationnelles.
Mais une armée professionnelle a besoin dans la longue durée de personnels qualifiés et de spécialistes pour mettre en uvre ses matériels et piloter un management complexe. Elle doit donc leur assurer des rémunérations assez attractives pour qu'ils y développent leur carrière.
C'est le deuxième objectif de ce plan, que nous mettons en pratique par des mesures de reconnaissance des qualifications et des spécialités.
Ainsi, dès avril 2002, les primes de qualification des officiers brevetés, passent de 26 à 28 % , celles des officiers diplômés passent de 13 à 14 % et celles des sous-officiers diplômés de 10 à 11 %. Dans un deuxième temps, les primes des officiers diplômés et celles des sous-officiers diplômés seront revalorisées de 14 à 16% pour les officiers et de 11 à 12% pour les sous-officiers.
L'amélioration de carrière des officiers supérieurs sera recherchée par trois mesures :
1. l'augmentation en 2003 du contingent de hors échelles A : 120 personnels bénéficiaires;
2. l'augmentation en 2003 également du contingent de primes à 26 % pour l'armée de terre avec 390 bénéficiaires de plus ;
3. la création dès 2004 d'un 4ème échelon normal pour les officiers experts de l'armée de terre et des officiers des services.
Dans le même objectif d'amélioration des carrières, le contingent de primes D.Q.S. pour les sous-officiers sera progressivement augmenté pour porter la proportion des sous-officiers bénéficiaires à plus de 55%. La moitié de cette augmentation des sous officiers titulaires de la prime DQS, avec 2 800 bénéficiaires de plus, sera réalisée en 2002-2003.
Pour les jeunes sous-officiers, nous réduisons le délai de 3 à 2 ans entre l'obtention du diplôme et le versement de la prime de service. Cette mesure est mise en vigueur à partir de 2004.
Les primes des sous-officiers, chargés de la sécurité aérienne et la mise en uvre et la maintenance des aéronefs sont revalorisées pour l'ISSA de 17% à 20% pour les maîtres contrôleurs, de 12,5 à 17% pour les autres contrôleurs. L'IMOMA est relevée de 50 %. Toutes ces revalorisations prennent effet dès avril 2002.
Deux mesures sont prises au profit des militaires du rang :
- la première application générale consiste à réduire le délai d'attribution de l'échelle 4 de 15 à 11 ans de service. Cette mesure recevra une première application en 2002, avec une descente du délai de passage à 14 ans ;
- la seconde concerne les militaires du rang du service des essences qui bénéficient dès 2002 d'une augmentation du contingent d'échelle 4.
Trois relèvements de rémunérations de spécialistes complètent ce plan. Elles s'adressent aux personnels travaillant dans les services du SSA, de la DGA, et du SEA :
- une prime de technicité sera attribuée aux médecins et personnels de même statut ayant acquis une ancienneté suffisante, permettant un rapprochement par rapport à leurs confrères civils,
- l'allocation spéciale de développement des ingénieurs de l'armement sera revalorisée de 15% et les corps des IETA et les OCTAA bénéficieront d'une mesure de développement de carrière.
- des primes de technicité et de responsabilité seront respectivement attribuées aux sous-officiers et officiers du S.E.A. en 2002 et 2004.
Voilà l'ensemble des mesures pour les spécialistes.
Des moyens financiers très significatifs y seront engagés dès 2002.
Nous avons voulu, le CEMA, les CEM, les Directeurs des services et moi que ce plan pluriannuel renforce le succès de la professionnalisation et qu'il la renforce dans la durée.
Mais nous voulons en même temps que son application soit rapide et que ses effets soient appréciables pour chacun d'entre vous, dès 2002 et 2003. Les mesures applicables en 2002 prendront effet dès le début du mois d'avril et elles seront intégrées dans les feuilles de solde soit fin mai, soit fin juin, le temps nécessaire à l'élaboration des textes. Le premier Ministre a accepté que le Gouvernement y consacre dès cette année des moyens nettement accrus.
La Loi de Finance Rectificative pour 2002 allouera les crédits correspondants au budget de la Défense. Le coût des ces mesures est aussi pris en compte dans la préparation du budget 2003, qui s'engage maintenant.
En année pleine le coût de ces mesures d'amélioration des rémunérations sera de 101 Md'
(660 MF) pour l'année 2003 complète et déjà 57 Md' (375 MF) seront effectivement versés entre avril et décembre 2002.
