Texte intégral
R. Arzt - Deux des chantiers prioritaires que le Président Chirac, le 14 juillet, avait annoncés et lancés, concernent directement votre ministère : c'est l'insertion sociale des handicapés et la lutte contre le cancer. Il est question de définir ce que doit être la solidarité nationale à l'égard des handicapés, car les lois existantes ne sont pas suffisamment précises.
- "Les lois existantes datent surtout de vingt-deux ans, elles ont été votées en 1975, il y a eu une amélioration en 1987. Mais désormais, on le voit bien, surtout après le grand débat qui a agité l'Assemblée nationale et même l'opinion publique autour de l'affaire Perruche, on a réglé un problème au regard de la dignité qui doit être accordée à chaque personne handicapée. Il n'en reste pas moins que l'essentiel, si on veut être juste, si on veut respecter, est qu'il faut permettre à ces personnes handicapées de vivre et de vivre le mieux possible. Nous allons prendre le temps ; madame Boisseau qui est secrétaire d'Etat aux Personnes handicapées, va s'y atteler, pour proposer une loi d'orientation, de programmation l'année prochaine."
Une loi qui va rentrer dans les aides concrètes ?
- "Oui, et nous avons manifestement trois axes. D'abord, des aides à la personne, qui correspondent aux droits à la compensation du handicap ; une aide qui soit personnalisée et non pas standardisée, les handicaps sont tous différents. Deuxièmement, nous allons accroître ce que l'on appelle l'aide par les auxiliaires de vie, les auxiliaires d'intégration, notamment pour les enfants, afin qu'ils puissent avoir une intégration scolaire. Et puis troisièmement, les places en établissement, où là encore, il ne faut pas d'établissements standardisés, où il faut que chacun puisse être accueilli dans la mesure de ses besoins, avec le grand souci de répondre à ce qui est la préoccupation majeure des parents d'enfants handicapés, c'est-à-dire le vieillissement. A savoir, ce qu'ils vont devenir lorsque les parents ne seront plus là."
L'allocation unique individualisée dont parle un rapport du Sénat, vous êtes tout à fait dans cette logique ?
- "Oui - je préfère "personnalisé" qu' "individualisé" -, c'est exactement ça. Je vous le redis : il n'y a rien de commun entre un handicapé moteur, un handicapé sensoriel, un handicapé mental ; un aveugle n'est pas un sourd et ainsi de suite... Il faut vraiment que ce soit personnalisé."
Cela va coûter très cher comme solidarité.
- "La solidarité, à cet égard, n'a pas de prix. J'ai déjà expliqué cela. Cela a naturellement un coût, mais je crois que personne ne va chercher à priver les handicapés de la chance qu'ils ont de pouvoir s'intégrer dans notre société. Il y a une logique : ce sont des personnes comme nous et elles ont le droit de vivre comme nous."
Autre chantier annoncé par le Président : celui de la lutte contre le cancer. Concrètement, qu'est-ce que vous allez faire ? Qu'est-ce que vous allez décider ?
- "Concrètement, il faut d'abord rappeler les chiffres, parce qu'ils sont absolument épouvantables. La France est bien classée dans son système de soins, mais elle est mal classée au regard de la mortalité prématurée. Or la première cause de décès prématuré, c'est le cancer. Nous avons 250 000 nouveaux cas par an ! Nous avons 150 000 morts par an de cancer ! Le troisième chantier, c'est la sécurité routière : 8 000 morts, c'est évidemment 8 000 morts de trop, mais 150 000 par le cancer ! Or, pour le cancer, nous avons trois choses à faire : nous avons d'abord à prévenir. Pardonnez-moi, mais le cancer du poumon, le cancer des voies aériennes supérieures sont les plus fréquents, et quand on ne fume pas, on a les plus grandes chances de ne pas avoir ce type de cancer. Je vous assure que si on pouvait faire comprendre aux jeunes, notamment aux jeunes filles qui fument de plus en plus souvent ! Donc la prévention. Deuxièmement, le dépistage. C'est affreux : deux tiers des femmes en France n'ont pas accès au dépistage systématique du cancer du sein, quand on sait que c'est le premier cancer qui tue ! Enfin, troisièmement, il faut naturellement prendre en charge et accompagner. Voilà pour le volet qui est la médecine au sens vrai du terme. S'y ajoute un volet évidemment essentiel, qui est celui de la recherche, parce qu'il faut continuer de chercher pour mieux comprendre et mieux traiter."
Est-ce que tout cela prendra la forme d'un plan ? Il y en a déjà un qui existait depuis l'an 2000.
- "Il n'a jamais été mis en oeuvre, soit dit en passant, ou avec des moyens tels... C'est un vrai chantier présidentiel. J'ai été le premier surpris. Naturellement, j'avais été consulté sur tel ou tel sujet, comme le cancer était une préoccupation quotidienne... On a un Président qui, plutôt que de laisser un monument derrière lui, une pièce d'architecture, a choisi des chantiers qui sont humains. Vouloir déclarer la guerre au cancer, c'est quelque chose de magnifique."
Sous forme d'un plan, donc ?
