Texte intégral
Alors que s'ouvre la Conférence de Monterrey, il faut réaffirmer qu'un effort majeur d'aide publique au développement de la part des pays développés est indispensable pour atteindre les objectifs de réduction de la pauvreté que s'est fixé la communauté internationale lors de l'assemblée de millénaire des Nations unies. Selon la Banque mondiale et le rapport Zedillo, un doublement du flux mondial d'APD est nécessaire. Notre volonté de participer à l'effort se traduit par une aide française qui repart à la hausse : 0,34 % du PIB en 2001 et 0,36 % prévus en 2002. Ce qui nous place bien au-dessus de la moyenne des pays de l'OCDE (0,22 %) et en tête des pays du G7. Il faut que l'ensemble des pays industrialisés contribuent à cet effort, y compris le plus riche d'entre eux.
Il faut, pour réussir, une nouvelle approche partenariale, privilégiant la responsabilité des pays en développement, et centrée sur la réalisation d'objectifs précis. Dans ce type d'approche, quasi contractuelle, les objectifs communs doivent être définis - ceux du millénaire fournissent une référence mondialement acceptée -, mais aussi les droits et devoirs de chacun : pour les pays du sud, bonne gestion, transparence et politiques cohérentes avec les objectifs, et de la part des pays du nord, un appui supplémentaire à ceux qui s'engageront dans cette voie.
Les nouveaux enjeux de la mondialisation appellent d'autres réponses. Après l'initiative "Tout sauf les Armes" de l'Union européenne en faveur des PMA, et après avoir soutenu une approche plus équilibrée en faveur des PVD à Doha (médicaments, appui aux capacités), le gouvernement français a décidé la mise en place d'un programme d'action national sur 3 ans pour le renforcement des capacités commerciales des pays en développement. Les promesses de Doha vis-à-vis des PVD doivent être tenues.
Il est urgent d'engager la réflexion internationale sur les biens publics mondiaux et leur financement. L'environnement, la santé, l'accès au savoir, la stabilité économique et financière, sont des enjeux communs: l'avenir de tous en dépend. A cet égard, et contrairement au rapport Zedillo, le projet de déclaration de Monterrey, dit "consensus", ne contient aucune référence aux biens publics mondiaux, c'est regrettable. Car protéger et promouvoir ces biens, qui se situent au cur des rapports nord-sud, s'inscrit dans la lutte pour un développement équitable et durable.
Une réflexion internationale sur les nouveaux moyens de financement du développement est également nécessaire. Pour concrétiser ce point, évoqué trop brièvement dans le projet de déclaration de Monterrey, une nouvelle allocation de droits de tirage spéciaux du FMI permettrait de desserrer la contrainte de liquidité des PVD. La réflexion au plan international doit aussi se poursuivre sur une forme de taxation internationale, dont l'assiette reste à définir : mouvements spéculatifs de capitaux, ventes d'armes, ou émissions de carbone. Un tel dispositif permettrait tout à la fois de lutter contre les abus de la mondialisation, et d'accroître le financement du développement.
Mais le combat pour un développement équilibré et durable est aussi intrinsèquement lié aux efforts de réforme de l'architecture des institutions internationales. Un mécanisme multilatéral de traitement ordonné des crises de surendettement des Etats doit permettre de rééquilibrer la relation entre débiteurs et créanciers et d'impliquer davantage le secteur privé. Au plan global, un "conseil de sécurité économique et social", chargé d'arbitrer entre les règles multilatérales concurrentes, permettrait de renforcer la gouvernance mondiale et d'assurer la prééminence du politique sur les instruments financiers.
Bien entendu, l'engagement des Etats-Unis dans cet effort de coopération internationale est essentiel pour que la conférence de Monterrey ne se borne pas à une déclaration de principe reflétant le "plus petit dénominateur commun" international. Des voix se font entendre au Sénat américain pour un changement d'attitude du pays, jusqu'ici très en retrait sur la plupart de ces sujets, et dont le taux d'APD est le plus faible du G7 (0,1%). Ces partisans d'un effort d'aide accru des Etats-Unis, républicains comme démocrates, soulignent à juste titre que les inégalités, la pauvreté, les zones de non-droit menacent la sécurité et la stabilité du monde. Il faut souhaiter que l'administration Bush entende ce message d'ici Monterrey.
