Déclaration de Mme Nicole Ameline, ministre déléguée à la parité et à l'égalité professionnelle, sur la création d'entreprises par les femmes, Paris le 27 septembre 2002.

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Circonstance : Salon des micro entreprises du 25 au 27 septembre à Paris

Texte intégral

Merci, Madame la Présidente, de m'avoir conviée à visiter le IVème Salon des Micro-entreprises et à clôturer les travaux de cette matinée, sur le thème
" Entreprendre au féminin ".
Merci, Monsieur le Délégué Général, d'avoir plaidé une cause qui me tient à coeur, celle de la création d'entreprise par les femmes.
Merci à vous tous et à vous toutes de m'avoir donné à voir ce que j'ai vu, en parcourant trop rapidement les allées de cette belle manifestation, et à entendre ce que j'ai entendu, trop brièvement mais mon temps est compté, au cours des échanges auxquels j'ai assisté.
Les quatre conférences de ce matin ont en commun de chercher une réponse aux attentes des femmes et des hommes, porteurs de projets personnels et professionnels, qui ont le sens de l'initiative et de la responsabilité et qui aspirent à entreprendre.
Elles sont au centre de la mission que le Président de la République et le Premier Ministre m'ont confiée de donner un nouvel élan à la parité et à l'égalité professionnelle.
Car l'égalité n'est pas encore, dans la France de la création d'entreprises, au rendez-vous de l'aspiration des femmes à la liberté d'entreprendre.
Si je suis heureuse d'être ici, avec vous, ce matin, c'est donc pour trois raisons au moins:
pour encourager les femmes à créer leur entreprise ;
pour promouvoir la création d'entreprise par les femmes et pour les femmes ;
pour faire partager la conception de la démocratie paritaire, politique, économique et sociale qui sous tend l'action du Gouvernement.
Encourager les femmes à créer leur entreprise s'impose, lorsqu'on mesure l'écart entre les aspirations et la réalité. Cela s'explique, cela doit évoluer et il faut aider à le réaliser.
A la différence d'autres pays, comme l'Allemagne et la Grande-Bretagne, la participation des femmes à l'activité économique en France ne date que du milieu du 20ème siècle. Elle est, fort heureusement, en constante progression depuis. Cependant, alors que 51 % de la population française est féminine, la part active n'est que de 46 % et, dans certaines filières, scientifiques notamment, la présence des femmes est très faible.
Selon un sondage IFOP, sur les 13 millions de Français qui voulaient créer une entreprise en 2000, 50 % étaient des femmes, mais elles n'ont été que 28 % à pouvoir se lancer dans cette formidable aventure.
Mais je n'abuserai pas des chiffres, après l'intervention de François HUREL.
Les représentations et les mentalités qui freinent le mouvement doivent évoluer. Le taux de refus par les banques des demandes de prêts des femmes serait d'un tiers supérieur à celui des hommes. Et les interviews qualitatives révèlent que les banques octroient des prêts en prenant en compte des critères différents, comme par exemple, pour les femmes, le nombre d'enfants qu'elles ont à charge, pour apprécier leur disponibilité, ce qui n'est pas le cas pour les hommes.
La répartition des rôles sociaux entre les hommes et les femmes, inscrite dans la mentalité collective, prédétermine trop souvent les choix personnels et professionnels.
Aujourd'hui encore, le rôle attribué à la femme dans l'éducation des enfants pèse sur la création d'entreprise. Comme il pèse sur le déroulement de carrière des femmes dans l'entreprise.
Il faut donc lutter contre les images et les stéréotypes.
Il faut aussi accompagner celles qui font le choix de créer leur entreprise.
Le Fonds de garantie à l'initiative des femmes, réservé aux créatrices, est en cours de rénovation. A partir de 2003, une partie de l'examen des dossiers et des décisions d'octroi du FGIF sera traitée localement par deux réseaux d'accompagnement à la création d'entreprise, FAG (France Active Garantie) et FIR (France Initiative Réseau). Ceci devrait permettre une réduction des délais de traitement des dossiers et une meilleure prise en compte, par les acteurs locaux, des spécificités de la création d'entreprise par les femmes.
Dans la recherche des synergies, nous élaborons une nouvelle convention de partenariat avec l'APCE.
Et je serai attentive à ce que la loi sur la création d'entreprises que prépare le Secrétaire d'Etat du commerce et aux PME pour décembre prochain, prenne mieux en compte la situation du ou de la salariée qui devient entrepreneur.
Car il faut promouvoir la création d'entreprise par les femmes et pour les femmes.
La création et la reprise d'entreprises au féminin sont des remèdes sans contre-indication pour les politiques d'emploi, tant il est vrai que la multiplication des emplois passe par la multiplication des employeurs et que la pérennité des entreprises au moment de la succession de l'entrepreneur est un problème majeur à résoudre absolument.
En termes de macro économie, tous les pays qui ont volontairement misé sur la diversité et sur la mixité ont dynamisé leur économie et fait diminuer le chômage.
Il faut donc inscrire la création d'entreprise par des femmes dans une démarche positive, qui privilégie la libération de nouvelles énergies et de nouveaux talents féminins, facteurs de performance pour une nation, mais aussi facteurs d'équité sociale dans une démocratie comme la nôtre.
Et cette démarche est doublement positive.
Car la création d'entreprises, en particulier de micro-entreprises, dans le champ très vaste et aujourd'hui largement inexploré des services à la personne pourrait constituer un formidable moyen de libérer ces énergies et ces talents.
Certes, elle ne concerne pas seulement les femmes et ne bénéficierait pas seulement aux femmes. Mais ce sont les femmes qui, pour quelque temps encore, seraient les plus directement intéressées.
J'ajoute que la création de micro-entreprises par les femmes et pour les femmes permet de satisfaire à l'une de nos préoccupations, la prise en compte de la territorialité.
Car c'est au plus près des territoires que doit progresser cette prise en compte de l'égalité et de la mixité, au sein de chaque bassin d'emploi et de chaque espace de convivialité.
Cette démarche trouve toute sa justification dans la conception de la démocratie paritaire qui sous tend l'action du Gouvernement.
En effet, l'égalité professionnelle est, à la fois, une mesure de l'efficacité économique d'un pays développé et la marque de l'égalité sociale dans une démocratie avancée. Et elle s'accompagne d'une exigence nouvelle d'équité sociétale.
L'efficacité économique, tout d'abord. Car le travail des femmes est un facteur d'amélioration des performances économiques d'une nation et il est créateur de richesses.
L'équité sociale, ensuite. La création d'entreprise est un bon moyen de favoriser la promotion des femmes dans les différents secteurs professionnels.
Cette exigence d'équité sociale s'accompagne d'une nouvelle exigence d'équité sociétale.
Les entreprises, petites, moyennes ou grandes doivent prendre en compte l'organisation du travail qui favorise l'articulation des temps de la vie professionnelle et familiale. Les femmes, qui donnent la vie, ne doivent voir leur vie professionnelle gâchée, tant il est vrai que " la place qu'une société réserve aux femmes est l'un des signes de son degré de civilisation ", comme le Président de la République l'a récemment souligné.
Le management au féminin et la mixité professionnelle, qui concilient la valeur du travail des femmes et des hommes, sont de puissants facteurs d'harmonie sociale et de rénovation de la société toute entière.
L'égalité professionnelle est en marche. Et vous en êtes les acteurs et les actrices.
Bon vent aux micro-entreprises.
Bonne chance aux créateurs et aux créatrices d'entreprise.


(Source http://www.social.gouv.fr, le 21 octobre 2002)