Texte intégral
Je vous remercie pour les synthèses que vous venez de me proposer.
Elle me permettent d'entre de plain pied dans notre réflexion collective et de rebondir sur quelques observations générales, aussi peut-être d'approfondir certaines réponses aux questions que vous vous posez ensemble depuis ce matin.
Votre réunion me donne la première occasion d'un contact direct avec l'ensemble de notre réseau culturel. Nous en aurons d'autres dans les tout prochains jours puisqu'aussi bien j'ai choisi de faire la clôture du colloque annuel de l'Alliance française et retrouverai beaucoup d'entre vous, j'en suis sûr, aux rencontres d'Avignon que j'ouvrirai mercredi prochain.
Vous le constatez, la réforme maintenant bien avancée de notre dispositif de Coopération internationale et au développement entre dans les faits. En choisissant de vous réunir tous ensemble autour de quelques grands thèmes de réflexion actuels et partagés, nous prenons acte de ce que désormais, avec la diversité de vos fonctions, en respectant la variété des contextes dans lesquels vous travaillez, vous constituez une seule grande force au service d'une Coopération internationale intégrée et profondément transformée. Nous l'avons voulu ainsi pour aborder avec plus de conviction, plus de souplesse, plus de métier les enjeux dont la France veut être partie prenante, partout dans le monde.
Je n'ai pas besoin de vous dire que cette mutation voulue par le gouvernement, conduite à un rythme soutenu pour éviter toute solution de continuité dans notre action, n'est pas le fait de la seule administration centrale qui l'anime pour le moment.
Elle repose sur votre capacité à en comprendre le sens, votre conviction pour la porter partout où vous êtes, et sur votre réflexion pour l'enrichir, l'améliorer, en élucider tel ou tel point afin que l'inévitable période de rodage soit aussi brève que possible.
Dans un système aussi déconcentré que le nôtre, la forme que prendra la future direction générale de Coopération internationale et du développement est dans notre esprit celle d'une grande direction de service faite pour augmenter l'efficacité du réseau où chacune et chacun d'entre vous a sa part de responsabilité.
Hubert Védrine vous en a présenté ce matin l'architecture et s'est arrêté à certains enjeux comme l'audiovisuel extérieur ou l'offre française de formation dont nous pensons qu'ils contribueront à déterminer dans les toutes prochaines années la place de la France dans le monde.
Je n'y reviendrai donc pas sur l'essentiel sauf à vous faire sentir, avec ces deux priorités comme avec les autres ce que nous recherchons au travers de toutes les mesures que le gouvernement a prises.
Il ne vous a pas échappé en effet que les cinq thèmes dont vous avez débattu en atelier avaient pour objet de vous faire entrer dans la logique de cette réforme : à la fois sur le fond, et sur les pratiques. Les deux sont liées car il n'y a évidemment pas de refonte d'une grande administration qui ne corresponde à une vision des choses à laquelle on souhaite s'adapter.
Et c'est par là que je veux conclure votre réunion, en sachant, je le répète que les autres rendez-vous de cette semaine me permettront d'aller plus loin sur telle ou telle position comme celle qui touche à la langue française dans le monde ou notre politique de Coopération et d'échanges culturels.
Notre dispositif, Hubert Védrine le soulignait ce matin, était obsolète. Il y a trois raisons à cela :
- il ne correspondait plus au monde tel qu'il est ;
- il n'allait pas jusqu'au bout de la dialectique recherchée entre le centre et la périphérie pour trouver sa pleine efficacité ;
- il était en retard par rapport à une conception moderne du rôle de l'Etat, tel que notre société en ressent le besoin.
1. Sur le monde tel qu'il est, je vous épargnerai cet après-midi toute la réflexion que vous connaissez bien pour la vivre au quotidien sur la mondialisation et la globalisation.
A ces vérités générales, il faut maintenant répondre par des dispositions concrètes.
