Texte intégral
R. Arzt .- Le Gouvernement a lancé hier le processus de privatisation d'Air France. Le projet est de faire baisser la part de l'Etat dans le capital, de 54 à 20 %. Vous approuvez sans réserve ?
- "Bien sûr. D'ailleurs, vous vous en souvenez, c'est le gouvernement de Jospin qui a relancé la politique des privatisations. Il est tout à fait normal que ce Gouvernement les poursuive. Air France était à 54 %, il va passer dans les mois qui viennent à 20 %. C'est une privatisation comme les autres. Air France est une très belle société et je pense qu'elle aura beaucoup de succès sur le marché."
Il y en aura d'autres après ; vous approuverez de la même façon ?
- "La politique de privatisation est devenue non partisane. Maintenant, on sait que l'Etat a mieux à faire que de gérer des entreprises dans le marché. Ceci est reconnu et c'est bien."
Autre sujet d'actualité : aujourd'hui, à l'Assemblée, les contrats-jeunes en entreprise. Les députés, après les sénateurs, examinent ce projet. Les entreprises auront droit à des exonérations de charges sociales, quand elles embaucheront des jeunes de 16 à 22 ans, non qualifiés.
- "C'est une très bonne initiative. Elle est bonne d'ailleurs pour les salariés, pour les enfants des salariés. Beaucoup de jeunes non qualifiés vont trouver l'opportunité d'entrer en entreprise, d'y apprendre un métier. C'est évidemment quelque chose que nous considérons, quant à nous, comme bien meilleur que ce que furent les emplois-jeunes dans la fonction publique. D'abord, parce que le Smic qui va être payé aux jeunes est un Smic qui va être payé par les clients, et qui donc ne va pas peser sur le budget, ne va pas être payé par les contribuables, ce qui est quand même une différence. Et puis on rentre dans la vie du marché, dans la vie des entreprises, on est donc dans le réel. Tout ceci nous paraît aller dans le bon sens."
Il ne manque pas la formation ? Ce qui est reproché, en particulier par la gauche et même par l'UDF d'ailleurs, c'est que les entreprises devraient être obligées de donner une formation à ces jeunes sans qualification.
- "On laisse aux entreprises, aux professions, la responsabilité de donner aux jeunes une formation en même temps qu'ils rentrent dans un métier. Bien entendu, nous jouerons le jeu totalement, pour donner la formation complémentaire et en même temps pour faire rentrer le jeune dans l'entreprise. On aurait pu imaginer qu'on lie ces contrats d'emplois-jeunes à des mécanismes de formation existant..."
...Vous voulez dire que ce soit dans la loi ?
- "Non, mais il y a des systèmes d'alternance ou autres, avec lesquels on aurait pu les relier. Le Gouvernement préfère une mesure claire et simple, et surtout, il reconnaît la responsabilité des entreprises, des entrepreneurs pour la formation. Bien entendu, nous jouerons le jeu à 100 % dans ce domaine."
Plus largement, le Gouvernement, ces derniers jours, par la voix de F. Fillon, relie plusieurs dossiers dans la discussion avec le patronat. Les entreprises sont invitées à accepter un niveau de Smic élevé et, en contrepartie, elles pourraient garder des allégements de charges liés aux 35 heures, elles-mêmes assouplies...
- "Les entreprises sont dans une situation inextricable, et le Gouvernement le reconnaît : il a hérité malheureusement là d'une situation très difficile. Le Smic a volé en éclats ; il y en a maintenant cinq, six, sept, dix... Il faut l'unifier, et c'est un processus extrêmement difficile. Il représente en réalité l'augmentation de 11 % du Smic, ce qui est, pour les entreprises, quelque chose d'impossible à régler en une fois, bien sûr. D'un autre côté, les 35 heures également ne sont pas encore assouplies pour les entreprises. Vous aurez peut-être noté qu'on les a déjà assouplies dans l'hôpital, dans la police, mais que les entreprises qui sont pressées de pouvoir faire travailler plus quand c'est nécessaire et surtout faire gagner plus aux salariés qui le souhaitent, les entreprises sont toujours contraintes dans les 35 heures. Le Gouvernement dit qu'il va traiter à la fois le problème du Smic, le problème des 35 heures et la question des aides..."
