Interview de M. Philippe Douste-Blazy, secrétaire général de l'UMP, dans "Le Journal du Dimanche" du 25 août 2002, sur la mise en place de l'UMP, la place de l'UDF en son sein, les attentes des Français vis-à-vis du gouvernement et sa proposition pour une nouvelle procédure d'indemnisation et de relogement des victimes de catastrophes.

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Média : Le Journal du Dimanche

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Dans deux mois, quel sera le visage de votre nouveau grand parti de la majorité issu de l'UMP ?
Si l'UMP est aujourd'hui le parti le plus rassembleur de France, c'est qu'il va dans le sens de l'histoire. Nous avons créé le grand parti de centre droit et de droite qui nous manquait pour gouverner durablement. L'UMP doit se réunir le 17 novembre pour un congrès fondateur au cours duquel nous adopterons nos statuts définitifs, une charte des valeurs communes, un nouveau nom, un nouveau logo et nous élirons les dirigeants pour que ce parti devienne un exemple de démocratie et de décentralisation. Des sensibilités sociales, républicaines, libérales, européennes s'y exprimeront.
Quelles sont selon vous les attentes des Français vis-à-vis du gouvernement ?
Les Français attendent deux chose essentielles : le retour de l'autorité de l'Etat et la hausse de leur pouvoir d'achat. Du Parlement aux commissariats, nos engagements ont été tenus sur la sécurité. En perdant leurs heures supplémentaires, les salariés ont gagné des loisirs mais perdu cette marge de manuvre financière qui leur permettait de boucler leur budget. La baisse de l'impôt sur le revenu est un engagement électoral et le rétablissement de la confiance passera par le respect de cette parole donnée. La baisse des charges sur les bas salaires doit l'accompagner. Par ces deux signes forts, la France qui travaille sera récompensée de ses efforts d'un bout à l'autre de l'échelle sociale. Si les prévisions de croissance nécessaires à ces deux mesures n'étaient pas atteintes, alors seulement il faudrait être pragmatique et savoir arbitrer.
Mais les années à venir se joueront aussi autour de thèmes majeurs, dont le rétablissement de l'égalité vis-à-vis des services publics. L'hospitalier public que je suis le dit avec force : la santé, l'éducation et la justice doivent avoir le même qualité pour tous. Les prochaines présidentielles se feront là-dessus.
Quelle place les anciens UDF doivent-ils prendre au sein de l'UMP ?
L'UMP a été voulue, promue et cofondée par un certain nombre de femmes et d'hommes qui croient au message politique qui a été porté par l'UDF. Le 6 octobre prochain, les anciens dirigeants des composantes historiques de l'UDF - Pierre Méhaignerie, ancien président du CDS, Pierre-André Wiltzer pour les adhérents directs de l'UDF, André Rossinot pour le Parti radical, Gérard Longuet pour le Parti républicain, Hervé de Charrette pour le PPDF - se retrouveront. Ils réaffirmeront que la construction européenne, la décentralisation et la régulation économique constituent les piliers d'une société plus juste, prospère et équilibrée. Plus nous serons nombreux à l'intérieur de l'UMP à partager cette conviction, plus nous pourrons la faire entendre.
Pour le reste, n'attendez pas de moi que j'alimente des polémiques qui n'ont plus lieu d'être. Je pense que seul un grand parti de centre droit et de droite, européen et décentralisateur, peut devenir et rester un parti de gouvernement. Enfin je ne doute pas que ceux de l'UDF qui n'ont pas fait le choix de l'UMP participeront aux débats et aux décisions de la majorité de manière constructive.
Cela fera bientôt un an que l'usine AZF a explosé. Les plaies sont-elles refermées ?
Toulouse a traversé une épreuve terrible. Aucune ville en Europe n'a vu un tiers de son territoire exposé à une telle force de destruction depuis la guerre. La ville doit rendre aux victimes et à leurs familles l'hommage qui leur est dû. Je suis certain que le 21 septembre à 10h17, les Toulousains ne feront qu'un avec leur ville. Cette ville qui commence à retrouver son visage, et que la douceur de vivre n'a pas désertée. La solidarité gouvernementale sera, j'en suis sûr, au rendez-vous.
Au-delà de la solidarité matérielle, une catastrophe comme celle d'AZF appelle une politique. Si les logements sociaux indépendants de la ville ont été reconstruits à 94 %, trop de copropriétaires se sont retrouvés seuls face à des procédures administratives longues et difficiles. Il faut que l'Etat prenne désormais en charge le système d'indemnisation et de relogement des victimes, et que ce soit lui qui se retourne vers les assurances. Avec le recul et l'expérience acquise dans gestion de cette catastrophe, je souhaite déposer une proposition de loi dans ce sens. Toulouse doit servir de leçon.
(source http://www.u-m-p.org, le 13 septembre 2002)