Interview de Mme Christiane Taubira, candidate pour le Parti Radical de gauche à l'élection présidentielle de 2002, à 'France Inter" le 13 mars, "RTL" le 12 avril, et dans "Le Monde" le 17 avril 2002, sur les thèmes de sa campagne électorale, notamment l'insécurité, le service public, la solidarité internationale avec la fiscalisation des groupes mondiaux, la reconnaissance des identités et de la diversité des territoires.

Prononcé le

Média : Emission L'Invité de RTL - Emission la politique de la France dans le monde - France Inter - Le Monde - RTL

Texte intégral


France Inter, le 13 mars
S. Paoli
"Est-ce parce qu'elle est femme, noire, intelligente et belle qu'elle est inaudible et invisible dans les médias" ? Cette question directe est posée dans un texte publié en Martinique et en Guadeloupe par cinq écrivains antillais, qui s'indignent du peu d'écho donné par les médias à votre candidature à la présidentielle. Une femme, noire, candidate à la présidentielle, c'est une première ?
- "Incontestablement, oui. "
Et l'ostracisme, c'est une réalité ?
- "En tout cas, il y a incontestablement un déséquilibre fort et grave, inquiétant, parce qu'il y a derrière cela un enjeu démocratique. Les élections sont une période où on ouvre à nouveau le jeu, pour une écoute de la société, sur des propositions, sur des candidatures de personnes qui ont des compétences et qui portent des propositions. Et lorsque le déséquilibre est aussi fort dans l'expression médiatique, cela veut dire qu'il y en a qui referme le jeu. Cela me paraît très grave sur le plan démocratique. Et c'est important qu'il y ait des protestations dans cette campagne, parce que c'est une façon aussi de rétablir des règles, des règles de bonne expression publique."
Mais quand ces écrivains antillais disent que c'est parce qu'elle est noire et que c'est parce qu'elle est femme, qu'au fond, on ne lui donne pas la parole ? C'est une réalité que vous vivez ?
- "Non, ils ne le disent pas ainsi. Ils disent, "elle est... ", ils déclinent et disent en plaisantant que "trop, c'est trop". Donc, ils n'accusent pas les médias français. D'ailleurs, ils évoquent le fait que Dieudonné a la parole. Donc, en fait, ils absolvent en quelque sorte les médias français de cette accusation, au cas où on interpréterait les choses de cette façon. Mais il est certain que moi, particulièrement, je pense que je bouleverse tellement les représentations symboliques qu'il y a une forte interrogation sur ma participation à cette campagne."
Mais même au sein du PRG, semble-t-il : il paraît que le mouvement qui vous a investi se posait la question de savoir s'il faut vous laisser en course ou pas ?
- "Non, on ne peut pas globaliser. Il y a effectivement des expressions un peu intempestives dans la presse en ce moment, qui d'ailleurs ne me portent pas préjudice, mais projettent une image exécrable du PRG. Ce qui est injuste, parce que les militants restent très mobilisés, les élus gardent la tête froide, puisqu'ils renvoient leur confirmation de parrainage, ce dont je les remercie. Ils continuent à organiser mes déplacements de terrain : demain je serais dans le Calvados, en Normandie, pour la visite d'une ferme, un débat public sur l'esclavage moderne et la santé publique ; un meeting à Louviers, dans la ville de P. Mendès-France ; après, je serais à Rennes, après à Lille... Ce sont donc une ou deux déclarations comme ça, c'est tout, mais qui font plus de tort au PRG qu'à moi."
Comment concevez-vous votre rôle dans cette campagne ? Quand on sait par exemple que le président du PRG, M. Baylet, estime qu'au fond, 2 % de résultats, ce serait déjà très bien. Qu'est-ce que vous avez envie de dire et de faire dans cette campagne ? Qu'est-ce que vous voulez changer au fond ?
