Déclaration de M. François Hollande, premier secrétaire du PS, dans le Val d'Oise le 2 avril 2002, sur le contexte de la campagne électorale (situation au Proche Orient, résurgence de l'antisémitisme, tuerie du conseil municipal de Nanterre), sur les principes qui doivent guider la gauche dans cette campagne et sur la nécessité de marquer les clivages entre la droite et la gauche.

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Texte intégral

La campagne se déroule dans un cadre exceptionnel, en particulier sur le plan international avec les événements du Proche-Orient. C'est une véritable guerre qui est ouverte en Palestine avec de terribles enchaînements : des attentats aveugles et des répressions brutales ; avec son cortège de malheurs, avec sa suite ininterrompue de victimes qui tombent -trop nombreuses- d'un conflit qui semble interminable. Aujourd'hui, Sharon porte une très lourde responsabilité dans cette escalade. Georges Bush, par son silence, cautionne cette politique d'occupation des territoires sans garantir l'indispensable sécurité d'Israël. Des initiatives doivent donc être prises dans ce moment-là. Des initiatives par la France, amie d'Israël, mais aussi proche des Palestiniens. Des initiatives aussi par l'Europe, tellement liée au Proche-Orient, par le monde qui voit son équilibre menacé si l'escalade continue. C'est donc à eux, c'est-à-dire à l'organisation qui a la légitimité pour le faire, de répondre aux appels qui leur sont adressés et d'envoyer -pour le moins- une force d'observation et, demain peut-être, une force d'interposition pour pouvoir arrêter l'enchaînement des violences et permettre enfin le retour au dialogue.
C'est aussi un élément de campagne. Car nous ne pouvons pas vivre comme cela, coupés du monde, comme si rien ne devait nous ébranler quand tout nous touche.
Ces derniers jours auront été aussi marqués en France par la résurgence de l'antisémitisme, ce déshonneur qui conduit les esprits faibles à mettre en cause des lieux de culte ou des biens de particuliers au prétexte qu'ils seraient la propriété d'hommes et de femmes dont la seule faute serait d'être Juifs. Il faut fermement condamner et ces actes et ces auteurs et rappeler la nature laïque de notre République qui ne reconnaît pas les communautés mais les citoyens. République dont la première obligation est de protéger tous les cultes ; chaque Français -quelle que soit son origine, sa religion ou sa philosophie- a les mêmes droits et les mêmes devoirs.
Je ne peux passer sous silence l'émotion collective née de la tragédie de Nanterre. Nous étions un certain nombre à être présent pour l'hommage qui a été rendu aux élus locaux tombés sous les balles d'un tueur qui poussé la haine de lui-même jusqu'à supprimer des hommes et des femmes qui se dévouaient pour les autres, c'est-à-dire pour lui-même.
C'est le contexte que nous connaissons dans cette campagne. Il est grave. Je le sais. Il pèse et c'est normal. Mais, nous devons dans ce moment ni être silencieux ni être discrets. Nous devons simplement nous obliger, collectivement, à nous situer à la hauteur des enjeux.
Certes, il s'en trouvera toujours parmi les candidats -et par forcément les moins importants- pour utiliser l'émotion, exploiter la peur, récupérer l'incompréhension à des fins électorales. Je fais pour ma part confiance aux Français, à leur lucidité, à leur indulgence.
Ils voient clair sur les comportements, les promesses de celui, notamment, qui promettait il y a peu -un soir à la télévision- que aussitôt élu (si tant est que cette hypothèse pouvait être admise par tous) il prendrait des gestes suffisants pour réduire l'insécurité. Lesquels ? s'interrogeaient les téléspectateurs. La réponse fut donnée par l'auteur lui-même : il suffirait, au lendemain de l'élection présidentielle, de convoquer un Haut Conseil de la Sécurité, de le placer auprès du Président pour que, d'un seul coup, comme d'autre avait voulu terroriser les terroristes, les délinquants soient eux-mêmes pourchassés.
C'est dire là où le débat politique peut tomber ! C'est dire aussi là où nous devons le placer. Car ces événements, aussi dramatiques soient-ils, ces formes de comportements politiques, aussi ridicules soient-ils, fournissent à la Gauche l'occasion d'affirmer des principes forts au moment de ce scrutin.
