Interview de Mme Brigitte Girardin, ministre de l'outre-mer, dans "Le Quotidien de La Réunion" le 10 mai 2002, sur sa nomination au gouvernement et sur ses projets pour l'outre-mer.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Le Quotidien de La Réunion

Texte intégral

Quel a été votre premier sentiment lorsque le Premier Ministre vous a annoncé votre nomination ?
Un sentiment de grande responsabilité et de gratitude à l'égard du Président de la République et du Premier Ministre qui me font confiance pour mener à bien cette mission.
Vous attendiez-vous à une telle promotion et comment l'avez-vous apprise ?
J'ai pour habitude de prendre les choses comme elles viennent, et ce n'est pas dans ma nature de faire des projections de carrière. J'ai bien sûr été très sensible à cette marque de confiance que m'a témoignée le Président de la République.
Jacques CHIRAC avait promis, pendant la campagne, la création d'un ministère " à part entière pour l'outre-mer " et non un " modeste secrétariat d'Etat sans poids réel ni autorité ". Que traduit cette volonté ?
La volonté de donner à l'outre-mer toute la place qui lui revient au cur de la République et donc dans l'organisation gouvernementale. La volonté aussi de réaffirmer la vocation interministérielle de ce ministère, qui ne saurait donc être placé sous la tutelle d'un autre.
Le Président de la République s'est engagé à présenter au Parlement avant la fin de l'année une loi-programme sur 15 ans en vue d'atteindre l'égalité économique. Comment va se dérouler son élaboration ?
De façon pragmatique et transparente en associant très étroitement les différents partenaires concernés, qu'il s'agisse des élus ou des milieux socio-professionnels.
Quelles sont les grandes priorités de cette loi-programme ?
Elles ont été clairement définies pour le Président de la République dans son discours de Champ Fleuri et dans son " engagement pour l'outre-mer ". Il s'agit de favoriser par des mesures fortes d'exonérations de charges sociales la création de vrais emplois dans les entreprises, pour faire reculer l'assistanat et la précarité résultant de la création de faux emplois publics.
Il s'agit également de relancer l'investissement grâce à un système de défiscalisation très novateur.
Enfin, la priorité va aussi à la formation des jeunes dont la mobilité doit être encouragée, ce qui suppose que soient réglés dans le même temps les problèmes liés à la continuité territoriale, notamment la desserte aérienne.
Dans son discours de Champ Fleuri, Jacques CHIRAC a proposé la création d'un " salaire maternel " regroupant les allocations existantes. En quoi consiste-t-il ?
C'est tout d'abord une mesure de simplification permettant de créer un guichet unique de ces différentes prestations. C'est aussi une mesure qui répond aux demandes des mères de familles, qui deviennent ainsi les allocataires directs tout en pouvant bénéficier d'accès à des travaux à temps partiel et à des formations.
L'avenir des emplois aidés (CES, CEC, emplois jeunes) constitue une " grande préoccupation " avait dit le Président de la République. Ces emplois seront-ils reconduits ?
Le dispositif de création d'emplois dans le secteur productif qui figurera dans la loi-programme permettra de réduire le nombre de ces emplois précaires qui affectent surtout les jeunes. Leur financement pose en effet un problème préoccupant et il n'est pas normal que les collectivités locales en assument seules la charge.
Plusieurs organisations patronales de La Réunion proposent la création d'un contrat d'insertion unique remplaçant tous les autres. Qu'en pensez-vous ?
Je suis tout à fait prête à discuter de cette proposition qui me semble intéressante avec les organisations patronales concernées.
Comment comptez-vous traduire dans les faits la volonté de Jacques CHIRAC d'assurer la " continuité territoriale " avec la métropole ?
Jacques CHIRAC avait ouvert le ciel de l'outre-mer en 1986. Aujourd'hui, nous constatons le retour à une situation de quasi monopole de la compagnie nationale. Je compte bien, en liaison avec mon collègue des Transports, m'attaquer prioritairement à ce dossier de la desserte aérienne. C'est en effet essentiel pour réussir la politique de mobilité des jeunes avec la création du " passeport mobilité " qu'a souhaité le Président de la République. C'est aussi une des conditions du développement économique de l'outre-mer.
Allez-vous prendre part à la campagne des législatives ?
A travers l'action gouvernementale, et à la place qui est la mienne, comme Ministre de la République.
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 28 mai 2002)