Texte intégral
R. Sicard La droite a remporté hier une victoire impressionnante. Vous avez désormais toutes les cartes en mains pour agir. Qu'est-ce qui va changer, très vite, dans les semaines à venir, pour les Français ?
- "Cela nous donne des responsabilités importantes. Donc, nous allons d'abord respecter scrupuleusement nos engagements électoraux. Cela veut dire, premièrement, une action forte sur les questions de sécurité, dès la session parlementaire extraordinaire qui va commencer, au mois de juillet."
Vous avez déjà commencé sur la sécurité ?
- "On a commencé le travail mais, bien entendu, il faut une grande loi de programmation qui va distribuer les moyens nécessaires. Et puis, [il y a ] les questions d'organisations, avec également une loi de programmation sur la justice, parce qu'il faut que la justice suive ce que font la police et la gendarmerie. Deuxièmement, lutte contre le chômage, avec notamment un important volet fiscal pour encourager les employeurs à rester en France et pour aussi favoriser l'emploi des jeunes de 22 à 25 ans qui sont les premières victimes du chômage."
Vous avez un programme ambitieux pour la sécurité, pour la baisse d'impôts. Quand on baisse les impôts et qu'on augmente les moyens pour la sécurité et pour d'autres choses, on se demande où vous allez trouver l'argent ?
- "D'abord, nous avons l'intention de faire un certain nombre de privatisations ; nous avons l'intention aussi d'avoir une action économique suffisamment soutenue pour faire rentrer des fruits de la croissance, parce qu'il est évident que la France, sur ce point-là, a du retard."
La croissance n'a pas l'air d'être bien engagée pour l'instant ?
- "C'est pour ça qu'il faut une politique fiscale incitative. Baisser les impôts, paradoxalement, c'est quelque chose qui peut permettre de faire rentrer d'autres impôts, en relançant l'activité."
On a été frappé par la très forte abstention qu'il y a eu hier, comme si les Français ne faisaient plus de grande différence entre la gauche et la droite, comme s'il n'y avait pas de véritable enjeu. Comment pouvez-vous les convaincre ?
- "Franchement, j'ai le sentiment qu'hier, les Français ont fait la différence entre la droite et la gauche quand on voit les résultats !"
Vous avez raison. Mais il y a eu une très forte abstention qui montre que beaucoup de gens se sont désintéressés du scrutin, comme si eux, les abstentionnistes, ne voyaient pas très bien la différence. Comment pouvez-vous, vous, les convaincre que vous allez faire autre chose ?
- "D'abord, si on regarde l'abstention hier, il y a plusieurs choses à prendre en considération. D'une part, la bataille principale a eu lieu au moment des élections présidentielles. Et les élections législatives ne sont que la confirmation de ce qui a été choisi par les Français, en particulier au premier et au deuxième tour de l'élection présidentielle. Or, au deuxième tour de l'élection présidentielle, il y a eu une participation considérable. Cela a été un grand succès. Donc, cette confirmation était sans doute moins mobilisante. Ensuite, c'est bien vrai que ce sont souvent les extrémistes qui se sont abstenus, les extrémistes de droite ou les extrémistes de gauche. Et d'une certaine manière, pour la démocratie, c'est rassurant, que les extrémistes s'abstiennent, parce que cela peut vouloir dire qu'ils reviennent vers les formations modérées."
Vous ne croyez pas qu'il y a un désintérêt pour la politique de la part des Français dans une certaine mesure ?
- "Je crois qu'il y a surtout une pacification de la vie politique. Lorsqu'on est au bord de la guerre civile - nous Français, nous avons la particularité d'avoir des affrontement parfois très vifs entre la gauche et la droite -, la mobilisation est très forte. Et lorsque ces antagonismes s'atténuent, nous revenons à la moyenne générale. Vous savez, la participation en France, on peut en dite tout ce qu'on veut, mais elle est conforme à la moyenne européenne, et même très supérieure à ce qui se passe aux Etats-Unis qui sont pourtant de vraies démocraties."
Au programme du Gouvernement, il va y avoir, ce matin, la démission de J.-P. Raffarin puis demain ou ce soir, la nomination du nouveau gouvernement Raffarin. Est-ce que vous allez en profiter pour régler le cas de R. de Donnedieu de Vabres, ce ministre dont la mise en examen a été confirmée la semaine dernière par la Cour de Cassation ?