Le premier principe est la nécessité d'organiser notre planète qui n'est pas un espace sans loi ou un marché sans règle, mais tout simplement un monde qui appelle aussi l'intervention humaine, l'intervention publique, et qui peut demain être aussi un forum démocratique. Il faudra que dans cette élection nous parlions du monde si nous voulons atteindre nos objectifs de paix, de développement ou de régulation économique. C'est aussi un enjeu de cette élection.
Le deuxième principe est celui de la cohésion nationale car, au-delà du message internationaliste que nous devons prononcer, nous devons aussi rappeler qu'une Nation, c'est plus que la juxtaposition d'individus, de groupes sociaux ou de corporations. C'est le message républicain qui exige des références, des ordres, des valeurs et d'abord l'exemplarité ; chacun ne peut forcément l'avoir toujours à l'esprit.
Le troisième principe est la lutte contre les inégalités car, c'est la pauvreté, la misère qui nourrissent partout dans le monde -et ici aussi- les haines, les tensions et la violence. C'est le message social inaltérable de la Gauche.
Le dernier principe est la participation civique au nom de l'intérêt général. C'est le message de la démocratie qui suppose le respect des institutions, le respect du suffrage universel, des promesses qui doivent être tenues, le respect aussi des clivages pertinents -car il y en a forcément comme à toutes élections. La démocratie est sans doute un terme naturel pour beaucoup de nos concitoyens. Et pourtant, nous le savons, au-delà même de la barbarie, elle est vulnérable. Et elle est vulnérable chaque fois que progresse l'indifférence, chaque fois que progresse la résignation, chaque fois que progresse la fatalité.
Voilà l'enjeu de cette élection. L'élection présidentielle est un moment important, ce n'est pas un jeu tactique, ce n'est pas une aventure personnelle, ce n'est pas un moment rituel de débat. Il s'agit d'une délibération collective. C'est plus qu'un passage obligé à l'accès aux responsabilités. Il faut donc lui accorder l'attention, l'intérêt.
Je veux ici vous dire que la campagne est commencée depuis un mois et elle supposera que trois batailles soient successivement gagnées : La première l'est sans doute déjà : c'est celle de la crédibilité. Deux autres s'ouvrent déjà : celle du projet et celle de la mobilisation.
Lionel Jospin a gagné la bataille de la crédibilité. Et il l'a gagnée dès 1997 et, ensuite, à travers son parcours. Il a tenu ses engagements là où Jacques Chirac avait manqué à sa parole, et notamment sur le chômage. Il a réussi là où tous ses prédécesseurs avaient échoué, y compris ceux de Gauche. Il a montré un sens de la synthèse, de la délibération collective. Il a fait vivre la Gauche plurielle là où la droite a continué et continue encore à étaler ses divisions.
Et si Jacques Chirac fait une campagne solitaire, c'est qu'il a bien du mal à s'entourer. Mais pourrait-il d'ailleurs les mettre tous autour de lui ? N'y aurait-il pas, à ce moment-là, quelques irritations, compétitions ou querelles ? Il a fallu, c'est vrai, un grand meeting à Paris pour qu'enfin Edouard Balladur constate qu'il était de la famille. Mais, finalement, il en avait toujours été. Le problème c'est qu'ils avaient le même programme déjà en 1995 ; la seule différence qui les opposait c'est que Jacques Chirac voulait être élu et qu'il a inventé, à ce moment-là, un concept.
Parce que c'est de cela qu'il s'agit aussi dans cette élection. De crédibilité par rapport aux propositions et aux promesses. Dans cette campagne, même quand on est hostile à la Gauche, même quand on est réservé à l'égard de notre action, chacun sait que ce que Lionel Jospin avancera dans cette campagne il le tiendra si, bien sûr, il a la confiance des Français !
Jacques Chirac a été élu en 1995 sur une mystification, sur une illusion, sur un concours de circonstances, sur la " fracture sociale ". Aujourd'hui, il a encore répété la même méthode mais sur un autre sujet qu'il pense être celui qui rassemblerait les Français, c'est-à-dire celui de l'insécurité. Comme si, aujourd'hui, il avait conscience que le Gouvernement n'avait pas rempli son devoir en matière de lutte contre l'insécurité, comme s'il y avait l'exacte mesure de ce qui fonctionnait avec eux et qui ne fonctionnerait plus avec nous. Ils nous brandissent des statistiques -d'ailleurs fausses- sur leurs pseudo résultats de 1993 à 1997 : chaque fois, la violence progressait, les délinquances -notamment sur les personnes- progressait. Et puis il y aurait depuis 1997, parce que nous serions venus aux responsabilités une aggravation des actes de violence Comme si c'était si simple ! Comme si ces phénomènes qui existent depuis trop longtemps n'avaient pas continué à tarauder notre société et en faire une sorte de société plus violente que par le passé.
