Texte intégral
Monsieur le Président,
Chers Collègues,
Mesdames, Messieurs,
C'est une longue histoire que celle des relations entre l'Europe et l'Amérique latine. Une histoire riche et complexe dont nos deux régions ont hérité, et qui, à partir de tout ce qui les rapproche déjà, les invite à construire un avenir en commun. Pour nous, Européens, au sein d'une Union européenne en voie d'élargissement, l'Amérique latine et les Caraïbes constituent un ensemble de la plus haute importance. Traditionnellement, les deux régions sont unies par des liens de filiation, culturels et historiques auxquels elles sont également attachées. D'ores et déjà, elles forment, sur la scène internationale en train de se redessiner, deux pôles majeurs qui ont vocation à devenir des partenaires à part entière, non seulement au plan économique, mais aussi au plan politique et au plan culturel.
Notre réunion d'aujourd'hui, au niveau ministériel, qui se tient pour la huitième fois, illustre cette volonté de dégager sur divers sujets d'intérêt commun, des positions convergentes, des lignes de conduite allant dans la même direction.
Toutefois, il est temps, à présent, chacun est conscient, d'aller plus loin, et de marquer par une rencontre emblématique, le caractère privilégié qu'entend revêtir notre dialogue, dans toutes ses composantes, de donner une forte visibilité au nécessaire partenariat économique et politique qui doit relier l'Union européenne et l'Amérique latine, déjà unies par tant d'affinités : l'objectif doit être d'introduire plus de cohérence dans le dialogue politique entre nos deux grandes régions et surtout de définir un dessein à hauteur des enjeux du XXIème siècle, notamment en ce qui concerne l'éducation, qui appelle une démarche volontariste de notre part.
L'Union européenne, pour sa part, a commencé à le faire avec d'autres parties du monde. C'était presque un paradoxe, en tout cas une lacune, que de ne pas l'avoir encore prévu avec l'Amérique latine et la Caraïbe si proche d'elle à tant d'égards.
C'est de cette évidence que la France et l'Espagne ont pris conscience les premières, vite rejointes par l'ensemble de leurs partenaires européens. C'est également avec beaucoup d'enthousiasme que la proposition d'un Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement a été accueillie dans les capitales de l'Amérique latine et des Caraïbes.
Il nous reste maintenant à concrétiser ce projet, et à lui donner tout sa portée, toute sa dimension. C'est ce que notre dernière réunion conjointe à Noordwijk aux Pays-Bas avait décidé, il y a un an. C'est le mandat que les Quinze se sont donné lors des Conseils européens d'Amsterdam, puis de Luxembourg. Le moment est venu, à un an de ce rendez-vous historique, d'explorer quel pourrait en être le contenu.
Notre Sommet devrait, en toute logique, comporter trois volets : politique, économique et culturel.
- Dans le domaine politique, il s'agit de jeter les bases d'un dialogue à long terme sur les grands sujets tels que : la consolidation de la démocratie et le renforcement de l'Etat de droit, ou la défense des Droits de l'Homme. En ce qui concerne la lutte contre la drogue, l'Union européenne et l'Amérique latine ont déjà élaboré conjointement le concept de co-responsabilité à l'opposé de la politique uniquement répressive de désertification. Nous devons en faire de même contre le terrorisme et le crime organisé. Dans le même esprit, nous devons poursuivre ensemble l'élimination des mines antipersonnel après la rencontre d'Ottawa l'année dernière.
Ce dialogue politique apparaît plus que jamais nécessaire et urgent dans les circonstances actuelles. Entre nos deux régions, il existe bien des points communs, qui justifient une approche concertée des grands problèmes auxquels nous sommes ensemble confrontés. Entre le vieux continent en cours de mutation et la zone émergente d'Amérique latine-Caraïbe en voie d'organisation et d'intégration, il importe de se parler, de se soutenir. De vastes terrains d'entente sont à identifier : ainsi la concertation entre nous pourrait-elle être renforcée dans le cadre des Nations unies et des autres institutions multilatérales, l'Europe et l'Amérique latine ont déjà rapprochées leurs vues lors de grandes conférences : le Sommet social de Copenhague, la Conférence Population du Caire, la Conférence Habitat à Istanbul. Il faut persévérer sur cette voie.
