Texte intégral
Monsieur le Président,
Madame et Messieurs les membres du groupe de travail,
Il faut apprendre ou réapprendre l'Histoire, et non pas essayer de la réécrire.
L'apprendre, pour les plus jeunes, c'est par définition la découvrir et pour les moins jeunes, reconnaître que des pages peu glorieuses de notre passé font partie intégrante de l'Histoire de notre pays, alors que sur le même livre ont été aussi gravées des pages héroïques.
C'est, je crois, l'honneur d'une génération politique, et ce sera le nôtre, la génération du XXIè siècle, que d'accepter cette exigence de mémoire, qui n'est pas seulement une question morale, mais également un devoir national.
Trop longtemps notre pays a eu des trous de mémoire. Il fallait bien qu'un jour quelqu'un ait la volonté politique de les combler.
Le Président de la République a montré le chemin, il y a plus d'un an et demi lorsqu'il a reconnu pour la première fois la responsabilité de l'Etat français dans l'arrestation, la déportation et la mort de milliers et de milliers de juifs, pour l'unique raison qu'ils étaient juifs.
C'était un premier pas, mais il était d'importance. Il a ouvert la voie à la reconnaissance de la vérité.
Parmi ces vérités s'inscrivait en filigrane le problème des biens confisqués aux juifs durant l'occupation.
A la fin du mois de janvier, j'ai indiqué, en accord avec le Président de la République, mon intention de confier à un groupe de travail une mission portant sur l'évaluation de l'ampleur des spoliations, le sort réservé aux biens spoliés et la localisation actuelle de ces biens, ainsi que leur situation juridique.
J'ai voulu que nos concitoyens, comme les pouvoirs publics, soient pleinement éclairés sur cette situation ; en installant aujourd'hui votre groupe de travail, j'ai conscience de la grande complexité de la mission qui lui est confiée. Celle-ci a été fixée officiellement ce matin même par un arrêté publié au Journal Officiel :
"Etudier les conditions dans lesquelles des biens, immobiliers et mobiliers, appartenant aux juifs de France ont été confisqués ou, d'une manière générale, acquis par fraude, violence ou dol, tant par l'occupant que par les autorités de Vichy, entre 1940 et 1944".
Dans le cadre de votre mission, je souhaite que vous recherchiez la destination que ces biens ont reçue depuis la fin de la guerre, et déterminiez, dans la mesure du possible, leur localisation et leur situation juridique actuelle.
Dans la mesure du possible, également, vous établirez un inventaire des biens accaparés sur le sol français qui seraient encore entre les mains des autorités publiques.
Vous pourrez, le cas échéant, formuler des propositions en ce qui concerne le devenir des biens qui seraient actuellement détenus par des personnes publiques de droit français.
En demandant à Monsieur Jean Matteoli de présider et d'animer ce groupe de travail, j'ai voulu faire appel à une personnalité éminente, dont l'autorité morale et l'indépendance d'esprit sont incontestables et incontestées, et je lui sais gré d'avoir accepté cette mission délicate.
Je vous remercie également, Madame, Messieurs, d'avoir accepté de participer à ce groupe de travail. L'addition de vos compétences conjuguées d'archivistes, d'historiens, de juristes, et de la connaissance que possède déjà la communauté juive de ce problème augure bien de la qualité de vos travaux.
Vous travaillerez, cela va de soi, dans la plus totale indépendance, et il vous faudra aussi travailler à l'abri des pressions, d'où qu'elles viennent, et donc agir avec une totale impartialité.
Pour mener à bien votre mission, vous bénéficierez de l'entier concours des administrations concernées et notamment du Ministère de la Justice, du Ministère des Affaires Etrangères, du Ministère de l'Intérieur, du Ministère de la Défense Nationale, du Ministère de l'Economie et des Finances, du Ministère de la Culture et du Ministère de l'Education Nationale, de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche. Cette liste n'est pas limitative.
Des instructions seront données à l'ensemble des départements ministériels afin que vous puissiez accéder librement à leurs archives. Vous pourrez également faire appel, en tant que de besoin, aux agents qui seront désignés par chaque Ministre pour vous servir de correspondant privilégié.
Il serait prématuré d'évaluer dès maintenant l'ampleur de la mission qui vous est confiée. Aussi me semble-t-il difficile d'en fixer dès à présent l'échéance. Je souhaiterai néanmoins que vous puissiez me transmettre vos premières observations avant la fin de l'année 1997, dans le cadre d'un premier rapport d'étape, qui pourrait être rendu public.
Vous pourriez à cette occasion me faire part des premiers résultats obtenus, m'indiquer les pistes qui vous semblent devoir être explorées de façon plus approfondie et-me communiquer un calendrier prévisionnel de vos travaux ultérieurs.
Monsieur le Président, Madame, Messieurs, votre mission, j'en ai conscience, sera difficile et elle prendra du temps. Rien d'étonnant après tant d'années d'un silence pesant. Mais ce temps, vous l'avez, afin de conduire vos travaux dans la plus grande sérénité.
Cher Jean Matteoli, ce groupe de travail est désormais le vôtre.
Comme vos collègues, vous aurez, en ma personne, un interlocuteur disponible, chaque fois que vous le jugerez utile.
Peut-être pourrions-nous maintenant, si vous le désirez, procéder à un rapide tour de table.
