Texte intégral
B. Botella - Quelle note attribuez-vous à cette rentrée 2002 ?
- "Presque 20 sur 20, pour ce qui concerne la réalité, puisque, comme vous le savez, la rentrée s'est bien passée, nous n'avons pas eu de grandes difficultés sur le territoire. Ici ou là, un instituteur ou une classe fermée ou un petit problème de remplacement au dernier moment. Un peu de difficulté en Guadeloupe, où nous avons toujours à chaque rentrée des difficultés particulières propres à ce genre de département d'Outre-Mer. Mais la rentrée s'est bien passée, les utilisateurs sont contents."
Vous partagez cette note avec votre prédécesseur, puisque c'est quand même lui qui a préparé cette rentrée-là, ça se passe ainsi ?
- "Les gouvernements précédents ont mis beaucoup de moyens dans le budget de l'école, comme nous allons le faire d'ailleurs. Mais certes, la rentrée a été préparée par les ministres précédents, il faut le reconnaître. Mais il y a là aussi une grande continuité. Au fond, depuis une quinzaine d'années, les rentrées scolaires se passent bien. Le rapport entre le nombre de professeurs et le nombre d'élèves est parfaitement ajusté. Et puis la maison Education nationale est très réactive, sait réagir. Il n'y a pas eu de mauvaise rentrée depuis 15 ans pratiquement."
Cette rentrée a été marquée par la polémique sur le budget de l'Education 2003. Au-delà des chiffres, des postes crées ou supprimés etc., les syndicats enseignants ont reçu comme message que finalement, l'Education nationale n'était pas la priorité de ce Gouvernement. Que leur répondez-vous ?
- "Ils savent eux-mêmes que tout ceci est une invention, une fiction, une fatrasie. Le budget de l'Education nationale reste, représente 22 % du budget de l'Etat. Il a dépassé l'an dernier - je parle en milliards de francs, vous m'excuserez - 400 milliards de francs ; il emploie 1.329.000 personnes. Et la discussion dont on a tant parlée ce week-end, était de savoir si, sur 1.329.000 personnes, il y allait avoir 2.000 ou 2.500 postes en plus ou en moins. Donc, tout esprit raisonnable voit bien que nous sommes là tellement à la marge par rapport à la totalité des fonctionnaires qui sont au service de l'Education nationale, qu'évidemment, c'était une tempête dans un verre d'eau. Je ne suis même pas certain que nos propres services puissent évaluer à 2 ou 3.000 près exactement combien mesure [sic] un fonctionnaire - parce que nous avons des systèmes de remplacement, nous avons des recours parfois à des contractuels en cours d'année. Quand je dis 2 ou 3.000, c'est peut-être même plus que cela. Donc, tout ceci n'avait évidemment aucun sens par rapport à la réalité des chiffres. C'était une opération d'agitation politique, que les syndicats ont parfaitement bien orchestrée, et pour une raison simple, que l'opinion ne sait pas mais que je vais vous dire : c'est que nous sommes dans une préparation d'élections professionnelles, qui ont lieu dans les premiers jours de décembre. Ils n'avaient rien à dire sur la rentrée scolaire, qui était très bonne. Ils ont attrapé au vol cette petite affaire de postes de réajustement, pour en faire tout un barnum. Je suis parfaitement serein. Nous avons repris langue avec les syndicats. Tout ceci va très rapidement retrouver un cours normal."
J. Lang disait hier que son plan pluriannuel était en charpie. Etes-vous dans une politique de rupture ?
- "Le plan pluriannuel n'est pas "en charpie", il est en fin de réorganisation. Et nous achevons de l'organiser, à quelques centaines de postes près. De toute façon, je peux toujours par exemple décider, au moment où je vais quitter le pouvoir, dans quelques années, de créer, juste après moi, sans le budgétiser, sans l'inscrire dans aucune décision budgétaire véritable, 70.000 postes ! Si vous voulez, je peux vous le dire aussi ! Il est quand même facile de créer des postes à crédit. Donc, nous n'avons pas, un, très sensiblement interrompu le plan pluriannuel pour l'emploi ; deux, les réajustements que nous avons faits, sont tout à fait à la marge ; trois, nous, nous avons à gérer un budget et non pas de la futurologie. Nous n'avons pas à penser ce que seront les budgets futurs aux frais des autres. Nous gérons la réalité qui est la nôtre, en fonction des politiques et des stratégies que nous avons décidées. Ce n'est pas le gouvernement précédent qui décide des stratégies du Gouvernement de J.-P. Raffarin qui, lui, a ses propres objectifs, qui a été élu sur un programme et qui doit l'accomplir."
