Texte intégral
à Nancy
Travailleuses, travailleurs,
Si c'est ainsi que je commence tous mes discours, c'est parce que ce sont les intérêts politiques du monde du travail que j'entends défendre ! Les intérêts de celles et ceux sur qui pèse le poids de l'exploitation alors qu'ils font marcher la société : ouvriers, employés, chauffeurs routiers, techniciens, ouvriers agricoles, ingénieurs, cheminots, et bien d'autres. Les intérêts aussi tous ceux dont le travail est utile pour le présent et pour l'avenir de la société : personnel soignant, enseignants, chercheurs. J'entends aussi défendre tous ceux que l'économie capitaliste écarte de la production et transforme en chômeurs ; la jeunesse ouvrière, à qui on ne donne même pas sa chance de trouver un travail satisfaisant ; ou encore les anciens qui doivent vivre, et souvent mal, de la retraite qu'on leur accorde, après une existence passée au travail et d'exploitation. Tous ceux-là constituent une seule, une même classe, celle des travailleurs, quelles que soient leur situation juridique, leur origine, leur nationalité ou la couleur de leur peau.
Et les intérêts de cette classe, de ma classe, n'ont rien de commun avec les intérêts d'une minorité qui dispose de la fortune, des entreprises, des banques et qui exerce un pouvoir dictatorial sur l'économie. Ceux qui prétendent être à la fois dans le camp des exploiteurs et dans le camp des travailleurs trompent en réalité les travailleurs pour le compte des exploiteurs !
Vous ne connaissez peut-être même pas le nom d'une Madame Bettencourt. Elle est pourtant la première fortune de ce pays, et elle gagne en une minute, sans rien faire, ce que gagnent les ouvriers de ses usines en travaillant durant un mois entier. Vous ne connaissez sans doute pas le nom de la plupart des femmes et des hommes qui sont en tête du hit-parade de la fortune. On pourrait citer François Pinault, le propriétaire d'un empire industriel et commercial, comprenant la FNAC dont les salariés sont en grève pour des augmentations de salaire. On pourrait citer Jean-Marie Messier, un des PDG les mieux payés, à la tête d'un des trusts les plus riches du pays, Vivendi, ex-Générale des eaux, et dont la filiale Onyx de Reims baisse le salaire de ses travailleurs de 500 à 600 F en application d'un accord sur les 35 heures et d'une nouvelle convention collective. Eh bien, ce sont ces gens-là qui ont le véritable pouvoir, celui de l'argent, celui de disposer de l'existence des milliers de travailleurs, celui de ruiner une région entière en fermant une de leur entreprise, celui de polluer la nature. Et ceux qu'on élit, jusqu'au sommet de l'Etat ne sont que des marionnettes à leur service !
Pourtant, la société pourrait se passer des grands patrons, des actionnaires, des financiers, des spéculateurs, des boursicoteurs, de toute cette couche de privilégiés qui vit de l'exploitation du travail des autres et qui, plus grave encore, oriente les capacités économiques de la société en fonction de ses seuls intérêts.
Par contre, la société ne pourrait pas fonctionner un seul instant sans la classe des travailleurs !
Dans l'élection présidentielle à venir, les travailleurs, les victimes des plans sociaux passés, présents et à venir, ne peuvent soutenir ni la politique du gouvernement actuel, ni celle des gouvernements passés ou à venir de la droite. Ni Chirac ni Jospin et leurs alliés respectifs ne sont dans le camp des travailleurs ; ils sont dans le camp de la bourgeoisie, des riches, des possédants. Ils sont du côté de l'argent, pas du côté du travail !
Les mesures anti-ouvrières lancées par les uns sont poursuivies par les autres. Les attaques contre le système de santé du plan Juppé ont été poursuivies par le gouvernement Jospin. Les privatisations commencées sous Balladur ont continué sous Jospin aussi bien que sous Juppé. Et la gauche a même privatisé davantage que la droite. La dernière en date des privatisations rampantes annoncées est celle de l'EDF. Les 13 et 14 mars, plusieurs syndicats appellent à manifester contre ces privatisations et ils ont raison de le faire.
Balladur s'était attaqué aux retraites des travailleurs du privé en allongeant la durée de cotisation et, par conséquent, l'âge où on peut partir avec une retraite pleine. Jospin n'est pas revenu sur cette mesure réactionnaire et continue d'année en année d'exécuter les décisions prises par Balladur. Et les lois de Chevènement, lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, se situent dans la continuité des lois Pasqua-Debré contre les travailleurs immigrés.
Le bilan des vingt dernières années est que cela va de mieux en mieux pour les profits des entreprises, c'est-à-dire pour les revenus de la bourgeoisie, de plus en plus mal pour les salariés, dont la part dans le revenu national ne cesse de baisser.
La rémunération des PDG des grandes entreprises a augmenté en 2001 de 36 % en moyenne. Et ce pourcentage d'augmentation se rapporte à des rémunérations comme celle de Thierry Desmarets, PDG de TotalFinaElf, l'entreprise qui pollue et qui tue, eh bien, Thierry Desmarets a gagné 5 millions d'euros, soit 33 millions de francs. Mais il y a mieux : Serge Tchuruk, PDG d'Alcatel, a touché, l'année dernière, 20 millions d'euros, soit 131 millions de francs. Et je devrais ajouter que, même si les rémunérations de ces PDG sont très élevées, ils travaillent pour de gros actionnaires dont les revenus et les fortunes sont bien plus importants.
Mais en même temps, l'Observatoire national de la pauvreté souligne que les années dites de croissance, au lieu de diminuer la pauvreté, l'ont au contraire aggravées. Même ces deux ou trois ans où le chômage s'était mis à diminuer, la vie ne s'est pas améliorée pour ceux qui sont sortis du chômage. Car, très souvent, ils n'ont retrouvé qu'une activité précaire, partielle, où ils gagnent à peine plus que le RMI.
Le résultat, c'est que 6 millions de femmes et d'hommes de ce pays sont des pauvres, qu'ils soient chômeurs ou qu'ils travaillent ! Et neuf millions doivent vivre avec moins de 640 euros, moins de 4200 F par mois. Mais vivre avec ça, c'est tout juste survivre !
Derrière les statistiques générales, combien de drames individuels ?
Eh bien, les travailleurs ne peuvent pas accepter d'être poussés vers la pauvreté. Il faut qu'ils manifestent leur colère contre le patronat, mais aussi contre des gouvernements complices !
Car les gouvernements qui se sont succédé, de gauche ou de droite, ont tous contribué à la dégradation du sort des travailleurs, au point qu'en se remémorant ces vingt dernières années, il est bien difficile de se rappeler qui a porté les coups les plus durs à la classe ouvrière.
Même pendant la campagne électorale, du côté de Jospin comme du côté de Chirac, c'est le même langage sécuritaire, ce sont les mêmes menaces contre la retraite des plus pauvres, c'est la même impuissance face aux licenciements collectifs et le chômage. Alors, rien d'étonnant qu'à force de n'avoir rien d'autre à dire, Jospin accuse Chirac d'être trop vieux et trop usé, pendant que Chirac crie aux "méthodes fascistes", accusant son adversaire de lui faire le coup du "délit de sale gueule".
Les représentants de la gauche gouvernementale me reprochent de ne pas faire la différence entre la gauche et la droite. Si, bien sûr, que je fais une différence entre l'électorat de droite et celui de gauche ! Car les partis de gauche trouvent l'essentiel de leur électorat dans le monde du travail.
Mais la différence entre les politiciens de la gauche et ceux de la droite, c'est uniquement pour le temps des élections, juste pour se faire élire. Une fois au pouvoir, ils sont pareils : méprisant envers les travailleurs et à plat ventre devant les riches !
Alors, nous n'avons pas à leur dire merci avec nos bulletins de vote !
Bien sûr, les autres partis de la gauche plurielle cherchent, pendant la campagne, à se démarquer du gouvernement Jospin et de sa politique !
En la matière, c'est Chevènement qui tient le pompon. A l'entendre, il vient de débarquer, tout neuf et tout innocent, de l'espace intersidéral, pour défendre la République, en compagnie d'ex-partisans de ces grands républicains que sont de Villiers et Pasqua. Cet homme est pourtant champion de par le nombre de postes de ministre détenus aussi bien sous l'autorité de Jospin que sous la présidence de Mitterrand. Comme tel, il a cautionné toutes les mesures anti-ouvrières des gouvernements auxquels il a appartenu. Et s'il détient, aussi, le record des démissions, ce n'est jamais pour défendre les ouvriers, qu'il a démissionné.
Quant aux écologistes, et surtout au Parti communiste, s'il leur est arrivé durant les cinq ans passés, de se distinguer -en paroles- du Parti socialiste, ils ont tous cautionné la politique de Jospin.
Du point de vue du monde du travail, c'est évidement l'attitude du Parti Communiste qui compte, car pour ce qui est des écologistes, ce ne sont pas les intérêts du monde du travail qui les préoccupent.
Les sondages valent ce qu'ils valent et le seul sondage qui compte, c'est le résultat qui sortira des urnes le jour de l'élection. Mais si Robert Hue recule dans les sondages au point de passer derrière moi, cela ne vient tout de même pas, du hasard ! Cela signifie que, malgré le poids du parti communiste, malgré le nombre de ses militants, de plus en plus d'électeurs se reconnaissent d'avantage dans la politique que je défends que dans la politique que défend Robert Hue.
Depuis cinq ans, il n'y aurait pas de majorité socialiste sans le soutien des députés communistes. Le Parti communiste aurait pu imposer au gouvernement les mesures qu'il préconisait en paroles. Robert Hue prétend qu'il faut être dans le gouvernement pour changer les choses. Mais les ministres communistes, qu'ont-ils changé d'important pour les travailleurs ? Rien !
