Texte intégral
F. Laborde Avant de parler du perchoir, terme familier pour nommer la présidence de l'Assemblée nationale, un mot sur cette image de l'actualité de ce matin : J. Bové s'en allant vers la prison, en cortège, avec son tracteur et ses camarades. Vous trouvez qu'il en fait trop ou vous pouvez comprendre que la perspective de passer quelques jours en prison pour un syndicaliste n'est pas forcément ce qu'il peut espérer de mieux ?
- "Comme ça, il se met au vert !"
Au vert, en prison, moyen...
- "Tout ça est un peu ridicule. Il y a une décision de justice, elle doit être exécutée. Il a refusé l'aménagement de sa peine et par conséquent, que la décision soit exécutée, un point c'est tout. Arrêtons la comédie."
La tolérance zéro s'applique aussi à J. Bové ?
- "La décision a été prise par les magistrats, la loi a été violée ; l'état de droit, c'est que la sanction doit être appliquée."
Revenons à la présidence de l'Assemblée n ationale. Il y a une dispute au sein même de la famille politique, puisque l'on sait qu'E. Balladur est candidat, lui aussi, à ce poste. On avait imaginé à un moment donné qu'il puisse y avoir une sorte de primaire, c'est-à-dire qu'à l'intérieur même du groupe UMP, les nouveaux députés désignent leur favori. Manifestement, E. Balladur n'en veut pas ; qu'est-ce qui va se passer ? Vous allez vous présenter tous les deux, devant tous les députés, le même jour et puis on va voter à bulletins secrets ?
- "Non, je ne le souhaite pas. Je souhaite qu'au sein de l'UMP, comme cela se fait partout, dans les partis majoritaires, que l'ensemble des députés choisissent quel est celui qui doit être candidat à la présidence de l'Assemblée nationale. Je ne comprends pas très bien pourquoi on refuse ce système des primaires. C'est la responsabilité du parti majoritaire, de la formation majoritaire, d'organiser ces primaires. "
Et de faire, en quelque sorte, émerger de ses rangs le candidat à la présidence de l'Assemblée ?
- "Tout à fait."
Si tel n'est pas le cas, E. Balladur espère quoi ? Etre élu avec les voix du groupe socialiste, en dehors des voix de l'UMP ?
- "Il faut lui demander. Ce que je souhaite, c'est être le président non seulement de cette majorité, et donc d'avoir une légitimité, qui est une légitimité du fait que tous ceux et toutes celles qui ont été élus sous le sigle UMP et qui forment la majorité de l'Assemblée nationale, aient leur candidat. Et puis, je souhaite aussi être le candidat de toute l'Assemblée nationale, c'est-à-dire que si je suis élu président de l'Assemblée nationale, je respecterai naturellement chaque député, mais aussi bien ceux qui viennent de la droite, de ma famille politique, que ceux de la gauche. L'Assemblée nationale est un lieu de tolérance, où chacun peut s'exprimer, où chacun peut faire valoir son point de vue, mais où les choses sont claires : il y a une majorité et une opposition, et cette majorité elles est composée par l'UMP. Par conséquent, comme ça se passe en Angleterre, comme ça se passe en Espagne, comme ça se passe en Italie, le président de l'Assemblée Nationale est issu des rangs du parti majoritaire. Comme ça se passait avec les socialistes, où les présidents de l'Assemblée nationale étaient d'abord élus ou d'abord désignés par le Parti socialiste. "
On imagine que sur un poste de cette importance le président de la République a évidemment son opinion et son sentiment. On sait que vous êtes un proche de J. Chirac ; est-ce qu'il vous a encouragé, soutenu, est-ce qu'il vous a fait part de sa préférence ?
- "D'abord je suis un homme libre et l'élection à la présidence de l'Assemblée nationale c'est un rapport direct entre les députés et le candidat à ce poste. Par conséquent, on doit se déterminer pour postuler à cette fonction, en fonction de sa propre analyse, de ce que l'on veut faire pour l'Assemblée nationale, le rôle qui doit être celui du Parlement au sein des institutions de la République, surtout avec cette modification où on est passé du septennat au quinquennat. Et puis, on en parle à ses amis et je ne me vois pas postulant à cette fonction si le président de la République ou le Premier ministre m'en avaient dissuadé."
Donc J. Chirac vous a encouragé ?
- "Le mieux, c'est que vous l'interrogiez."
Il ne vous en n'a pas dissuadé ?
- "Voilà. C'est ce que j'ai dit au départ."
J. Barrot, ancien ministre, sera sans doute, lui, le président élu ce matin au groupe UMP. Enorme groupe, énorme travail ! Vous-même, vous avez été président du groupe RPR : quels conseils vous pouvez donner à J. Barrot, ce matin, en dehors de prendre des vitamines pour garder la forme ? Parce qu'il va avoir à gérer un certain nombre d'individualités pas toujours faciles...