Mais, les Français ne se laisseront pas abuser comme ils l'ont été en 1995. Parce qu'il ne s'agit pas seulement d'une élection ! Il s'agit de traiter l'ampleur d'un problème. Oui, la droite, Jacques Chirac, a fait de l'insécurité le seul sujet de cette campagne au risque d'ailleurs -comme dans notre Histoire- de faire progresser une nouvelle fois l'Extrême droite qui est là et qui attend, qui finalement n'a même plus besoin de faire le travail qui lui fournit par la droite. Oui, il y a danger aujourd'hui non pas à répondre pour nous, la Gauche, à la question même de l'insécurité ; il y a danger de voir la droite faire un travail de surenchères, d'exploitation, dans un but simplement électoral. Nous, nous avons un devoir ; c'est de proposer un projet qui sera demain un contrat entre les Français et leur Président. C'est cela "Présider autrement", et cela engagera tous les socialistes.
S'ouvre donc la bataille du projet. Une idée fausse s'est installée qu'il convient de combattre : c'est celle qui voudrait qu'il y ait similitude des projets, confusion des engagements, qu'il y ait finalement l'effacement des lignes de partage entre la Gauche et la Droite, comme s'il n'y avait plus qu'à choisir entre deux personnes. Cette idée est non seulement dangereuse, mais elle est fausse.
Elle est d'abord dangereuse, pernicieuse même, car à quoi servirait de voter, d'accomplir ce devoir civique, à quoi reviendrait le fait fondamental dans une démocratie de venir porter son suffrage s'il n'y a plus de différence entre les uns et les autres ? Et elle est surtout fausse : fausse par rapport à notre histoire, fausse par rapport à cette législature durant laquelle la droite a voté contre tous les projets que la Gauche a présentés et fausse même par rapport à la philosophie -respectable d'ailleurs- de la Gauche et de la Droite. Chacun sait qu'il y a des différences sur l'égalité, sur la liberté, sur les murs, sur le rôle de l'Etat, sur la répartition des fruits de la croissance, sur la redistribution, sur la conception de la culture, sur la construction européenne -même s'il peut y avoir des Européens dans chacune des grandes familles politiques, dans leur rapport aux Etats-Unis, dans la gestion de la planète. Oui, il y a des différences et elles sont souhaitables dans une démocratie. Et les nier serait porter atteinte à l'idée même de l'élection, du suffrage et donc de la démocratie. Et, pour ceux ou celles qui en douteraient encore, je me souviens avoir reçu il y a maintenant plus d'un an le responsable de la Gauche italienne qui affrontait -aux élections législatives- Berlusconi. Il me disait que ce qui était terrible dans cette campagne c'est que pour le corps électoral, à l'honnêteté près, Berlusconi et la Gauche italienne auraient les mêmes propositions. Un an après, trois millions d'Italiens défilent dans les rues de Rome pour dire NON à la remise en cause des droits sociaux, pour dire NON à la remise en cause de la protection contre les licenciements qui seraient annulée, abrogée, pour dire ASSEZ ! par rapport à cette question forte de la puissance publique contraire même aux Droits de l'Homme, notamment sur la question du droit des étrangers. Alors, je préfère pour mon pays que dans un an, nous ne soyons pas en train d'organiser des manifestations ou alors de soutien à Lionel Jospin.
Dans d'autres contextes, dans d'autres pays, cette question s'est posée. Il y en a même qui nous disaient, il y a un peu plus d'un an, qu'aux Etats-Unis -finalement- entre Bush et Gore ce serait la même chose -et à bien des égards, aux Etats-Unis, entre les Démocrates et les Républicains parfois on s'y perd. Mais, au moins, qui peut penser que si Gore l'avait emporté il aurait remis en cause le protocole de Kyoto et les droits essentiels pour l'environnement ? Et qui peut même imaginer qu'aujourd'hui par rapport à la question du Proche-Orient Gore resterait silencieux quand Bush ne prend pas sa responsabilité par rapport à ce qui peut dégénérer en ce moment ? Et si on évoque Israël aussi, il y en avait -notamment de bons esprits et par forcément pro-israëliens- qui nous disaient " Oh ! finalement, entre Sharon et Barak, c'est pareil ; ils sont généraux l'un et l'autre ", comme si aujourd'hui entre Barak et Sharon c'était la même chose. Quand Barak cherchait la paix -difficilement- cherchait un interlocuteur qu'il ne trouvait pas toujours, Sharon ne cherche qu'à pourchasser Arafat et, sans doute, à l'anéantir.