- "Parce que justement la discussion n'a pas porté sur cela, elle a porté essentiellement sur les valeurs radicales que nous partageons. J'ai fait un premier compagnonnage avec les radicaux de gauche en 1994, j'ai siégé avec eux pendant cinq ans au Parlement européen. C'est donc un univers que je connais bien. C'est un milieu que je connais, que j'ai fréquenté, ce sont des personnes avec qui j'ai travaillé. Donc, les valeurs radicales je les connais, parce que je les ai découvertes à cette occasion là. Et je sais à quel point, effectivement, elles imprègnent mes propres convictions et mes propres combats. Donc, c'est un deuxième compagnonnage et l'essentiel était effectivement ces idées, ces convictions que je porte déjà, qui ont imprégné mes combats et que j'ai l'occasion là de sublimer. Donc, l'essentiel est de faire avancer un certain nombre d'idées, de les propager, de leur donner densité, de leur donner de l'audience. Je le fais sur le terrain et, sur le terrain, la résonance est effectivement très forte."
Mais c'est un combat mondialiste aussi que vous menez. C'est intéressant d'en parler d'ailleurs, alors que vient de disparaître M. Tobin, le Prix Nobel d'économie. Vous dites qu'il faut un impôt mondial sur les bénéfices des multinationales. Vous allez même au-delà de la taxe Tobin.
- "Oui, c'est quelque chose de plus efficace et de plus pragmatique à mettre en place. Mais parmi toutes mes propositions, effectivement, il y a toute une série de propositions qui concerne la solidarité internationale. Mais il y a des propositions concernant la société française indirectement : mon principal objectif est quand même de réintroduire la République au coeur des cités. Cela évoque inévitablement les problèmes d'insécurité, qui sont la première préoccupation des Français. Et j'ai une analyse sur l'insécurité qui est fortement différente de celle que l'on entend très largement en ce moment et qui cède volontiers à la surenchère sécuritaire. Je dis que justement, M. Jospin, c'est quand il dit qu'il s'est trompé, qu'il se trompe. Parce qu'en réalité, la montée de la délinquance est liée à la baisse du chômage aussi. Parce qu'il y a eu une très forte inégalité. Les inégalités se sont creusées, lorsque la croissance est revenue. Et on ne peut pas l'ignorer. Je dis très clairement qu'il faut traiter symptomatiquement l'insécurité. C'est-à-dire qu'il faut sanctionner les transgressions à la loi. Il faut les sanctionner, mais il faut étudier pour apporter les réponses qu'il faut et les juges ne se trompent pas. Lorsqu'il s'agit de délinquance ordinaire, les juges sanctionnent comme il faut. Lorsqu'il s'agit du trafic de drogue - parce que ça aussi, ça fait partie de la délinquance -, ils sanctionnent d'une autre façon. Lorsqu'il s'agit de révolte urbaine, ils sanctionnent d'une autre façon. Ils font bien la différence entre la délinquance économique par exemple : lorsqu'une voiture est volée pour être revendue, c'est de la délinquance économique, qu'on ne s'y trompe pas. Lorsqu'elle est volée pour être utilisée, c'est de la délinquance sociale. Lorsque les voitures sont brûlées, c'est de la révolte urbaine. Il faut interroger les causes. Il faut sanctionner. Tous ces actes sont condamnables et méritent sanctions. Mais il faut interroger les causes et notamment la désertion des services publics dans ces milieux-là. Tous les milieux génèrent de la délinquance. La bourse elle-même génère de la délinquance, même si on n'en parle pas beaucoup. Donc tous les milieux génèrent leur propre délinquance. Et il faut interroger l'absence des services publics dans ces milieux-là, les réinstaller et éventuellement - une de mes propositions -, c'est une nouvelle collectivité publique qui serait les "mairies de quartier", qui permettrait à des personnes, élus dans ces quartiers-là, parce qu'on a des quartiers où il y a 20.000 personnes. Et on oublie qu'il y a ici des villes de 3.500 habitants. Donc, pour 3.500 habitants, on trouve normal qu'il y ait une mairie, et puis, il y a 20.000 personnes qui vivent dans un milieu où il n'y a pas de service public et on laisse ça un peu aux associations, alors que les associations par exemple sont taxées sur les salaires, puisqu'elles ne sont pas taxées sur la TVA et qu'en conséquence, elles n'ont pas une vraie capacité de recrutement. Donc il faut que les pouvoirs publics reprennent leurs responsabilités et réinvestissent ces lieux-là. "
Mais vous dites aussi qu'en amont de tout ça - d'ailleurs, ça nous renvoie à ce que j'évoquais à l'instant sur la taxe Tobin, un leur partage de la croissance -, aussi longtemps qu'il n'y aura pas un meilleur partage de la croissance et une meilleure régulation au fond de l'économie du monde, on aura partout, et de plus en plus, des problèmes d'insécurité, parce que les déséquilibres vont augmenter ?