J'ai pour ma part coutume de dire que vivant dans des économies et des cultures ouvertes, il nous faut un système diplomatique et de coopération ouvert, capable sur des convictions fortes de répondre à des situations fluctuantes, inédites et dont le bon sens montre qu'elles ne s'accommodent plus de frontières historiques figées
Longtemps nous avons tourné autour d'une organisation administrative à base géographique ; il faut bien admettre pourtant que la réalité des pays avec lesquels nous dialoguons ne se réduit pas à leur seul PIB et que, pour parler des seuls pays en développement, non seulement il ne se résument pas à l'ancien champ de Coopération, mais leurs attentes, très contemporaines, ne les condamnent pas à une coopération sur mesure et renfermée sur elle même.
Vous avez parlé de l'audiovisuel : eh bien, c'est sur l'Afrique que j'ai lancé le premier bouquet satellitaire francophone, transfrontière, et correspondant à une offre commerciale également adressée à des pays de culture, de langues, de régions différentes. Mais il est clair que cette offre n'a de sens que si elle est enrichie des résultats de notre coopération audiovisuelle.
Je m'explique : sur ce bouquet, CFI et TV5 sont présents. Il est clair que si la seconde n'est pas capable de présenter rapidement une information internationale et des programmes reflétant la réalité complexe et complète de l'Afrique dans le monde, si ces programmes ne sont pas le produit d'une coopération avec les chaînes nationales, notamment francophones, alors le bouquet n'aura pas tout son sens. C'est cela le but que TV5 doit s'assigner désormais, et c'est la raison pour laquelle une présidence commune, de la banque de programme et de la chaîne francophone nous a paru convenir à l'économie d'un dispositif visant à la complémentarité étroite de l'offre et du partenariat dans une région du monde qui ne veut plus être marginalisée et dont nous souhaitons accompagner la présence dans le monde.
Autre exemple, le français. On pensait encore récemment que l'enseignement et la diffusion du français dans le monde justifiaient des traitements différents. D'un côté un système de diffusion, que la DGRCST concevait à la mesure d'une langue étrangère dont on souhaite étendre les positions dans une offre hautement concurrentielle. De l'autre une coopération éducative abordant la question du français comme la discipline clé des apprentissages, mais dont les positions seraient d'autant plus fermes que les institutions éducatives seraient solides.
Tous ces schémas ne tiennent plus.
Ce n'est pas aux spécialistes de la DG que je ferai refaire le parcours qui les a voilà 10 ans conduits vers des programmes de programmes de coopération éducative et universitaire. A cette époque là, ils ont volontiers butiné, et c'est bien, les approches de la Rue Monsieur.
Quant à la direction du développement, la diversité des situations linguistiques et culturelles auxquelles elle répond l'oblige à diversifier ses programmes, comme la DG. Et pour ce qui concerne le vieux socle d'Afrique francophone, non seulement, dans les pays que leur activité économique tire vers le haut, le français doit trouver de nouvelles armes, mais dans tous les cas de figure il justifie des méthodes et des techniques complètement renouvelées en termes de coopération éducative.
Si je fais ces détours, c'est pour vous dire combien il était indispensable de faire reposer désormais notre dispositif sur une direction générale à compétences thématiques fortes et variées, à la mesure de toutes ces situations. Ce qui compte, c'est la rapidité, la pertinence de nos réponses à des attentes multiples, en résumé une haute spécialisation qui corresponde, dans tous les cas de figure, à des attentes exigeantes, dans un monde qui n'attend pas.
2. L'originalité de notre dispositif de Coopération, il est banal de le rappeler, c'est sa présence partout dans le monde. Divers, ramifié et d'autant plus puissant, il serait probablement inefficace et fragilisé en tout cas, si nous ne travaillions pas dans le cadre d'une déconcentration forte : celle-ci garantit la finesse des analyses en contexte, donc la pertinence des programmes que vous proposez. Elle favorise d'autre part l'initiative et l'authenticité d'une relation partenariale que nous souhaitons renforcer.