En effet, nos identités propres reposent sur les mêmes valeurs humanistes. Nos systèmes politiques sont issus de la même inspiration démocratique. Nos sociétés doivent faire face aux mêmes défis économiques et sociaux et nous avons la même ambition de développer des modèles de croissance au service de l'épanouissement de l'Homme, qui ne saurait être régi par la seule loi du marché. C'est dans cet esprit que nous devons traiter des thèmes qui intéressent directement la vie de nos concitoyens, notamment les moins favorisés d'entre eux. Je pense, par exemple à la réduction de la pauvreté et des inégalités sociales ou à la protection de l'enfance. La préservation de l'environnement mérite également toute notre attention.
Nous devons, par conséquent, nous faire entendre dans toutes les enceintes pour nous faire respecter, et sauvegarder nos intérêts. Le volet politique du Sommet de l'an prochain pourrait marquer un grand pas dans cette direction.
- Venons-en au domaine économique et commercial, qui doit viser à définir un cadre et des orientations afin de renforcer la dynamique des échanges entre nos deux régions, en ayant à l'esprit aussi bien la concertation au sein des instances multilatérales que l'accroissement des relations bilatérales.
De multiples raisons justifient cette démarche : le potentiel de croissance de l'Amérique latine, l'importance des échanges commerciaux ainsi que des investissements entre nos deux régions, le rôle actif que joue chacune d'elles au sein de l'OMC, sans oublier les différentes mesures de libéralisation des échanges déjà prises ou prévues sur le continent latino-américain qui avance à grands pas en matière de régionalisme économique : ALADI, Mercosur, SICA, ALENA, ALCA, pour ne citer que les principales.
Certes, le contexte dans lequel se déroulera le Sommet s'annonce complexe, qu'il s'agisse de l'OMC - nous serons alors à la veille de l'an 2000 avec la perspective de la reprise des grandes négociations - ou du calendrier communautaire, auquel est inscrit "l'Agenda 2000", comportant notamment l'approfondissement de la réforme de la Politique agricole commune. Il n'échappe à personne que les dossiers agricoles poseront des questions délicates, mais faisons confiance aux responsables pour trouver une issue satisfaisante pour toutes les parties dans un cadre multilatéral.
S'agissant des initiatives sur lesquelles devrait déboucher le Sommet, l'accent pourrait être mis, au plan bilatéral, sur les mesures permettant de réduire progressivement les obstacles aux échanges et de créer un climat propice aux investissements. Ces initiatives, incluant notamment la mise en place d'un dialogue des hommes d'affaires ou le renforcement de la coopération en matière douanière, seraient complétées par une concertation accrue au sein des instances multilatérales, à commencer par l'OMC, mais également sous l'égide de l'OCDE, s'agissant de la négociation de l'Accord multilatéral sur l'investissement, ou encore de l'OMPI pour ce qui est de la propriété intellectuelle.
Chacun d'entre nous a présent à l'esprit l'objectif que se sont fixé l'Union et plusieurs partenaires d'Amérique latine d'établir un cadre de relations économiques et commerciales particulièrement ambitieux, puisqu'il s'agit d'aboutir à une association comportant une libéralisation progressive et réciproque des échanges, en tenant compte de la sensibilité de certains produits et en se conformant aux règles de l'OMC. Les travaux de la première phase sont bien engagés. Les experts procèdent à la "photographie" des échanges entre les deux régions en matière de biens et de services, ainsi que des règles et disciplines commerciales. Après les évaluations prévues au printemps prochain, le passage à la deuxième phase nécessitera une prise de décision politique.
(Par ailleurs, le Sommet, entendons-nous bien, ne doit pas se substituer aux enceintes prévues dans le cadre des accords en cours ou à venir, ni bouleverser le calendrier défini pour chacun d'entre eux : nous ne pouvons aujourd'hui préjuger l'état d'avancement des travaux qui se seront déroulés au cours de l'année nous séparant encore de la rencontre de Rio. Celle-ci sera toutefois une occasion privilégiée de procéder à un échanges de vues au plus haut niveau sur ces sujets et de donner les impulsions nécessaires).
Les chefs d'Etat et de gouvernement pourront enfin évaluer nos relations d'un point de vue global. L'Union européenne ne saurait en effet être guidée dans sa relation avec les pays d'Amérique latine et les Caraïbes uniquement par des préoccupations commerciales. Les programmes d'aides communautaires, ou encore les interventions de la BEI en témoignent déjà. Ces instruments, tels que le programme PVD-ALA, ont notamment pour vocation de venir en aide aux couches les plus défavorisées de la population des pays bénéficiaires. cette préoccupation sociale et humanitaire caractérise l'approche européenne du développement.