Bon nombre de ces objectifs, vous l'avez noté seront réalisés au cours des années 2002 et 2003. En 2005, sera entièrement achevé le plan concernant l'ISC, l'indemnité de sujétion pour absence du port base, l'indemnité de sujétion d'alerte opérationnelle, les primes de qualifications des officiers, des sous officiers et des militaires du rang, les primes destinées aux spécialistes. La progression de l'ICM, mesure particulièrement importante financièrement, aura atteint en 2005 50% du relèvement programmé, la revalorisation complète devant être achevée en 2007-2008.
II - Le 2ème volet du plan de revalorisation concerne l'aménagement du T.A.O.P.M.
Je ne reviends pas sur l'exposé des mesures prises le 30 novembre 2001 que vous connaissez. Une armée professionnelle ne peut pas rester complètement décalée par rapport aux évolutions de la société civile. D'ailleurs, vos CFM l'avaient bien exprimé lorsque nous préparions ces mesures.
C'est pourquoi j'approuve les aménagements apportés par les Chefs d'états-majors dans l'organisation du temps de travail et qui entraîne du temps libéré, en fin de semaine notamment.
Bien sûr, ces aménagements sont modulés pour tenir compte des contraintes opérationnelles, des sujétions liées à la fonction et à la mission. La disponibilité, la permanence du service, la réactivité restent évidemment au cur de l'organisation.
Il est donc légitime et nécessaire que la décision de libérer du temps relève du commandement et de lui seul.
Lorsque les effectifs auront été totalement réalisés, lorsque les effets de la fin de la conscription auront été totalement absorbés, c'est_à-dire dans les mois qui viennent, les contraintes qui pèsent sur la libération du temps comme sur les permissions se desserreront de façon concrète.
C'est pourquoi j'insiste pour que le T.A.O.P.M. se traduise par du temps disponible, c'est important pour la condition militaire dans l'avenir.
Toutefois, je souhaite tenir compte des interrogations qu'a pu entraîner le dispositif présenté le 30 novembre, en particulier pour simplifier le partage entre les jours libres attribués et les jours compensés financièrement, et pour assurer que ce mécanisme s'applique également à tous.
Après avoir analysé ces remarques et interrogations avec vos Chefs d'états-majors, j'ai décidé d'apporter des aménagements à ce dispositif sur deux points en répondant à l'attente des personnels.
D'abord la répartition des 15 jours entre jours indemnisés et jours de temps libre sera modifiée. Ce ne sont plus sept jours qui pourront être indemnisés mais huit.
Ensuite, des moyens financiers seront dégagés pour permettre le paiement effectif de ces huit jours de manière régulière à tous les personnels, à la seule exception de ceux qui sont en formation initiale et de ceux qui sont en congé de reconversion.
Le système est ainsi clarifié.
Il se traduit pour tous, par huit jours indemnisés et sept jours de temps libre à la disposition du commandement.
L'avantage financier individuel annuel de ces modifications pour 12 mois d'application est important : 680 (370 F/mois).
Ce dispositif T.A.O.P.M. réaménagé entre en vigueur dès 2002 avec prise d'effet au 1er février. Les modalités de paiement des huit jours indemnisés, se traduisent par des versements trimestriels , le premier aura lieu fin avril.
L'impact financier de cette mesure est de 158 M pour une année complète.
Le plan d'amélioration des carrières et des compensations va se prolonger après 2003, par d'autres mesures de progression. Elles seront financées par le fonds de consolidation de la professionnalisation que nous avons prévu dans le projet de LPM et qui dégagera une ressource supplémentaire de 80 à 90 M par an à partir de 2004.
Ces mesures vont se traduire dès les prochains mois sur les feuilles de soldes par des augmentations qui, quand je combine l'ensemble, iront de 750 à 2000 en année complète selon les grades, les contraintes opérationnelles, les qualifications et les spécialités.
Ainsi, à titre d'exemple, dès 2002, un caporal ou un quartier-maître verra sa solde progresser de 83 à 85 par mois.
Un sergent de l'Armée de Terre, célibataire, de deux ans d'ancienneté, affecté en province et qui effectue 50 jours d'entraînement sur le terrain verra sa solde mensuelle moyenne progresser de plus de 92 par mois.