Notre conviction pourtant, c'est qu'il n'y a pas de bonne coopération sans une implication réelle des partenaires. Bénéficiaires de notre aide ou parties prenantes de nos échanges, tous à nos yeux sont acteurs de nos programmes parce que ce sont les leurs. C'est une éthique et c'est le gage de notre image.
Pour cela, il nous faut aller plus loin dans cette déconcentration.
Je crois d'abord qu'à l'instar du cadre du partenariat dans lequel nous souhaitons inscrire nos échanges en Coopération (j'ai déjà mené l'exercice dans deux pays d'Afrique, le Mali et la Mauritanie), nous avons besoin d'un cadre contractuel encore plus précis entre l'administration centrale et les postes. Cela se décline en orientations, en programmation, en dispositif d'évaluation.
De surcroît, il me parait nécessaire d'apprécier le besoin d'autonomie budgétaire requis par une pratique qui doit reposer sur l'initiative locale, pourvu que celle-ci soit toujours mieux justifiée et toujours plus facilement évaluable et contrôlable dans un contexte budgétaire extrêmement exigeant.
La DG, autour de ses centres de coopération, s'est essayée à l'autonomie. Nos missions de coopération ont la leur. Le redimensionnement de leurs services, la recherche d'une souplesse d'action m'inciteront à réfléchir sur une éventuelle augmentation des missions de nos centres culturels dans l'ancien champ, pour qu'ils soient plus opérateurs de coopération, notamment culturelle.
En disant cela, je vous indique le rôle dévolu à la direction de la stratégie, de la programmation et de l'évaluation au sein de la DGCID. Non pas un super contrôleur de l'action mais bien au contraire une direction de coordination des observations et des propositions des directions fonctionnelles ; une direction intégrant la variété de nos actions, capable de leur donner la cohérence, la lisibilité, et de produire sur elles des jugements sûrs pour les prolonger ou les infléchir. Ce n'est pas une direction arbitre, c'est une direction qui préparera pour le directeur général les grands arbitrages qu'il me soumettra.
3. Dernier point : il nous fallait un dispositif de Coopération adéquat au rôle que nous entendons désormais faire jouer à l'Etat.
La lourdeur de notre Coopération vient du fait que l'administration fait encore trop de chose en direct, alors qu'il paraît essentiel à tous que l'Etat joue partout mais pleinement son rôle d'impulsion et de pilotage pour ouvrir, décupler l'initiative, tout en définissant les grandes priorités dans lesquelles notre pays juge essentiel de s'inscrire.
L'architecture de la future DGCID c'est aussi cela, la marque d'une Coopération moderne où l'Etat redéfinit sa place.
Nous tenions en effet à ce que notre dispositif s'ouvre davantage à la société française et à ses partenaires publics et privés ; nous voulons par conséquent qu'il montre la ferme volonté de déléguer davantage l'action à des opérateurs spécialisés.
D'abord : mieux mobiliser.
Aujourd'hui les collectivités locales et territoriales sont pour un grand nombre d'entre elles acteurs de Coopération internationale. Non seulement elles le veulent pour leur image, et pour répondre au souhait de nos concitoyens. Mais elles sont attendues avec ce qu'elles portent de solidarité, d'identités multiples, d'inventivité également. Ai-je besoin de souligner que leurs investissements ne sont plus seulement significatifs, ils sont devenus, comme dans le domaine culturel, incontournables ?
Inversement la France, dont la tradition non gouvernementale est beaucoup moins forte que chez nos amis anglo-saxons ou du Nord de l'Europe a besoin d'ONG qui, spécialisées, diversifient sa capacité d'intervention, au plus près des sociétés partenaires.
Voilà le sens de la mission de la Coopération non-gouvernementale à laquelle, par expérience, je tiens beaucoup. Je suis absolument sûr que vous partagez avec votre propre expérience du terrain, ma conviction.
Corollaire de tout cela, il nous faut approfondir notre capacité à plus et mieux déléguer l'action à des opérateurs spécialisés.