Il n'y a qu'à demander, aujourd'hui, aux chauffeurs routiers salariés ce qu'ils pensent de "l'efficacité ministérielle" de Gayssot ! S'il y a eu dans le pays des opérations "escargot" ou des blocage de raffineries, c'est parce qu'un circulaire du ministre des transports recommande, en application de la loi dite des 35 heures, que le temps du chargement et de déchargement, ainsi que les temps d'attente des camions, ne soient plus comptés dans le temps de travail et donc, ne soient plus payés. C'est d'autant en moins sur la paie des chauffeurs salariés. C'est du profit en plus pour leurs patrons. Les chauffeurs de camion ont de quoi être écoeurés. Mais les militants du Parti Communiste aussi, si on leur demande d'expliquer cette servilité de leur camarade-ministre à l'égard des patrons. Voilà comment le Parti communiste perd son électorat ouvrier.
Robert Hue vient d'affirmer dans une intervention que l'électorat qui a l'intention de voter pour ma candidature "empêche qu'il y ait une dynamique de gauche". Mais, si Jospin veut créer une dynamique dans l'électorat ouvrier en faveur de son élection, il n'a qu'à s'engager sur une politique qui protège un tant soit peu les emplois et les salaires des travailleurs !
Il ne le fait pas. Alors, les travailleurs n'ont aucun intérêt créer une "dynamique" qui ne leur apporterait que désillusion et écoeurement. Pour ma part et contrairement à Robert Hue, je n'ai pas l'intention de jouer le rabatteur de voix au profit d'un Jospin qui mènera la même politique anti-ouvrière et pro-patronale qu'il mène depuis cinq ans.
En fait, Robert Hue se charge au premier tour de faire aux travailleurs et aux classes populaires les promesses que Jospin se garde de faire, pour ne pas perdre les voix des électeurs du centre, voire de droite, qui pourraient se porter sur son nom. Robert Hue vise à recueillir le maximum de voix venant du camp des travailleurs, pour les inviter à se reporter sans condition sur Jospin au second tour, qui, lui, n'aura rien promis aux travailleurs.
Eh bien, j'espère que les militants et les sympathisants du Parti Communiste rejetteront cette politique. Et j'espère que la politique que je défends, celle de la défense intransigeante des intérêts politique du monde du travail trouvera de plus en plus d'assentiment parmi les travailleurs. Ce sera la démonstration que ce n'est pas en s'éloignant des idées, du programme communiste; ce n'est pas en reprenant les défroques de la social-démocratie que l'on trouve l'oreille du monde du travail, mais en restant, au contraire fidèle au communisme !
Pour ma part, je n'ambitionne de participer à aucun gouvernement de la bourgeoisie, ni même à aucune coalition pour en soutenir un. Et si je me présente, c'est pour dénoncer l'ignominie, l'injustice de cette société qui écrase tous ceux qui, par leur travail, la font vivre. Je me présente pour dénoncer la politique menée depuis ces vingt ans où tous les gouvernements successifs ont consciemment creusé l'écart entre la petite couche de riches et la majorité de la population.
Depuis vingt ans, la politique de chaque gouvernement a été de favoriser le profit des grandes entreprises, c'est-à-dire la fortune de leurs actionnaires. Avec cynisme, ils ont tous présenté cette politique comme allant dans le sens de l'intérêt de toute la société.
Ils ont sacrifié le pouvoir d'achat des travailleurs.
Ils ont sacrifié l'emploi.
Ils ont sacrifié la protection sociale, en diminuant les remboursements de la Sécurité sociale. Mais en même temps, la Sécurité Sociale finance des dépenses d'infrastructure hospitalière. Or, le service public de la santé devrait être financé par l'Etat, et pas par les cotisations des travailleurs ! Mais, pire encore, la Sécurité Sociale sert de vache à lait pour aider le patronat par le biais de la baisse des charges patronales qui réduit les recettes de la Sécu.
Ils ont sacrifié les services publics, les hôpitaux, les écoles, la poste, les transports en commun car c'est sur eux qu'on fait des économies, pour donner plus aux entreprises.
A la SNCF, à côté des lignes TGV combien d'autres où de vieilles rames circulent et où, faut d'effectifs en nombre suffisant, faute d'entretien d'un matériel vieilli, les retards et les incidents se multiplient
Dans les hôpitaux, on fait des économies sur tout. Pas assez d'infirmières, d'aides-soignants, d'agents hospitaliers, de brancardiers. On hospitalise des malades loin de chez eux, faute de place dans des établissements plus proches, d'autant qu'on supprime des hôpitaux et des maternités de proximité. On oblige le personnel soignant à des horaires de travail déments, ce qui compromet la qualité des soins.
On justifie les économies, faites au détriment des malades aussi bien que du personnel, en invoquant le manque de crédits pour les hôpitaux publics. Mais, dans le même temps, on ose subventionner les cliniques privées pour les aider à être bénéficiaires ! Mais c'est l'inverse qu'il faudrait faire !
La loi dite des 35 heures ne fait qu'aggraver une situation déjà difficile. Dans le secteur privé, on le sait, cette loi a donné aux patrons des armes légales supplémentaires pour accroître la flexibilité des horaires de travail, pour ne plus payer les heures supplémentaires, pour faire sauter des pauses. Mais il en est ainsi dans les services publics, aussi. Ce n'est pas pour rien que la mise en place de cette loi provoque des réactions un peu partout, à la DDE, à La Poste et dans les hôpitaux.
Pour réduire réellement les horaires de travail dans l'ensemble des hôpitaux, il faudrait au bas mot 80.000 emplois supplémentaires à l'échelle du pays. Le gouvernement n'en promet que la moitié ! Et, pour le moment, il ne fait que promettre ! Ce qui fait que, dans bien des hôpitaux, les horaires non seulement ne sont pas réduits, mais bien souvent ils s'allongent. C'est pour cela que le personnel hospitalier manifeste aujourd'hui à Paris comme à Nancy, où il faudrait dans les hôpitaux l'embauche immédiate de 710 personnes. Or, moins de la moitié seulement des postes sont promis, et encore sur trois ans !
L'Education nationale, elle non plus, n'a pas les moyens en personnel ni en locaux pour prendre en main réellement l'éducation des enfants issus des couches populaires. Et au lieu de donner plus de moyens, on ferme des classes. C'est le cas ici, à Nancy, où trois classes de maternelle sont menacées, dont une à l'école La Fontaine, en ZEP au Haut-du-Lièvre. D'ailleurs, dans le département, c'est 21 fermetures de classes qui sont annoncées dans les écoles maternelles et élémentaires. C'est pour protester contre ce manque de moyens et d'effectifs qu'ont manifesté les enseignants, rejoints par des parents d'élèves dans plusieurs villes du pays.
Une association de professeurs de lettres proteste en ce moment dans la presse contre la réduction du temps d'enseignement du français dans les classes préparatoires. Elle affirme que - et je la cite - "20% des élèves de sixième peuvent être considérés comme illettrés, et leur scolarité se trouve d'emblée vouée à l'échec."
Mais l'Education nationale ne donne pas les moyens suffisants en personnel enseignant, pour pouvoir prendre ces enfants en retard par petits groupes et leur apprendre à lire, à écrire correctement, à acquérir ce minimum de connaissances que leurs familles ne sont pas en situation de leur donner, et dont le manque les handicape dès l'enfance et de façon irrémédiable ? Et l'effort ne devrait pas seulement porter sur les classes primaires ou secondaires de la période de scolarité obligatoire, mais aussi sur les maternelles et même les crèches. Leur nombre est insuffisant alors que leur rôle est essentiel, d'abord du point de vue des femmes qui travaillent, mais aussi du point de vue de la formation des petits enfants.
Le patronat et le gouvernement ont également sacrifié la retraite des vieux travailleurs. On a amputé les retraites avec la CSG et avec la RDS. Et aujourd'hui, la droite comme la gauche crient à l'unisson à la menace qui pèse sur les retraites à échéance de dix ou de vingt ans. Mais si l'équilibre des caisses de retraites est menacé, c'est uniquement parce que les salaires sont trop bas, parce que le chômage est catastrophique et parce que la précarité se généralise et que tout cela freine les rentrées de cotisations. Alors, ce n'est pas le système de retraites qu'il faut réformer, c'est le chômage qu'il faut éradiquer et il faut donner à tous un salaire correcte !
Mais ces mesures indispensables, il faut les imposer au patronat ce que ne veut ni la droite, ni la gauche. Ils préfèrent s'en prendre à la retraite, les uns ouvertement, les autres hypocritement. Chirac parle de "fonds de pension à la française". Jospin parle "d'épargne salariale". Les deux jurent qu'ils ne veulent pas toucher à la retraite par répartition et que dans leur projet, la retraite par capitalisation n'est qu'un complément. Mais pourquoi un complément, si ce n'est que la retraite actuelle est scandaleusement insuffisante pour beaucoup! Et comment les millions de bas salaires pourraient cotiser pour une retraite complémentaire avec le peu qu'ils gagnent ?
Ce qu'ils préparent tous les deux, c'est une baisse du montant déjà bas de la retraite pour les travailleurs les plus mal payés.
Leur projet de retraite par capitalisation, est de surcroît une façon de livrer l'argent des retraites aux compagnies d'assurance ou aux banques, c'est à dire au profit privé et à la spéculation. Mais il n'y a aucune raison d'accepter qu'ils jouent à la Bourse la pension des vieux travailleurs, pendant que les requins de la finance prélèvent leur part au passage!
Alors, pour commencer, il faut annuler les décrets de Balladur sur les retraites dans le secteur privé. Il faut refuser toute augmentation des cotisations. Il faut imposer une retraite qui permette de vivre à tous ceux qui ont été usé par le travail et par l'exploitation. Ce n'est pas un cadeau, c'est un droit qu'il nous faudra faire respecter!