- "Je crois que c'est R. Donnedieu de Vabres qui prendra sa décision lui-même ; c'est à lui de considérer ce qui est le mieux pour assurer sa défense, de rester au Gouvernement ou de partir."
Qu'est-ce qui vous plairez le mieux, vous qui êtes avocat ?
- "C'est un ami. Je l'aime beaucoup et j'ajouterai qu'il y a beaucoup de choses à dire sur les mises en examen. Vous savez, plus de la moitié des hommes politiques qui ont été mis en examen ont été ensuite innocentés. Donc, on peut prendre la mise en examen avec beaucoup de suspicion. Donc, c'est à R. Donnedieu de Vabres de voir dans quelles conditions il assurera le mieux sa défense. Personne ne veut le chasser. C'est sa responsabilité."
Autre dossier, c'est celui de la présidence de l'Assemblée nationale. Il y a deux candidats pour l'UMP, E. Balladur et J.-L. Debré. Lequel est le meilleur selon vous ?
- "Ce sont deux très bons candidats. Ce n'est d'ailleurs pas à moi de choisir, puisque je suis au Gouvernement et que je ne serai même pas appelé à voter. Ce sont tous les deux de très bons candidats, ils sont aimés du groupe et la bataille sera sans doute vive, bien sûr."
Le risque avec les majorités très importantes, c'est qu'elles aient tendance à en faire un petit peu trop. Comment allez-vous faire, vous, pour ne pas abuser de cette victoire très impressionnante ?
- "Il va falloir que nous maintenions cette ligne de modestie qui a caractérisée le gouvernement Raffarin. Je pense qu'il faut être à l'écoute et répondre aux aspirations, ne pas hésiter à tenir compte des critiques - il y en aura et c'est naturel -, traiter l'opposition avec respect - nous espérons que cette opposition sera constructive ; il y a parmi elle des gens de talent. Si on a ce comportement modeste, on peut éviter un certain nombre d'erreurs. En tous les cas, gérer une forte majorité, c'est peut-être un problème, mais c'est un problème moins grave que de gérer une majorité insuffisante."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 18 juin 2002)
- "Cela nous donne des responsabilités importantes. Donc, nous allons d'abord respecter scrupuleusement nos engagements électoraux. Cela veut dire, premièrement, une action forte sur les questions de sécurité, dès la session parlementaire extraordinaire qui va commencer, au mois de juillet."
Vous avez déjà commencé sur la sécurité ?
- "On a commencé le travail mais, bien entendu, il faut une grande loi de programmation qui va distribuer les moyens nécessaires. Et puis, [il y a ] les questions d'organisations, avec également une loi de programmation sur la justice, parce qu'il faut que la justice suive ce que font la police et la gendarmerie. Deuxièmement, lutte contre le chômage, avec notamment un important volet fiscal pour encourager les employeurs à rester en France et pour aussi favoriser l'emploi des jeunes de 22 à 25 ans qui sont les premières victimes du chômage."
Vous avez un programme ambitieux pour la sécurité, pour la baisse d'impôts. Quand on baisse les impôts et qu'on augmente les moyens pour la sécurité et pour d'autres choses, on se demande où vous allez trouver l'argent ?
- "D'abord, nous avons l'intention de faire un certain nombre de privatisations ; nous avons l'intention aussi d'avoir une action économique suffisamment soutenue pour faire rentrer des fruits de la croissance, parce qu'il est évident que la France, sur ce point-là, a du retard."
La croissance n'a pas l'air d'être bien engagée pour l'instant ?
- "C'est pour ça qu'il faut une politique fiscale incitative. Baisser les impôts, paradoxalement, c'est quelque chose qui peut permettre de faire rentrer d'autres impôts, en relançant l'activité."
On a été frappé par la très forte abstention qu'il y a eu hier, comme si les Français ne faisaient plus de grande différence entre la gauche et la droite, comme s'il n'y avait pas de véritable enjeu. Comment pouvez-vous les convaincre ?
- "Franchement, j'ai le sentiment qu'hier, les Français ont fait la différence entre la droite et la gauche quand on voit les résultats !"