Mais pourquoi des opérateurs sinon pour faire mieux, avec plus de métier, de souplesse et d'audace ce que l'Etat ne peut faire lui-même ?
Il y a dans cette perspective un vaste chantier, et il est ouvert, c'est celui de la culture.
Vous le savez c'est un domaine où nos deux réseaux vivent encore chacun leur vie même si l'AFAA prête à la direction du développement ses ressources pour que l'offre culturelle française soit présente dans les pays de la zone FAC.
C'est en Avignon que je traiterai de façon approfondie cette question avec le réseau des établissements mais je terminerai tout de même sur deux indications de principe :
- il est à mes yeux nécessaire, et Hubert Védrine vous l'a dit ce matin, que l'AFAA évolue profondément à la fois pour mobiliser encore mieux l'offre française, pour développer sa capacité d'opérateur de coopération, et pour accroître la lisibilité de ces deux missions sur lesquelles nous lui demanderons de se concentrer ;
- il nous importe d'autre part profondément de conserver à la Coopération culturelle au développement toute sa spécificité. Car ce concept pour l'actuelle direction du Développement n'est pas limité par le domaine de la culture stricto sensu, il informe peu ou prou tous les domaines de l'action économique, sociale et humaine que nous traitons. Et ce n'est pas au moment où l'Union européenne, plus récemment la Banque mondiale le comprennent que la France, qui a plusieurs longueurs d'avance sur le sujet, en sacrifiera la moindre part.
Vous le savez, ce concept est actuellement porté par l'association "Afrique en Créations". C'est par conséquent vers une réunion de ces forces que nous nous orientons, pour donner avec le temps qu'il faut, au ministère des Affaires étrangères, un opérateur puissant, polyvalent, convaincant, capable d'augmenter la ressource publique des moyens que d'autres coopérations voudront bien lui consentir au motif de ses compétences.
Je vous remercie et répondrai si vous le souhaitez maintenant à quelques questions.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 octobre 2001)
Elle me permettent d'entre de plain pied dans notre réflexion collective et de rebondir sur quelques observations générales, aussi peut-être d'approfondir certaines réponses aux questions que vous vous posez ensemble depuis ce matin.
Votre réunion me donne la première occasion d'un contact direct avec l'ensemble de notre réseau culturel. Nous en aurons d'autres dans les tout prochains jours puisqu'aussi bien j'ai choisi de faire la clôture du colloque annuel de l'Alliance française et retrouverai beaucoup d'entre vous, j'en suis sûr, aux rencontres d'Avignon que j'ouvrirai mercredi prochain.
Vous le constatez, la réforme maintenant bien avancée de notre dispositif de Coopération internationale et au développement entre dans les faits. En choisissant de vous réunir tous ensemble autour de quelques grands thèmes de réflexion actuels et partagés, nous prenons acte de ce que désormais, avec la diversité de vos fonctions, en respectant la variété des contextes dans lesquels vous travaillez, vous constituez une seule grande force au service d'une Coopération internationale intégrée et profondément transformée. Nous l'avons voulu ainsi pour aborder avec plus de conviction, plus de souplesse, plus de métier les enjeux dont la France veut être partie prenante, partout dans le monde.
Je n'ai pas besoin de vous dire que cette mutation voulue par le gouvernement, conduite à un rythme soutenu pour éviter toute solution de continuité dans notre action, n'est pas le fait de la seule administration centrale qui l'anime pour le moment.
Elle repose sur votre capacité à en comprendre le sens, votre conviction pour la porter partout où vous êtes, et sur votre réflexion pour l'enrichir, l'améliorer, en élucider tel ou tel point afin que l'inévitable période de rodage soit aussi brève que possible.
Dans un système aussi déconcentré que le nôtre, la forme que prendra la future direction générale de Coopération internationale et du développement est dans notre esprit celle d'une grande direction de service faite pour augmenter l'efficacité du réseau où chacune et chacun d'entre vous a sa part de responsabilité.