Alors, oui il y a une différence entre la droite et la gauche.
Et un seul candidat a avantage à l'indifférence, à la banalisation. Il l'entretient d'ailleurs comme un zéphir ; il n'a qu'un seul sujet, qu'une seule obsession : la sécurité. Ce candidat est un candidat en trompe l'il, en cache-cache ; il cache son programme parce que, sur son programme, il ne peut pas être majoritaire dans le pays, car c'est un programme de récession sociale et de libéralisme. Il cache même ses partisans dans les meetings. Il cache son programme et finalement son inspiration car elle est provient du MEDEF et de nulle part ailleurs. Là je veux ici, pour une fois, rendre un hommage à un homme de droite (finalement peu reconnu pour ses qualités) qui a fait au moins uvre de franchise et de sincérité : il s'agit de Jean-François COPE, élu RPR de Seine-et-Marne, Maire de Meaux, qui a dit comment Jacques Chirac ferait : il supprimerait la tranche supérieure de l'Impôt sur la Fortune, qu'il augmenterait un certain nombre de dépenses et il a même essayé de bricoler le programme pour le faire entrer dans la valise que Dominique Strauss-Kahn voulait offrir à Jacques Chirac Mais, la valise c'est pour partir et pour rien d'autre.
Il nous revient donc, à nous socialistes, de clarifier les enjeux et les responsabilités. Lionel Jospin est le candidat, dans cette campagne, du progrès social. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de candidat qui aspire également à des évolutions sociales ou de candidat de protestation sociale ou de revendications sociales. Lionel Jospin est le candidat du progrès social. C'est lui, avec les socialistes, avec la Gauche plurielle, qui fera avancer le progrès social. Il n'y en a pas d'autres dans cette campagne. Et nous pouvons le démontrer sur l'emploi, puisque c'est lui qui avance cette idée forte de droit à la formation tout au long de la vie ; c'est lui, et le seul, qui a essayé de créer des contrats de retour à l'emploi pour les plus de 50 ans, souvent rejetés de l'entreprise parce que revenant trop cher. C'est Lionel Jospin aussi qui avance des propositions pour lutter contre la précarité, contre les contrats à durée déterminée ou le recours abusif à l'intérim. C'est Lionel Jospin, bien sûr, qui promet d'en terminer enfin avec réforme des 35 heures pour la généraliser, quand Jacques Chirac, au nom de la souplesse, au nom de la liberté (mais de qui ? du Chef d'entreprise, pas du salarié) voudrait remettre en cause, abroger même les 35 heures.
Voilà l'enjeu qu'il faut clarifier sur l'emploi comme il faut le clarifier sur la sécurité. Punir bien sûr ; dissuader sans doute ; mettre les moyens à l'évidence -mais cela suppose parfois de ne pas baisser autant qu'on le prétend les impôts ; et enfin prévenir et agir au plus tôt.
Oui, il nous faut, sur tous ces sujets-là marquer les différences, insister sur les urgences. Cela vaut également pour la justice sociale à travers les propositions qui ont été détaillées : taxe d'habitation quand les autres nous proposent la baisse de l'impôt sur le revenu ou la baisse de l'impôt sur les sociétés. Oui, il nous faut insister sur la Couverture Logement Universel et sur cette perspective de " Zéro SDF ". Oui, il faut mettre en cause celles et ceux qui prétendent que les retraites par capitalisation n'auraient aucune conséquence sur les fondements mêmes du régime de répartition, alors qu'on le sait bien : il y aurait là un bouleversement dont notre système social pourrait vivre peut-être ses derniers instants.
Il faut, même sur les Institutions, sur la jeunesse faire apparaître nos différences. Sur la jeunesse, à travers le contrat autonomie jeunes, car nous avons autre chose qu'à donner un SMIC-Jeune comme le prétendait Edouard Balladur, il y a quelques années. Sur la Justice, il faut enfin faire cette loi constitutionnelle d'indépendance et de responsabilité de la Justice ; il faut restaurer le mandat unique pour les parlementaires, accroître les droits du Parlement, faire en sorte qu'il y ait des étapes nouvelles en matière de décentralisation, accorder le droit de vote pour les étrangers en situation régulière aux élections locales Et sur toutes ces réformes, il y aurait accord entre la gauche et la droite ? Nous proposerions la même chose quand tant d'écarts nous séparent ?