- "Bien sûr, c'est un combat pour la paix et pour la justice. Les inégalités que l'on connaît aussi bien à l'intérieur de la société française, en Europe et dans le monde, sont des inégalités qui sont souvent liées à l'histoire et à des carences de politiques publiques. Alors, ça n'absout pas l'individu de sa responsabilité : on n'est pas obligé, parce qu'on est pauvre et abandonné, de devenir délinquant. D'ailleurs, la grande majorité des personnes ne cèdent pas à cela. Mais il n'empêche que l'on doit pouvoir expliquer ça. Et je crois que la solidarité internationale est un acte essentiel, y compris un acte d'équilibre et de paix, y compris pour les pays industrialisés, y compris pour les pays européens. C'est-à-dire que l'immigration d'hommes que l'on accuse de tous les maux, la suspicion qui pèse sur des milliers d'hommes, parce qu'ils sont obligés de fuir la misère, cela est lié au fait aussi justement que sur place, il y a la famine, la misère, il y a les maladies, il y a la violence. Donc, la solidarité internationale est indispensable. Je propose effectivement un certain nombre d'actes très précis : la fiscalisation des groupes mondiaux - vous en parliez tout à l'heure. Il faut savoir que deux tiers du commerce international passent par ces groupes mondiaux. Donc, si on fiscalise leurs bénéfices, qui sont faits dans des pays en voie de développement et qu'on le fait à partir d'éléments mesurables - leurs immobilisations, la masse des salaires, les effectifs, les infrastructures qui sont sur place -, on peut donc mesurer exactement le bénéfice qu'ils font à chaque endroit. Au lieu de leur permettre de glisser ces bénéfices vers les paradis fiscaux, par une entente internationale sur les critères et les modes de prélèvements on pourrait rétablir de la justice. Cela me paraît plus sûr, que la taxe Tobin, qui essaye de poursuivre des capitaux erratiques qui auront toujours au moins une distance d'avance sur la fiscalité."
Je me demande si vous n'êtes pas dans l'utopie, mais ce n'est pas grave, il y en a de belles, des utopies ! Quand vous parlez de la République mondiale, une "République monde" avec une assemblée permanente des citoyens, qu'est-ce que cela veut
dire ?
- "Non je suis sûre qu'on y viendra. L'utopie, ce n'est jamais quelques années d'avance, vous le savez parfaitement. Je suis sûre qu'on y viendra. Une assemblée ? Pour l'instant, nous avons des assemblées internationales, d'abord qui représentent des Etats, ensuite qui sont généralement l'émanation de la sortie du système colonial. Il faut une citoyenneté mondiale, qui est déjà en train de se construire à travers Internet notamment. Cette citoyenneté mondiale peut prendre corps à travers une assemblée de citoyens et d'élus, représentants les citoyens du monde. Cela n'a rien de très utopique en terme de délai très éloigné. Mais ça me paraît essentiel pour rééquilibrer et pour introduire les principes de la République. La "République monde", ce sont surtout les valeurs de la République dans les relations internationales, ce n'est pas une République mondiale avec un gouvernement mondial ; c'est l'instauration des valeurs de la République, dans la solidarité internationale, donc dans les conventions internationales, dans les rapports entre les différents pays."
(Source :Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 13 mars 2002)
RTL, le 12 avril 2002
R. Elkrief - Vous êtes candidate du Parti radical de gauche, vous êtes née en Guyane et vous dites que votre candidature est "un événement qui a une dimension historique incontestable". Mais, aujourd'hui, avec un peu près 1 % dans les sondages, apparemment, c'est un événement dont l'importance échappe encore aux électeurs. Est-ce que cela vous déçoit ?