- "Je n'ai pas de conseils à donner à mon ami J. Barrot, parce que l'on connaît son talent et surtout son talent d'écoute, sa capacité d'entendre, d'écouter et de comprendre les problèmes des différents députés. Donc, je pense qu'il fera très bien ce travail de rassemblement, de dédramatisation des problèmes. Je pense qu'il est, comme moi, avec une envie que le gouvernement de J.-P. Raffarin réussisse. Nous avons pris un certain nombre d'engagements devant les Français pendant la campagne présidentielle, pendant la campagne législative aussi, et il faut que ces engagements soient respectés. Pour qu'ils soient respectés, il faut que la majorité soit unie, responsable et solidaire."
Comment va travailler l'UMP, le nouveau groupe ? Ce sera un groupe très suiviste, qui va être essentiellement un groupe de soutien à l'action gouvernementale ? Ou fort de votre nombre à l'Assemblée, l'UMP va pouvoir faire entendre un peu sa différence ?
- "Encore une fois, il faut se retourner vers ce que nous ont dit les Français. Ils nous ont fait confiance et ils nous ont fait confiance pour qu'un certain nombre des propositions émises par J. Chirac soient respectées et respectées rapidement. Par conséquent, nous allons soutenir le gouvernement lorsque celui-ci va nous faire des projets de loi dans ce sens. Et puis, les Français nous ont dit : "soyez à notre écoute, à notre écoute permanente". Donc, le Parlement, l'Assemblée nationale, doit être non seulement le lieu où la majorité soutient le Gouvernement mais aussi le lieu où, en permanence, les Français peuvent faire entendre leur voix."
Donc vous allez travailler beaucoup cet été avec des sessions extraordinaires. Une toute dernière question : A . Juppé, finalement, préside tout seul l'UMP ; est-ce que ce n'est pas un peu surprenant alors que l'on avait cru comprendre que la bonne idée c'était précisément d'avoir un triumvirat, Gaudin - Douste-Blazy - Juppé, pour ne pas donner l'impression qu'il y avait une sorte de " RPRïsation " de l'UMP ?
- "On ne se retourne pas vers le passé, on regarde l'avenir et l'avenir , pour nous, c'est une grande formation dans laquelle chacun a sa place. Juppé préside aux destinées de cette formation, avec Gaudin et avec Douste-Blazy, et avec tous ceux et toutes celles qui ont le sens des responsabilités politiques. Oui, construisons une grande formation de la droite et du centre, pour donner au Gouvernement et au président de la République, les soutiens nécessaires à la réforme."
Mais franchement, le triumvirat, ce n'est pas aussi bien ?
- "Mais c'est le triumvirat , il y est là ! "
Avec Juppé président et les autres derrière...
- "Non, chacun a son rôle, chacun a sa place, mais surtout, chacun est conscient de sa responsabilité pour que l'institution marche."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 20 juin 2002)
- "Comme ça, il se met au vert !"
Au vert, en prison, moyen...
- "Tout ça est un peu ridicule. Il y a une décision de justice, elle doit être exécutée. Il a refusé l'aménagement de sa peine et par conséquent, que la décision soit exécutée, un point c'est tout. Arrêtons la comédie."
La tolérance zéro s'applique aussi à J. Bové ?
- "La décision a été prise par les magistrats, la loi a été violée ; l'état de droit, c'est que la sanction doit être appliquée."
Revenons à la présidence de l'Assemblée n ationale. Il y a une dispute au sein même de la famille politique, puisque l'on sait qu'E. Balladur est candidat, lui aussi, à ce poste. On avait imaginé à un moment donné qu'il puisse y avoir une sorte de primaire, c'est-à-dire qu'à l'intérieur même du groupe UMP, les nouveaux députés désignent leur favori. Manifestement, E. Balladur n'en veut pas ; qu'est-ce qui va se passer ? Vous allez vous présenter tous les deux, devant tous les députés, le même jour et puis on va voter à bulletins secrets ?
- "Non, je ne le souhaite pas. Je souhaite qu'au sein de l'UMP, comme cela se fait partout, dans les partis majoritaires, que l'ensemble des députés choisissent quel est celui qui doit être candidat à la présidence de l'Assemblée nationale. Je ne comprends pas très bien pourquoi on refuse ce système des primaires. C'est la responsabilité du parti majoritaire, de la formation majoritaire, d'organiser ces primaires. "
Et de faire, en quelque sorte, émerger de ses rangs le candidat à la présidence de l'Assemblée ?
- "Tout à fait."
Si tel n'est pas le cas, E. Balladur espère quoi ? Etre élu avec les voix du groupe socialiste, en dehors des voix de l'UMP ?