Ceux qui nous gouvernent ont aussi sacrifié la jeunesse ouvrière, dont la vie active, si l'on peut dire, commence par le chômage ou par des stages bidons, des prétendues formations non rémunérées et, dans le meilleur des cas, souvent par des emplois précaires en CDD, en CES, en intérim, avec beaucoup de travail et une petite paye.
Mais comment ne pas parler ici de la façon dont les patrons de la sidérurgie ont laissé leurs travailleurs se détruire la santé en utilisant l'amiante. Les patrons ont agi en pleine connaissance de la nocivité de ce produit comme vient de le reconnaître un procès récent. Les conclusions de ce procès permettront peut être de toucher des indemnités. Mais cela ne leur rendra pas la santé, ni la vie. Eh bien de la part des patrons de ces entreprises impliquées, c'est de l'homicide, c'est de l'assassinat pour le profit. Il n'y a pas d'autres mots.
Les commentateurs s'étonnent que je progresse dans les sondages. Mais c'est parce que de plus en plus nombreux sont ceux, dans l'électorat populaire, qui en ont assez du chômage, assez de la précarité, assez du mépris du patronat et du gouvernement. Et ils veulent le montrer ! Car, enfin, regardons donc comment les plus grandes entreprises, y compris celles qui rapportent le plus de profits, annoncent les unes après les autres des plans de licenciements, quand elles ne ferment pas des usines entières.
De Lu-Danone à Delphi, en passant par Airbus, Péchiney, Valeo, Bosch, Philips, Bata, Alstom, Aventis, Dim, Alcatel, Gemplus, Mitsubishi, Atofina, Moulinex-Brandt et AOM-Air Liberté, la liste est longue des grandes entreprises qui licencient et qui ferment des usines entières.
Et puis, combien d'entreprises licencient, sans même avoir à se donner la peine d'annoncer des plans de licenciement, car il s'agit d'intérimaires que l'on peut mettre à la porte discrètement, sans avoir la moindre explication à donner. Comme à la Sovab, filiale de Renault à Batilly, qui a employé jusqu'à 950 intérimaires en même temps et les a licenciés l'année dernière sous prétexte de retournement de conjoncture. A la suite de la lutte menée par la CGT et les intérimaires eux-mêmes, il y a eu une plainte de l'Inspection du travail, et la Sovab a été condamnée à des amendes, ce qui prouve le bon droit des salariés. Mais, pour la plupart, les intérimaires ne sont pas réintégrés pour autant. Et un intérimaire mis à la porte, c'est un chômeur de plus !
Votre région a connu, comme les autres, son lot de fermetures d'usines et de réductions d'effectifs. En Lorraine, le chômage a augmenté de 11 % en un an. Une augmentation particulièrement marquée dans les Vosges, 18,7 % en un an, à cause des nombreux licenciements dans les entreprises du textile.
Fin décembre 2001, avec la quasi fermeture de l'usine Bata à Moussey, il y a eu 526 licenciements. Et, début mars, seuls 35 licenciés ont retrouvé un emploi, en CDD ou CDI. A noter que, sur les 272 licenciés du soi-disant plan social de 1997, seulement 79 travaillent de nouveau !
Il vient d'y avoir 100 licenciements dans l'usine Asat de Maxéville. L'usine Actis de Toul est en dépôt de bilan et prévoit de licencier. A Atofina à Carling (branche chimique du groupe TotalFinaElf), la direction veut supprimer 302 emplois alors que le groupe a augmenté ses bénéfices de 11 % l'année dernière. En octobre dernier, l'usine Flextronics, de Lunéville, a fermé et a licencié 210 personnes. 62 ont retrouvé du travail, et seulement 20 en CDI !
A Fameck, c'est le groupe Daewoo qui annonce la suppression de 120 emplois sur 280, dans l'usine qui fabrique les téléviseurs, alors que le groupe a déjà reçu 450 millions de F d'aides publiques pour s'installer en Lorraine et qu'il a le culot de demander de nouveau 123 millions de F supplémentaires. Plus d'un million de francs par emploi supprimé, voilà ce que veut obtenir la direction de l'usine de Fameck pour les deux années à venir, sans s'engager aucunement sur le maintien de l'usine !
Le chômage, c'est une catastrophe pour ceux qui en sont victimes, pour leurs familles et pour leurs enfants. Mais c'est aussi sur le chômage que s'appuie le patronat pour aggraver les conditions d'exploitation de ceux qui restent au travail ; pour rendre partout le rythme de travail inhumain, que ce soit sur les chaînes de production ou aux caisses de supermarché. La hiérarchie des grands et petits chefs qui exécutent les ordres patronaux se sent aussi plus à l'aise pour multiplier les brimades et les signes de mépris vis-à-vis des travailleurs.
Et c'est encore le chômage qui donne aux patrons des moyens de pression supplémentaires pour peser sur les salaires. L'abaissement du pouvoir d'achat est considérable pour ceux qui ont dû se contenter d'un emploi précaire à la place d'un emploi stable. Mais les salaires ont pris du retard même pour les autres.
En plus, la précarité de l'emploi grandit. Et la Poste donne l'exemple : l'Unité de Diffusion Postale de Nancy emploie des salariés en Contrat à Durée Indéterminée Intermittent qui gagnent 4.000 F par mois. Ils doivent utiliser leurs véhicules personnels, transporter environ 400 kg de publicité par jour qu'ils doivent stocker chez eux. Décidément, l'esclavage salarié n'a pas disparu !
Les grands partis se livrent, chacun à son profit, à des assauts de démagogie pour capitaliser le sentiment d'insécurité dans les villes et les banlieues. Lors de sa visite éclair au quartier dit sensible du Val-Fourré de Mantes-la-Jolie, où il ne met jamais les pieds d'ordinaire, Chirac s'en est pris "à la culture de la permissivité". Il a insisté qu'il faut en finir avec la tolérance et que "tout acte délictueux doit faire objet d'une punition rapide".
Mais combien d'exemples d'escroquerie, de détournements, de prévarication, de corruption donnés par ceux-là même qui occupent de hautes positions dans l'Etat ou à la tête de grandes entreprises ! Et ce sont les mêmes qui sont mouillés dans toutes sortes d'affaires louches et de trafics, directement ou par amis interposés, qui prêchent la vertu aux jeunes des banlieues. Il faut pas s'étonner qu'ils ne soient pas crédibles ! Il ne faut pas s'étonner que Chirac lui-même ait été reçu par des cris "au voleur" et "au menteur".
L'insécurité existe, c'est vrai, et vous savez que la violence gratuite pèse surtout sur les quartiers pauvres. Et bien sûr, le chômage seul n'explique pas toute la petite délinquance qui rend la vie plus dure encore dans les quartiers populaires.
Mais l'exemple vient de haut, et c'est toute l'organisation sociale qui valorise l'enrichissement rapide et l'argent facile. Les petits délinquants de quartier qui méprisent le travail et les travailleurs, leurs propres parents souvent, appliquent à leur échelle les critères de réussite de cette société où l'on s'enrichit d'autant plus vite que l'on sait dépouiller les autres.
Il faut cependant une sacrée hypocrisie à Jospin pour affirmer qu'il était naïf quand il a cru qu'en réduisant le chômage, il réduira l'insécurité et la violence. Car, si le chômage officiel a baissé pendant quelque temps, la précarité, ce chômage déguisé, n'a pas cessé de s'accroître, et la pauvreté avec !
Alors, oui, l'insécurité s'est aggravée en même temps que s'est aggravé la pauvreté et que se sont détériorés les logements sociaux et dégradés les quartiers populaires.
Il ne suffira pas que l'on crée un nouveau "ministère de la sécurité intérieure", comme le propose la droite, ni qu'on ressuscite les maisons de correction, pour qu'il fasse bon vivre dans des quartiers populaires où le chômage avoisine 30 %, voire 50 %, des adultes et où les jeunes s'enfoncent dans le désespoir. Il n'y aura certainement pas moins de violence si on change la loi pour pouvoir emprisonner les mineurs, car ceux qui seront entrés en prison pour des actes de petite délinquance, en sortiront criminels endurcis. Mais il est facile de faire des discours démagogiques sur l'insécurité, sans pour autant d'ailleurs qu'elle cesse, alors qu'il faut commencer par mettre fin au chômage, et à la pauvreté et tout de suite!
L'aggravation du chômage permet aussi aux démagogues d'extrême droite de canaliser le mécontentement contre les travailleurs immigrés, avec des slogans xénophobes et racistes. A l'échelle nationale, c'est le millionnaire réactionnaire Le Pen et son ex-lieutenant et aujourd'hui concurrent Mégret, qui essaient de faire de cette démagogie raciste un capital électoral.
Comme si c'était les travailleurs immigrés qui licencient, et pas les patrons !
Alors, travailleuses et travailleurs de toutes nationalités, avec ou sans papiers, nous faisons partie de la même classe ouvrière et notre seul ennemi est le grand patronat ! Et j'en profite pour dire que je suis pour que soient accordés toutes les libertés démocratiques, tous les droits syndicaux et politiques, à toutes celles et tous ceux qui vivent et travaillent en France et qui se font exploiter ici pour le compte de la bourgeoisie qui, elle, est de toutes les nationalités.
On prive du simple droit de vote des millions de travailleurs immigrés, ce qui signifie priver de ce droit élémentaire une fraction importante de la classe ouvrière elle-même, appartenant de surcroît aux couches les plus exploitées. Eh bien, il est de l'intérêt de l'ensemble du monde du travail d'imposer le droit de vote pour les travailleurs immigrés, et à toutes les élections !
Mais qu'est-ce que cette économie où l'on pousse à l'inactivité forcée des femmes et des hommes dont le travail pourrait être utile à la société, pendant qu'on en fait crever d'autres au travail ?