Il établit une sorte de donnant-donnant ?
- "C'est une sorte de paquet. L'expression "donnant-donnant" est un peu facile, parce qu'il n'y a pas grand-chose à donner de la part d'une entreprise qui a maintenu, comme vous le savez, les salaires à 39 heures en les réduisant à 35 heures, et qui a en contrepartie reçu, hélas, du contribuable, quelques aides et subventions !"
Mais ce paquet, vous l'acceptez ?
- "Ce paquet, actuellement, est présenté dans ses grandes lignes. Bien entendu, nous allons être, dans le cadre de ce qu'est actuellement l'attitude du Gouvernement - et Dieu sait que nous l'en félicitons ! -, c'est-à-dire de la concertation avec les partenaires sociaux, il va se concerter avec nous, avec les syndicats, de façon à conduire au dispositif le plus intelligent possible, en termes de maintien de l'activité, de maintien de l'emploi, en même temps que l'on va essayer se sortir de cet imbroglio dans lequel nous avaient conduits madame Aubry et consorts. Nous sommes satisfaits de voir un gouvernement qui attaque les problèmes, qui prend des initiatives, qui règle des dossiers dont on nous avait dit depuis des années qu'ils allaient être réglés et qui ne l'étaient pas. Et nous félicitons les pouvoirs publics, actuellement, de partir du bon pas pour essayer de régler des problèmes dans lesquels on a enfermé les entreprises. Et Dieu sait que nous avons été vifs à protester ."
Vous avez prononcé cette phrase, il n'y a pas très longtemps : "Avec Jospin, on avançait dans la mauvaise direction ; avec Raffarin, on recule dans la bonne direction"...
- "Pour comprendre l'esprit dans lequel cette phrase a été prononcée, il faut la situer dans ses origines : c'est une phrase suisse, je l'ai d'ailleurs dite au Canada, et il faut, pour en voir la cocasserie, donner un peu l'accent. Si vous me permettez de la répéter avec l'accent, vous comprendrez sa signification [...], vous comprenez que c'est une plaisanterie, et non pas une formule ni un jugement vis-à-vis de quiconque."
En tout cas, ni l'un ni l'autre ne fait de l'immobilisme ! Autre sujet, on voit que la Confédération générale des PME, qui avait quitté, avec le Medef d'ailleurs, les organismes de gestion de la Sécurité sociale, semblent envisager de les réintégrer. Est-ce un peu le même chemin pour le Medef ?
- "Pour nous, c'est une toute petite question. Le vrai problème, vous le savez - et d'ailleurs, il est lié à celui de la baisse des charges -, est qu'il y a un déficit de l'assurance-maladie. La dérive, probablement, sur l'année, va être de 8 % d'augmentation des dépenses de santé dans notre pays, pour une croissance qui ne va pas dépasser 1,5 %. C'est un problème angoissant, qu'il faut traiter, dont on ne sait pas, d'ailleurs, du tout comment on le traitera. Donc, le sujet de savoir qui siégera au conseil d'administration de la Cnam est un petit sujet. On comprend en effet que des organisations se passionnent pour cela, mais pour nous, ce n'est pas la question : la question est de savoir comment on va réformer les grands systèmes sociaux. Nous avons fait, à cet égard, des propositions nombreuses, et nous savons que le Gouvernement est prêt, bien entendu, à s'engager. Il le fera pour les retraites dès le début de l'année et il le fera ensuite pour l'assurance-maladie. Mais ne croyons pas qu'il s'agit de savoir qui sera où, assis à quoi, qui sera vice-président de quoi... Ce sont des questions tout à fait secondaires ; il faut traiter les questions de fond et le Medef propose à cet égard beaucoup de solutions."