- En matière culturelle, scientifique et éducative un vaste champ de coopération s'ouvre devant nous.
Nos deux régions possèdent l'une et l'autre une forte identité culturelle qu'elles entendent préserver face à la menace d'uniformisation que fait courir à tous nos pays la mondialisation. A cet égard, et à titre d'exemple, un devoir de solidarité unit tout naturellement les cultures francophones, hispanophones et lusophones. La Francophonie, pour sa part, s'est dotée de nouvelles institutions pour renforcer l'efficacité de sa coopération et se donner une dimension politique nouvelle. Nul doute qu'avec une hispanophonie et une lusophonie qui s'organisent, nous pourrions nous renforcer mutuellement.
De même, il nous semble que l'Etat a certainement un rôle irremplaçable à jouer dans chacun des pays de nos deux régions : il ne peut se soustraire à certaines responsabilités collectives, pour lesquelles la somme des initiatives individuelles ne saurait se substituer. Ce sera l'une des tâches essentielles du sommet que de donner l'impulsion nécessaire en ce sens et de tracer les orientations de propositions concrètes, notamment dans le secteur stratégique de l'éducation. L'Europe a une alternative à offrir à la jeunesse latino-américaine en matière par exemple d'enseignement technique et scientifique. La Commission dispose déjà d'une bonne plate forme de départ dans le cadre de la coopération européenne avec des programmes tels qu'ALFA, URB-AL, et d'autres ; mais c'est un véritable partenariat stratégique qu'il s'agit de mettre sur pied. L'enjeu est fondamental pour l'avenir de nos deux régions.
Monsieur le Président,
Chers collègues,
Le monde multipolaire en voie d'émergence depuis la fin de la guerre froide, appelle la création d'ensembles régionaux stables aptes à mener entre eux un dialogue politique : tant notre réunion de ces deux jours que le prochain sommet de nos chefs d'Etat et de gouvernement démontrent s'il en était besoin que les relations entre l'Europe et l'Amérique latine constituent un élément essentiel de la nouvelle organisation de la planète à l'aube du XXIème siècle.
Je vous remercie./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 septembre 2001)
Chers Collègues,
Mesdames, Messieurs,
C'est une longue histoire que celle des relations entre l'Europe et l'Amérique latine. Une histoire riche et complexe dont nos deux régions ont hérité, et qui, à partir de tout ce qui les rapproche déjà, les invite à construire un avenir en commun. Pour nous, Européens, au sein d'une Union européenne en voie d'élargissement, l'Amérique latine et les Caraïbes constituent un ensemble de la plus haute importance. Traditionnellement, les deux régions sont unies par des liens de filiation, culturels et historiques auxquels elles sont également attachées. D'ores et déjà, elles forment, sur la scène internationale en train de se redessiner, deux pôles majeurs qui ont vocation à devenir des partenaires à part entière, non seulement au plan économique, mais aussi au plan politique et au plan culturel.
Notre réunion d'aujourd'hui, au niveau ministériel, qui se tient pour la huitième fois, illustre cette volonté de dégager sur divers sujets d'intérêt commun, des positions convergentes, des lignes de conduite allant dans la même direction.
Toutefois, il est temps, à présent, chacun est conscient, d'aller plus loin, et de marquer par une rencontre emblématique, le caractère privilégié qu'entend revêtir notre dialogue, dans toutes ses composantes, de donner une forte visibilité au nécessaire partenariat économique et politique qui doit relier l'Union européenne et l'Amérique latine, déjà unies par tant d'affinités : l'objectif doit être d'introduire plus de cohérence dans le dialogue politique entre nos deux grandes régions et surtout de définir un dessein à hauteur des enjeux du XXIème siècle, notamment en ce qui concerne l'éducation, qui appelle une démarche volontariste de notre part.
L'Union européenne, pour sa part, a commencé à le faire avec d'autres parties du monde. C'était presque un paradoxe, en tout cas une lacune, que de ne pas l'avoir encore prévu avec l'Amérique latine et la Caraïbe si proche d'elle à tant d'égards.
C'est de cette évidence que la France et l'Espagne ont pris conscience les premières, vite rejointes par l'ensemble de leurs partenaires européens. C'est également avec beaucoup d'enthousiasme que la proposition d'un Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement a été accueillie dans les capitales de l'Amérique latine et des Caraïbes.