Hubert Védrine vous en a présenté ce matin l'architecture et s'est arrêté à certains enjeux comme l'audiovisuel extérieur ou l'offre française de formation dont nous pensons qu'ils contribueront à déterminer dans les toutes prochaines années la place de la France dans le monde.
Je n'y reviendrai donc pas sur l'essentiel sauf à vous faire sentir, avec ces deux priorités comme avec les autres ce que nous recherchons au travers de toutes les mesures que le gouvernement a prises.
Il ne vous a pas échappé en effet que les cinq thèmes dont vous avez débattu en atelier avaient pour objet de vous faire entrer dans la logique de cette réforme : à la fois sur le fond, et sur les pratiques. Les deux sont liées car il n'y a évidemment pas de refonte d'une grande administration qui ne corresponde à une vision des choses à laquelle on souhaite s'adapter.
Et c'est par là que je veux conclure votre réunion, en sachant, je le répète que les autres rendez-vous de cette semaine me permettront d'aller plus loin sur telle ou telle position comme celle qui touche à la langue française dans le monde ou notre politique de Coopération et d'échanges culturels.
Notre dispositif, Hubert Védrine le soulignait ce matin, était obsolète. Il y a trois raisons à cela :
- il ne correspondait plus au monde tel qu'il est ;
- il n'allait pas jusqu'au bout de la dialectique recherchée entre le centre et la périphérie pour trouver sa pleine efficacité ;
- il était en retard par rapport à une conception moderne du rôle de l'Etat, tel que notre société en ressent le besoin.
1. Sur le monde tel qu'il est, je vous épargnerai cet après-midi toute la réflexion que vous connaissez bien pour la vivre au quotidien sur la mondialisation et la globalisation.
A ces vérités générales, il faut maintenant répondre par des dispositions concrètes.
J'ai pour ma part coutume de dire que vivant dans des économies et des cultures ouvertes, il nous faut un système diplomatique et de coopération ouvert, capable sur des convictions fortes de répondre à des situations fluctuantes, inédites et dont le bon sens montre qu'elles ne s'accommodent plus de frontières historiques figées
Longtemps nous avons tourné autour d'une organisation administrative à base géographique ; il faut bien admettre pourtant que la réalité des pays avec lesquels nous dialoguons ne se réduit pas à leur seul PIB et que, pour parler des seuls pays en développement, non seulement il ne se résument pas à l'ancien champ de Coopération, mais leurs attentes, très contemporaines, ne les condamnent pas à une coopération sur mesure et renfermée sur elle même.
Vous avez parlé de l'audiovisuel : eh bien, c'est sur l'Afrique que j'ai lancé le premier bouquet satellitaire francophone, transfrontière, et correspondant à une offre commerciale également adressée à des pays de culture, de langues, de régions différentes. Mais il est clair que cette offre n'a de sens que si elle est enrichie des résultats de notre coopération audiovisuelle.
Je m'explique : sur ce bouquet, CFI et TV5 sont présents. Il est clair que si la seconde n'est pas capable de présenter rapidement une information internationale et des programmes reflétant la réalité complexe et complète de l'Afrique dans le monde, si ces programmes ne sont pas le produit d'une coopération avec les chaînes nationales, notamment francophones, alors le bouquet n'aura pas tout son sens. C'est cela le but que TV5 doit s'assigner désormais, et c'est la raison pour laquelle une présidence commune, de la banque de programme et de la chaîne francophone nous a paru convenir à l'économie d'un dispositif visant à la complémentarité étroite de l'offre et du partenariat dans une région du monde qui ne veut plus être marginalisée et dont nous souhaitons accompagner la présence dans le monde.