Un adjudant de l'Armée de l'Air marié, deux enfants, avec un peu plus de 15 ans de service enregistrera un gain mensuel moyen de près de 110 .
Un lieutenant de vaisseau marié, deux enfants, absent 120 jours du port base (c'est le cas aujourd'hui, avec le groupe aéronaval) constatera une progression de sa solde moyenne mensuelle de 150 .
Il s'agit donc d'un plan de grande ampleur qui mobilise des moyens très conséquents et dont chacun pourra apprécier l'impact individuellement dans les prochaines semaines. Il répond très largement aux attentes légitimes exprimées par vos CFM et prépare l'avenir d'une armée professionnalisée, bien préparée à accomplir ses missions.
J'ai voulu aussi que ces mesures soient accompagnées d'un volet social qui puisse être mise en uvre rapidement. J'en décrirai rapidement les grandes lignes.
III - Troisième volet : les mesures d'environnement social et familial
Mon ambition comme celle de vos Chefs d'états-majors est que l'épanouissement de chacun passe par la reconnaissance du travail bien fait, par la possibilité d'effectuer un travail de qualité et par un ensemble de dispositions aptes à rendre la vie ou le travail plus commodes et plus agréables. Les conditions d'exercice du métier comptent beaucoup pour la communauté militaire.
C'est pourquoi j'ai souhaité que plusieurs aspects de la condition sociale et familiale du militaire soient améliorés par :
une meilleure prise en compte de la mobilité obligatoire du fait du statut militaire ;
une évolution de la politique du logement ;
une réponse mieux adaptée aux besoins familiaux et privés ;
par une meilleure prise en compte des conditions inhérentes au service.
La mobilité est nécessaire. Elle fait partie de la vie militaire, elle est inhérente au statut, à la diversité des missions, à l'évolution des responsabilités, au fil du déroulement de la carrière. Mais elle est aussi une contrainte qui entraîne un certain nombre de difficultés. Nous voulons donc prendre des dispositions pour la faciliter :
- en élargissant la notion de garnison dans les déménagements, pour permettre un choix familial de résidence;
- en améliorant l'aide financière de reconnaissance de la nouvelle affectation;
- et en recherchant de nouvelles procédures pour organiser les déménagements, et les rembourser.
Dans le même ordre d'idée, la revalorisation des frais de déplacement professionnel fait l'objet d'une étude dont les conclusions seront présentées aux CFM et CSFM de printemps.
Le deuxième point concerne la question du logement. Nous allons recherché des améliorations dans:
- la prise en charge du dépôt de garantie et l'amélioration des prêts d'accession à la propriété , thèmes sur lequel va être réuni un groupe de travail ;
- et nous allons également travailler à l'amélioration du cadre de vie en enceinte militaire
Le troisième point concerne l'environnement familial des militaires. Les besoins de la famille du militaire s'inscrivent dans l'évolution de la société. En particulier, le nombre de conjoints exerçant une activité professionnelle et la proportion de personnel féminin continuant de s'accroître. Ces évolutions créent des besoins supplémentaires en ce qui concerne la garde des jeunes enfants.
Nous allons consentir un effort accru pour la construction de nouvelles crèches, pour l'augmentation du nombre de places conventionnées dans des structures existantes et l'aide à la garde d'enfants en horaires atypiques.
La scolarité des enfants sera facilitée pour les études supérieures par un système de prêts à l'éducation sans intérêt et à remboursement différé.
Enfin, nous voulons prendre mieux en compte les contraintes inhérentes au service :
- d'une part, en améliorant la prise en charge des repas de midi par nécessité de service, en faisant bénéficier le militaire présent au service de la prise en charge du repas de midi,
- d'autre part, en améliorant l'accès à la fonction publique des militaires sous contrat, dans la préparation de la reconversion, par les emplois réservés.
Vous trouverez le détail de ces mesures, dont certaines vont demander un travail de réflexion avec vos CFM, dans les documents qui vous seront remis.
Voilà l'essentiel des décisions qui vont être mises en uvre et que je souhaitais vous présenter aujourd'hui. Elles sont d'importantes. Elles sont légitimes. Elles vont, je crois, conforter le statut militaire. Elles sont un élément - il y en a d'autres - de l'ensemble des actions nécessaires à un exercice efficace du métier des armes.
