Déclaration de M. Jean-Marie Le Pen, président du Front national et candidat à l'élection présidentielle 2002, sur ses propositions en matière de politique agricole, Tours, le 26 janvier 2002.

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Texte intégral

Mesdames et messieurs,

Puisque nous sommes aujourd'hui réunis en Touraine, région célèbre pour ses chateaux bien sûr, mais aussi pour ses vins,

Puisque nous sommes en lisière de la plaine céréalière de Beauce, première région céréalière française,

j'aimerais évoquer devant vous le grand désastre de notre agriculture, analyser ses causes, établir les responsabilités et esquisser les solutions qui me semblent de nature à sauver nos paysans, notre indépendance alimentaire et notre sécurité sanitaire.

Avant tout, pour vous montrer l'ampleur du péril, je voudrais évoquer chacun des grands rendez-vous, qui attendent les paysans et les pêcheurs durant le quinquennat qui arrive, parce que chacun d'entre eux est porteur de tous les dangers.

Il y a d'abord l'ouverture à l'Est, dans deux ans, avec l'arrivée des grands pays agricoles, comme la Hongrie ou la Pologne. Le quart de la population active y est faite de paysans.

Il y a les deux rendez-vous de Bruxelles.

D'abord cette année, on va refondre l'Europe bleue, l'Europe de la pêche.

Et, d'ici 2006, c'est la refonte de l'Europe agricole.

Mais il y a pire. A Genève, à l'O.M.C., après Doha, dans la clandestinité, les négociations planétaires agricoles ont commencé.

En 2004, tout sera fini. Nos subventions aux exportations auront disparu. Les aides internes à l'agriculture auront été supprimées et notre marché aura été grand ouvert. Sauf si les paysans, en avril 2002, se ressaisissent.

Dans quelques jours donc, en avril 2002, ce n'est pas une élection politique à laquelle nous allons participé. C'est une élection dramatique. Dramatique surtout pour les paysans dont le choix est entre mourir ou se sauver.

L'Argentine, par exemple, est là pour montrer qu'un grand pays agricole peut disparaître.

I- Dans les campagnes et les rivages de France, les paysans et les pêcheurs vivent plus qu'une crise, un drame permanent. Les formes en sont multiples. Chacun peut les voir et en dresser le constat.

Ce sont d'abord les manifestations des professions en crise partout et depuis bien longtemps

Les Manifestations des maraîchers pour les choux-fleurs, les artichauts et autres de nos produits confrontés à la concurrence européenne et extra-européenne ,mais aussi des éleveurs, lors de la crise du secteur du porc.

La semaine dernière, une fois encore, ce sont les vignerons du Languedoc-Roussillon, sur le premier vignoble du monde par la superficie qui ont dit, à Béziers, leur désespoir.

Ces révoltes du désespoir donnent au drame agricole français un caractère global.

Toutes les régions, tous les produits, depuis maintenant des décennies, sont atteints.

Au moment où je vous parle, le Massif Central et toutes nos zones d'élevage sont au bord de la faillite.

En décembre et janvier, ma tournée présidentielle m'a conduit dans nos départements et nos territoires d'Outre-mer. Ainsi, la Guadeloupe et la Martinique sont en danger parce que l'Europe a définitivement abandonné nos producteurs de bananes au diktat des multinationales américaines.

Il y a quelques mois, les pêcheurs de Sète et de la Méditerranée manifestaient. Comme on l'avait fait sur la façade atlantique. Par une seule région de France ou de la France d'Outre-mer n'y échappe.
En Bretagne, ce sont nos pêcheurs qui vivent régulièrement la crise.

En Provence, dans la vallée du Rhône, ce sont nos arboriculteurs.

Les éleveurs bovins se retrouvent avec un million de têtes dans les étables.

Nos éleveurs de moutons n'ont pu obtenir de Bruxelles qu'une prime de 20 euros par tête de brebis, quand il en faudrait 30, face à la concurrence de Nouvelle-Zélande.

Nos vignerons sont étouffés avec une récolte dans la cave, une distillation qui ne vient pas et une récolte prochaine qu'ils ne savent où stocker.

Nos producteurs de fruits à coque, amandes, noix, noisettes, doivent subir la concurrence des producteurs de Californie ou de Turquie.

Nos producteurs de tabac d'Alsace, du sud-ouest, se demandent si le lobby vert va faire interdire la production.

Nos crevettes de Guyane doivent crever au profit des crevettes de Colombie.

