Déclaration de M. Jean-François Lamour, ministre des sports, sur les grands chantiers de la politique sportive, Paris le 15 mai 2002.

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Circonstance : Assemblée générale du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) à Paris le 15 mai 2002

Texte intégral

Monsieur le Président (cher Henri),
Monsieur le Ministre,
Mesdames, Messieurs Les Présidents
Chers amis.
Vous imaginez sans peine le plaisir que j'ai à être parmi vous aujourd'hui. Ce plaisir, c'est celui de se retrouver avec les siens, dans la grande famille du sport français. Vous savez que je ne l'ai jamais quitté depuis près de trente ans et c'est avec émotion et fierté que j'ai accepté, il y a quelques jours, la mission difficile mais ô combien passionnante de ministre des sports.
En effet, pour la première fois depuis la guerre, c'est un ministère plein entièrement dédié au sport et aux sportifs qui a été mis en place. Pour le Président de la République et le Premier ministre qui l'ont souhaité, cette innovation est un signal très fort envoyé au monde du sport, signal qui marque l'importance accordée à notre secteur dans la société française et qui met en lumière le caractère prioritaire des actions que nous allons mener ensemble.
Ces actions, je compte évidemment les conduire grâce à la mobilisation de tous les services du ministère des sports. Mon ministère, je le sais, s'est interrogé sur son avenir compte tenu de la séparation des secteurs Jeunesse et sports. J'étais, avant de vous rejoindre, au Conseil des ministres durant lequel ont été examinés les décrets d'attribution des différents ministères. Je peux vous dire que pour mener mon action, je disposerai non seulement de toutes les directions d'administration centrale du ministère, à l'exception évidemment de celle de la Jeunesse, mais surtout de tous ses services déconcentrés et de tous les établissements situés au plus près du terrain. Pour privilégier l'efficacité et le travail d'équipe, nous avons décidé de conserver la cohérence des structures administratives et de travailler en bonne intelligence avec le ministère de la Jeunesse, mais plus largement avec tous les ministères concernés par notre action, aussi bien l'intérieur, que les affaires sociales et la santé.
Nous sommes désormais en ordre de marche pour déployer une politique autour de thèmes simples, en favorisant la concertation et le dialogue, la proximité avec le terrain et la coopération interministérielle. Mon projet comprend des mesures que je souhaite rapidement mettre en oeuvre, mais aussi quelques grands chantiers que nous allons ouvrir ensemble.
Je souhaite tout d'abord faire de la lutte contre la violence et les incivilités dans et autour du sport ma première action. Dans la lignée de la loi Alliot-Marie, les outils réglementaires mais aussi les moyens matériels doivent être donnés aux clubs pour juguler les différentes formes de violence et faire des enceintes sportives des lieux de convivialité pour tous, où règne le sentiment de sécurité. Des actions de prévention et de sensibilisation auprès des éducateurs et des sportifs doivent être confortées quand elles existent ou rapidement mises en place. Pour cela, en accord avec le Président Sérandour, j'assisterai cet après-midi à une réunion exceptionnelle du bureau du CNOSF consacrée à ce sujet. Nous identifierons les messages que nous souhaitons faire passer à l'ensemble du mouvement mais aussi nous mettrons tout en oeuvre pour faire émerger les initiatives locales les plus innovantes en ce domaine.
Comme vous avez su le faire à l'occasion de l'élection présidentielle, le mouvement sportif doit continuer à se mobiliser pour défendre les valeurs de respect de l'autre et d'engagement citoyen qu'il incarne.
Je souhaite également envoyer des signes tangibles aux bénévoles qui sont la clé de voûte du mouvement sportif en les aidant, les informant et en facilitant leur travail quotidien par une simplification des dispositifs qui leur sont applicables. Ces bénévoles, et notamment les dirigeants, doivent pouvoir bénéficier d'une amélioration très concrète de leur situation, notamment par une simplification et une harmonisation des règles. Je proposerai rapidement des projets d'expérimentation dans ce domaine.
Je souhaite, enfin, confier une mission conjointe avec le ministère de la défense, à Monsieur François Terranova, inspecteur général honoraire de la jeunesse et des sports, pour réfléchir sur l'avenir de l'école interarmées des sports, ainsi qu'à une utilisation civile des équipements sportifs.
Mais au-delà de ces mesures immédiatement applicables, plusieurs grands chantiers s'ouvrent aujourd'hui devant nous. J'aimerais en évoquer certains et c'est ensemble que nous arriverons à les mener à terme.
Il est important que l'unité du mouvement sportif soit réaffirmée face au risque de balkanisation du sport de haut niveau confronté à la pression de l'argent et des médias. Pour cela, et pour aborder tous les grands chantiers de modernisation du sport français, je souhaite réunir avant la fin de l'année des Etats généraux du sport.