- "Cela ne s'enferme pas dans des statistiques. Mais je suis certaine que cela n'échappe pas du tout aux électeurs, puisque j'ai choisi de faire une campagne de terrain et que j'ai bien vu la résonance à la fois de mes analyses et de mes propositions sur le terrain."
Ce que vous dites c'est donc, qu'en tant que femme noire le fait d'être présidente... Ah ! lapsus !
- "Prémonitoire !"
Je n'irai pas jusque là ! Le fait d'être candidate à la présidence de la République est un événement, parce que vous parlez de la France des différences. Vous dites qu'il faut qu'elle soit colorée, bigarrée et qu'elle respecte les différences et, en même temps, vous plaidez pour la République. C'est conciliable ? Parce qu'en général, on oppose ces deux concepts ?
- "Cela veut dire que l'on oppose la réalité aux institutions et c'est totalement absurde et inefficace. Je ne plaide pas pour que la France soit bigarrée. Mais je dis que la France est plurielle dans sa population et qu'il y a l'existence de fortes identités qui datent de 20 siècles en France, mais aussi d'identités qui sont plus récentes et liées à l'histoire coloniale et méditerranéenne de la France. Je demande simplement qu'on regarde la réalité, qu'on l'accepte - parce que c'est une réalité humaine et qu'elle ne saurait se dissoudre dans les fantasmes de gens qui rêvent de République uniforme. La République doit être unie autour de ces identités qui sont à la fois réelles et légitimes et qui sont, surtout, la source de richesse et de vitalité de la société française."
Concrètement, on est face à un problème en ce moment : vous voyez bien la violence entre communautés, liée à la situation au Proche-Orient et tous les hommes politiques - beaucoup en tout cas - s'inquiètent de la remontée de communautarismes et dénoncent ces communautarismes. Vous, quelle serait votre solution ? Comment voyez-vous ces phénomènes ?
- "Ce n'est pas le rôle des politiques de s'inquiéter. Le rôle des politiques est de comprendre et d'agir."
Et de résoudre peut-être quand même ?
- "Absolument. Le sujet qui nous inquiète en particulier est le sujet évidemment posé sur les répercussions de la tragédie du Proche-Orient en France. C'est là que l'on craint une remontée du communautarisme. Je m'en inquiète aussi, mais pour dire que la parole publique doit être responsable et lucide. Etre responsable et lucide c'est rappeler qu'il n'y a que des citoyens français ici : de religion juive, de religion musulmane, des citoyens français soumis à la loi de la République et faisant vivre la loi de la République. Cette réalité humaine en France doit, au contraire, aider à mieux comprendre le conflit du Proche-Orient et aider à agir sur ce conflit en disant deux choses essentielles, tout de même, dans cette parole publique, si elle est responsable : il y a un vrai besoin de laïcité. Pour que l'on sépare la liberté de conscience - qui relève de la liberté individuelle et donc que la foi reste l'affaire des consciences - à la conduite des affaires publiques. Il y a un vrai besoin de laïcité dans cette région du monde."
C'est votre côté "républicaine"...
- "Mais aussi lucide et responsable. Je suis concernée."
Mais le côté "différences", comment c'est ?
- "Ne mélangeons pas les choses. Mon côté "différence", c'est ma réalité, c'est la réalité de millions de Français, c'est la réalité du monde entier. Mais la tragédie du Proche-Orient appelle un besoin de laïcité. Il faut savoir le dire. Il faut avoir le courage aussi de dire qu'il y a un vrai problème dans cette région, qui est celui de l'approvisionnement en eau qui est une ressource vitale. Cela détermine toute la question de la répartition des territoires. Il faut enfin que cela rentre dans le débat public. C'est là qu'on a des chances de commencer à contribuer, à dissoudre un petit peu les tensions terribles et effrayantes qui se développent dans ce pays. Moi, je me sens profondément concernée. Je me sens déchirée d'abord. Mais concernée, car je ne veux pas appartenir à une génération qui a laissé ce conflit s'embraser, qui a laisser toute cette région s'embraser et qui accepte le risque que s'embrase aussi la France, parce que ces affrontements sont quand même là, en germe. Je pense que c'est cela la responsabilité politique. Ce n'est pas de s'inquiéter de la montée du communautarisme, mais c'est de comprendre les inquiétudes, la peur, la frayeur, l'angoisse."