Nos céréaliers n'ont pas le droit de produire les oléagineux qui nous manquent, et qui représentent 75 % des besoins alimentaires de nos élevages.

Et je pourrais poursuivre l'énumération avec nos apiculteurs sacrifiés au profit du Canada, du Mexique ou de la Chine, et jusqu'à nos producteurs d'ail qui se voient éliminés par des importations frauduleuses et massives.

En bref, pas un seul secteur de l'agriculture et de la pêche française n'échappe au drame.

Comment alors évitera-t-on l'appauvrissement des paysans ?

Le revenu de nos agriculteurs s'effondre. Les éleveurs n'ont plus de trésorerie. Les vignerons en coopérative ont vu leurs revenus chuter de 30 %. Nos producteurs de bananes des Antilles sont asphyxiés. Nos pêcheurs peuvent difficilement moderniser leur bateau pour en assurer, notamment, la sécurité.

Mais il y a pire. Pour nos vieux paysans, pour les veuves d'agriculteurs surtout, les retraites sont des retraites de la honte. Après quarante ans d'activité aux côtés de son mari, la veuve d'agriculteur reçoit moins qu'un RMI, moins que n'importe quel sauvageon de banlieue, moins que n'importe quel immigré qui vient d'arriver sans rien amener à la collectivité.

Faut-il alors s'étonner si on ne trouve plus guère de jeunes agriculteurs pour exercer pourtant ce merveilleux métier ?

Faut-il alors s'étonner de la désertification des campagnes ?

Les actifs s'en vont et les jeunes ne les remplacent pas.

Depuis plus de vingt ans, chaque quinze minutes, une ferme disparaît en France. Il doit rester moins de 500.000 exploitants agricoles. Et le mouvement s'accélère.

La branche famille agricole est excédentaire. Et pour cause. Il n'y a plus guère d'enfants, parce qu'il n'y a plus guère de couples parce qu'il n'y a plus guère de vie possible parce que, quand les députés socialistes se préoccupent du PACS, ils finissent par oublier la PAC, la Politique Agricole Commune que Bruxelles a sacrifiée.

Il faudrait 15.000 installations de jeunes agriculteurs chaque année. Peu à peu, on a descendu toutes les marches. 9 000 installations par an, puis 8 000, puis aujourd'hui 6.500.

Les campagnes se vident. Les villages deviennent déserts. Les églises se vident et, à l'Angélus, il n'y a plus guère de personnes pour la prière. Du moins pas pour toutes les prières. Parce que, pendant en effet que l'on refuse des crédits pour l'installation des jeunes paysans, on déverse des milliards pour les jeunes sauvageons de banlieues. Sous couvert de politique de la ville, les milliards qui sont refusés aux campagnes, vont à Mantes-la-Jolie, aux Minguettes, à Sarcelles et partout où on brûle les voitures, où on caillasse les pompiers et on tire sur les policiers.

On oublie ainsi de dire que dans le budget 2002 par exemple, pour les 238 000 emplois jeunes financés par l'Etat, on a prévu rien moins que 60 000 F par tête pour ces gentils enfants aux cocktails Molotov, aux canifs surdimensionnés, à l'insulte facile et à l'agression permanente.

Comment alors les paysans ne ressentiraient-ils pas le sentiment d'une spoliation ?

Depuis des années, le monde des campagnes est spolié, à la fois par les importations de produits étrangers mais aussi, et on ne le sait pas, par des transferts au bénéfice des autres Français.

Voir se déverser sur nos marchés, à cause de la suppression des droits de douane, les moutons néo-zélandais, les vins d'Australie ou du Chili, les fruits et légumes du Pacifique, les fleurs de Jordanie, les choux-fleurs d'Israël, les sojas génétiquement modifiés brésiliens, les maïs américains, les farines anglaises ou les poissons de Russie, c'est déjà une première occupation, une première spoliation.

Mais il y a pire. Il y a plus subtil. C'est la spoliation des paysans par les autres Français eux-mêmes.

Depuis les années 60, nos paysans ont fait des efforts de productivité comme aucune profession n'a été capable de le faire. Nos paysans sont des hommes de terre mais, maintenant, aussi des ingénieurs agronomes, des comptables, des gestionnaires, des vétérinaires, des paysagistes ou des mécaniciens.

Il n'est pas un seul agriculteur qui ne remplisse plusieurs métiers à la fois dans une seule journée, selon qu'il passe de son tracteur à son étable, de l'épandage des engrais à la gestion de ses livres comptables, de l'étude de marché à la prospection des débouchés.