- "Oui, bien sûr, il y aura un plan de programmation, il y aura des crédits qui viendront pour aider cela."
Dans l'immédiat, un autre dossier très concret, auquel vous vous êtes consacré ces derniers temps, c'est l'aménagement des 35 heures pour les personnels de l'hôpital. Les médecins auront 5 jours de RTT payés en heures supplémentaires, 15 jours qui pourront aller dans un compte épargne temps. On va vers un système comparable pour les professionnels de l'hôpital autres que les médecins, n'est-ce pas ?
- "Oui, parce qu'on ne peut pas les laisser en rade. Dans l'hôpital, il y a des gens qui travaillent pour soigner et il y a les médecins qui travaillent aussi pour soigner, mais qui sont généralement traités à part, parce qu'ils sont moins nombreux et parce qu'ils ont des astreintes. L'ensemble du personnel hospitalier doit être traité. Le problème des 35 heures que j'ai trouvé est un problème dramatique : il est applicable depuis le 1er janvier, on a prévu des personnels de remplacement, mais leur embauche est programmée sur trois ans. Et par ailleurs, pour les médecins, on peut ouvrir tous les postes qu'on veut, on a déjà des postes qui ne sont pas pourvus ! Donc, il va bien falloir faire avec les mêmes tout en essayant d'améliorer au fil du temps."
Est-ce que vous êtes satisfait de l'équilibre auquel vous êtes arrivé ? Vous avez démontré qu'en assouplissant, on peut faire fonctionner les 35 heures ?
- "Je dois déjà vous dire une chose: je suis satisfait du dévouement, de la compétence et de la volonté de tous ces personnels. Dans une période comme l'été, où on a à la fois la pénurie traditionnelle, la pénurie des 35 heures et les congés d'été, ils font face. Et croyez-moi, il faut voir les urgences en ce moment ! J'ai beaucoup d'admiration et d'estime pour eux et je ferai tout ce que je peux pour améliorer leurs conditions. Je crois qu'on est arrivé à un équilibre, qui n'est pas satisfaisant, il faut toujours trouver mieux."
C'est transitoire d'ailleurs...
- "Bien sûr, c'est transitoire. Il faudra attendre deux ans la sortie des premières promotions d'infirmières un peu plus importantes. Mais encore faudra-t-il que les étudiantes choisissent le métier d'infirmière, car actuellement, malgré le désir qu'elles ont, toutes les places disponibles ne sont pas occupées et il y a un nombre de cessation d'activité qui m'inquiète. Le métier d'infirmière est un métier exaltant, mais aujourd'hui il est considéré comme éprouvant et véritablement déconsidéré. Cela doit changer parce que c'est un métier sans lequel on peut pas vivre."
(source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 25 juillet 2002)
- "Les lois existantes datent surtout de vingt-deux ans, elles ont été votées en 1975, il y a eu une amélioration en 1987. Mais désormais, on le voit bien, surtout après le grand débat qui a agité l'Assemblée nationale et même l'opinion publique autour de l'affaire Perruche, on a réglé un problème au regard de la dignité qui doit être accordée à chaque personne handicapée. Il n'en reste pas moins que l'essentiel, si on veut être juste, si on veut respecter, est qu'il faut permettre à ces personnes handicapées de vivre et de vivre le mieux possible. Nous allons prendre le temps ; madame Boisseau qui est secrétaire d'Etat aux Personnes handicapées, va s'y atteler, pour proposer une loi d'orientation, de programmation l'année prochaine."
Une loi qui va rentrer dans les aides concrètes ?
- "Oui, et nous avons manifestement trois axes. D'abord, des aides à la personne, qui correspondent aux droits à la compensation du handicap ; une aide qui soit personnalisée et non pas standardisée, les handicaps sont tous différents. Deuxièmement, nous allons accroître ce que l'on appelle l'aide par les auxiliaires de vie, les auxiliaires d'intégration, notamment pour les enfants, afin qu'ils puissent avoir une intégration scolaire. Et puis troisièmement, les places en établissement, où là encore, il ne faut pas d'établissements standardisés, où il faut que chacun puisse être accueilli dans la mesure de ses besoins, avec le grand souci de répondre à ce qui est la préoccupation majeure des parents d'enfants handicapés, c'est-à-dire le vieillissement. A savoir, ce qu'ils vont devenir lorsque les parents ne seront plus là."
L'allocation unique individualisée dont parle un rapport du Sénat, vous êtes tout à fait dans cette logique ?
- "Oui - je préfère "personnalisé" qu' "individualisé" -, c'est exactement ça. Je vous le redis : il n'y a rien de commun entre un handicapé moteur, un handicapé sensoriel, un handicapé mental ; un aveugle n'est pas un sourd et ainsi de suite... Il faut vraiment que ce soit personnalisé."
Cela va coûter très cher comme solidarité.
- "La solidarité, à cet égard, n'a pas de prix. J'ai déjà expliqué cela. Cela a naturellement un coût, mais je crois que personne ne va chercher à priver les handicapés de la chance qu'ils ont de pouvoir s'intégrer dans notre société. Il y a une logique : ce sont des personnes comme nous et elles ont le droit de vivre comme nous."
