Texte intégral
Mesdames et Messieurs les commissaires,
Au terme de cette belle cérémonie, munis des insignes de vos fonctions qui viennent de vous être solennellement remis, vous allez rejoindre vos affectations.
C'est pour chacune et chacun d'entre vous, un moment empreint de gravité. Vous vous apprêtez en effet à exercer le métier que vous avez choisi. Un métier de responsabilité, d'abnégation, au service de la loi et au service de nos concitoyens, un métier qui exige des connaissances bien sûr, du savoir-faire mais aussi une éthique et un engagement sans réserve.
Ces vertus constituent les valeurs traditionnelles de cette Ecole. Plus que jamais, elles doivent être les références morales de la Police Nationale, qui avec d'autres institutions, la Justice, la Gendarmerie, a en charge, au travers du respect du droit, la défense des libertés publiques mais aussi celle des institutions démocratiques, la tranquillité des personnes et une certaine conception de la société, une conception dans laquelle la régulation des rapports entre les individus et les groupes doit bannir la violence et protéger les plus faibles.
Plus que jamais, elle doivent être les guides de votre action parce que plus que jamais est grande l'attente de nos concitoyens en matière de sécurité. Ce n'est pas entrer dans le champ de la politique que de faire le constat de la force de l'appel qui a été adressé à ce sujet à tous les responsables lors des derniers scrutins nationaux et ce n'est pas faire de la politique que d'affirmer que tous les élus ont le devoir de répondre à cette attente dans le respect, mais aussi au nom de nos principes républicains. Car l'attente ne se nourrit pas de fantasmes. Elle se nourrit de réalités, celle abstraite de la croissance de la délinquance et celle, malheureusement perceptible par tous ceux qui en souffrent, des 4 millions de victimes, qui, chaque année voient leur vie basculer, leurs espoirs s'effondrer, les satisfactions accumulées anéanties.
C'est dire que la vocation à laquelle vous avez répondu, dans la grande tradition de vos aînés, vous crée des devoirs particuliers. L'enjeu n'est pas seulement de prévenir la délinquance, d'arrêter les malfaiteurs, et de les présenter à la Justice. L'enjeu est d'une ampleur renouvelée car il est aussi de retisser le lien social, de rendre confiance dans notre société et dans nos institutions à des millions de nos concitoyens qui, tout simplement, veulent vivre en paix sans être menacés ni inquiétés.
Ce devoir, cela va de soi, ne pèse pas exclusivement sur vos épaules. Les pouvoirs publics sont les premiers interpellés et ils sont les premiers à devoir y répondre. Ils ont aujourd'hui un devoir absolu de réussite. Ils doivent faire reculer l'insécurité. Pour cela, ils doivent d'abord mettre à la disposition de la Police et de la Gendarmerie des procédures et des moyens de droit qui leur permettent de faire leur travail, qui garantissent l'impunité zéro pour les coupables. Ils doivent aussi prévoir les sanctions qui permettent d'appréhender les phénomènes délictuels qui de fait aujourd'hui ne sont pas susceptibles de poursuites pénales, alors que pourtant ils empoisonnent la vie quotidienne, et sont ressentis comme autant de dénis de droit car ils sont autant de dénis de liberté. C'est bien ce que le Gouvernement entend faire.
Pour cela, les pouvoirs publics doivent aussi donner des moyens aux policiers et aux gendarmes. Des moyens humains bien sûr. Il convient dans l'immédiat de compenser les effets mécaniques de l'ARTT sur la capacité opérationnelle de la Police Nationale. Il importe ensuite de créer des emplois nouveaux pour compléter la police de proximité, renforcer les fonctions d'investigation, trop délaissées ces dernières années, mieux protéger nos frontières, mieux nous prémunir contre les risques terroristes. Il faut encore utiliser autrement les forces mobiles en rompant définitivement avec une conception de la police marquée d'abord par le souci de l'ordre public pour faire prévaloir une conception nouvelle, toute entière tournée vers la sécurité quotidienne. Des moyens matériels ensuite, en mettant à la disposition des forces de sécurité des locaux dans lesquels elles peuvent travailler dignement, des équipements de protection de leur propre sécurité dans des activités dont on oublie trop vite et trop souvent qu'elles sont dangereuses, ainsi que des équipements de transports et de communication autorisant qu'ils luttent à armes égales avec ceux qu'ils poursuivent.
C'est bien ce que le Gouvernement compte faire en présentant au Parlement une loi d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure qui sera votée dès le mois de juillet prochain, et qui pour cinq ans, fixera les ambitions et les moyens de la politique de sécurité intérieure.
