Interview de Mme Brigitte Girardin, ministre de l'outre-mer, dans "France-Antilles" (Guadeloupe) le 18 mai 2002, sur les mesures spécifiques à prendre pour l'outre-mer en matière de sécurité.

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Média : France Antilles

Texte intégral

France-Antilles : Quel est le but de votre venue aux Antilles ?
B. Girardin : Je suis venue pour travailler sur des dossiers prioritaires pour le gouvernement, à savoir la lutte contre l'insécurité et la préparation de la loi programme de développement économique et social. Je reviens en Guadeloupe dans des fonctions qui me permettent d'être à la tête d'un ministère de plein exercice, au cur de l'action gouvernementale. Comme, dès la semaine prochaine, je vais participer au premier conseil de sécurité intérieure, il était indispensable pour moi de venir ici pour prendre vraiment la mesure des problèmes, notamment en matière de sécurité. Il m'a paru indispensable de venir sentir les choses sur le terrain, parce que préparer des mesures et une loi dans mon bureau parisien, cela ne me paraissait pas compatible avec la méthode de travail que je souhaitais mettre en uvre. Je crois qu'il y a ici une situation particulière qui nécessitera des mesures spécifiques pour l'Outre-mer, en plus de celles qui seront prises sur le plan national.
Le gouvernement vient d'annoncer la création de groupes d'intervention régionaux (GIR). Les départements d'outre-mer en bénéficieront-ils ?
Les GIR, bien sûr, seront aussi installés dans les DOM, avec sans doute des mesures d'adaptation à la situation particulière de l'Outre-mer. Le gouvernement s'est engagé à les créer avant l'été : nous y travaillons actuellement et ce sera probablement à l'ordre du jour du premier conseil de sécurité intérieure.
Pourquoi des mesures d'adaptation ?
Le phénomène d'explosion de la délinquance a une acuité particulière en outre-mer. Il y a ici d'autres problèmes qui sont amplifiés par rapport à la métropole ou qui ont une dimension particulière et auxquels il faudra s'attaquer : je pense notamment au poids de l'immigration clandestine, à la difficulté de surveiller les zones maritimes, au développement du narcotrafic Ce sont des domaines qui vont nécessiter une action différenciée par rapport à celles que nous mènerons en métropole. A ce titre, le fait que le ministre de l'Outre-mer participe de façon permanente au conseil de sécurité intérieure se justifie pleinement.
Mon rôle sera, à partir de tout ce que je vais constater, de faire valoir ce contexte particulier pour obtenir un renforcement des mesures qui seront prises sur le plan national et de mesures plus adaptées à la situation qui est la vôtre.
Certains nationalistes pensent qu'une loi de programmation sur quinze ans est incompatible avec une évolution statutaire rapide. Qu'avez-vous à leur répondre ?
La loi de programmation doit s'attaquer au problème de l'égalité économique. L'évolution statutaire est un autre débat : ce n'est pas dans une loi de programme qu'on doit la traiter. La position du Président de la République sur cette question n'a pas changé. Elle consiste à commencer par faire une grande révision du titre 12 de la Constitution, qui concernera l'ensemble des collectivités de la République, celles de la métropole comme celles de l'Outre-mer.
L'Outre-mer s'inscrira dans cette grande réforme de transfert de compétences, de plus grande décentralisation.
(source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 21 juin 2002)