D'autres mesures vont être engagées dans le prolongement de celles déjà menées pour améliorer la disponibilité des matériels et externaliser certaines tâches qui ne sont pas au cur du métier et qui pèsent sur l'accomplissement des missions.
Beaucoup de choses ont déjà été faites mais je ne prétends pas que tout soit achevé. Peu d'institutions auront réussi en si peu de temps une transformation aussi profonde que celle qui a été conduite dans les armées. Cette transformation n'aurait pas été possible si votre engagement n'avait pas été total. On ne mène pas une telle réforme sans rencontrer des difficultés, qui vont avec tout grand projet. Nous les surmontons une à une.
Je souhaite que la démarche que nous engageons aujourd'hui vous conforte dans le choix que vous avez fait de servir les armes de la France.
J'attends de la communauté militaire tout entière, de chacune et de chacun d'entre vous qu'il poursuive ses missions avec une motivation renforcée et en respectant l'autorité de ses chefs.
L'image et l'efficacité de l'Institution dépendent de votre action. La place de notre pays dans le monde dépend de votre disponibilité et de votre efficacité.
Je vous renouvelle mes remerciements pour votre engagement total
au profit de cet objectif. Je vous exprime à nouveau avec le Chef d'état-major des armées, les Chefs d'états-majors de chacune des Armées, les Directeurs des services, mon entière confiance.
(Source http://www.défense.gouv.fr, le 1e mars 2002)
Déclaration aux détachements de retour d'opération :
Officiers, sous-officiers, officiers mariniers,
Soldats de l'armée de Terre, aviateurs, marins,
Hommes et femmes des services interarmées,
Voilà trois mois, les premiers d'entre vous quittaient la France pour être déployés loin du pays au sein de l'engagement allié en Afghanistan. Les uns se déployaient au Proche-Orient, d'autres faisaient route vers l'Asie Centrale, d'autres encore s'apprêtaient à accomplir en mer, des missions de surveillance.
Dans le même temps, d'autres parmi vos camarades revenaient de Macédoine et d'Erythrée, d'autres encore accomplissaient des missions de sécurité indispensables sur notre sol. J'ai souhaité vous rassembler, vous rencontrer, pour vous féliciter, pour vous remercier aussi et pour vous exprimer la gratitude du pays à l'égard de votre engagement.
Aviateurs, vous êtes partis accomplir des missions de reconnaissance et de renseignement d'une nécessité majeure non seulement pour la conduite des opérations mais aussi pour la nécessaire appréciation stratégique de la situation. Vous avez mené des opérations de transport, de transit, de soutien essentielles à la réussite de l'action d'ensemble. Vous l'avez fait avec efficacité, célérité, rigueur, comme vous y êtes accoutumés.
Soldats de l'armée de Terre, "marsouins" et "légionnaires" pour beaucoup, vous avez subi les aléas de mises en place difficiles, vous avez mené à bien des missions délicates au contact de forces étrangères, dans un environnement très mouvant et risqué et avec des conditions climatiques très dures. Vous l'avez fait avec le sérieux, l'abnégation et l'enthousiasme qui vous caractérisent.
Marins embarqués, vous avez rejoint très tôt une formidable flotte concrétisant l'engagement solidaire de la coalition sur le théâtre. Avec nos bâtiments de tous types, les "Atlantique" puis le groupe aéronaval autour du porte-avions Charles-de-Gaulle, les aéronefs embarqués et le sous-marin nucléaire d'attaque, vous vous êtes intégrés avec aisance dans un dispositif aéromaritime extrêmement complexe. Vous l'avez fait, vous aussi, dans un esprit de disponibilité, avec la compétence et le professionnalisme que l'on vous connaît.
Médecins et infirmiers, spécialistes du soutien pétrolier, vous avez accompagné, parfois précédé, vos camarades pour leur permettre de remplir leur mission opérationnelle dans les meilleures conditions possibles de sécurité et d'efficacité.
Ainsi, à Istres même en base arrière, à Douchanbé, à Mazar-e-Charif, dans les pays du Golfe, en mer, en Afrique pour certains, vous avez collectivement accompli avec brio les missions qui vous avaient été fixées par le chef d'état-major des Armées, sur la décision des plus hautes autorités de notre pays.
