Communiqué des services du Premier ministre, en date du 14 septembre 1995, sur le programme de lutte contre la drogue et la toxicomanie.

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Intervenant(s) : 

Auteur(s) moral(aux) : Premier ministre

Circonstance : Réunion du comité interministériel de lutte contre la drogue et la toxicomanie le 14 septembre 1995

Texte intégral

Le Comité interministériel de lutte contre la drogue et la toxicomanie, présidé par le Premier ministre, s'est réuni le 14 septembre 1995.
- Il a adopté un programme gouvernemental orienté vers la réduction de l'ensemble des risques que la drogue fait courir à la société et qui prend en compte tous les aspects de la nécessaire mobilisation des administrations concernées (prévention, soins, insertion, répression). Une forte mobilisation s'impose en effet, car les statistiques relatives à l'usage ou au trafic de stupéfiants sont à la hausse.
- I - Le programme comporte d'abord un ensemble d'actions de prévention, en particulier auprès des jeunes.
- Ces actions sont les suivantes :
- élaboration et diffusion d'un texte de référence destiné à tous les formateurs,
- réorganisation de la coordination des différentes administrations concernées, grâce notamment à la désignation, par chaque préfet de département, d'un chef de projet,
- intensification des actions d'animation par le sport, la culture, les loisirs, les actions humanitaires et l'environnement.
- augmentation du nombre des comités d'environnement social au sein de l'éducation nationale et développement des "points écoute-jeunes" et des "points écoute-parents",
- mise en place d'une communication adaptée aux différents publics concernés,
- enrichissement de la connaissance sur les drogues et la toxicomanie par le renforcement de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies.
- II - Le programme comporte en deuxième lieu un développement du dispositif sanitaire.
- La délivrance de produits de substitution sera systématiquement organisée et intégrée dans le système général de soins et de prise en charge.
- Les mesures arrêtées à ce titre poursuivent un double objectif :
- Le renforcement des capacités de prise en charge, notamment en centres de soins ou en milieu hospitalier avec :
- l'adaptation des structures hospitalières, tant pour le sevrage que pour la prise en charge sanitaire lourde ;
- l'augmentation des capacités d'hébergement et de suivi médicalisé après sevrage ;
- l'accroissement des moyens consacrés à la recherche sur les dépendances.
- En parallèle, une campagne de vaccination contre l'hépatite B, fléau sanitaire particulièrement répandu chez les toxicomanes sera organisée ;
- l'organisation effective de la délivrance de produits de substitution (en particulier la méthadone). Ont ainsi été décidées :
- La création systématique, dans les 57 départements qui en sont aujourd'hui dépourvus, d'un centre de distribution de produits de substitution,
- l'extension des réseaux de médecins généralistes et l'implication des pharmaciens d'officine, afin de rendre les exigences liées à ce type de traitement compatibles avec une vie sociale normale.
III- Pour faciliter la réinsertion des toxicomanes, le programme adopté par le comité interministériel prévoit en outre la création ou le développement de structures d'accueil, d'hébergement ou d'orientation :
- développement des centres d'accueil de jour et de nuit,
- ouverture de nouveaux pôles régionaux de "Drogues Info Services".
- Extension progressive pour les personnes incarcérées, des dispositifs de préparation à la sortie de prison destinés à prévenir la récidive.
- IV- Enfin, la répression du trafic de stupéfiants sera renforcée :
- des instructions seront adressées par le Garde des Sceaux aux parquets en vue d'une meilleure application des textes sur l'interdiction de séjour et l'interdiction du territoire aux trafiquants;
- deux projets de loi - l'un créant de nouvelles incriminations pour mieux lutter contre les trafics de drogue (délit réprimant le fait de provoquer un mineur à se livrer au trafic de stupéfiants ; délit réprimant ceux qui sont en relation avec des trafiquants et ne peuvent justifier de leur train de vie; crime et délit réprimant le blanchiment des produits du crime organisé), l'autre permettant d'intervenir en haute mer sur des navires soupçonnés de transporter de la drogue - seront inscrits à l'ordre du jour prioritaire du Sénat (sur le bureau duquel ils sont déposés) puis de l'Assemblée nationale ;
- une cellule de coordination de l'ensemble des services répressifs (police, gendarmerie, douanes) en liaison avec l'autorité judiciaire sera créée dans le Nord et pour le secteur Antilles-Guyane.
- Les moyens supplémentaires consacrés à ce programme représentent 318,4 MF.
- Avec les moyens ainsi décidés, le total des ressources consacrés à la lutte contre la drogue, hors frais de personnel des services répressif et sanitaire, dépassera pour la première fois le milliard de francs.