Le gouvernement français souhaite que la Conférence de Monterrey enclenche une nouvelle dynamique qui se traduise dans les actes et dans les faits. Avant la conférence de Johannesbourg sur le développement durable de septembre 2002, Monterrey doit marquer un réel progrès et répondre aux attentes sociales, elles aussi mondialisées, qui s'expriment avec de plus en plus de force.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 mars 2002)
Il faut, pour réussir, une nouvelle approche partenariale, privilégiant la responsabilité des pays en développement, et centrée sur la réalisation d'objectifs précis. Dans ce type d'approche, quasi contractuelle, les objectifs communs doivent être définis - ceux du millénaire fournissent une référence mondialement acceptée -, mais aussi les droits et devoirs de chacun : pour les pays du sud, bonne gestion, transparence et politiques cohérentes avec les objectifs, et de la part des pays du nord, un appui supplémentaire à ceux qui s'engageront dans cette voie.
Les nouveaux enjeux de la mondialisation appellent d'autres réponses. Après l'initiative "Tout sauf les Armes" de l'Union européenne en faveur des PMA, et après avoir soutenu une approche plus équilibrée en faveur des PVD à Doha (médicaments, appui aux capacités), le gouvernement français a décidé la mise en place d'un programme d'action national sur 3 ans pour le renforcement des capacités commerciales des pays en développement. Les promesses de Doha vis-à-vis des PVD doivent être tenues.
Il est urgent d'engager la réflexion internationale sur les biens publics mondiaux et leur financement. L'environnement, la santé, l'accès au savoir, la stabilité économique et financière, sont des enjeux communs: l'avenir de tous en dépend. A cet égard, et contrairement au rapport Zedillo, le projet de déclaration de Monterrey, dit "consensus", ne contient aucune référence aux biens publics mondiaux, c'est regrettable. Car protéger et promouvoir ces biens, qui se situent au cur des rapports nord-sud, s'inscrit dans la lutte pour un développement équitable et durable.
Une réflexion internationale sur les nouveaux moyens de financement du développement est également nécessaire. Pour concrétiser ce point, évoqué trop brièvement dans le projet de déclaration de Monterrey, une nouvelle allocation de droits de tirage spéciaux du FMI permettrait de desserrer la contrainte de liquidité des PVD. La réflexion au plan international doit aussi se poursuivre sur une forme de taxation internationale, dont l'assiette reste à définir : mouvements spéculatifs de capitaux, ventes d'armes, ou émissions de carbone. Un tel dispositif permettrait tout à la fois de lutter contre les abus de la mondialisation, et d'accroître le financement du développement.
Mais le combat pour un développement équilibré et durable est aussi intrinsèquement lié aux efforts de réforme de l'architecture des institutions internationales. Un mécanisme multilatéral de traitement ordonné des crises de surendettement des Etats doit permettre de rééquilibrer la relation entre débiteurs et créanciers et d'impliquer davantage le secteur privé. Au plan global, un "conseil de sécurité économique et social", chargé d'arbitrer entre les règles multilatérales concurrentes, permettrait de renforcer la gouvernance mondiale et d'assurer la prééminence du politique sur les instruments financiers.
Bien entendu, l'engagement des Etats-Unis dans cet effort de coopération internationale est essentiel pour que la conférence de Monterrey ne se borne pas à une déclaration de principe reflétant le "plus petit dénominateur commun" international. Des voix se font entendre au Sénat américain pour un changement d'attitude du pays, jusqu'ici très en retrait sur la plupart de ces sujets, et dont le taux d'APD est le plus faible du G7 (0,1%). Ces partisans d'un effort d'aide accru des Etats-Unis, républicains comme démocrates, soulignent à juste titre que les inégalités, la pauvreté, les zones de non-droit menacent la sécurité et la stabilité du monde. Il faut souhaiter que l'administration Bush entende ce message d'ici Monterrey.
Le gouvernement français souhaite que la Conférence de Monterrey enclenche une nouvelle dynamique qui se traduise dans les actes et dans les faits. Avant la conférence de Johannesbourg sur le développement durable de septembre 2002, Monterrey doit marquer un réel progrès et répondre aux attentes sociales, elles aussi mondialisées, qui s'expriment avec de plus en plus de force.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 mars 2002)