Ces hommes, ces agriculteurs qui, il y a 15 000 ans, avaient réalisé le plus grand bond en avant de l'histoire de l'humanité, sous le nom de révolution du néolithique, ont, une fois de plus, dans les quarante dernières années, réalisé en Europe en général, et en France plus spécialement, le plus grand saut de compétitivité de tous les secteurs économiques mondiaux.

Ainsi, grâce à ces fabuleux gains de productivité, aujourd'hui, les fruits et légumes, les viandes, les sucres, le beau et le bon sont présents sur nombre de tables de France à des prix abordables. Sauf, hélas, pour les pauvres et les exclus dont Jacques Chirac et Lionel Jospin ont fracturé la vie.

Ce fabuleux cadeau d'une nourriture abondante, saine, diversifiée et à prix modérés, c'est le travail des paysans qui le fait et si l'espérance de vie n'a cessé d'augmenter, si nous gagnons un mois chaque année, si les plus de 80 ans sont nombreux, c'est beaucoup moins dû aux exploits de la médecine qu'au travail des paysans. Parce que si l'on est ce que l'on mange, les paysans, nous ayant permis de manger beaucoup et bien, nous ont permis, du coup, de vivre plus longtemps et beaucoup mieux.

Mais, en échange de ces services d'une valeur incommensurable à la collectivité, qu'a-t-on donné aux paysans ?

Il y a plus de quarante ans, une ménagère consacrait plus de 50 % de son budget à l'alimentation. Aujourd'hui, elle y consacre 17 %. Ces économies réalisées sur la nourriture, parce que les paysans offrent des prix de plus en plus bas par rapport à ce qu'il en allait il y a un demi-siècle, toutes ces économies, oui, au profit de qui ont-elles été faites ?

L'argent qu'on ne dépense plus pour remplir l'assiette, on le dépense pour remplir les hôtels de vacances, les avions du voyage, les plages du tourisme ou les salles de spectacles.

Autrement dit, les surplus de productivité que les paysans ont dégagé ont été confisqués par le secteur des services.

Plus l'agriculture était efficace et plus elle enrichissait le tourisme, les transporteurs, l'hôtellerie et toute l'économie tertiaire.

C'est là qu'il y a eu confiscation. Les hommes de terre ont vu la valeur ajoutée de leur travail enrichir les hommes de vent, c'est-à-dire ceux qui n'offrent que des loisirs. Il y a une injustice qu'il faudra réparer et le plus vite possible. Cette injustice est d'autant plus insupportable que, par dessus le marché, les paysans mis en accusation.


Si l'on en croit le candidat Noël Mamère, Dominique Voynet, les verts et l'électorat de "bobos", de bourgeois bohèmes dont un seul 4x4 permettrait à un couple de paysans de vivre quatre ans, les agriculteurs seraient des pollueurs, des empoisonneurs.

On est même en train de discuter, ce mois-ci, à l'Assemblée Nationale d'un projet de loi qui vise à imposer une nouvelle taxe aux agriculteurs, sous le faux prétexte qu'ils polluent l'eau, les nappes phréatiques et les rivières.

En réalité, le paysan, soi-disant pollueur, s'il produit un hectare de maïs, fournit plus d'oxygène qu'un hectare de forêt. Un hectare de maïs libère 15 tonnes d'oxygène. Un hectare de forêt plafonne à 8 tonnes d'oxygène pour l'essentiel.

II - Puisqu'il n'y a là que mensonges et manipulations, quelles sont les causes réelles du drame agricole français.

Une série de prétextes, pas toujours faux, sont avancés : les méventes, la surproduction, l'inadaptation au marché mondial, les circuits commerciaux...

Les vraies causes sont ailleurs.

Elles viennent d'abord de la guerre américaine contre l'Europe.

Depuis les années 60, l'Amérique ambitionne de maîtriser l'arme alimentaire. C'est pour cela qu'en 1962, lorsque les autorités européennes ont accepté de supprimer les droits de douane sur les exportations américaines de soja, d'oléagineux, de résidus de maïs, les américains savaient que l'agriculture française serait un jour à leur merci. Ils ont refermé le piège en 1994, lors de la signature à Marrakech du protocole entérinant l'accord de Blair House, qui nous interdisant de produire ces oléagineux dont nos élevages ont besoin.

Comment faire autrement alors que d'importer, donc d'être dépendant, puisque les farines carnées ont révélé leur dangerosité et qu'elles sont interdites ?