Autre exemple, le français. On pensait encore récemment que l'enseignement et la diffusion du français dans le monde justifiaient des traitements différents. D'un côté un système de diffusion, que la DGRCST concevait à la mesure d'une langue étrangère dont on souhaite étendre les positions dans une offre hautement concurrentielle. De l'autre une coopération éducative abordant la question du français comme la discipline clé des apprentissages, mais dont les positions seraient d'autant plus fermes que les institutions éducatives seraient solides.
Tous ces schémas ne tiennent plus.
Ce n'est pas aux spécialistes de la DG que je ferai refaire le parcours qui les a voilà 10 ans conduits vers des programmes de programmes de coopération éducative et universitaire. A cette époque là, ils ont volontiers butiné, et c'est bien, les approches de la Rue Monsieur.
Quant à la direction du développement, la diversité des situations linguistiques et culturelles auxquelles elle répond l'oblige à diversifier ses programmes, comme la DG. Et pour ce qui concerne le vieux socle d'Afrique francophone, non seulement, dans les pays que leur activité économique tire vers le haut, le français doit trouver de nouvelles armes, mais dans tous les cas de figure il justifie des méthodes et des techniques complètement renouvelées en termes de coopération éducative.
Si je fais ces détours, c'est pour vous dire combien il était indispensable de faire reposer désormais notre dispositif sur une direction générale à compétences thématiques fortes et variées, à la mesure de toutes ces situations. Ce qui compte, c'est la rapidité, la pertinence de nos réponses à des attentes multiples, en résumé une haute spécialisation qui corresponde, dans tous les cas de figure, à des attentes exigeantes, dans un monde qui n'attend pas.
2. L'originalité de notre dispositif de Coopération, il est banal de le rappeler, c'est sa présence partout dans le monde. Divers, ramifié et d'autant plus puissant, il serait probablement inefficace et fragilisé en tout cas, si nous ne travaillions pas dans le cadre d'une déconcentration forte : celle-ci garantit la finesse des analyses en contexte, donc la pertinence des programmes que vous proposez. Elle favorise d'autre part l'initiative et l'authenticité d'une relation partenariale que nous souhaitons renforcer.
Notre conviction pourtant, c'est qu'il n'y a pas de bonne coopération sans une implication réelle des partenaires. Bénéficiaires de notre aide ou parties prenantes de nos échanges, tous à nos yeux sont acteurs de nos programmes parce que ce sont les leurs. C'est une éthique et c'est le gage de notre image.
Pour cela, il nous faut aller plus loin dans cette déconcentration.
Je crois d'abord qu'à l'instar du cadre du partenariat dans lequel nous souhaitons inscrire nos échanges en Coopération (j'ai déjà mené l'exercice dans deux pays d'Afrique, le Mali et la Mauritanie), nous avons besoin d'un cadre contractuel encore plus précis entre l'administration centrale et les postes. Cela se décline en orientations, en programmation, en dispositif d'évaluation.
De surcroît, il me parait nécessaire d'apprécier le besoin d'autonomie budgétaire requis par une pratique qui doit reposer sur l'initiative locale, pourvu que celle-ci soit toujours mieux justifiée et toujours plus facilement évaluable et contrôlable dans un contexte budgétaire extrêmement exigeant.
La DG, autour de ses centres de coopération, s'est essayée à l'autonomie. Nos missions de coopération ont la leur. Le redimensionnement de leurs services, la recherche d'une souplesse d'action m'inciteront à réfléchir sur une éventuelle augmentation des missions de nos centres culturels dans l'ancien champ, pour qu'ils soient plus opérateurs de coopération, notamment culturelle.
En disant cela, je vous indique le rôle dévolu à la direction de la stratégie, de la programmation et de l'évaluation au sein de la DGCID. Non pas un super contrôleur de l'action mais bien au contraire une direction de coordination des observations et des propositions des directions fonctionnelles ; une direction intégrant la variété de nos actions, capable de leur donner la cohérence, la lisibilité, et de produire sur elles des jugements sûrs pour les prolonger ou les infléchir. Ce n'est pas une direction arbitre, c'est une direction qui préparera pour le directeur général les grands arbitrages qu'il me soumettra.