Eh bien, il n'est pas normal, il n'est pas acceptable que plus de 2.200.000 travailleurs de ce pays soient condamnés au chômage ;
que 4 millions d'autres, qui travaillent régulièrement ou occasionnellement, gagnent dans l'année moins que le SMIC;
que plus d'un million de personnes soient obligées de subsister avec l'aumône du RMI de 405 euros. Sans compter les jeunes qui, en dessous de 25 ans, n'ont rien droit à rien du tout !
Il n'est pas normal, il n'est pas acceptable qu'une partie de la population ait besoin des Restaurants du Coeur pour se nourrir. Et leur nombre s'accroît d'année en année.
Il n'est pas normal, il n'est pas acceptable que près de 100.000 personnes, jusque et y compris des enfants, soient privés de logement et que d'autres soient contraints à loger dans des taudis. Et il y a dans ce pays 3 millions d'appartements insalubres !
Et, bien au-delà des mal logés, beaucoup de travailleurs ont des salaires trop bas pour payer un loyer dit normal pour un appartement convenable. Les logements dits sociaux constituent une cruelle nécessité. Mais on n'en construit pas en nombre suffisant et on laisse à l'abandon ceux qui ont été construits dans le passé et il est difficile de se loger avec des bas salaires et le loyer grève lourdement le pouvoir d'achat.
Eh oui, même dans ce pays parmi les plus développés, ce système économique reproduit et aggrave les inégalités. Et que dire de la misère indescriptible dans une grande partie de la planète ?
La misère a toujours existé dans ces pays, diront les défenseurs de l'ordre établi. Mais, aujourd'hui, l'Humanité a les moyens de mettre fin à cette misère partout sur la planète. La capacité productive des seuls pays industrialisés est largement suffisante pour assurer à tous la nourriture, un logement convenable, des soins, l'éducation. Mais cette capacité productive est gaspillée. On détruit de la nourriture dans des pays riches pour maintenir les prix pendant que dans d'autres on meurt de faim. On ne distribue pas des médicaments indispensables là où c'est le plus nécessaire parce que ceux qui en ont besoin n'ont pas assez d'argent pour assurer des profits aux trusts pharmaceutiques.
En contrepartie du pillage des richesses naturelles des pays sous-développés, on offre des armes à leurs dictateurs, pour qu'ils continuent à maintenir leurs peuples sous le joug et dans la pauvreté.
Et, quand les achats d'armes et les dépenses de luxe de la couche privilégiée d'un pays pauvre endettent ce pays auprès des banquiers d'Occident, c'est encore au peuple qu'on présente la facture.
Oui, le capitalisme est une société qui a échoué et qui échoue tous les jours, en provoquant des tragédies comme le chômage, comme les licenciements, comme la ruine de dizaines de milliers de travailleurs, mais aussi comme la paupérisation croissante des pays du tiers monde. Et, bientôt, on verra des mitrailleuses aux frontières pour empêcher les malheureux du monde entier de se jeter sur les grillages électrifiés entourant l'Europe ou fermant l'accès aux Etats-Unis.
C'est tout cela, le capitalisme. C'est l'accumulation de la richesse à un pôle et la pauvreté à l'autre. Ce sont les guerres et les dépenses d'armement pour maintenir cet état des choses. C'est les risques encourus par la nature, voire les risques biologiques encourus par l'Humanité, et tout cela pour la recherche du profit.
Non, la société capitaliste n'est pas une société humaine. Elle n'est pas supportable et il est indispensable de la changer. Voilà pourquoi je suis communiste et fière de l'être.
Le sens de la transformation sociale nécessaire est au fond simple : il s'agit de mettre fin à la dictature des grands groupes capitalistes sur la planète, en expropriant la grande bourgeoisie et en transformant les usines, les banques, les transports, les grands circuits de distribution capitalistes, en propriétés collectives, sous le contrôle conscient et sous le contrôle démocratique de toute la population.
Cet objectif est abandonné depuis longtemps par les grands partis qui se disent socialiste et communiste, dénominations qui à l'origine indiquaient leur volonté de transformation sociale.
Oui, il faut que de tels partis renaissent. Il faut un parti qui défend rigoureusement les intérêts politiques et sociaux des travailleurs. Cela demande que ceux qui ressentent cette nécessité, ceux qui veulent que les travailleurs soient de nouveau en situation de se défendre, se regroupent. Eh bien, les élections constituent une occasion pour se reconnaître, pour se compter sur des idées, sur un programme et par la même, faire un pas important sur le chemin de la renaissance d'un vrai parti communiste !
Dans l'immédiat, l'objectif politique prioritaire est d'arrêter la dégradation des conditions d'existence du monde du travail, en contestant à la classe capitaliste son droit d'user et d'abuser de sa situation dominante dans l'économie.
Dans cette situation marquée par un chômage en hausse, je le dis: Si les patrons ne sont pas capables de faire fonctionner leurs entreprises sans licenciements, c'est-à-dire sans aggraver le chômage, eh bien, qu'ils s'en aillent Voilà pourquoi je dis qu'il faut interdire les licenciements et, si les patrons licencient quand même, les sanctionner par la réquisition de leurs usines.
On nous dit que ces entreprises ne sont plus rentables. Ce n'est vrai que du point de vue des actionnaires qui exigent des profits de l'ordre de 15 %. Quand une entreprise produit des biens de consommation utiles, qu'importe qu'elle ne dégage pas de profits ! Si elle vendait sa production à prix coûtant, après amortissement, sans avoir à enrichir des actionnaires parasites, elle pourrait maintenir un salaire à ses salariés tout en rendant service à la collectivité.
Et quand bien même les entreprises qui ferment ne sont plus rentables, elles l'ont été dans le passé. Elles ont rapporté des fortunes à leurs propriétaires. Ces fortunes n'ont pas disparu. Elles continuent à exister sous forme de capitaux investis dans d'autres entreprises. Elles continuent à exister sous forme de propriétés immobilières, de châteaux, de biens de luxe, de yachts ou d'avions privés.
Eh bien, pour assurer un emploi à tous, pourquoi ne prendrait-on pas sur les fortunes personnelles des propriétaires présents et passés des entreprises ?
Ce serait une atteinte intolérable à la propriété privée ? Mais les licenciements, c'est une atteinte bien plus intolérable à l'existence matérielle des travailleurs et aussi à leur dignité !
Les capitalistes savent utiliser les circuits financiers, voire les paradis fiscaux, pour dissimuler tout ce qu'ils possèdent. Eh bien, il faut contraindre les grandes entreprises à rendre publique toute leur comptabilité.
Il faut que la population puisse vérifier quelle est, dans ces profits privés, la part des subventions ou des cadeaux fiscaux, c'est-à-dire la part de l'argent public.
Il faut que la population puisse vérifier à quoi servent les bénéfices, quelle est la part de ce qui est réinvesti dans la production, et ce qui est gaspillé dans la spéculation.
Il faut aussi une transparence absolue sur les marchés publics, ceux de l'Etat, des régions, des départements comme des municipalités.
Alors, il faudra que soient rendu publics les comptes des grandes entreprises, mais aussi, les comptes en banque de leurs patrons, de leurs principaux actionnaires, de leurs PDG et de leurs hauts cadres, voire des prête-noms des uns et des autres, et aussi que les revenus et les ressources des responsables politiques soient publics et contrôlables, afin que tout un chacun puisse connaître la situation réelle !
Alors, il faut une loi qui mette fin au secret bancaire, au secret commercial et au secret des affaires. Oh, je sais bien que la loi seule n'y suffirait pas. Mais qu'une fraction seulement de la population ait la volonté de s'en servir et puisse légalement se mêler des affaires des grandes entreprises ou des grandes banques, et tout le monde pourrait constater que les licenciements ne sont jamais justifiés.
Je me présente à cette élection présidentielle pour défendre tous ces objectifs-là. Mais aussi pour affirmer qu'il faut arrêter toute subvention au grand patronat, tout avantage fiscal et tout dégrèvement de cotisations sociales.
Pour dire qu'il faut rétablir l'impôt sur les bénéfices comme il y a vingt ans.
Pour dire qu'il faut augmenter les tranches supérieures de l'impôt sur le revenu, au lieu de les diminuer. L'Etat aurait ainsi les moyens d'améliorer les services publics, au lieu de les vendre par morceaux au secteur privé.
Pour dire qu'il faut une augmentation conséquente des salaires, des pensions de retraite. Comme il faut une augmentation conséquente des minima sociaux.
Dans cette société, il n'y a que le rapport de force qui compte. Et le rapport de forces ne sera changé que par l'action collective des travailleurs, par les manifestations, par les grèves, qui convergeront dans une volonté collective.
Cette élection ne changera pas le sort du monde du travail. C'est vrai ! Mais elle peut permettre de se compter. Et si nous sommes nombreux à nous compter sur mon nom, sur ce programme, cela peut montrer à nos ennemis que la classe ouvrière existe et qu'elle se renforce en tant que force politique.
Oui, le nombre des suffrages qui se porteront sur mon nom peut redonner confiance à tous ceux qui se croient isolés, chacun dans sa ville, dans son quartier, sur son lieu de travail, impuissants face à des patrons qui croient avoir tous les droits. Cette confiance peut nous rendre plus forts moralement, politiquement, pour engager les luttes collectives que, de toute façon, il nous faudra mener.
Car il n'y a pas d'autre choix que de mener la lutte de classe, face à un patronat qui, lui, n'a de cesse de faire la guerre au monde du travail.
Oui, si des millions de femmes et d'hommes affirment avec leur bulletin de vote qu'ils partagent le constat que je fais, et disent aussi, ensemble, qu'il est vital d'imposer les mesures que je propose, oui, je le pense, cela aidera au développement de ces luttes, à leur élargissement, à leur unification sur un programme correspondant aux intérêts vitaux du monde du travail.
(Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 13 mars 2002)
Travailleuses, travailleurs,
Si c'est ainsi que je commence tous mes discours, c'est parce que ce sont les intérêts politiques du monde du travail que j'entends défendre ! Les intérêts de celles et ceux sur qui pèse le poids de l'exploitation alors qu'ils font marcher la société : ouvriers, employés, chauffeurs routiers, techniciens, ouvriers agricoles, ingénieurs, cheminots, et bien d'autres. Les intérêts aussi tous ceux dont le travail est utile pour le présent et pour l'avenir de la société : personnel soignant, enseignants, chercheurs. J'entends aussi défendre tous ceux que l'économie capitaliste écarte de la production et transforme en chômeurs ; la jeunesse ouvrière, à qui on ne donne même pas sa chance de trouver un travail satisfaisant ; ou encore les anciens qui doivent vivre, et souvent mal, de la retraite qu'on leur accorde, après une existence passée au travail et d'exploitation. Tous ceux-là constituent une seule, une même classe, celle des travailleurs, quelles que soient leur situation juridique, leur origine, leur nationalité ou la couleur de leur peau.
Et les intérêts de cette classe, de ma classe, n'ont rien de commun avec les intérêts d'une minorité qui dispose de la fortune, des entreprises, des banques et qui exerce un pouvoir dictatorial sur l'économie. Ceux qui prétendent être à la fois dans le camp des exploiteurs et dans le camp des travailleurs trompent en réalité les travailleurs pour le compte des exploiteurs !
Vous ne connaissez peut-être même pas le nom d'une Madame Bettencourt. Elle est pourtant la première fortune de ce pays, et elle gagne en une minute, sans rien faire, ce que gagnent les ouvriers de ses usines en travaillant durant un mois entier. Vous ne connaissez sans doute pas le nom de la plupart des femmes et des hommes qui sont en tête du hit-parade de la fortune. On pourrait citer François Pinault, le propriétaire d'un empire industriel et commercial, comprenant la FNAC dont les salariés sont en grève pour des augmentations de salaire. On pourrait citer Jean-Marie Messier, un des PDG les mieux payés, à la tête d'un des trusts les plus riches du pays, Vivendi, ex-Générale des eaux, et dont la filiale Onyx de Reims baisse le salaire de ses travailleurs de 500 à 600 F en application d'un accord sur les 35 heures et d'une nouvelle convention collective. Eh bien, ce sont ces gens-là qui ont le véritable pouvoir, celui de l'argent, celui de disposer de l'existence des milliers de travailleurs, celui de ruiner une région entière en fermant une de leur entreprise, celui de polluer la nature. Et ceux qu'on élit, jusqu'au sommet de l'Etat ne sont que des marionnettes à leur service !
Pourtant, la société pourrait se passer des grands patrons, des actionnaires, des financiers, des spéculateurs, des boursicoteurs, de toute cette couche de privilégiés qui vit de l'exploitation du travail des autres et qui, plus grave encore, oriente les capacités économiques de la société en fonction de ses seuls intérêts.
Par contre, la société ne pourrait pas fonctionner un seul instant sans la classe des travailleurs !
Dans l'élection présidentielle à venir, les travailleurs, les victimes des plans sociaux passés, présents et à venir, ne peuvent soutenir ni la politique du gouvernement actuel, ni celle des gouvernements passés ou à venir de la droite. Ni Chirac ni Jospin et leurs alliés respectifs ne sont dans le camp des travailleurs ; ils sont dans le camp de la bourgeoisie, des riches, des possédants. Ils sont du côté de l'argent, pas du côté du travail !
Les mesures anti-ouvrières lancées par les uns sont poursuivies par les autres. Les attaques contre le système de santé du plan Juppé ont été poursuivies par le gouvernement Jospin. Les privatisations commencées sous Balladur ont continué sous Jospin aussi bien que sous Juppé. Et la gauche a même privatisé davantage que la droite. La dernière en date des privatisations rampantes annoncées est celle de l'EDF. Les 13 et 14 mars, plusieurs syndicats appellent à manifester contre ces privatisations et ils ont raison de le faire.
Balladur s'était attaqué aux retraites des travailleurs du privé en allongeant la durée de cotisation et, par conséquent, l'âge où on peut partir avec une retraite pleine. Jospin n'est pas revenu sur cette mesure réactionnaire et continue d'année en année d'exécuter les décisions prises par Balladur. Et les lois de Chevènement, lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, se situent dans la continuité des lois Pasqua-Debré contre les travailleurs immigrés.
Le bilan des vingt dernières années est que cela va de mieux en mieux pour les profits des entreprises, c'est-à-dire pour les revenus de la bourgeoisie, de plus en plus mal pour les salariés, dont la part dans le revenu national ne cesse de baisser.
La rémunération des PDG des grandes entreprises a augmenté en 2001 de 36 % en moyenne. Et ce pourcentage d'augmentation se rapporte à des rémunérations comme celle de Thierry Desmarets, PDG de TotalFinaElf, l'entreprise qui pollue et qui tue, eh bien, Thierry Desmarets a gagné 5 millions d'euros, soit 33 millions de francs. Mais il y a mieux : Serge Tchuruk, PDG d'Alcatel, a touché, l'année dernière, 20 millions d'euros, soit 131 millions de francs. Et je devrais ajouter que, même si les rémunérations de ces PDG sont très élevées, ils travaillent pour de gros actionnaires dont les revenus et les fortunes sont bien plus importants.
Mais en même temps, l'Observatoire national de la pauvreté souligne que les années dites de croissance, au lieu de diminuer la pauvreté, l'ont au contraire aggravées. Même ces deux ou trois ans où le chômage s'était mis à diminuer, la vie ne s'est pas améliorée pour ceux qui sont sortis du chômage. Car, très souvent, ils n'ont retrouvé qu'une activité précaire, partielle, où ils gagnent à peine plus que le RMI.
Le résultat, c'est que 6 millions de femmes et d'hommes de ce pays sont des pauvres, qu'ils soient chômeurs ou qu'ils travaillent ! Et neuf millions doivent vivre avec moins de 640 euros, moins de 4200 F par mois. Mais vivre avec ça, c'est tout juste survivre !
Derrière les statistiques générales, combien de drames individuels ?
Eh bien, les travailleurs ne peuvent pas accepter d'être poussés vers la pauvreté. Il faut qu'ils manifestent leur colère contre le patronat, mais aussi contre des gouvernements complices !
Car les gouvernements qui se sont succédé, de gauche ou de droite, ont tous contribué à la dégradation du sort des travailleurs, au point qu'en se remémorant ces vingt dernières années, il est bien difficile de se rappeler qui a porté les coups les plus durs à la classe ouvrière.
Même pendant la campagne électorale, du côté de Jospin comme du côté de Chirac, c'est le même langage sécuritaire, ce sont les mêmes menaces contre la retraite des plus pauvres, c'est la même impuissance face aux licenciements collectifs et le chômage. Alors, rien d'étonnant qu'à force de n'avoir rien d'autre à dire, Jospin accuse Chirac d'être trop vieux et trop usé, pendant que Chirac crie aux "méthodes fascistes", accusant son adversaire de lui faire le coup du "délit de sale gueule".
Les représentants de la gauche gouvernementale me reprochent de ne pas faire la différence entre la gauche et la droite. Si, bien sûr, que je fais une différence entre l'électorat de droite et celui de gauche ! Car les partis de gauche trouvent l'essentiel de leur électorat dans le monde du travail.
Mais la différence entre les politiciens de la gauche et ceux de la droite, c'est uniquement pour le temps des élections, juste pour se faire élire. Une fois au pouvoir, ils sont pareils : méprisant envers les travailleurs et à plat ventre devant les riches !
Alors, nous n'avons pas à leur dire merci avec nos bulletins de vote !
Bien sûr, les autres partis de la gauche plurielle cherchent, pendant la campagne, à se démarquer du gouvernement Jospin et de sa politique !
En la matière, c'est Chevènement qui tient le pompon. A l'entendre, il vient de débarquer, tout neuf et tout innocent, de l'espace intersidéral, pour défendre la République, en compagnie d'ex-partisans de ces grands républicains que sont de Villiers et Pasqua. Cet homme est pourtant champion de par le nombre de postes de ministre détenus aussi bien sous l'autorité de Jospin que sous la présidence de Mitterrand. Comme tel, il a cautionné toutes les mesures anti-ouvrières des gouvernements auxquels il a appartenu. Et s'il détient, aussi, le record des démissions, ce n'est jamais pour défendre les ouvriers, qu'il a démissionné.
Quant aux écologistes, et surtout au Parti communiste, s'il leur est arrivé durant les cinq ans passés, de se distinguer -en paroles- du Parti socialiste, ils ont tous cautionné la politique de Jospin.
Du point de vue du monde du travail, c'est évidement l'attitude du Parti Communiste qui compte, car pour ce qui est des écologistes, ce ne sont pas les intérêts du monde du travail qui les préoccupent.
Les sondages valent ce qu'ils valent et le seul sondage qui compte, c'est le résultat qui sortira des urnes le jour de l'élection. Mais si Robert Hue recule dans les sondages au point de passer derrière moi, cela ne vient tout de même pas, du hasard ! Cela signifie que, malgré le poids du parti communiste, malgré le nombre de ses militants, de plus en plus d'électeurs se reconnaissent d'avantage dans la politique que je défends que dans la politique que défend Robert Hue.
Depuis cinq ans, il n'y aurait pas de majorité socialiste sans le soutien des députés communistes. Le Parti communiste aurait pu imposer au gouvernement les mesures qu'il préconisait en paroles. Robert Hue prétend qu'il faut être dans le gouvernement pour changer les choses. Mais les ministres communistes, qu'ont-ils changé d'important pour les travailleurs ? Rien !