Nous sommes dépendants. L'Europe agricole s'est fait mettre "échec et mat" par les Etats-Unis.

Cette dépendance, l'Europe l'a lâchement accepté.

Bientôt nous n'aurons plus d'agriculture.


III - Les solutions du RPR-UDF-PS, on les a vu à l'oeuvre. Ce sont d'abord les pommades sur jambes de bois : restructurations, paysans paysagistes, développement durable...

Il s'agit des soins palliatifs. En attendant que les paysans disparaissent, le slogan de Jacques Chirac et de Lionel Jospin est : "attendre et voir mourir". Pour cela, il y a toute une série de techniques.

a) C'est tout d'abord le départ en préretraite.

On refait ici le coup du plan sidérurgie. On refait, pour les campagnes de France, ce que l'on a fait pour la Lorraine, pour le Nord-Pas-de-Calais, pour les ouvriers des aciéries, les mineurs ou les ouvrières du textile.

Sous couvert de restructuration, on les élimine en douceur. On les met à la casse élégamment.

Ce sont ensuite les fameux " contrats territoriaux d'exploitation ".

Il s'agit là de transformer les paysans en salariés. Ce qui restera d'exploitants agricoles sera transformé en paysagistes, en techniciens de surface agricole, rémunérés modestement et transformés en Indiens dans des réserves. Ils serviront à entretenir les chemins, les bois, les sous-bois, les collines pour permettre aux citadins de venir avec leur trial, leur VTT et leur estafette déverser, durant les week-end, les enfants dont on aura privé les paysans.

L'électorat de M. Mamère ou de Mme Corinne Lepage viendra à la campagne comme on va voir ce qui reste de Sioux, de Cheyennes ou français, quelque part du côté de l'Oregon ou du Nouveau-Mexique. Dans le cas des agriculteurs, on vient simplement dans le Massif Central ou dans le haut Languedoc.

Mesdames et messieurs, je refuse ces fausses solutions...

Pour le monde agricole, comme pour toutes les grandes questions qui concernent l'avenir du pays, j'ai, avec le Front National, une méthode. C'est celle de Descartes. C'est celle du bon sens. C'est celle qui consiste à traiter les causes du problème pour que le problème disparaisse comme par enchantement puisque, sauf dans le monde de sorcellerie de Harry Potter, lorsque la cause d'un phénomène disparaît, le phénomène disparaît lui-même.

C'est la seule magie du Front National. Lorsque la cause de l'insécurité c'est l'immigration, on met fin à l'immigration et l'insécurité disparaît dans la foulée.

Les causes des problèmes des campagnes et des rivages de France sont connues. Je viens de les rappeler. Ce sont ces causes que je traiterai en Président pour que, de nouveau, la prospérité et le bonheur d'exercer le plus beau métier de la terre reviennent chez les paysans de la mer et les paysans des champs, des fermes et des vergers.

Mon carré magique tient en quatre mesures fondamentales :

1°) Faire des paysans une priorité nationale
2°) Leur assurer la parité sociale
3°) Relancer le secteur rural par l'exemption fiscale
4°) Et veiller, enfin à sa protection internationale.

1°) Le paysan et le pêcheur sont une de mes priorités nationales absolues.

Pour un pays la première des indépendances, c'est l'indépendance alimentaire. Parce que, quand on dépend de l'étranger pour vivre, alors votre vie est en danger.

Ma femme et moi en savons quelque chose avec l'Irak. Parce que les Irakiens dépendent de l'étranger pour vivre, 1,6 millions d'irakiens sont déjà morts de faim et de dénutrition, dont pour les seuls mois de septembre, octobre et novembre derniers, 21.000 enfants de moins de 5 ans.

Quand l'alimentation de nos troupeaux dépend des oléagineux qui arrivent des Etats-Unis, cela veut dire que tous nos porcs, tous nos bovins, tous nos ovins sont sous la dépendance du gouvernement américain.

Lorsqu'en 1979, à la suite de l'invasion de l'Afghanistan, le Président Carter a voulu sanctionner la Russie, il a cessé de livrer des céréales. Et si la France ou l'Argentine n'avaient pas pris le relais, les Russes n'auraient pu manger.

J'appartiens à une génération qui a su, de 1940 à 1947, ce qu'étaient les rationnements. Enfant, j'ai connu les tickets de rationnement.

Il y a des imbéciles pour croire que les steaks, les fruits et légumes et tous les aliments poussent chez Carrefour, Champion ou Casino, comme même des enfants qui s'imaginent que les poissons sont rectangulaires et qu'ils se ramassent dans la mer avec des cartons sur les quels écrit Findus.