Vous avez raison. Mais il y a eu une très forte abstention qui montre que beaucoup de gens se sont désintéressés du scrutin, comme si eux, les abstentionnistes, ne voyaient pas très bien la différence. Comment pouvez-vous, vous, les convaincre que vous allez faire autre chose ?
- "D'abord, si on regarde l'abstention hier, il y a plusieurs choses à prendre en considération. D'une part, la bataille principale a eu lieu au moment des élections présidentielles. Et les élections législatives ne sont que la confirmation de ce qui a été choisi par les Français, en particulier au premier et au deuxième tour de l'élection présidentielle. Or, au deuxième tour de l'élection présidentielle, il y a eu une participation considérable. Cela a été un grand succès. Donc, cette confirmation était sans doute moins mobilisante. Ensuite, c'est bien vrai que ce sont souvent les extrémistes qui se sont abstenus, les extrémistes de droite ou les extrémistes de gauche. Et d'une certaine manière, pour la démocratie, c'est rassurant, que les extrémistes s'abstiennent, parce que cela peut vouloir dire qu'ils reviennent vers les formations modérées."
Vous ne croyez pas qu'il y a un désintérêt pour la politique de la part des Français dans une certaine mesure ?
- "Je crois qu'il y a surtout une pacification de la vie politique. Lorsqu'on est au bord de la guerre civile - nous Français, nous avons la particularité d'avoir des affrontement parfois très vifs entre la gauche et la droite -, la mobilisation est très forte. Et lorsque ces antagonismes s'atténuent, nous revenons à la moyenne générale. Vous savez, la participation en France, on peut en dite tout ce qu'on veut, mais elle est conforme à la moyenne européenne, et même très supérieure à ce qui se passe aux Etats-Unis qui sont pourtant de vraies démocraties."
Au programme du Gouvernement, il va y avoir, ce matin, la démission de J.-P. Raffarin puis demain ou ce soir, la nomination du nouveau gouvernement Raffarin. Est-ce que vous allez en profiter pour régler le cas de R. de Donnedieu de Vabres, ce ministre dont la mise en examen a été confirmée la semaine dernière par la Cour de Cassation ?
- "Je crois que c'est R. Donnedieu de Vabres qui prendra sa décision lui-même ; c'est à lui de considérer ce qui est le mieux pour assurer sa défense, de rester au Gouvernement ou de partir."
Qu'est-ce qui vous plairez le mieux, vous qui êtes avocat ?
- "C'est un ami. Je l'aime beaucoup et j'ajouterai qu'il y a beaucoup de choses à dire sur les mises en examen. Vous savez, plus de la moitié des hommes politiques qui ont été mis en examen ont été ensuite innocentés. Donc, on peut prendre la mise en examen avec beaucoup de suspicion. Donc, c'est à R. Donnedieu de Vabres de voir dans quelles conditions il assurera le mieux sa défense. Personne ne veut le chasser. C'est sa responsabilité."
Autre dossier, c'est celui de la présidence de l'Assemblée nationale. Il y a deux candidats pour l'UMP, E. Balladur et J.-L. Debré. Lequel est le meilleur selon vous ?
- "Ce sont deux très bons candidats. Ce n'est d'ailleurs pas à moi de choisir, puisque je suis au Gouvernement et que je ne serai même pas appelé à voter. Ce sont tous les deux de très bons candidats, ils sont aimés du groupe et la bataille sera sans doute vive, bien sûr."
Le risque avec les majorités très importantes, c'est qu'elles aient tendance à en faire un petit peu trop. Comment allez-vous faire, vous, pour ne pas abuser de cette victoire très impressionnante ?
- "Il va falloir que nous maintenions cette ligne de modestie qui a caractérisée le gouvernement Raffarin. Je pense qu'il faut être à l'écoute et répondre aux aspirations, ne pas hésiter à tenir compte des critiques - il y en aura et c'est naturel -, traiter l'opposition avec respect - nous espérons que cette opposition sera constructive ; il y a parmi elle des gens de talent. Si on a ce comportement modeste, on peut éviter un certain nombre d'erreurs. En tous les cas, gérer une forte majorité, c'est peut-être un problème, mais c'est un problème moins grave que de gérer une majorité insuffisante."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 18 juin 2002)