Il n'y a qu'à demander, aujourd'hui, aux chauffeurs routiers salariés ce qu'ils pensent de "l'efficacité ministérielle" de Gayssot ! S'il y a eu dans le pays des opérations "escargot" ou des blocage de raffineries, c'est parce qu'un circulaire du ministre des transports recommande, en application de la loi dite des 35 heures, que le temps du chargement et de déchargement, ainsi que les temps d'attente des camions, ne soient plus comptés dans le temps de travail et donc, ne soient plus payés. C'est d'autant en moins sur la paie des chauffeurs salariés. C'est du profit en plus pour leurs patrons. Les chauffeurs de camion ont de quoi être écoeurés. Mais les militants du Parti Communiste aussi, si on leur demande d'expliquer cette servilité de leur camarade-ministre à l'égard des patrons. Voilà comment le Parti communiste perd son électorat ouvrier.
Robert Hue vient d'affirmer dans une intervention que l'électorat qui a l'intention de voter pour ma candidature "empêche qu'il y ait une dynamique de gauche". Mais, si Jospin veut créer une dynamique dans l'électorat ouvrier en faveur de son élection, il n'a qu'à s'engager sur une politique qui protège un tant soit peu les emplois et les salaires des travailleurs !
Il ne le fait pas. Alors, les travailleurs n'ont aucun intérêt créer une "dynamique" qui ne leur apporterait que désillusion et écoeurement. Pour ma part et contrairement à Robert Hue, je n'ai pas l'intention de jouer le rabatteur de voix au profit d'un Jospin qui mènera la même politique anti-ouvrière et pro-patronale qu'il mène depuis cinq ans.
En fait, Robert Hue se charge au premier tour de faire aux travailleurs et aux classes populaires les promesses que Jospin se garde de faire, pour ne pas perdre les voix des électeurs du centre, voire de droite, qui pourraient se porter sur son nom. Robert Hue vise à recueillir le maximum de voix venant du camp des travailleurs, pour les inviter à se reporter sans condition sur Jospin au second tour, qui, lui, n'aura rien promis aux travailleurs.
Eh bien, j'espère que les militants et les sympathisants du Parti Communiste rejetteront cette politique. Et j'espère que la politique que je défends, celle de la défense intransigeante des intérêts politique du monde du travail trouvera de plus en plus d'assentiment parmi les travailleurs. Ce sera la démonstration que ce n'est pas en s'éloignant des idées, du programme communiste; ce n'est pas en reprenant les défroques de la social-démocratie que l'on trouve l'oreille du monde du travail, mais en restant, au contraire fidèle au communisme !
Pour ma part, je n'ambitionne de participer à aucun gouvernement de la bourgeoisie, ni même à aucune coalition pour en soutenir un. Et si je me présente, c'est pour dénoncer l'ignominie, l'injustice de cette société qui écrase tous ceux qui, par leur travail, la font vivre. Je me présente pour dénoncer la politique menée depuis ces vingt ans où tous les gouvernements successifs ont consciemment creusé l'écart entre la petite couche de riches et la majorité de la population.
Depuis vingt ans, la politique de chaque gouvernement a été de favoriser le profit des grandes entreprises, c'est-à-dire la fortune de leurs actionnaires. Avec cynisme, ils ont tous présenté cette politique comme allant dans le sens de l'intérêt de toute la société.
Ils ont sacrifié le pouvoir d'achat des travailleurs.
Ils ont sacrifié l'emploi.
Ils ont sacrifié la protection sociale, en diminuant les remboursements de la Sécurité sociale. Mais en même temps, la Sécurité Sociale finance des dépenses d'infrastructure hospitalière. Or, le service public de la santé devrait être financé par l'Etat, et pas par les cotisations des travailleurs ! Mais, pire encore, la Sécurité Sociale sert de vache à lait pour aider le patronat par le biais de la baisse des charges patronales qui réduit les recettes de la Sécu.
Ils ont sacrifié les services publics, les hôpitaux, les écoles, la poste, les transports en commun car c'est sur eux qu'on fait des économies, pour donner plus aux entreprises.
A la SNCF, à côté des lignes TGV combien d'autres où de vieilles rames circulent et où, faut d'effectifs en nombre suffisant, faute d'entretien d'un matériel vieilli, les retards et les incidents se multiplient
Dans les hôpitaux, on fait des économies sur tout. Pas assez d'infirmières, d'aides-soignants, d'agents hospitaliers, de brancardiers. On hospitalise des malades loin de chez eux, faute de place dans des établissements plus proches, d'autant qu'on supprime des hôpitaux et des maternités de proximité. On oblige le personnel soignant à des horaires de travail déments, ce qui compromet la qualité des soins.
On justifie les économies, faites au détriment des malades aussi bien que du personnel, en invoquant le manque de crédits pour les hôpitaux publics. Mais, dans le même temps, on ose subventionner les cliniques privées pour les aider à être bénéficiaires ! Mais c'est l'inverse qu'il faudrait faire !
La loi dite des 35 heures ne fait qu'aggraver une situation déjà difficile. Dans le secteur privé, on le sait, cette loi a donné aux patrons des armes légales supplémentaires pour accroître la flexibilité des horaires de travail, pour ne plus payer les heures supplémentaires, pour faire sauter des pauses. Mais il en est ainsi dans les services publics, aussi. Ce n'est pas pour rien que la mise en place de cette loi provoque des réactions un peu partout, à la DDE, à La Poste et dans les hôpitaux.
Pour réduire réellement les horaires de travail dans l'ensemble des hôpitaux, il faudrait au bas mot 80.000 emplois supplémentaires à l'échelle du pays. Le gouvernement n'en promet que la moitié ! Et, pour le moment, il ne fait que promettre ! Ce qui fait que, dans bien des hôpitaux, les horaires non seulement ne sont pas réduits, mais bien souvent ils s'allongent. C'est pour cela que le personnel hospitalier manifeste aujourd'hui à Paris comme à Nancy, où il faudrait dans les hôpitaux l'embauche immédiate de 710 personnes. Or, moins de la moitié seulement des postes sont promis, et encore sur trois ans !
L'Education nationale, elle non plus, n'a pas les moyens en personnel ni en locaux pour prendre en main réellement l'éducation des enfants issus des couches populaires. Et au lieu de donner plus de moyens, on ferme des classes. C'est le cas ici, à Nancy, où trois classes de maternelle sont menacées, dont une à l'école La Fontaine, en ZEP au Haut-du-Lièvre. D'ailleurs, dans le département, c'est 21 fermetures de classes qui sont annoncées dans les écoles maternelles et élémentaires. C'est pour protester contre ce manque de moyens et d'effectifs qu'ont manifesté les enseignants, rejoints par des parents d'élèves dans plusieurs villes du pays.
Une association de professeurs de lettres proteste en ce moment dans la presse contre la réduction du temps d'enseignement du français dans les classes préparatoires. Elle affirme que - et je la cite - "20% des élèves de sixième peuvent être considérés comme illettrés, et leur scolarité se trouve d'emblée vouée à l'échec."
Mais l'Education nationale ne donne pas les moyens suffisants en personnel enseignant, pour pouvoir prendre ces enfants en retard par petits groupes et leur apprendre à lire, à écrire correctement, à acquérir ce minimum de connaissances que leurs familles ne sont pas en situation de leur donner, et dont le manque les handicape dès l'enfance et de façon irrémédiable ? Et l'effort ne devrait pas seulement porter sur les classes primaires ou secondaires de la période de scolarité obligatoire, mais aussi sur les maternelles et même les crèches. Leur nombre est insuffisant alors que leur rôle est essentiel, d'abord du point de vue des femmes qui travaillent, mais aussi du point de vue de la formation des petits enfants.
Le patronat et le gouvernement ont également sacrifié la retraite des vieux travailleurs. On a amputé les retraites avec la CSG et avec la RDS. Et aujourd'hui, la droite comme la gauche crient à l'unisson à la menace qui pèse sur les retraites à échéance de dix ou de vingt ans. Mais si l'équilibre des caisses de retraites est menacé, c'est uniquement parce que les salaires sont trop bas, parce que le chômage est catastrophique et parce que la précarité se généralise et que tout cela freine les rentrées de cotisations. Alors, ce n'est pas le système de retraites qu'il faut réformer, c'est le chômage qu'il faut éradiquer et il faut donner à tous un salaire correcte !
Mais ces mesures indispensables, il faut les imposer au patronat ce que ne veut ni la droite, ni la gauche. Ils préfèrent s'en prendre à la retraite, les uns ouvertement, les autres hypocritement. Chirac parle de "fonds de pension à la française". Jospin parle "d'épargne salariale". Les deux jurent qu'ils ne veulent pas toucher à la retraite par répartition et que dans leur projet, la retraite par capitalisation n'est qu'un complément. Mais pourquoi un complément, si ce n'est que la retraite actuelle est scandaleusement insuffisante pour beaucoup! Et comment les millions de bas salaires pourraient cotiser pour une retraite complémentaire avec le peu qu'ils gagnent ?
Ce qu'ils préparent tous les deux, c'est une baisse du montant déjà bas de la retraite pour les travailleurs les plus mal payés.
Leur projet de retraite par capitalisation, est de surcroît une façon de livrer l'argent des retraites aux compagnies d'assurance ou aux banques, c'est à dire au profit privé et à la spéculation. Mais il n'y a aucune raison d'accepter qu'ils jouent à la Bourse la pension des vieux travailleurs, pendant que les requins de la finance prélèvent leur part au passage!
Alors, pour commencer, il faut annuler les décrets de Balladur sur les retraites dans le secteur privé. Il faut refuser toute augmentation des cotisations. Il faut imposer une retraite qui permette de vivre à tous ceux qui ont été usé par le travail et par l'exploitation. Ce n'est pas un cadeau, c'est un droit qu'il nous faudra faire respecter!