Pour cela les pouvoirs publics doivent enfin, et à vrai dire à travers eux la population toute entière doit apporter, aux policiers et aux gendarmes le soutien moral qui leur est nécessaire dans l'exercice de leur difficile mission. Policiers et gendarmes ont besoin de se sentir investis de la confiance du Gouvernement et des Français au service des objectifs que ceux-ci leur fixent. Ils sont le bras de la loi et de la société. Nous savons leur dévouement. Nous savons aussi que leur déontologie est rigoureuse. Elle doit le demeurer et doit être vécue de façon toujours plus spontanée. Cette déontologie nous autorise la fermeté et la clarté. La loi est l'expression de la volonté générale. Elle doit être appliquée. Les ambiguïtés doivent cesser. Ainsi en est-il de l'attitude à l'égard des produits stupéfiants. Ce n'est pas parce que d'autres conduites additives sont elles aussi nocives que la drogue n'est pas pour autant dangereuse. Policiers et gendarmes doivent savoir la cause qu'ils servent, le sens de l'action qui leur est demandée. Ils ont en un mot besoin de légitimité et nous la leur devons, tous, collectivement.
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Cela étant, Mesdames et Messieurs les commissaires, les professionnels de la sécurité doivent aussi répondre aux espoirs qui sont placés en eux, et au premier rang d'entre eux, leurs chefs, vous.
Etre commissaire de police entraîne beaucoup de responsabilités.
La première de ces responsabilités est d'assumer pleinement le commandement des hommes et des femmes qui se trouvent placés sous votre autorité. Commander aujourd'hui, c'est beaucoup écouter, c'est respecter ses collaborateurs, c'est organiser leur association à l'analyse des problèmes et à la prise des décisions, mais c'est aussi décider, faire partager sa décision, l'imposer, veiller à son exécution, susciter la motivation et créer l'enthousiasme. Faire participer ses collaborateurs ne signifie en aucune façon l'incapacité à décider. Bien au contraire elle justifie la légitimité de l'autorité. Et c'est ce type de commandement que je vous demande de mettre en uvre.
Commander, c'est aussi former les fonctionnaires dont on a la charge, veiller à ce qu'ils soient sans cesse au meilleur niveau. Et à cet égard, bien des progrès sont encore à accomplir. La Police Nationale a des outils de formation initiale et continue qui sont de grande qualité. La formation permanente, cependant doit faire aussi partie de la vie quotidienne des services. La pratique professionnelle de tous les jours doit être l'occasion d'une actualisation constante des savoirs faire dans une conception renouvelée du rôle de l'encadrement à tous les niveaux.
Commander, c'est aussi accepter de se donner les moyens de contrôler les étapes qui conduisent au succès même si cela s'accompagne d'une remise en cause permanente. Pour réussir, une organisation, toute organisation, administrative aussi bien qu'industrielle ou de services doit se fixer des objectifs, déterminer les moyens de les atteindre, analyser les causes des échecs pour mieux les surmonter, se doter d'indicateurs qui permettent l'évaluation. C'est cette culture nouvelle que votre génération va mettre en uvre. Elle le fera avec davantage d'autonomie de décision. Dans le même temps en effet que je souhaite mieux mesurer la performance et la récompenser, j'entends bien donner aux chefs de service de la Police Nationale des marges de manuvre plus grandes dans l'utilisation de moyens plus globalisés (afin par exemple de leur donner la responsabilité des programmes d'équipement en véhicules de leur service) comme davantage de souplesse dans l'emploi des effectifs ou l'organisation des services.
Commander, c'est enfin renouveler sans cesse sa capacité d'adaptation, sa créativité. Et c'est là toute l'importance des règles de mobilité qui viennent de voir le jour. Cette mobilité n'est pas une contrainte. Elle doit être considérée, au contraire, comme un moyen d'épanouissement.
D'épanouissement supplémentaire, devrais-je dire car c'est décidément un beau métier que vous avez choisi. Quoi de plus beau en effet que d'être en situation de répondre aux aspirations les plus profondes de la population, de faire triompher le droit, de protéger contre les agressions de toute sorte, de contribuer chaque jour à l'équilibre de la société et à la pérennité des valeurs fondamentales qui l'animent ? Vous ne vous y êtes pas trompés du reste en choisissant le nom de votre promotion : "Aux Victimes Du Devoir". Ce nom de baptême illustre bien le sens de votre engagement : celui d'être des responsables au service de votre devoir, quels que soient les risques et les écueils. En rappelant au souvenir de la Nation le sacrifice des victimes du devoir, vous affirmez haut et fort votre vu de servir. Le Ministre que je suis, et avec lui les Français, vous en remercient et vous donnent leur confiance.