Il nous reste maintenant à concrétiser ce projet, et à lui donner tout sa portée, toute sa dimension. C'est ce que notre dernière réunion conjointe à Noordwijk aux Pays-Bas avait décidé, il y a un an. C'est le mandat que les Quinze se sont donné lors des Conseils européens d'Amsterdam, puis de Luxembourg. Le moment est venu, à un an de ce rendez-vous historique, d'explorer quel pourrait en être le contenu.
Notre Sommet devrait, en toute logique, comporter trois volets : politique, économique et culturel.
- Dans le domaine politique, il s'agit de jeter les bases d'un dialogue à long terme sur les grands sujets tels que : la consolidation de la démocratie et le renforcement de l'Etat de droit, ou la défense des Droits de l'Homme. En ce qui concerne la lutte contre la drogue, l'Union européenne et l'Amérique latine ont déjà élaboré conjointement le concept de co-responsabilité à l'opposé de la politique uniquement répressive de désertification. Nous devons en faire de même contre le terrorisme et le crime organisé. Dans le même esprit, nous devons poursuivre ensemble l'élimination des mines antipersonnel après la rencontre d'Ottawa l'année dernière.
Ce dialogue politique apparaît plus que jamais nécessaire et urgent dans les circonstances actuelles. Entre nos deux régions, il existe bien des points communs, qui justifient une approche concertée des grands problèmes auxquels nous sommes ensemble confrontés. Entre le vieux continent en cours de mutation et la zone émergente d'Amérique latine-Caraïbe en voie d'organisation et d'intégration, il importe de se parler, de se soutenir. De vastes terrains d'entente sont à identifier : ainsi la concertation entre nous pourrait-elle être renforcée dans le cadre des Nations unies et des autres institutions multilatérales, l'Europe et l'Amérique latine ont déjà rapprochées leurs vues lors de grandes conférences : le Sommet social de Copenhague, la Conférence Population du Caire, la Conférence Habitat à Istanbul. Il faut persévérer sur cette voie.
En effet, nos identités propres reposent sur les mêmes valeurs humanistes. Nos systèmes politiques sont issus de la même inspiration démocratique. Nos sociétés doivent faire face aux mêmes défis économiques et sociaux et nous avons la même ambition de développer des modèles de croissance au service de l'épanouissement de l'Homme, qui ne saurait être régi par la seule loi du marché. C'est dans cet esprit que nous devons traiter des thèmes qui intéressent directement la vie de nos concitoyens, notamment les moins favorisés d'entre eux. Je pense, par exemple à la réduction de la pauvreté et des inégalités sociales ou à la protection de l'enfance. La préservation de l'environnement mérite également toute notre attention.
Nous devons, par conséquent, nous faire entendre dans toutes les enceintes pour nous faire respecter, et sauvegarder nos intérêts. Le volet politique du Sommet de l'an prochain pourrait marquer un grand pas dans cette direction.
- Venons-en au domaine économique et commercial, qui doit viser à définir un cadre et des orientations afin de renforcer la dynamique des échanges entre nos deux régions, en ayant à l'esprit aussi bien la concertation au sein des instances multilatérales que l'accroissement des relations bilatérales.
De multiples raisons justifient cette démarche : le potentiel de croissance de l'Amérique latine, l'importance des échanges commerciaux ainsi que des investissements entre nos deux régions, le rôle actif que joue chacune d'elles au sein de l'OMC, sans oublier les différentes mesures de libéralisation des échanges déjà prises ou prévues sur le continent latino-américain qui avance à grands pas en matière de régionalisme économique : ALADI, Mercosur, SICA, ALENA, ALCA, pour ne citer que les principales.
Certes, le contexte dans lequel se déroulera le Sommet s'annonce complexe, qu'il s'agisse de l'OMC - nous serons alors à la veille de l'an 2000 avec la perspective de la reprise des grandes négociations - ou du calendrier communautaire, auquel est inscrit "l'Agenda 2000", comportant notamment l'approfondissement de la réforme de la Politique agricole commune. Il n'échappe à personne que les dossiers agricoles poseront des questions délicates, mais faisons confiance aux responsables pour trouver une issue satisfaisante pour toutes les parties dans un cadre multilatéral.