Ces Etats généraux, organisés en partenariat étroit avec le CNOSF, seront l'occasion de faire travailler ensemble tous les acteurs du monde sportif. Ceux-ci devront notamment réfléchir à la modernisation du fonctionnement des fédérations, repenser la formation de nos jeunes espoirs et de nos cadres techniques qui sont la richesse de notre sport national et préparer la gestion de l'après-carrière des sportifs de haut niveau. Ces Etats généraux se pencheront également sur l'avenir du financement public du sport français et notamment sur le projet de création d'une Fondation du sport amenée à se substituer au FNDS.
Le second grand chantier sera celui de la meilleure intégration du sport dans toutes les composantes de la société française. Pour cela, la création d'un ministère des sports est une vraie chance pour notre pays. Je souhaite ainsi que le contrat d'insertion dans la vie sociale (le CIVIS), mais aussi le service civil volontaire, contienne un véritable volet sport. Plus que jamais, l'engagement sportif peut être, et doit être, un puissant vecteur d'insertion pour des jeunes en difficulté ou pour ceux qui souhaitent prendre un engagement associatif. En outre, un gisement d'emplois important et non encore exploité existe aujourd'hui dans et autour du sport. Je compte également entreprendre une évaluation de l'action des 30 000 emplois-jeunes du secteur sportif et, dans la mesure du possible, favoriser leur pérennisation. Enfin, et c'est un thème auquel je suis particulièrement sensible, je veux améliorer l'accessibilité des infrastructures sportives aux personnes handicapées, tout particulièrement dans la pratique du sport loisir.
Le troisième chantier doit nous permettre de mieux conjuguer sport et santé. Le " sport pour la santé " doit devenir un slogan, un état d'esprit pour les jeunes en formation, pour les adultes en activité et les seniors en quête de convivialité et d'exercice. La préservation par la pratique sportive du capital santé de chacun doit être mieux prise en compte et devenir un nouvel axe des politiques du ministère.
Parler de sport et santé c'est évidement aussi traiter de la question du dopage. Il convient de réaffirmer tout d'abord que le dopage est un fléau que nous dénonçons depuis de nombreuses années. Dans ce domaine, un cadre législatif existe aujourd'hui mais son application, sans réelles priorités, rencontre des difficultés pour se concrétiser sur le terrain. Il faudra y remédier. Il convient notamment de renforcer l'environnement médical et scientifique, qui passe par une approche globale allant de la recherche à l'industrie et par une concertation renforcée au niveau européen, puis mondial. Je souhaite ainsi pouvoir faire avancer le dossier de l'Agence mondiale antidopage (AMA), et ce dès demain à l'occasion du sommet européen informel d'Almeria.
Le quatrième et dernier grand chantier que nous allons poursuivre ensemble est celui du sport et des territoires. Dans ce domaine, je considère que l'Etat doit être un facilitateur et un régulateur. Il doit organiser la concertation pour définir les priorités d'une politique du sport sur l'ensemble du territoire. A ce titre, les services déconcentrés doivent tenir un rôle de conseil et de soutien aux clubs et aux collectivités locales. Ces collectivités doivent d'ailleurs voir leur place consacrée.
Le sport a aussi une vraie responsabilité à jouer dans le développement durable du territoire. Les politiques sportives, je les conçois en fonction des territoires mais aussi des bassins de vie ou d'emploi, ou des formes d'intercommunalité. Ces politiques doivent être également conçues en intégrant les dimensions économiques, sociales, touristiques et environnementales. La valorisation des espaces naturels et ruraux et la promotion d'un accès raisonné à ceux-ci sont des priorités. Il s'agit de concilier l'essor des activités de pleine nature avec la préservation du milieu rural et la recherche d'un développement équilibré des territoires.
Pour conclure, je souhaiterais rappeler les grands défis sportifs qui nous attendent dans les prochains mois et qui mobiliseront j'en suis sûr l'énergie et la passion de chacun d'entre nous.
A deux semaines du début de la coupe du monde de football, je me suis rendu hier soir à Clairefontaine pour redire aux Bleus notre estime et le soutien inconditionnel que tous les Français leur apportent pour ce challenge historique qui les attend. Ce mois de compétition sera, nous le souhaitons tous, un grand moment de fête et de fraternité autour du sport.
Mais je pense également à la formidable demi-finale de Coupe Davis que nous promettent les joueurs de Guy Forget en septembre prochain à Roland-Garros. Nous serons là aussi de tout coeur avec l'équipe de France pour pousser avec elle les portes de la finale.
Un peu plus loin, je porterai mon regard sur les championnats du monde d'athlétisme qui auront lieu à Saint-Denis l'année prochaine. La réussite de ce grand événement est une priorité pour nous tous et le savoir-faire français en ce domaine doit nous le permettre.
Enfin, ce savoir-faire nous voulons plus que jamais le mettre au service du rêve olympique. Le Président de la République l'a dit, et je souhaite vous le répéter aujourd'hui, nous sommes favorable à la candidature, aussi rapidement que possible, de Paris aux Jeux olympiques. Cette candidature, si le maire de la capitale en est d'accord, nous la porterons ensemble, car c'est votre dynamisme et votre passion qui nous ferons tous gagner.
Je vous remercie.
(Source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 15 mai 2002)