Déclaration de M. Renaud Muselier, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, à la presse à Bogota le 8 août 2002, sur la condamnation par la France des attentats terroristes à Bogota, son soutien au rétablissement de la paix et de l'Etat de droit en Colombie, la préoccupation sur le sort des otages, dont celui de Mme Betancourt, la coopération contre les trafics criminels et en matière développement durable, la nécessité de réformes économiques et fiscales.

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Circonstance : Tournée en Amérique latine de Renaud Muselier du 4 au 8 août 2002 : voyage en Colombie les 7 et 8 pour l'investiture du président Alvaro Uribe Velez

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Je vous rencontre à la fin du séjour que je viens d'effectuer à Bogota où j'ai eu l'honneur de représenter les autorités françaises à l'investiture du président de la République colombienne, M. Alvaro Uribe Velez.
J'avais déjà rencontré le président élu lors de sa visite en France, pendant l'audience que le président de la République française, M. Jacques Chirac, lui avait accordée le 2 juillet. Nous avions apprécié le choix de la France parmi les deux pays que le président Uribe avait décidé de visiter pour son premier voyage en Europe.
Il s'agit d'ailleurs, pour ma part, de mon premier déplacement officiel à l'étranger et de la première visite en Colombie et en Amérique latine d'un membre du nouveau gouvernement français. C'est un signe fort de l'intérêt que la France a décidé de porter à cette région du monde, qui vit actuellement des heures difficiles.
J'ai donc tenu à confirmer au président Uribe le soutien que la France lui avait témoigné à Paris, et lui dire notre disponibilité à poursuivre notre coopération.
Mesdames, Messieurs,
Mes premières pensées vont naturellement vers les victimes des attentats d'hier. Cet horrible drame illustre malheureusement le caractère terroriste de ces actions. Choisir le jour où prend ses fonctions un chef d'Etat démocratiquement élu, pour faire tant de victimes, qui figurent de surcroît parmi les plus pauvres des habitants de Bogota, c'est envoyer deux messages : d'abord, le refus des règles de base de la démocratie, qui veulent que quand les électeurs ont parlé, leur choix s'impose à tous ; ensuite, l'application de méthodes de guerre dont les victimes sont des civils, innocents et souvent les plus démunis. La France ne peut que condamner, sans réserve aucune, cette action, et s'associer à la douleur des familles des victimes.
La France a participé, au cours de ces deux dernières années, aux groupes de pays facilitateurs des processus de paix concernant les autorités colombiennes et les deux principaux mouvements de guérilla. Elle demeure à la disposition de tous ceux qui oeuvrent pour la paix en Colombie. Le président Uribe est face au défi de rétablir dans ce pays la paix et l'autorité de l'Etat. Il sait pouvoir compter sur notre appui, et plus largement, sur celui de la communauté internationale. Je l'ai également rappelé à Mme Carolina Barco, ministre des Relations extérieures, avec laquelle je me suis entretenu ce matin.
Par ailleurs, j'ai fait part à mes interlocuteurs de notre préoccupation concernant les nombreuses personnes retenues en otage dans ce pays. Cette question politique et humaine est particulièrement sensible. Il est naturel que la France, qui exprime son émotion et sa solidarité envers l'ensemble des otages, se préoccupe en premier lieu de la situation des ressortissants français. La semaine dernière, nous nous étions réjouis de la libération de notre compatriote, M. Pierre Galipon. Je tiens à saisir cette occasion pour renouveler nos remerciements envers tous ceux qui, en Colombie, en liaison avec le CICR, ont contribué à sa libération ; je ne peux que saluer ce geste de bonne volonté, que je souhaite voir suivi d'autres libérations. Vous savez qu'il reste encore deux ressortissantes françaises, qui sont toutes deux franco-colombiennes, retenues en otage : Mme Aïda Duvaltier, dont nous sommes sans nouvelles, et Mme Ingrid Betancourt, dont la situation est connue. Je viens d'ailleurs d'avoir un déjeuner avec des membres de sa famille, auxquels j'ai réitéré la préoccupation et l'émotion que nous inspire la situation de Mme Ingrid Betancourt. Je tiens à saluer la dignité du combat familial, leur responsabilité, leur engagement, et je souhaite qu'une solution humanitaire soit prise au niveau international.
Les autorités françaises ont manifesté leur intérêt pour le programme du président colombien tel qu'il l'avait présenté au début juillet, et leur disposition à coopérer en matière de lutte contre le trafic de drogue et le crime organisé, en matière de coopération maritime et de développement durable. A cet égard, j'ai eu ce matin un entretien très constructif avec Mme Cecilia Rodriguez, ministre de l'Environnement, M. Carlos Cano, ministre de l'Agriculture et des représentants de l'Office national des forêts.
De plus, j'ai eu des contacts intéressants avec des chefs d'entreprises françaises et colombiennes. J'en retiens, de la part de mes interlocuteurs, une grande foi dans les potentialités de la Colombie et une inquiétude sur les obstacles que ce pays doit affronter à court terme. Pour les entreprises, la stabilité juridique est une condition indispensable au développement de leurs activités. Pour mes interlocuteurs - et je partage leur point de vue - certaines réformes sont indispensables rapidement : réforme fiscale, réforme du système des retraites, lutte contre la corruption. Il va de soi que si nous en sommes saisis par les autorités colombiennes, le renforcement de l'assistance technique française, déjà présente dans certains de ces domaines, pourra être mis à l'étude.
Nous avons profité, bien sûr, de ces cérémonies d'investiture en Bolivie et Colombie, pour rencontrer un certain nombre de personnalités très importantes, dont Mme Moscoso qui est présidente du Panama, avec qui nous avons parlé, d'une part, du centenaire, l'an prochain, de l'indépendance du pays et du projet de construction de leur tramway.
D'autre part, des contacts avec M. Chavez ont pu être établis à La Paz et il en ressort un profond message d'amitié avec la France. Bien sûr, j'ai eu l'occasion d'avoir des contacts avec d'autres délégations.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, 12 août 2002)