S'agissant des initiatives sur lesquelles devrait déboucher le Sommet, l'accent pourrait être mis, au plan bilatéral, sur les mesures permettant de réduire progressivement les obstacles aux échanges et de créer un climat propice aux investissements. Ces initiatives, incluant notamment la mise en place d'un dialogue des hommes d'affaires ou le renforcement de la coopération en matière douanière, seraient complétées par une concertation accrue au sein des instances multilatérales, à commencer par l'OMC, mais également sous l'égide de l'OCDE, s'agissant de la négociation de l'Accord multilatéral sur l'investissement, ou encore de l'OMPI pour ce qui est de la propriété intellectuelle.
Chacun d'entre nous a présent à l'esprit l'objectif que se sont fixé l'Union et plusieurs partenaires d'Amérique latine d'établir un cadre de relations économiques et commerciales particulièrement ambitieux, puisqu'il s'agit d'aboutir à une association comportant une libéralisation progressive et réciproque des échanges, en tenant compte de la sensibilité de certains produits et en se conformant aux règles de l'OMC. Les travaux de la première phase sont bien engagés. Les experts procèdent à la "photographie" des échanges entre les deux régions en matière de biens et de services, ainsi que des règles et disciplines commerciales. Après les évaluations prévues au printemps prochain, le passage à la deuxième phase nécessitera une prise de décision politique.
(Par ailleurs, le Sommet, entendons-nous bien, ne doit pas se substituer aux enceintes prévues dans le cadre des accords en cours ou à venir, ni bouleverser le calendrier défini pour chacun d'entre eux : nous ne pouvons aujourd'hui préjuger l'état d'avancement des travaux qui se seront déroulés au cours de l'année nous séparant encore de la rencontre de Rio. Celle-ci sera toutefois une occasion privilégiée de procéder à un échanges de vues au plus haut niveau sur ces sujets et de donner les impulsions nécessaires).
Les chefs d'Etat et de gouvernement pourront enfin évaluer nos relations d'un point de vue global. L'Union européenne ne saurait en effet être guidée dans sa relation avec les pays d'Amérique latine et les Caraïbes uniquement par des préoccupations commerciales. Les programmes d'aides communautaires, ou encore les interventions de la BEI en témoignent déjà. Ces instruments, tels que le programme PVD-ALA, ont notamment pour vocation de venir en aide aux couches les plus défavorisées de la population des pays bénéficiaires. cette préoccupation sociale et humanitaire caractérise l'approche européenne du développement.
- En matière culturelle, scientifique et éducative un vaste champ de coopération s'ouvre devant nous.
Nos deux régions possèdent l'une et l'autre une forte identité culturelle qu'elles entendent préserver face à la menace d'uniformisation que fait courir à tous nos pays la mondialisation. A cet égard, et à titre d'exemple, un devoir de solidarité unit tout naturellement les cultures francophones, hispanophones et lusophones. La Francophonie, pour sa part, s'est dotée de nouvelles institutions pour renforcer l'efficacité de sa coopération et se donner une dimension politique nouvelle. Nul doute qu'avec une hispanophonie et une lusophonie qui s'organisent, nous pourrions nous renforcer mutuellement.
De même, il nous semble que l'Etat a certainement un rôle irremplaçable à jouer dans chacun des pays de nos deux régions : il ne peut se soustraire à certaines responsabilités collectives, pour lesquelles la somme des initiatives individuelles ne saurait se substituer. Ce sera l'une des tâches essentielles du sommet que de donner l'impulsion nécessaire en ce sens et de tracer les orientations de propositions concrètes, notamment dans le secteur stratégique de l'éducation. L'Europe a une alternative à offrir à la jeunesse latino-américaine en matière par exemple d'enseignement technique et scientifique. La Commission dispose déjà d'une bonne plate forme de départ dans le cadre de la coopération européenne avec des programmes tels qu'ALFA, URB-AL, et d'autres ; mais c'est un véritable partenariat stratégique qu'il s'agit de mettre sur pied. L'enjeu est fondamental pour l'avenir de nos deux régions.
Monsieur le Président,
Chers collègues,
Le monde multipolaire en voie d'émergence depuis la fin de la guerre froide, appelle la création d'ensembles régionaux stables aptes à mener entre eux un dialogue politique : tant notre réunion de ces deux jours que le prochain sommet de nos chefs d'Etat et de gouvernement démontrent s'il en était besoin que les relations entre l'Europe et l'Amérique latine constituent un élément essentiel de la nouvelle organisation de la planète à l'aube du XXIème siècle.
Je vous remercie./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 septembre 2001)