Depuis, d'autres de vos camarades ont pris la relève dans les mêmes missions pour les uns, ou, pour d'autres, dans des missions différentes. Je pense en particulier à vos successeurs qui assurent encore tout le transport à partir de Douchanbé, mais aussi à vos compagnons d'armes engagés au sol à Kaboul au sein de la Force internationale d'assistance et de sécurité ou déployés en mer à bord de nos bâtiments et au sein de notre groupe aéronaval.
Je pense aussi à ceux qui viennent de se déployer à Manas au Kirghizistan pour compléter la capacité en force aérienne de notre engagement interarmées.
Je pense aussi, bien sûr, à ceux qui parmi vous, s'apprêtent à partir pour rejoindre ce dispositif opérationnel français qui, sur le terrain afghan ou sur son pourtour, compte actuellement 4500 hommes et femmes des trois armées et des services. En vous rendant hommage aujourd'hui, c'est aussi vers eux que vont mes pensées.
Mais mon soutien chaleureux va aussi vers les familles qu'ils ont laissées en France, qui elles aussi consentent un sacrifice, qui attendent avec patience, confiance, inquiétude souvent, fierté en tout cas.
Cette fierté nous la partageons car, comme vous voici quelques semaines, tous ceux qui sont actuellement en opération exercent leur métier avec abnégation, en étant convaincus à juste titre d'accomplir une mission au service de la paix, mais aussi de la France, de sa sécurité, de ses intérêts stratégiques, de son rayonnement.
[Le métier des armes]
Ce "métier des armes" selon la formule qui vous fait honneur, vous l'avez choisi et vous l'exercez dans sa représentation la plus élevée, l'engagement opérationnel, ce moment intense de vérité où s'expriment les qualités militaires de disponibilité, de courage, de dépassement de soi, en même temps que se prennent les risques.
Accomplissant une mission destinée à combattre le terrorisme et restaurer la paix internationale, vous avez servi la France et les valeurs universelles autour desquelles elle se rassemble. Porteurs de l'image de notre pays dans des contrées inconnues pour vous, dans des milieux internationaux traversés de rivalités, comme en France vis-à-vis de nos concitoyens, vous avez fait honneur aux Armées françaises.
Impliqués au cur de votre métier, vous avez donné un sens à votre engagement qui atteint par cela toute sa vérité. Soldats de métier, "professionnels" comme on dit, votre "profession" n'est pas une simple activité rémunérée, mais bien plus que cela Elle est un état d'esprit qui rend heureux de servir et permet d'affronter l'épreuve, elle est une façon d'être qui aide à dominer la difficulté et le danger, elle est aussi un style de vie qui affirme le don de soi et dans lequel le "collectif" prime sur "l'individuel ".
C'est pour cet engagement, reconnu de vos compatriotes que je souhaite vous rendre hommage aujourd'hui, tout comme je souhaite rendre hommage à ceux de vos camarades, hommes et femmes, engagés en opération à l'heure où je parle, aux 2800 de Bosnie, aux 6000 du Kosovo et de Macédoine, aux 250 du Liban, à celles et ceux qui veillent sur terre, dans les airs, en mer, au-delà de nos frontières mais aussi, pour 5000 d'entre eux, sur le sol de notre pays qui -comme tous les pays libres- doit préserver sa sécurité, et donc sa liberté, et affirmer sa position et celle de l'Europe dans le monde global.
"Citoyens armés" au service de la France, hommes et femmes des situations d'urgence, je vous salue et je vous félicite d'être tels que vous êtes, disponibles, enthousiastes, déterminés.
[En conclusion]
Comme vous le constatez, c'est dans ce cadre bien particulier d'un retour d'opération que j'ai tenu à vous dire ma gratitude et celle des Français alors que dans le même temps vous exprimez un appel à davantage de considération et que se manifestent vos attentes légitimes pour une amélioration de vos conditions de vie et d'exercice de votre métier.
C'est la raison pour laquelle je me suis exprimé ce matin devant vos chefs, tous réunis, qui en ce moment même, diffusent vers vos camarades, les décisions que j'ai prises et que je souhaite vous présenter dans quelques minutes dans un contexte plus adapté que celui d'une cérémonie.
Avant donc de vous retrouver dans un instant, je vous dis encore, solennellement, la fierté que nous ressentons tous à l'égard des missions que vous accomplissez et la profonde confiance que vous portent, au nom de tous les Français, les plus hauts responsables de notre République.
(Source http://www.défense.gouv.fr, le 1e mars 2002)