Parmi vos priorités, vous l'avez dit, il y a la lutte contre la violence à l'école. Or, dans le même temps, on apprend un certain nombre de suppressions de postes de surveillants, de "pions". N'est-ce pas contradictoire ? On a besoin de jeunes adultes dans l'école...
- "Ce qui est certain en tout cas, c'est qu'il faut qu'à propos de la disparition possible d'un certain nombre de postes de surveillants d'externat, il faut qu'au moment même d'ailleurs où le système des emplois-jeunes aussi arrive à son terme - parce que la loi est ainsi faite, ce n'est pas nous qui le voulons, c'est comme ça -, il faut certainement que nous trouvions un moyen pour refaire venir de jeunes adultes dans les établissements scolaires. Soit des adultes qui sont en cours de formation pour devenir professeurs, soit par d'autres biais, soit aussi avec l'aide des collectivités. Moi-même, j'ai été sénateur-maire jusqu'au 8 mai dernier, j'étais maire d'une ville de 35.000 habitants, et j'ai été le premier à proposer d'installer dans certains établissements sensibles des travailleurs sociaux, des adultes ou des jeunes en fin de formation..."
Ce sera dans une politique de décentralisation donc ?
- "Ce que je veux dire - je ne dis pas qu'on va le faire -, mais je veux montrer que l'intérêt à agir de certains élus est réelle. Je l'ai fait comme maire, parce que je préfère, dans le cadre scolaire, dans son équipement, dans sa structure éducative, avoir quelque adultes qui encadrent les jeunes, plutôt que de leur courir après dans les cages d'escaliers ou d'essayer de les occuper dans les rues. Donc, l'encadrement, au sens où vous l'entendez, c'est-à-dire sur les problèmes de violence scolaire - je ne parle pas d'encadrement pédagogique, des enseignements... -, mais l'encadrement de la vie scolaire, au sens large, le fait d'assurer que les jeunes soient à peu près équilibrés, qu'ils soient contrôlés dans leur comportement, bref, tout ce qui va dans le sens d'une amélioration de leur équilibre personnel, tout cela peut en effet se faire avec le concours des collectivités, si elles le veulent. La décentralisation n'est pas un moyen de se décharger sur autrui des tâches de l'Etat, mais c'est de montrer que souvent, l'Etat et les territoires ou les communes ou les collectivités, que sais-je, ont intérêt à agir ensemble. Plus nous serons ensemble derrière des objectifs communs, et plus nous serons réactifs. Sur la violence scolaire, c'est absolument typique. Ce qui se passe dans les établissements scolaires, quand les établissements sont violents, cela a évidemment des effets par rapport à l'extérieur. Et inversement, c'est souvent parce que le quartier est en difficulté que l'établissement est sensible."
Un mot sur le statut des fonctionnaires : j'ai cru comprendre que vous n'étiez pas défavorable à une évolution de ce statut, qui n'a pas beaucoup bougé depuis un demi siècle. Pouvez-vous préciser ?
- "Non, je n'ai pas parlé des fonctionnaires, j'ai parlé de la fonction enseignante. Les enseignants - d'abord, que ce soit bien clair, je viens de ce milieu - sont très dévoués, travaillent beaucoup. Mais leur mission a beaucoup évolué. Ils en ont conscience d'ailleurs. Ils se rendent compte qu'il faut qu'ils se rendent compte mutuellement de ce qu'ils font ; ils ont des réunions de concertation. Leurs missions finalement ont beaucoup évolué. Or, les textes qui gèrent leur emploi du temps, leurs services, leurs obligations, sont des textes qui, pour la plupart d'entre eux, datent de 1950. Ce que nous disons aux représentants des personnels, c'est que ce serait intéressant que nous redéfinissions avec eux la manière dont ils conçoivent leur mission de professeur ou d'enseignant. Si on découvre que ce n'est pas la peine de changer les textes, on ne les changera pas..."
Mais on doit aller vers quoi : une obligation de résultats, demander un peu plus de comptes aux professeurs, c'est cela ?
- "Les professeurs ont une obligation de résultats et dans une certaine mesure, ils l'accomplissent. Ce que je crois surtout, c'est qu'il faut prendre en compte que la fonction a beaucoup évolué dans ces dernières années, et qu'un professeur ce n'est pas simplement quelqu'un qui s'assoit derrière un bureau pour réciter une leçon qu'il sait : c'est quelqu'un qui entretient, avec la communauté éducative, une relation extrêmement prenante, extrêmement contraignante, qui doit être mieux reconnue, peut-être même mieux rémunérée dans une certaine mesure [...]."