Ceux qui nous gouvernent ont aussi sacrifié la jeunesse ouvrière, dont la vie active, si l'on peut dire, commence par le chômage ou par des stages bidons, des prétendues formations non rémunérées et, dans le meilleur des cas, souvent par des emplois précaires en CDD, en CES, en intérim, avec beaucoup de travail et une petite paye.
Mais comment ne pas parler ici de la façon dont les patrons de la sidérurgie ont laissé leurs travailleurs se détruire la santé en utilisant l'amiante. Les patrons ont agi en pleine connaissance de la nocivité de ce produit comme vient de le reconnaître un procès récent. Les conclusions de ce procès permettront peut être de toucher des indemnités. Mais cela ne leur rendra pas la santé, ni la vie. Eh bien de la part des patrons de ces entreprises impliquées, c'est de l'homicide, c'est de l'assassinat pour le profit. Il n'y a pas d'autres mots.
Les commentateurs s'étonnent que je progresse dans les sondages. Mais c'est parce que de plus en plus nombreux sont ceux, dans l'électorat populaire, qui en ont assez du chômage, assez de la précarité, assez du mépris du patronat et du gouvernement. Et ils veulent le montrer ! Car, enfin, regardons donc comment les plus grandes entreprises, y compris celles qui rapportent le plus de profits, annoncent les unes après les autres des plans de licenciements, quand elles ne ferment pas des usines entières.
De Lu-Danone à Delphi, en passant par Airbus, Péchiney, Valeo, Bosch, Philips, Bata, Alstom, Aventis, Dim, Alcatel, Gemplus, Mitsubishi, Atofina, Moulinex-Brandt et AOM-Air Liberté, la liste est longue des grandes entreprises qui licencient et qui ferment des usines entières.
Et puis, combien d'entreprises licencient, sans même avoir à se donner la peine d'annoncer des plans de licenciement, car il s'agit d'intérimaires que l'on peut mettre à la porte discrètement, sans avoir la moindre explication à donner. Comme à la Sovab, filiale de Renault à Batilly, qui a employé jusqu'à 950 intérimaires en même temps et les a licenciés l'année dernière sous prétexte de retournement de conjoncture. A la suite de la lutte menée par la CGT et les intérimaires eux-mêmes, il y a eu une plainte de l'Inspection du travail, et la Sovab a été condamnée à des amendes, ce qui prouve le bon droit des salariés. Mais, pour la plupart, les intérimaires ne sont pas réintégrés pour autant. Et un intérimaire mis à la porte, c'est un chômeur de plus !
Votre région a connu, comme les autres, son lot de fermetures d'usines et de réductions d'effectifs. En Lorraine, le chômage a augmenté de 11 % en un an. Une augmentation particulièrement marquée dans les Vosges, 18,7 % en un an, à cause des nombreux licenciements dans les entreprises du textile.
Fin décembre 2001, avec la quasi fermeture de l'usine Bata à Moussey, il y a eu 526 licenciements. Et, début mars, seuls 35 licenciés ont retrouvé un emploi, en CDD ou CDI. A noter que, sur les 272 licenciés du soi-disant plan social de 1997, seulement 79 travaillent de nouveau !
Il vient d'y avoir 100 licenciements dans l'usine Asat de Maxéville. L'usine Actis de Toul est en dépôt de bilan et prévoit de licencier. A Atofina à Carling (branche chimique du groupe TotalFinaElf), la direction veut supprimer 302 emplois alors que le groupe a augmenté ses bénéfices de 11 % l'année dernière. En octobre dernier, l'usine Flextronics, de Lunéville, a fermé et a licencié 210 personnes. 62 ont retrouvé du travail, et seulement 20 en CDI !
A Fameck, c'est le groupe Daewoo qui annonce la suppression de 120 emplois sur 280, dans l'usine qui fabrique les téléviseurs, alors que le groupe a déjà reçu 450 millions de F d'aides publiques pour s'installer en Lorraine et qu'il a le culot de demander de nouveau 123 millions de F supplémentaires. Plus d'un million de francs par emploi supprimé, voilà ce que veut obtenir la direction de l'usine de Fameck pour les deux années à venir, sans s'engager aucunement sur le maintien de l'usine !
Le chômage, c'est une catastrophe pour ceux qui en sont victimes, pour leurs familles et pour leurs enfants. Mais c'est aussi sur le chômage que s'appuie le patronat pour aggraver les conditions d'exploitation de ceux qui restent au travail ; pour rendre partout le rythme de travail inhumain, que ce soit sur les chaînes de production ou aux caisses de supermarché. La hiérarchie des grands et petits chefs qui exécutent les ordres patronaux se sent aussi plus à l'aise pour multiplier les brimades et les signes de mépris vis-à-vis des travailleurs.
Et c'est encore le chômage qui donne aux patrons des moyens de pression supplémentaires pour peser sur les salaires. L'abaissement du pouvoir d'achat est considérable pour ceux qui ont dû se contenter d'un emploi précaire à la place d'un emploi stable. Mais les salaires ont pris du retard même pour les autres.
En plus, la précarité de l'emploi grandit. Et la Poste donne l'exemple : l'Unité de Diffusion Postale de Nancy emploie des salariés en Contrat à Durée Indéterminée Intermittent qui gagnent 4.000 F par mois. Ils doivent utiliser leurs véhicules personnels, transporter environ 400 kg de publicité par jour qu'ils doivent stocker chez eux. Décidément, l'esclavage salarié n'a pas disparu !
Les grands partis se livrent, chacun à son profit, à des assauts de démagogie pour capitaliser le sentiment d'insécurité dans les villes et les banlieues. Lors de sa visite éclair au quartier dit sensible du Val-Fourré de Mantes-la-Jolie, où il ne met jamais les pieds d'ordinaire, Chirac s'en est pris "à la culture de la permissivité". Il a insisté qu'il faut en finir avec la tolérance et que "tout acte délictueux doit faire objet d'une punition rapide".
Mais combien d'exemples d'escroquerie, de détournements, de prévarication, de corruption donnés par ceux-là même qui occupent de hautes positions dans l'Etat ou à la tête de grandes entreprises ! Et ce sont les mêmes qui sont mouillés dans toutes sortes d'affaires louches et de trafics, directement ou par amis interposés, qui prêchent la vertu aux jeunes des banlieues. Il faut pas s'étonner qu'ils ne soient pas crédibles ! Il ne faut pas s'étonner que Chirac lui-même ait été reçu par des cris "au voleur" et "au menteur".
L'insécurité existe, c'est vrai, et vous savez que la violence gratuite pèse surtout sur les quartiers pauvres. Et bien sûr, le chômage seul n'explique pas toute la petite délinquance qui rend la vie plus dure encore dans les quartiers populaires.
Mais l'exemple vient de haut, et c'est toute l'organisation sociale qui valorise l'enrichissement rapide et l'argent facile. Les petits délinquants de quartier qui méprisent le travail et les travailleurs, leurs propres parents souvent, appliquent à leur échelle les critères de réussite de cette société où l'on s'enrichit d'autant plus vite que l'on sait dépouiller les autres.
Il faut cependant une sacrée hypocrisie à Jospin pour affirmer qu'il était naïf quand il a cru qu'en réduisant le chômage, il réduira l'insécurité et la violence. Car, si le chômage officiel a baissé pendant quelque temps, la précarité, ce chômage déguisé, n'a pas cessé de s'accroître, et la pauvreté avec !
Alors, oui, l'insécurité s'est aggravée en même temps que s'est aggravé la pauvreté et que se sont détériorés les logements sociaux et dégradés les quartiers populaires.
Il ne suffira pas que l'on crée un nouveau "ministère de la sécurité intérieure", comme le propose la droite, ni qu'on ressuscite les maisons de correction, pour qu'il fasse bon vivre dans des quartiers populaires où le chômage avoisine 30 %, voire 50 %, des adultes et où les jeunes s'enfoncent dans le désespoir. Il n'y aura certainement pas moins de violence si on change la loi pour pouvoir emprisonner les mineurs, car ceux qui seront entrés en prison pour des actes de petite délinquance, en sortiront criminels endurcis. Mais il est facile de faire des discours démagogiques sur l'insécurité, sans pour autant d'ailleurs qu'elle cesse, alors qu'il faut commencer par mettre fin au chômage, et à la pauvreté et tout de suite!
L'aggravation du chômage permet aussi aux démagogues d'extrême droite de canaliser le mécontentement contre les travailleurs immigrés, avec des slogans xénophobes et racistes. A l'échelle nationale, c'est le millionnaire réactionnaire Le Pen et son ex-lieutenant et aujourd'hui concurrent Mégret, qui essaient de faire de cette démagogie raciste un capital électoral.
Comme si c'était les travailleurs immigrés qui licencient, et pas les patrons !
Alors, travailleuses et travailleurs de toutes nationalités, avec ou sans papiers, nous faisons partie de la même classe ouvrière et notre seul ennemi est le grand patronat ! Et j'en profite pour dire que je suis pour que soient accordés toutes les libertés démocratiques, tous les droits syndicaux et politiques, à toutes celles et tous ceux qui vivent et travaillent en France et qui se font exploiter ici pour le compte de la bourgeoisie qui, elle, est de toutes les nationalités.
On prive du simple droit de vote des millions de travailleurs immigrés, ce qui signifie priver de ce droit élémentaire une fraction importante de la classe ouvrière elle-même, appartenant de surcroît aux couches les plus exploitées. Eh bien, il est de l'intérêt de l'ensemble du monde du travail d'imposer le droit de vote pour les travailleurs immigrés, et à toutes les élections !
Mais qu'est-ce que cette économie où l'on pousse à l'inactivité forcée des femmes et des hommes dont le travail pourrait être utile à la société, pendant qu'on en fait crever d'autres au travail ?