Madame et Messieurs les membres du groupe de travail,
Il faut apprendre ou réapprendre l'Histoire, et non pas essayer de la réécrire.
L'apprendre, pour les plus jeunes, c'est par définition la découvrir et pour les moins jeunes, reconnaître que des pages peu glorieuses de notre passé font partie intégrante de l'Histoire de notre pays, alors que sur le même livre ont été aussi gravées des pages héroïques.
C'est, je crois, l'honneur d'une génération politique, et ce sera le nôtre, la génération du XXIè siècle, que d'accepter cette exigence de mémoire, qui n'est pas seulement une question morale, mais également un devoir national.
Trop longtemps notre pays a eu des trous de mémoire. Il fallait bien qu'un jour quelqu'un ait la volonté politique de les combler.
Le Président de la République a montré le chemin, il y a plus d'un an et demi lorsqu'il a reconnu pour la première fois la responsabilité de l'Etat français dans l'arrestation, la déportation et la mort de milliers et de milliers de juifs, pour l'unique raison qu'ils étaient juifs.
C'était un premier pas, mais il était d'importance. Il a ouvert la voie à la reconnaissance de la vérité.
Parmi ces vérités s'inscrivait en filigrane le problème des biens confisqués aux juifs durant l'occupation.
A la fin du mois de janvier, j'ai indiqué, en accord avec le Président de la République, mon intention de confier à un groupe de travail une mission portant sur l'évaluation de l'ampleur des spoliations, le sort réservé aux biens spoliés et la localisation actuelle de ces biens, ainsi que leur situation juridique.
J'ai voulu que nos concitoyens, comme les pouvoirs publics, soient pleinement éclairés sur cette situation ; en installant aujourd'hui votre groupe de travail, j'ai conscience de la grande complexité de la mission qui lui est confiée. Celle-ci a été fixée officiellement ce matin même par un arrêté publié au Journal Officiel :
"Etudier les conditions dans lesquelles des biens, immobiliers et mobiliers, appartenant aux juifs de France ont été confisqués ou, d'une manière générale, acquis par fraude, violence ou dol, tant par l'occupant que par les autorités de Vichy, entre 1940 et 1944".
Dans le cadre de votre mission, je souhaite que vous recherchiez la destination que ces biens ont reçue depuis la fin de la guerre, et déterminiez, dans la mesure du possible, leur localisation et leur situation juridique actuelle.
Dans la mesure du possible, également, vous établirez un inventaire des biens accaparés sur le sol français qui seraient encore entre les mains des autorités publiques.
Vous pourrez, le cas échéant, formuler des propositions en ce qui concerne le devenir des biens qui seraient actuellement détenus par des personnes publiques de droit français.
En demandant à Monsieur Jean Matteoli de présider et d'animer ce groupe de travail, j'ai voulu faire appel à une personnalité éminente, dont l'autorité morale et l'indépendance d'esprit sont incontestables et incontestées, et je lui sais gré d'avoir accepté cette mission délicate.
Je vous remercie également, Madame, Messieurs, d'avoir accepté de participer à ce groupe de travail. L'addition de vos compétences conjuguées d'archivistes, d'historiens, de juristes, et de la connaissance que possède déjà la communauté juive de ce problème augure bien de la qualité de vos travaux.
Vous travaillerez, cela va de soi, dans la plus totale indépendance, et il vous faudra aussi travailler à l'abri des pressions, d'où qu'elles viennent, et donc agir avec une totale impartialité.
Pour mener à bien votre mission, vous bénéficierez de l'entier concours des administrations concernées et notamment du Ministère de la Justice, du Ministère des Affaires Etrangères, du Ministère de l'Intérieur, du Ministère de la Défense Nationale, du Ministère de l'Economie et des Finances, du Ministère de la Culture et du Ministère de l'Education Nationale, de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche. Cette liste n'est pas limitative.
Des instructions seront données à l'ensemble des départements ministériels afin que vous puissiez accéder librement à leurs archives. Vous pourrez également faire appel, en tant que de besoin, aux agents qui seront désignés par chaque Ministre pour vous servir de correspondant privilégié.
Il serait prématuré d'évaluer dès maintenant l'ampleur de la mission qui vous est confiée. Aussi me semble-t-il difficile d'en fixer dès à présent l'échéance. Je souhaiterai néanmoins que vous puissiez me transmettre vos premières observations avant la fin de l'année 1997, dans le cadre d'un premier rapport d'étape, qui pourrait être rendu public.
Vous pourriez à cette occasion me faire part des premiers résultats obtenus, m'indiquer les pistes qui vous semblent devoir être explorées de façon plus approfondie et-me communiquer un calendrier prévisionnel de vos travaux ultérieurs.
Monsieur le Président, Madame, Messieurs, votre mission, j'en ai conscience, sera difficile et elle prendra du temps. Rien d'étonnant après tant d'années d'un silence pesant. Mais ce temps, vous l'avez, afin de conduire vos travaux dans la plus grande sérénité.
Cher Jean Matteoli, ce groupe de travail est désormais le vôtre.
Comme vos collègues, vous aurez, en ma personne, un interlocuteur disponible, chaque fois que vous le jugerez utile.
Peut-être pourrions-nous maintenant, si vous le désirez, procéder à un rapide tour de table.