(source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 5 septembre 2002)
- "Presque 20 sur 20, pour ce qui concerne la réalité, puisque, comme vous le savez, la rentrée s'est bien passée, nous n'avons pas eu de grandes difficultés sur le territoire. Ici ou là, un instituteur ou une classe fermée ou un petit problème de remplacement au dernier moment. Un peu de difficulté en Guadeloupe, où nous avons toujours à chaque rentrée des difficultés particulières propres à ce genre de département d'Outre-Mer. Mais la rentrée s'est bien passée, les utilisateurs sont contents."
Vous partagez cette note avec votre prédécesseur, puisque c'est quand même lui qui a préparé cette rentrée-là, ça se passe ainsi ?
- "Les gouvernements précédents ont mis beaucoup de moyens dans le budget de l'école, comme nous allons le faire d'ailleurs. Mais certes, la rentrée a été préparée par les ministres précédents, il faut le reconnaître. Mais il y a là aussi une grande continuité. Au fond, depuis une quinzaine d'années, les rentrées scolaires se passent bien. Le rapport entre le nombre de professeurs et le nombre d'élèves est parfaitement ajusté. Et puis la maison Education nationale est très réactive, sait réagir. Il n'y a pas eu de mauvaise rentrée depuis 15 ans pratiquement."
Cette rentrée a été marquée par la polémique sur le budget de l'Education 2003. Au-delà des chiffres, des postes crées ou supprimés etc., les syndicats enseignants ont reçu comme message que finalement, l'Education nationale n'était pas la priorité de ce Gouvernement. Que leur répondez-vous ?
- "Ils savent eux-mêmes que tout ceci est une invention, une fiction, une fatrasie. Le budget de l'Education nationale reste, représente 22 % du budget de l'Etat. Il a dépassé l'an dernier - je parle en milliards de francs, vous m'excuserez - 400 milliards de francs ; il emploie 1.329.000 personnes. Et la discussion dont on a tant parlée ce week-end, était de savoir si, sur 1.329.000 personnes, il y allait avoir 2.000 ou 2.500 postes en plus ou en moins. Donc, tout esprit raisonnable voit bien que nous sommes là tellement à la marge par rapport à la totalité des fonctionnaires qui sont au service de l'Education nationale, qu'évidemment, c'était une tempête dans un verre d'eau. Je ne suis même pas certain que nos propres services puissent évaluer à 2 ou 3.000 près exactement combien mesure [sic] un fonctionnaire - parce que nous avons des systèmes de remplacement, nous avons des recours parfois à des contractuels en cours d'année. Quand je dis 2 ou 3.000, c'est peut-être même plus que cela. Donc, tout ceci n'avait évidemment aucun sens par rapport à la réalité des chiffres. C'était une opération d'agitation politique, que les syndicats ont parfaitement bien orchestrée, et pour une raison simple, que l'opinion ne sait pas mais que je vais vous dire : c'est que nous sommes dans une préparation d'élections professionnelles, qui ont lieu dans les premiers jours de décembre. Ils n'avaient rien à dire sur la rentrée scolaire, qui était très bonne. Ils ont attrapé au vol cette petite affaire de postes de réajustement, pour en faire tout un barnum. Je suis parfaitement serein. Nous avons repris langue avec les syndicats. Tout ceci va très rapidement retrouver un cours normal."
J. Lang disait hier que son plan pluriannuel était en charpie. Etes-vous dans une politique de rupture ?
- "Le plan pluriannuel n'est pas "en charpie", il est en fin de réorganisation. Et nous achevons de l'organiser, à quelques centaines de postes près. De toute façon, je peux toujours par exemple décider, au moment où je vais quitter le pouvoir, dans quelques années, de créer, juste après moi, sans le budgétiser, sans l'inscrire dans aucune décision budgétaire véritable, 70.000 postes ! Si vous voulez, je peux vous le dire aussi ! Il est quand même facile de créer des postes à crédit. Donc, nous n'avons pas, un, très sensiblement interrompu le plan pluriannuel pour l'emploi ; deux, les réajustements que nous avons faits, sont tout à fait à la marge ; trois, nous, nous avons à gérer un budget et non pas de la futurologie. Nous n'avons pas à penser ce que seront les budgets futurs aux frais des autres. Nous gérons la réalité qui est la nôtre, en fonction des politiques et des stratégies que nous avons décidées. Ce n'est pas le gouvernement précédent qui décide des stratégies du Gouvernement de J.-P. Raffarin qui, lui, a ses propres objectifs, qui a été élu sur un programme et qui doit l'accomplir."