Autre chantier annoncé par le Président : celui de la lutte contre le cancer. Concrètement, qu'est-ce que vous allez faire ? Qu'est-ce que vous allez décider ?
- "Concrètement, il faut d'abord rappeler les chiffres, parce qu'ils sont absolument épouvantables. La France est bien classée dans son système de soins, mais elle est mal classée au regard de la mortalité prématurée. Or la première cause de décès prématuré, c'est le cancer. Nous avons 250 000 nouveaux cas par an ! Nous avons 150 000 morts par an de cancer ! Le troisième chantier, c'est la sécurité routière : 8 000 morts, c'est évidemment 8 000 morts de trop, mais 150 000 par le cancer ! Or, pour le cancer, nous avons trois choses à faire : nous avons d'abord à prévenir. Pardonnez-moi, mais le cancer du poumon, le cancer des voies aériennes supérieures sont les plus fréquents, et quand on ne fume pas, on a les plus grandes chances de ne pas avoir ce type de cancer. Je vous assure que si on pouvait faire comprendre aux jeunes, notamment aux jeunes filles qui fument de plus en plus souvent ! Donc la prévention. Deuxièmement, le dépistage. C'est affreux : deux tiers des femmes en France n'ont pas accès au dépistage systématique du cancer du sein, quand on sait que c'est le premier cancer qui tue ! Enfin, troisièmement, il faut naturellement prendre en charge et accompagner. Voilà pour le volet qui est la médecine au sens vrai du terme. S'y ajoute un volet évidemment essentiel, qui est celui de la recherche, parce qu'il faut continuer de chercher pour mieux comprendre et mieux traiter."
Est-ce que tout cela prendra la forme d'un plan ? Il y en a déjà un qui existait depuis l'an 2000.
- "Il n'a jamais été mis en oeuvre, soit dit en passant, ou avec des moyens tels... C'est un vrai chantier présidentiel. J'ai été le premier surpris. Naturellement, j'avais été consulté sur tel ou tel sujet, comme le cancer était une préoccupation quotidienne... On a un Président qui, plutôt que de laisser un monument derrière lui, une pièce d'architecture, a choisi des chantiers qui sont humains. Vouloir déclarer la guerre au cancer, c'est quelque chose de magnifique."
Sous forme d'un plan, donc ?
- "Oui, bien sûr, il y aura un plan de programmation, il y aura des crédits qui viendront pour aider cela."
Dans l'immédiat, un autre dossier très concret, auquel vous vous êtes consacré ces derniers temps, c'est l'aménagement des 35 heures pour les personnels de l'hôpital. Les médecins auront 5 jours de RTT payés en heures supplémentaires, 15 jours qui pourront aller dans un compte épargne temps. On va vers un système comparable pour les professionnels de l'hôpital autres que les médecins, n'est-ce pas ?
- "Oui, parce qu'on ne peut pas les laisser en rade. Dans l'hôpital, il y a des gens qui travaillent pour soigner et il y a les médecins qui travaillent aussi pour soigner, mais qui sont généralement traités à part, parce qu'ils sont moins nombreux et parce qu'ils ont des astreintes. L'ensemble du personnel hospitalier doit être traité. Le problème des 35 heures que j'ai trouvé est un problème dramatique : il est applicable depuis le 1er janvier, on a prévu des personnels de remplacement, mais leur embauche est programmée sur trois ans. Et par ailleurs, pour les médecins, on peut ouvrir tous les postes qu'on veut, on a déjà des postes qui ne sont pas pourvus ! Donc, il va bien falloir faire avec les mêmes tout en essayant d'améliorer au fil du temps."
Est-ce que vous êtes satisfait de l'équilibre auquel vous êtes arrivé ? Vous avez démontré qu'en assouplissant, on peut faire fonctionner les 35 heures ?
- "Je dois déjà vous dire une chose: je suis satisfait du dévouement, de la compétence et de la volonté de tous ces personnels. Dans une période comme l'été, où on a à la fois la pénurie traditionnelle, la pénurie des 35 heures et les congés d'été, ils font face. Et croyez-moi, il faut voir les urgences en ce moment ! J'ai beaucoup d'admiration et d'estime pour eux et je ferai tout ce que je peux pour améliorer leurs conditions. Je crois qu'on est arrivé à un équilibre, qui n'est pas satisfaisant, il faut toujours trouver mieux."
C'est transitoire d'ailleurs...
- "Bien sûr, c'est transitoire. Il faudra attendre deux ans la sortie des premières promotions d'infirmières un peu plus importantes. Mais encore faudra-t-il que les étudiantes choisissent le métier d'infirmière, car actuellement, malgré le désir qu'elles ont, toutes les places disponibles ne sont pas occupées et il y a un nombre de cessation d'activité qui m'inquiète. Le métier d'infirmière est un métier exaltant, mais aujourd'hui il est considéré comme éprouvant et véritablement déconsidéré. Cela doit changer parce que c'est un métier sans lequel on peut pas vivre."
(source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 25 juillet 2002)