- "Il faut lui demander. Ce que je souhaite, c'est être le président non seulement de cette majorité, et donc d'avoir une légitimité, qui est une légitimité du fait que tous ceux et toutes celles qui ont été élus sous le sigle UMP et qui forment la majorité de l'Assemblée nationale, aient leur candidat. Et puis, je souhaite aussi être le candidat de toute l'Assemblée nationale, c'est-à-dire que si je suis élu président de l'Assemblée nationale, je respecterai naturellement chaque député, mais aussi bien ceux qui viennent de la droite, de ma famille politique, que ceux de la gauche. L'Assemblée nationale est un lieu de tolérance, où chacun peut s'exprimer, où chacun peut faire valoir son point de vue, mais où les choses sont claires : il y a une majorité et une opposition, et cette majorité elles est composée par l'UMP. Par conséquent, comme ça se passe en Angleterre, comme ça se passe en Espagne, comme ça se passe en Italie, le président de l'Assemblée Nationale est issu des rangs du parti majoritaire. Comme ça se passait avec les socialistes, où les présidents de l'Assemblée nationale étaient d'abord élus ou d'abord désignés par le Parti socialiste. "
On imagine que sur un poste de cette importance le président de la République a évidemment son opinion et son sentiment. On sait que vous êtes un proche de J. Chirac ; est-ce qu'il vous a encouragé, soutenu, est-ce qu'il vous a fait part de sa préférence ?
- "D'abord je suis un homme libre et l'élection à la présidence de l'Assemblée nationale c'est un rapport direct entre les députés et le candidat à ce poste. Par conséquent, on doit se déterminer pour postuler à cette fonction, en fonction de sa propre analyse, de ce que l'on veut faire pour l'Assemblée nationale, le rôle qui doit être celui du Parlement au sein des institutions de la République, surtout avec cette modification où on est passé du septennat au quinquennat. Et puis, on en parle à ses amis et je ne me vois pas postulant à cette fonction si le président de la République ou le Premier ministre m'en avaient dissuadé."
Donc J. Chirac vous a encouragé ?
- "Le mieux, c'est que vous l'interrogiez."
Il ne vous en n'a pas dissuadé ?
- "Voilà. C'est ce que j'ai dit au départ."
J. Barrot, ancien ministre, sera sans doute, lui, le président élu ce matin au groupe UMP. Enorme groupe, énorme travail ! Vous-même, vous avez été président du groupe RPR : quels conseils vous pouvez donner à J. Barrot, ce matin, en dehors de prendre des vitamines pour garder la forme ? Parce qu'il va avoir à gérer un certain nombre d'individualités pas toujours faciles...
- "Je n'ai pas de conseils à donner à mon ami J. Barrot, parce que l'on connaît son talent et surtout son talent d'écoute, sa capacité d'entendre, d'écouter et de comprendre les problèmes des différents députés. Donc, je pense qu'il fera très bien ce travail de rassemblement, de dédramatisation des problèmes. Je pense qu'il est, comme moi, avec une envie que le gouvernement de J.-P. Raffarin réussisse. Nous avons pris un certain nombre d'engagements devant les Français pendant la campagne présidentielle, pendant la campagne législative aussi, et il faut que ces engagements soient respectés. Pour qu'ils soient respectés, il faut que la majorité soit unie, responsable et solidaire."
Comment va travailler l'UMP, le nouveau groupe ? Ce sera un groupe très suiviste, qui va être essentiellement un groupe de soutien à l'action gouvernementale ? Ou fort de votre nombre à l'Assemblée, l'UMP va pouvoir faire entendre un peu sa différence ?
- "Encore une fois, il faut se retourner vers ce que nous ont dit les Français. Ils nous ont fait confiance et ils nous ont fait confiance pour qu'un certain nombre des propositions émises par J. Chirac soient respectées et respectées rapidement. Par conséquent, nous allons soutenir le gouvernement lorsque celui-ci va nous faire des projets de loi dans ce sens. Et puis, les Français nous ont dit : "soyez à notre écoute, à notre écoute permanente". Donc, le Parlement, l'Assemblée nationale, doit être non seulement le lieu où la majorité soutient le Gouvernement mais aussi le lieu où, en permanence, les Français peuvent faire entendre leur voix."
Donc vous allez travailler beaucoup cet été avec des sessions extraordinaires. Une toute dernière question : A . Juppé, finalement, préside tout seul l'UMP ; est-ce que ce n'est pas un peu surprenant alors que l'on avait cru comprendre que la bonne idée c'était précisément d'avoir un triumvirat, Gaudin - Douste-Blazy - Juppé, pour ne pas donner l'impression qu'il y avait une sorte de " RPRïsation " de l'UMP ?
- "On ne se retourne pas vers le passé, on regarde l'avenir et l'avenir , pour nous, c'est une grande formation dans laquelle chacun a sa place. Juppé préside aux destinées de cette formation, avec Gaudin et avec Douste-Blazy, et avec tous ceux et toutes celles qui ont le sens des responsabilités politiques. Oui, construisons une grande formation de la droite et du centre, pour donner au Gouvernement et au président de la République, les soutiens nécessaires à la réforme."
Mais franchement, le triumvirat, ce n'est pas aussi bien ?
- "Mais c'est le triumvirat , il y est là ! "
Avec Juppé président et les autres derrière...
- "Non, chacun a son rôle, chacun a sa place, mais surtout, chacun est conscient de sa responsabilité pour que l'institution marche."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 20 juin 2002)