(source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 30 juillet 2002)
- "Bien sûr. D'ailleurs, vous vous en souvenez, c'est le gouvernement de Jospin qui a relancé la politique des privatisations. Il est tout à fait normal que ce Gouvernement les poursuive. Air France était à 54 %, il va passer dans les mois qui viennent à 20 %. C'est une privatisation comme les autres. Air France est une très belle société et je pense qu'elle aura beaucoup de succès sur le marché."
Il y en aura d'autres après ; vous approuverez de la même façon ?
- "La politique de privatisation est devenue non partisane. Maintenant, on sait que l'Etat a mieux à faire que de gérer des entreprises dans le marché. Ceci est reconnu et c'est bien."
Autre sujet d'actualité : aujourd'hui, à l'Assemblée, les contrats-jeunes en entreprise. Les députés, après les sénateurs, examinent ce projet. Les entreprises auront droit à des exonérations de charges sociales, quand elles embaucheront des jeunes de 16 à 22 ans, non qualifiés.
- "C'est une très bonne initiative. Elle est bonne d'ailleurs pour les salariés, pour les enfants des salariés. Beaucoup de jeunes non qualifiés vont trouver l'opportunité d'entrer en entreprise, d'y apprendre un métier. C'est évidemment quelque chose que nous considérons, quant à nous, comme bien meilleur que ce que furent les emplois-jeunes dans la fonction publique. D'abord, parce que le Smic qui va être payé aux jeunes est un Smic qui va être payé par les clients, et qui donc ne va pas peser sur le budget, ne va pas être payé par les contribuables, ce qui est quand même une différence. Et puis on rentre dans la vie du marché, dans la vie des entreprises, on est donc dans le réel. Tout ceci nous paraît aller dans le bon sens."
Il ne manque pas la formation ? Ce qui est reproché, en particulier par la gauche et même par l'UDF d'ailleurs, c'est que les entreprises devraient être obligées de donner une formation à ces jeunes sans qualification.
- "On laisse aux entreprises, aux professions, la responsabilité de donner aux jeunes une formation en même temps qu'ils rentrent dans un métier. Bien entendu, nous jouerons le jeu totalement, pour donner la formation complémentaire et en même temps pour faire rentrer le jeune dans l'entreprise. On aurait pu imaginer qu'on lie ces contrats d'emplois-jeunes à des mécanismes de formation existant..."
...Vous voulez dire que ce soit dans la loi ?
- "Non, mais il y a des systèmes d'alternance ou autres, avec lesquels on aurait pu les relier. Le Gouvernement préfère une mesure claire et simple, et surtout, il reconnaît la responsabilité des entreprises, des entrepreneurs pour la formation. Bien entendu, nous jouerons le jeu à 100 % dans ce domaine."
Plus largement, le Gouvernement, ces derniers jours, par la voix de F. Fillon, relie plusieurs dossiers dans la discussion avec le patronat. Les entreprises sont invitées à accepter un niveau de Smic élevé et, en contrepartie, elles pourraient garder des allégements de charges liés aux 35 heures, elles-mêmes assouplies...
- "Les entreprises sont dans une situation inextricable, et le Gouvernement le reconnaît : il a hérité malheureusement là d'une situation très difficile. Le Smic a volé en éclats ; il y en a maintenant cinq, six, sept, dix... Il faut l'unifier, et c'est un processus extrêmement difficile. Il représente en réalité l'augmentation de 11 % du Smic, ce qui est, pour les entreprises, quelque chose d'impossible à régler en une fois, bien sûr. D'un autre côté, les 35 heures également ne sont pas encore assouplies pour les entreprises. Vous aurez peut-être noté qu'on les a déjà assouplies dans l'hôpital, dans la police, mais que les entreprises qui sont pressées de pouvoir faire travailler plus quand c'est nécessaire et surtout faire gagner plus aux salariés qui le souhaitent, les entreprises sont toujours contraintes dans les 35 heures. Le Gouvernement dit qu'il va traiter à la fois le problème du Smic, le problème des 35 heures et la question des aides..."