Et plutôt s'en finir pour aider...
- "Faire revenir le dialogue et la paix."
Vous êtes pour le droit de vote des étrangers en France ?
- "Lorsqu'on paye des impôts, on doit pouvoir élire ceux qui vont répartir ces impôts. Les droits ne vont pas sans les devoirs, de même que les devoirs ne vont pas sans les droits. Il y a le devoir de contribution aux charges communes par le paiement des impôts. Cela va avec un droit - le droit de la citoyenneté."
Vous n'avez pas l'impression que cela peut creuser des différences ?
- "Les étrangers sont là. Pour moi, les droits de l'Homme sont indivisibles. Ce ne sont pas des éléments conjoncturels, ce ne sont pas des éléments de marchandages de campagne électorale. Les droits de l'Homme sont indivisibles. Il y a des étrangers sur le sol français. Ils contribuent, ils paient des impôts locaux et sur le revenu. Je ne comprends pas qu'on ne leur donne pas cet attribut de citoyenneté tout à fait normal. D'autant qu'il y a deux catégories d'étrangers en France : il y a les étrangers d'origine communautaire qui ont ce droit de vote - ce qui est tout à fait normal - et il y a ces étrangers qui viennent de l'ancien empire colonial, qui n'ont pas droit à cette citoyenneté. Moi, je ne trouve pas cela normal."
Ce soir Chirac est au Bataclan et il va parler, je cite le titre de sa réunion, "avec les amis et les originaires d'Outre-Mer". En général, vous êtes assez sévère avec les candidats qui vont faire leur tournée en Outre-Mer. Vous dites qu'ils instrumentalisent ces régions...
- "Oui, ils y font des danses nuptiales, des parades qui ressemblent aux périodes de Carnaval. Je regarde ça de façon amusée !"
Ils les infantilisent ?
- "Je trouve ça scandaleux de toute façon. C'est passé, le temps de M. Debré ! C'est passé le temps du beau-papa !"
L. Jospin fait ça aussi, comme d'autres à gauche.
- "S'ils le font, je le fustige de la même façon. On peut parler très sévèrement à ses amis. On ne cesse pas d'aimer ses amis parce qu'on leur parle très sévèrement. Bien au contraire."
Alors, votre ami L. Jospin, il vous a piqué l'idée de la majorité à 17 ans ? Cela est dans votre programme ?
- "Indiscutablement c'est dans mon programme depuis février et je le défends, surtout, en réunion publique. La première fois que j'ai présenté cette proposition, c'était en Franche-Comté avec d'autres propositions bien sûr. Surtout, moi, je n'isole pas la majorité à 17 ans. Ce n'est pas un gadget pour moi la majorité à 17 ans. C'est dans la démarche qui consiste à dire qu'il faut une politique de confiance sociale à l'égard des jeunes, à l'égard des femmes, à l'égard des immigrés. Parmi les gestes de confiance à l'égard des jeunes, il y a cette majorité à 17 ans mais il y a aussi une scolarité obligatoire jusqu'à 17 ans pour les protéger plus longtemps dans le système scolaire. Il y aussi ce revenu minimum étudiant pour leur permettre de prendre ensemble la ligne de départ face à la formation des études. C'est-à-dire que c'est le combat pour l'égalité des chances."
Vous vous reporterez quand même sur lui au deuxième tour ? Vous ne lui en voulez pas ?
- "Je me bats pour des idées. Je fais d'abord le premier tour. Je ne fais pas encore le second. Je me bats pour des idées. Je veux qu'elles triomphent ces idées. Parmi elles, il y a la reconnaissance des identités fortes, il y a la reconnaissance des territoires et donc la nécessité de laisser respirer les libertés locales. Il y a la nécessité de faire que les institutions publiques ressemblent à la population française."

Mais vous vous reporterez sans problème ?
- "Je vais le premier tour et, là, je résiste avec vraiment une opiniâtreté farouche pour faire le premier tour et je veux donner de la lisibilité aux idées que je porte."
(source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 12 avril 2002)