3. Dernier point : il nous fallait un dispositif de Coopération adéquat au rôle que nous entendons désormais faire jouer à l'Etat.
La lourdeur de notre Coopération vient du fait que l'administration fait encore trop de chose en direct, alors qu'il paraît essentiel à tous que l'Etat joue partout mais pleinement son rôle d'impulsion et de pilotage pour ouvrir, décupler l'initiative, tout en définissant les grandes priorités dans lesquelles notre pays juge essentiel de s'inscrire.
L'architecture de la future DGCID c'est aussi cela, la marque d'une Coopération moderne où l'Etat redéfinit sa place.
Nous tenions en effet à ce que notre dispositif s'ouvre davantage à la société française et à ses partenaires publics et privés ; nous voulons par conséquent qu'il montre la ferme volonté de déléguer davantage l'action à des opérateurs spécialisés.
D'abord : mieux mobiliser.
Aujourd'hui les collectivités locales et territoriales sont pour un grand nombre d'entre elles acteurs de Coopération internationale. Non seulement elles le veulent pour leur image, et pour répondre au souhait de nos concitoyens. Mais elles sont attendues avec ce qu'elles portent de solidarité, d'identités multiples, d'inventivité également. Ai-je besoin de souligner que leurs investissements ne sont plus seulement significatifs, ils sont devenus, comme dans le domaine culturel, incontournables ?
Inversement la France, dont la tradition non gouvernementale est beaucoup moins forte que chez nos amis anglo-saxons ou du Nord de l'Europe a besoin d'ONG qui, spécialisées, diversifient sa capacité d'intervention, au plus près des sociétés partenaires.
Voilà le sens de la mission de la Coopération non-gouvernementale à laquelle, par expérience, je tiens beaucoup. Je suis absolument sûr que vous partagez avec votre propre expérience du terrain, ma conviction.
Corollaire de tout cela, il nous faut approfondir notre capacité à plus et mieux déléguer l'action à des opérateurs spécialisés.
Mais pourquoi des opérateurs sinon pour faire mieux, avec plus de métier, de souplesse et d'audace ce que l'Etat ne peut faire lui-même ?
Il y a dans cette perspective un vaste chantier, et il est ouvert, c'est celui de la culture.
Vous le savez c'est un domaine où nos deux réseaux vivent encore chacun leur vie même si l'AFAA prête à la direction du développement ses ressources pour que l'offre culturelle française soit présente dans les pays de la zone FAC.
C'est en Avignon que je traiterai de façon approfondie cette question avec le réseau des établissements mais je terminerai tout de même sur deux indications de principe :
- il est à mes yeux nécessaire, et Hubert Védrine vous l'a dit ce matin, que l'AFAA évolue profondément à la fois pour mobiliser encore mieux l'offre française, pour développer sa capacité d'opérateur de coopération, et pour accroître la lisibilité de ces deux missions sur lesquelles nous lui demanderons de se concentrer ;
- il nous importe d'autre part profondément de conserver à la Coopération culturelle au développement toute sa spécificité. Car ce concept pour l'actuelle direction du Développement n'est pas limité par le domaine de la culture stricto sensu, il informe peu ou prou tous les domaines de l'action économique, sociale et humaine que nous traitons. Et ce n'est pas au moment où l'Union européenne, plus récemment la Banque mondiale le comprennent que la France, qui a plusieurs longueurs d'avance sur le sujet, en sacrifiera la moindre part.
Vous le savez, ce concept est actuellement porté par l'association "Afrique en Créations". C'est par conséquent vers une réunion de ces forces que nous nous orientons, pour donner avec le temps qu'il faut, au ministère des Affaires étrangères, un opérateur puissant, polyvalent, convaincant, capable d'augmenter la ressource publique des moyens que d'autres coopérations voudront bien lui consentir au motif de ses compétences.
Je vous remercie et répondrai si vous le souhaitez maintenant à quelques questions.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 octobre 2001)