Qui ne voient pas ces différences ? Celles et ceux qui ne veulent pas les voir. Je pense notamment à des Républicains qui se révèlent d'occasion, oubliant le message fondamental de la République qui n'est pas simplement un cadre institutionnel ou une référence pieuse, qui est d'abord un contenu -et notamment un contenu social- et que pour les Républicains, ce qui compte -malgré tout c'est ce qui se produira- c'est le désistement républicain. Et même par rapport à l'Extrême Gauche qui n'est plus d'Extrême Gauche quand elle ne différencie plus sa gauche de sa droite, qui peut imaginer que s'il n'y avait pas eu des socialistes -et plus largement des femmes et des hommes de Gauche- dans notre Histoire pour prendre leurs responsabilités, en accédant au pouvoir, en exerçant la charge de décider pour les autres, en acceptant même cette part d'impopularité qui a pu nous frapper dans notre propre histoire Qui peut penser que le sort des travailleurs serait le même s'il n'y avait pas eu des socialistes, des femmes et des hommes de gauche, pour faire avancer les droits ?! Nous avons instauré les 40 heures, la retraite à 60 ans, et maintenant les 35 heures ! Oui, il a fallu que des socialistes fassent ce travail-là, parce que, sinon, il n'aurait jamais été accompli et d'autres auraient pu continuer à venir, élection après élection, guetter les suffrages pour n'en rien faire au demeurant.
CONCLUSION
Ce qui va compter maintenant, c'est la bataille de la mobilisation. Cette bataille de la mobilisation ne durera qu'à peine trois mois. Tout va se jouer en trois mois. Cela ne peut pas être la campagne d'un seul homme, fut-il aussi talentueux que Lionel Jospin. Cela ne peut pas être une campagne de télévision, dès lors que nous aurons, sans doute, plus de 15 candidats et que la réalité de l'égalité s'imposera. Cela ne peut pas être une campagne du haut avec les seuls responsables du Parti socialiste.
Ce doit être une campagne citoyenne. Le Parti socialiste, non pas simplement ses militants, non pas simplement ses sympathisants ou ses électeurs, sera décisif. Jamais sans doute une offre aussi abondante de candidatures ne se présentera ; jamais depuis la première élection du Président de la République au suffrage universel il n'était déjà sûr que les deux candidats principaux seraient confirmés. Nous avons refusé cette présentation de l'élection qui voudrait que s'il y a deux tours, ce serait pour deux élections différentes.
Comme si au premier tour, par rapport à cette gamme de candidats qui nous est proposée, nous aurions à faire un choix presqu'à la proportionnelle, à donner notre préférence pour l'une ou pour l'un, sans conséquence sur la deuxième élection qui serait une élection au scrutin majoritaire, puisque nous connaissons, semble-t-il, déjà les deux finalistes Quelle erreur ! Les plus expérimentés le savent bien : une élection à deux tours se joue dès le premier tour. C'est la mécanique qui se met en place le soir du premier tour qui permet la victoire au second tour.
C'est pourquoi, je demande à tous ceux qui se reconnaissent dans l'action de Lionel Jospin depuis maintenant cinq ans, tous ceux qui se reconnaissent dans le projet de Lionel Jospin qui est aussi le projet des socialistes, de se mobiliser pour cette élection, même au premier tour, parce qu'il y aura là une mécanique qui donnera le succès, une dynamique qui fera la victoire, un enthousiasme qui nous portera loin, plus loin même que l'élection présidentielle puisqu'il y aura les élections législatives. Et, il y a la nécessité d'une cohérence, faire que la victoire de Lionel Jospin soit suivie par une majorité de Gauche à l'Assemblée nationale, permettant ensuite le travail de cohérence, en complémentarité, en addition plutôt qu'en soustraction comme nous le connaissons dans le cadre d'une cohabitation.
C'est pourquoi, c'est à vous maintenant de permettre par votre enthousiasme, par votre mobilisation, par votre soutien, par votre confiance en Lionel Jospin, que la France puisse être forte, sûre, active, moderne et juste.

(source http://www.parti-socialiste.fr, le 9 avril 2002)