(Source http://www.interieur.gouv.fr, le 3 juillet 2002)
Au terme de cette belle cérémonie, munis des insignes de vos fonctions qui viennent de vous être solennellement remis, vous allez rejoindre vos affectations.
C'est pour chacune et chacun d'entre vous, un moment empreint de gravité. Vous vous apprêtez en effet à exercer le métier que vous avez choisi. Un métier de responsabilité, d'abnégation, au service de la loi et au service de nos concitoyens, un métier qui exige des connaissances bien sûr, du savoir-faire mais aussi une éthique et un engagement sans réserve.
Ces vertus constituent les valeurs traditionnelles de cette Ecole. Plus que jamais, elles doivent être les références morales de la Police Nationale, qui avec d'autres institutions, la Justice, la Gendarmerie, a en charge, au travers du respect du droit, la défense des libertés publiques mais aussi celle des institutions démocratiques, la tranquillité des personnes et une certaine conception de la société, une conception dans laquelle la régulation des rapports entre les individus et les groupes doit bannir la violence et protéger les plus faibles.
Plus que jamais, elle doivent être les guides de votre action parce que plus que jamais est grande l'attente de nos concitoyens en matière de sécurité. Ce n'est pas entrer dans le champ de la politique que de faire le constat de la force de l'appel qui a été adressé à ce sujet à tous les responsables lors des derniers scrutins nationaux et ce n'est pas faire de la politique que d'affirmer que tous les élus ont le devoir de répondre à cette attente dans le respect, mais aussi au nom de nos principes républicains. Car l'attente ne se nourrit pas de fantasmes. Elle se nourrit de réalités, celle abstraite de la croissance de la délinquance et celle, malheureusement perceptible par tous ceux qui en souffrent, des 4 millions de victimes, qui, chaque année voient leur vie basculer, leurs espoirs s'effondrer, les satisfactions accumulées anéanties.
C'est dire que la vocation à laquelle vous avez répondu, dans la grande tradition de vos aînés, vous crée des devoirs particuliers. L'enjeu n'est pas seulement de prévenir la délinquance, d'arrêter les malfaiteurs, et de les présenter à la Justice. L'enjeu est d'une ampleur renouvelée car il est aussi de retisser le lien social, de rendre confiance dans notre société et dans nos institutions à des millions de nos concitoyens qui, tout simplement, veulent vivre en paix sans être menacés ni inquiétés.
Ce devoir, cela va de soi, ne pèse pas exclusivement sur vos épaules. Les pouvoirs publics sont les premiers interpellés et ils sont les premiers à devoir y répondre. Ils ont aujourd'hui un devoir absolu de réussite. Ils doivent faire reculer l'insécurité. Pour cela, ils doivent d'abord mettre à la disposition de la Police et de la Gendarmerie des procédures et des moyens de droit qui leur permettent de faire leur travail, qui garantissent l'impunité zéro pour les coupables. Ils doivent aussi prévoir les sanctions qui permettent d'appréhender les phénomènes délictuels qui de fait aujourd'hui ne sont pas susceptibles de poursuites pénales, alors que pourtant ils empoisonnent la vie quotidienne, et sont ressentis comme autant de dénis de droit car ils sont autant de dénis de liberté. C'est bien ce que le Gouvernement entend faire.
Pour cela, les pouvoirs publics doivent aussi donner des moyens aux policiers et aux gendarmes. Des moyens humains bien sûr. Il convient dans l'immédiat de compenser les effets mécaniques de l'ARTT sur la capacité opérationnelle de la Police Nationale. Il importe ensuite de créer des emplois nouveaux pour compléter la police de proximité, renforcer les fonctions d'investigation, trop délaissées ces dernières années, mieux protéger nos frontières, mieux nous prémunir contre les risques terroristes. Il faut encore utiliser autrement les forces mobiles en rompant définitivement avec une conception de la police marquée d'abord par le souci de l'ordre public pour faire prévaloir une conception nouvelle, toute entière tournée vers la sécurité quotidienne. Des moyens matériels ensuite, en mettant à la disposition des forces de sécurité des locaux dans lesquels elles peuvent travailler dignement, des équipements de protection de leur propre sécurité dans des activités dont on oublie trop vite et trop souvent qu'elles sont dangereuses, ainsi que des équipements de transports et de communication autorisant qu'ils luttent à armes égales avec ceux qu'ils poursuivent.
C'est bien ce que le Gouvernement compte faire en présentant au Parlement une loi d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure qui sera votée dès le mois de juillet prochain, et qui pour cinq ans, fixera les ambitions et les moyens de la politique de sécurité intérieure.