Il établit une sorte de donnant-donnant ?
- "C'est une sorte de paquet. L'expression "donnant-donnant" est un peu facile, parce qu'il n'y a pas grand-chose à donner de la part d'une entreprise qui a maintenu, comme vous le savez, les salaires à 39 heures en les réduisant à 35 heures, et qui a en contrepartie reçu, hélas, du contribuable, quelques aides et subventions !"
Mais ce paquet, vous l'acceptez ?
- "Ce paquet, actuellement, est présenté dans ses grandes lignes. Bien entendu, nous allons être, dans le cadre de ce qu'est actuellement l'attitude du Gouvernement - et Dieu sait que nous l'en félicitons ! -, c'est-à-dire de la concertation avec les partenaires sociaux, il va se concerter avec nous, avec les syndicats, de façon à conduire au dispositif le plus intelligent possible, en termes de maintien de l'activité, de maintien de l'emploi, en même temps que l'on va essayer se sortir de cet imbroglio dans lequel nous avaient conduits madame Aubry et consorts. Nous sommes satisfaits de voir un gouvernement qui attaque les problèmes, qui prend des initiatives, qui règle des dossiers dont on nous avait dit depuis des années qu'ils allaient être réglés et qui ne l'étaient pas. Et nous félicitons les pouvoirs publics, actuellement, de partir du bon pas pour essayer de régler des problèmes dans lesquels on a enfermé les entreprises. Et Dieu sait que nous avons été vifs à protester ."
Vous avez prononcé cette phrase, il n'y a pas très longtemps : "Avec Jospin, on avançait dans la mauvaise direction ; avec Raffarin, on recule dans la bonne direction"...
- "Pour comprendre l'esprit dans lequel cette phrase a été prononcée, il faut la situer dans ses origines : c'est une phrase suisse, je l'ai d'ailleurs dite au Canada, et il faut, pour en voir la cocasserie, donner un peu l'accent. Si vous me permettez de la répéter avec l'accent, vous comprendrez sa signification [...], vous comprenez que c'est une plaisanterie, et non pas une formule ni un jugement vis-à-vis de quiconque."
En tout cas, ni l'un ni l'autre ne fait de l'immobilisme ! Autre sujet, on voit que la Confédération générale des PME, qui avait quitté, avec le Medef d'ailleurs, les organismes de gestion de la Sécurité sociale, semblent envisager de les réintégrer. Est-ce un peu le même chemin pour le Medef ?
- "Pour nous, c'est une toute petite question. Le vrai problème, vous le savez - et d'ailleurs, il est lié à celui de la baisse des charges -, est qu'il y a un déficit de l'assurance-maladie. La dérive, probablement, sur l'année, va être de 8 % d'augmentation des dépenses de santé dans notre pays, pour une croissance qui ne va pas dépasser 1,5 %. C'est un problème angoissant, qu'il faut traiter, dont on ne sait pas, d'ailleurs, du tout comment on le traitera. Donc, le sujet de savoir qui siégera au conseil d'administration de la Cnam est un petit sujet. On comprend en effet que des organisations se passionnent pour cela, mais pour nous, ce n'est pas la question : la question est de savoir comment on va réformer les grands systèmes sociaux. Nous avons fait, à cet égard, des propositions nombreuses, et nous savons que le Gouvernement est prêt, bien entendu, à s'engager. Il le fera pour les retraites dès le début de l'année et il le fera ensuite pour l'assurance-maladie. Mais ne croyons pas qu'il s'agit de savoir qui sera où, assis à quoi, qui sera vice-président de quoi... Ce sont des questions tout à fait secondaires ; il faut traiter les questions de fond et le Medef propose à cet égard beaucoup de solutions."
(source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 30 juillet 2002)