Eh bien, il n'est pas normal, il n'est pas acceptable que plus de 2.200.000 travailleurs de ce pays soient condamnés au chômage ;
que 4 millions d'autres, qui travaillent régulièrement ou occasionnellement, gagnent dans l'année moins que le SMIC;
que plus d'un million de personnes soient obligées de subsister avec l'aumône du RMI de 405 euros. Sans compter les jeunes qui, en dessous de 25 ans, n'ont rien droit à rien du tout !
Il n'est pas normal, il n'est pas acceptable qu'une partie de la population ait besoin des Restaurants du Coeur pour se nourrir. Et leur nombre s'accroît d'année en année.
Il n'est pas normal, il n'est pas acceptable que près de 100.000 personnes, jusque et y compris des enfants, soient privés de logement et que d'autres soient contraints à loger dans des taudis. Et il y a dans ce pays 3 millions d'appartements insalubres !
Et, bien au-delà des mal logés, beaucoup de travailleurs ont des salaires trop bas pour payer un loyer dit normal pour un appartement convenable. Les logements dits sociaux constituent une cruelle nécessité. Mais on n'en construit pas en nombre suffisant et on laisse à l'abandon ceux qui ont été construits dans le passé et il est difficile de se loger avec des bas salaires et le loyer grève lourdement le pouvoir d'achat.
Eh oui, même dans ce pays parmi les plus développés, ce système économique reproduit et aggrave les inégalités. Et que dire de la misère indescriptible dans une grande partie de la planète ?
La misère a toujours existé dans ces pays, diront les défenseurs de l'ordre établi. Mais, aujourd'hui, l'Humanité a les moyens de mettre fin à cette misère partout sur la planète. La capacité productive des seuls pays industrialisés est largement suffisante pour assurer à tous la nourriture, un logement convenable, des soins, l'éducation. Mais cette capacité productive est gaspillée. On détruit de la nourriture dans des pays riches pour maintenir les prix pendant que dans d'autres on meurt de faim. On ne distribue pas des médicaments indispensables là où c'est le plus nécessaire parce que ceux qui en ont besoin n'ont pas assez d'argent pour assurer des profits aux trusts pharmaceutiques.
En contrepartie du pillage des richesses naturelles des pays sous-développés, on offre des armes à leurs dictateurs, pour qu'ils continuent à maintenir leurs peuples sous le joug et dans la pauvreté.
Et, quand les achats d'armes et les dépenses de luxe de la couche privilégiée d'un pays pauvre endettent ce pays auprès des banquiers d'Occident, c'est encore au peuple qu'on présente la facture.
Oui, le capitalisme est une société qui a échoué et qui échoue tous les jours, en provoquant des tragédies comme le chômage, comme les licenciements, comme la ruine de dizaines de milliers de travailleurs, mais aussi comme la paupérisation croissante des pays du tiers monde. Et, bientôt, on verra des mitrailleuses aux frontières pour empêcher les malheureux du monde entier de se jeter sur les grillages électrifiés entourant l'Europe ou fermant l'accès aux Etats-Unis.
C'est tout cela, le capitalisme. C'est l'accumulation de la richesse à un pôle et la pauvreté à l'autre. Ce sont les guerres et les dépenses d'armement pour maintenir cet état des choses. C'est les risques encourus par la nature, voire les risques biologiques encourus par l'Humanité, et tout cela pour la recherche du profit.
Non, la société capitaliste n'est pas une société humaine. Elle n'est pas supportable et il est indispensable de la changer. Voilà pourquoi je suis communiste et fière de l'être.
Le sens de la transformation sociale nécessaire est au fond simple : il s'agit de mettre fin à la dictature des grands groupes capitalistes sur la planète, en expropriant la grande bourgeoisie et en transformant les usines, les banques, les transports, les grands circuits de distribution capitalistes, en propriétés collectives, sous le contrôle conscient et sous le contrôle démocratique de toute la population.
Cet objectif est abandonné depuis longtemps par les grands partis qui se disent socialiste et communiste, dénominations qui à l'origine indiquaient leur volonté de transformation sociale.
Oui, il faut que de tels partis renaissent. Il faut un parti qui défend rigoureusement les intérêts politiques et sociaux des travailleurs. Cela demande que ceux qui ressentent cette nécessité, ceux qui veulent que les travailleurs soient de nouveau en situation de se défendre, se regroupent. Eh bien, les élections constituent une occasion pour se reconnaître, pour se compter sur des idées, sur un programme et par la même, faire un pas important sur le chemin de la renaissance d'un vrai parti communiste !
Dans l'immédiat, l'objectif politique prioritaire est d'arrêter la dégradation des conditions d'existence du monde du travail, en contestant à la classe capitaliste son droit d'user et d'abuser de sa situation dominante dans l'économie.
Dans cette situation marquée par un chômage en hausse, je le dis: Si les patrons ne sont pas capables de faire fonctionner leurs entreprises sans licenciements, c'est-à-dire sans aggraver le chômage, eh bien, qu'ils s'en aillent Voilà pourquoi je dis qu'il faut interdire les licenciements et, si les patrons licencient quand même, les sanctionner par la réquisition de leurs usines.
On nous dit que ces entreprises ne sont plus rentables. Ce n'est vrai que du point de vue des actionnaires qui exigent des profits de l'ordre de 15 %. Quand une entreprise produit des biens de consommation utiles, qu'importe qu'elle ne dégage pas de profits ! Si elle vendait sa production à prix coûtant, après amortissement, sans avoir à enrichir des actionnaires parasites, elle pourrait maintenir un salaire à ses salariés tout en rendant service à la collectivité.
Et quand bien même les entreprises qui ferment ne sont plus rentables, elles l'ont été dans le passé. Elles ont rapporté des fortunes à leurs propriétaires. Ces fortunes n'ont pas disparu. Elles continuent à exister sous forme de capitaux investis dans d'autres entreprises. Elles continuent à exister sous forme de propriétés immobilières, de châteaux, de biens de luxe, de yachts ou d'avions privés.
Eh bien, pour assurer un emploi à tous, pourquoi ne prendrait-on pas sur les fortunes personnelles des propriétaires présents et passés des entreprises ?
Ce serait une atteinte intolérable à la propriété privée ? Mais les licenciements, c'est une atteinte bien plus intolérable à l'existence matérielle des travailleurs et aussi à leur dignité !
Les capitalistes savent utiliser les circuits financiers, voire les paradis fiscaux, pour dissimuler tout ce qu'ils possèdent. Eh bien, il faut contraindre les grandes entreprises à rendre publique toute leur comptabilité.
Il faut que la population puisse vérifier quelle est, dans ces profits privés, la part des subventions ou des cadeaux fiscaux, c'est-à-dire la part de l'argent public.
Il faut que la population puisse vérifier à quoi servent les bénéfices, quelle est la part de ce qui est réinvesti dans la production, et ce qui est gaspillé dans la spéculation.
Il faut aussi une transparence absolue sur les marchés publics, ceux de l'Etat, des régions, des départements comme des municipalités.
Alors, il faudra que soient rendu publics les comptes des grandes entreprises, mais aussi, les comptes en banque de leurs patrons, de leurs principaux actionnaires, de leurs PDG et de leurs hauts cadres, voire des prête-noms des uns et des autres, et aussi que les revenus et les ressources des responsables politiques soient publics et contrôlables, afin que tout un chacun puisse connaître la situation réelle !
Alors, il faut une loi qui mette fin au secret bancaire, au secret commercial et au secret des affaires. Oh, je sais bien que la loi seule n'y suffirait pas. Mais qu'une fraction seulement de la population ait la volonté de s'en servir et puisse légalement se mêler des affaires des grandes entreprises ou des grandes banques, et tout le monde pourrait constater que les licenciements ne sont jamais justifiés.
Je me présente à cette élection présidentielle pour défendre tous ces objectifs-là. Mais aussi pour affirmer qu'il faut arrêter toute subvention au grand patronat, tout avantage fiscal et tout dégrèvement de cotisations sociales.
Pour dire qu'il faut rétablir l'impôt sur les bénéfices comme il y a vingt ans.
Pour dire qu'il faut augmenter les tranches supérieures de l'impôt sur le revenu, au lieu de les diminuer. L'Etat aurait ainsi les moyens d'améliorer les services publics, au lieu de les vendre par morceaux au secteur privé.
Pour dire qu'il faut une augmentation conséquente des salaires, des pensions de retraite. Comme il faut une augmentation conséquente des minima sociaux.
Dans cette société, il n'y a que le rapport de force qui compte. Et le rapport de forces ne sera changé que par l'action collective des travailleurs, par les manifestations, par les grèves, qui convergeront dans une volonté collective.
Cette élection ne changera pas le sort du monde du travail. C'est vrai ! Mais elle peut permettre de se compter. Et si nous sommes nombreux à nous compter sur mon nom, sur ce programme, cela peut montrer à nos ennemis que la classe ouvrière existe et qu'elle se renforce en tant que force politique.
Oui, le nombre des suffrages qui se porteront sur mon nom peut redonner confiance à tous ceux qui se croient isolés, chacun dans sa ville, dans son quartier, sur son lieu de travail, impuissants face à des patrons qui croient avoir tous les droits. Cette confiance peut nous rendre plus forts moralement, politiquement, pour engager les luttes collectives que, de toute façon, il nous faudra mener.
Car il n'y a pas d'autre choix que de mener la lutte de classe, face à un patronat qui, lui, n'a de cesse de faire la guerre au monde du travail.
Oui, si des millions de femmes et d'hommes affirment avec leur bulletin de vote qu'ils partagent le constat que je fais, et disent aussi, ensemble, qu'il est vital d'imposer les mesures que je propose, oui, je le pense, cela aidera au développement de ces luttes, à leur élargissement, à leur unification sur un programme correspondant aux intérêts vitaux du monde du travail.
(Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 13 mars 2002)