Et bien non ! La nourriture se fabrique dans les fermes et les poissons se pêchent. Fils de pêcheur, pêcheur moi-même, je sais d'ailleurs que c'est le plus dur des métiers. Alors, parce que les paysans et les pêcheurs sont la condition de notre survie, ils seront une de mes priorités nationales comme président.

C'est ce principe philosophique qui va dicter mon plan global et massif en faveur du monde rural.

2°) La parité sociale

On ne peut plus tolérer que les paysans soient les oubliés de la société française. J'ai dit ce qu'était leur retraite. J'ai dit ce qu'était leurs revenus. J'ai dit ce qu'était leur appauvrissement. Sous ma présidence, cette injustice sera supprimée.

Plus aucune retraite agricole ne sera inférieure au SMIC. En cinq ans, la situation des veuves d'agriculteur et des agriculteurs retraités sera alignée sur celle des autres Français. C'est un engagement de dignité. C'est un engagement de justice.

3°) Les exemptions fiscales

L'Organisation Mondiale du Commerce vient encore de condamner, pour la deuxième fois, les Etats-Unis pour fraude fiscale massive au profit de leurs multinationales et notamment la multinationale céréalière Cargill.

C'est un avantage de 150 milliards de dollars que les Etats-Unis accordent, chaque année, à leur commerce extérieur via la fraude fiscale, utilisant les paradis fiscaux des Caraïbes et prenant la forme de sociétés fictives de vente à l'étranger.

Eh bien ! Quand les U.S.A. subventionnent leurs exportations via cette fraude, et notamment les exportations agricoles, à concurrence de 150 milliards de dollars, quand, comme je l'ai rappelé, le surplus de productivité agricole a été confisqué par le secteur des services, la justice économique exige de restituer aux agriculteurs une partie de ces sommes qui, depuis quarante ans, leur ont été volées.

Ce sera tout l'objet de l'exemption de toutes charges fiscales et sociales dont vont bénéficier immédiatement les campagnes et les rivages de France.

Le coût représentera de l'ordre de 16 milliards de F. C'est-à-dire l'équivalent du surplus que la France verse chaque année au budget européen par rapport à ce qu'elle reçoit. Surplus qui pourrait être évité tout simplement en mettant fin à la folle politique de cadeaux de droits de douane faits à tous les produits étrangers.

Je rappelle que les multinationales bananières Chiquita, Dole ou Del Monte se voient accorder par l'Europe, chaque année, un cadeau de plus de 11 milliards de F de droits de douane, cadeau qui va encore augmenter à partir de 2006.

Alors, l'exonération de 16 milliards de F de cotisations sociales et d'impôt en faveur du monde de l'agriculture et de la pêche, ce n'est même pas le 10ème des milliards jetés par la fenêtre avec les 35 heures, la politique des banlieues ou les emplois bidons pour les sauvageons.

4°) La protection internationale

La cause fondamentale des problèmes de l'agriculture européenne, et française spécialement, c'est l'abandon de la préférence communautaire. C'est l'abandon de la protection douanière. C'est l'ouverture de nos marchés aux quatre vents des importations sauvages dictées par le libre-échange européen.

Les Etats-Unis, eux, mettent des barrières douanières infranchissables pour les miels, pour les jus de fruits, pour les Roquefort français et pour quantité d'autres produits.

Or, pendant ce temps :
via des zones de libre-échange avec l'Australie, l'Afrique du Sud, le Mercosur, la Méditerranée
via le programme au profit du riz, du sucre et des produits agricoles des 49 Pays les Moins Avancés
via le système des préférences généralisées, supprimant les droits de douane pour les produits agricoles de la plupart des pays en voie de développement
via surtout l'accord de Blair House et l'accord de l'O.M.C. qui a réduit nos droits de douane agricoles à une moyenne de 18 %, l'Europe de Bruxelles a livré nos agriculteurs au déferlement des produits importés.

Cela, il va falloir le revoir. Or, comme les négociations commerciales, ouvertes à Doha, se terminent en 2004, sous ma présidence, l'Europe devra résister aux Etats-Unis ou alors elle se passera du soutien de la France.

Le modèle familial agricole français vaut bien le modèle agricole industriel américain.

C'est modèle contre modèle parce que la France, elle aussi, a la prétention de parler au monde.
(Source http://www.front-national.com, le 30 janvier 2002)