Pour cela les pouvoirs publics doivent enfin, et à vrai dire à travers eux la population toute entière doit apporter, aux policiers et aux gendarmes le soutien moral qui leur est nécessaire dans l'exercice de leur difficile mission. Policiers et gendarmes ont besoin de se sentir investis de la confiance du Gouvernement et des Français au service des objectifs que ceux-ci leur fixent. Ils sont le bras de la loi et de la société. Nous savons leur dévouement. Nous savons aussi que leur déontologie est rigoureuse. Elle doit le demeurer et doit être vécue de façon toujours plus spontanée. Cette déontologie nous autorise la fermeté et la clarté. La loi est l'expression de la volonté générale. Elle doit être appliquée. Les ambiguïtés doivent cesser. Ainsi en est-il de l'attitude à l'égard des produits stupéfiants. Ce n'est pas parce que d'autres conduites additives sont elles aussi nocives que la drogue n'est pas pour autant dangereuse. Policiers et gendarmes doivent savoir la cause qu'ils servent, le sens de l'action qui leur est demandée. Ils ont en un mot besoin de légitimité et nous la leur devons, tous, collectivement.
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Cela étant, Mesdames et Messieurs les commissaires, les professionnels de la sécurité doivent aussi répondre aux espoirs qui sont placés en eux, et au premier rang d'entre eux, leurs chefs, vous.
Etre commissaire de police entraîne beaucoup de responsabilités.
La première de ces responsabilités est d'assumer pleinement le commandement des hommes et des femmes qui se trouvent placés sous votre autorité. Commander aujourd'hui, c'est beaucoup écouter, c'est respecter ses collaborateurs, c'est organiser leur association à l'analyse des problèmes et à la prise des décisions, mais c'est aussi décider, faire partager sa décision, l'imposer, veiller à son exécution, susciter la motivation et créer l'enthousiasme. Faire participer ses collaborateurs ne signifie en aucune façon l'incapacité à décider. Bien au contraire elle justifie la légitimité de l'autorité. Et c'est ce type de commandement que je vous demande de mettre en uvre.
Commander, c'est aussi former les fonctionnaires dont on a la charge, veiller à ce qu'ils soient sans cesse au meilleur niveau. Et à cet égard, bien des progrès sont encore à accomplir. La Police Nationale a des outils de formation initiale et continue qui sont de grande qualité. La formation permanente, cependant doit faire aussi partie de la vie quotidienne des services. La pratique professionnelle de tous les jours doit être l'occasion d'une actualisation constante des savoirs faire dans une conception renouvelée du rôle de l'encadrement à tous les niveaux.
Commander, c'est aussi accepter de se donner les moyens de contrôler les étapes qui conduisent au succès même si cela s'accompagne d'une remise en cause permanente. Pour réussir, une organisation, toute organisation, administrative aussi bien qu'industrielle ou de services doit se fixer des objectifs, déterminer les moyens de les atteindre, analyser les causes des échecs pour mieux les surmonter, se doter d'indicateurs qui permettent l'évaluation. C'est cette culture nouvelle que votre génération va mettre en uvre. Elle le fera avec davantage d'autonomie de décision. Dans le même temps en effet que je souhaite mieux mesurer la performance et la récompenser, j'entends bien donner aux chefs de service de la Police Nationale des marges de manuvre plus grandes dans l'utilisation de moyens plus globalisés (afin par exemple de leur donner la responsabilité des programmes d'équipement en véhicules de leur service) comme davantage de souplesse dans l'emploi des effectifs ou l'organisation des services.
Commander, c'est enfin renouveler sans cesse sa capacité d'adaptation, sa créativité. Et c'est là toute l'importance des règles de mobilité qui viennent de voir le jour. Cette mobilité n'est pas une contrainte. Elle doit être considérée, au contraire, comme un moyen d'épanouissement.
D'épanouissement supplémentaire, devrais-je dire car c'est décidément un beau métier que vous avez choisi. Quoi de plus beau en effet que d'être en situation de répondre aux aspirations les plus profondes de la population, de faire triompher le droit, de protéger contre les agressions de toute sorte, de contribuer chaque jour à l'équilibre de la société et à la pérennité des valeurs fondamentales qui l'animent ? Vous ne vous y êtes pas trompés du reste en choisissant le nom de votre promotion : "Aux Victimes Du Devoir". Ce nom de baptême illustre bien le sens de votre engagement : celui d'être des responsables au service de votre devoir, quels que soient les risques et les écueils. En rappelant au souvenir de la Nation le sacrifice des victimes du devoir, vous affirmez haut et fort votre vu de servir. Le Ministre que je suis, et avec lui les Français, vous en remercient et vous donnent leur confiance.
(Source http://www.interieur.gouv.fr, le 3 juillet 2002)