Parmi vos priorités, vous l'avez dit, il y a la lutte contre la violence à l'école. Or, dans le même temps, on apprend un certain nombre de suppressions de postes de surveillants, de "pions". N'est-ce pas contradictoire ? On a besoin de jeunes adultes dans l'école...
- "Ce qui est certain en tout cas, c'est qu'il faut qu'à propos de la disparition possible d'un certain nombre de postes de surveillants d'externat, il faut qu'au moment même d'ailleurs où le système des emplois-jeunes aussi arrive à son terme - parce que la loi est ainsi faite, ce n'est pas nous qui le voulons, c'est comme ça -, il faut certainement que nous trouvions un moyen pour refaire venir de jeunes adultes dans les établissements scolaires. Soit des adultes qui sont en cours de formation pour devenir professeurs, soit par d'autres biais, soit aussi avec l'aide des collectivités. Moi-même, j'ai été sénateur-maire jusqu'au 8 mai dernier, j'étais maire d'une ville de 35.000 habitants, et j'ai été le premier à proposer d'installer dans certains établissements sensibles des travailleurs sociaux, des adultes ou des jeunes en fin de formation..."
Ce sera dans une politique de décentralisation donc ?
- "Ce que je veux dire - je ne dis pas qu'on va le faire -, mais je veux montrer que l'intérêt à agir de certains élus est réelle. Je l'ai fait comme maire, parce que je préfère, dans le cadre scolaire, dans son équipement, dans sa structure éducative, avoir quelque adultes qui encadrent les jeunes, plutôt que de leur courir après dans les cages d'escaliers ou d'essayer de les occuper dans les rues. Donc, l'encadrement, au sens où vous l'entendez, c'est-à-dire sur les problèmes de violence scolaire - je ne parle pas d'encadrement pédagogique, des enseignements... -, mais l'encadrement de la vie scolaire, au sens large, le fait d'assurer que les jeunes soient à peu près équilibrés, qu'ils soient contrôlés dans leur comportement, bref, tout ce qui va dans le sens d'une amélioration de leur équilibre personnel, tout cela peut en effet se faire avec le concours des collectivités, si elles le veulent. La décentralisation n'est pas un moyen de se décharger sur autrui des tâches de l'Etat, mais c'est de montrer que souvent, l'Etat et les territoires ou les communes ou les collectivités, que sais-je, ont intérêt à agir ensemble. Plus nous serons ensemble derrière des objectifs communs, et plus nous serons réactifs. Sur la violence scolaire, c'est absolument typique. Ce qui se passe dans les établissements scolaires, quand les établissements sont violents, cela a évidemment des effets par rapport à l'extérieur. Et inversement, c'est souvent parce que le quartier est en difficulté que l'établissement est sensible."
Un mot sur le statut des fonctionnaires : j'ai cru comprendre que vous n'étiez pas défavorable à une évolution de ce statut, qui n'a pas beaucoup bougé depuis un demi siècle. Pouvez-vous préciser ?
- "Non, je n'ai pas parlé des fonctionnaires, j'ai parlé de la fonction enseignante. Les enseignants - d'abord, que ce soit bien clair, je viens de ce milieu - sont très dévoués, travaillent beaucoup. Mais leur mission a beaucoup évolué. Ils en ont conscience d'ailleurs. Ils se rendent compte qu'il faut qu'ils se rendent compte mutuellement de ce qu'ils font ; ils ont des réunions de concertation. Leurs missions finalement ont beaucoup évolué. Or, les textes qui gèrent leur emploi du temps, leurs services, leurs obligations, sont des textes qui, pour la plupart d'entre eux, datent de 1950. Ce que nous disons aux représentants des personnels, c'est que ce serait intéressant que nous redéfinissions avec eux la manière dont ils conçoivent leur mission de professeur ou d'enseignant. Si on découvre que ce n'est pas la peine de changer les textes, on ne les changera pas..."
Mais on doit aller vers quoi : une obligation de résultats, demander un peu plus de comptes aux professeurs, c'est cela ?
- "Les professeurs ont une obligation de résultats et dans une certaine mesure, ils l'accomplissent. Ce que je crois surtout, c'est qu'il faut prendre en compte que la fonction a beaucoup évolué dans ces dernières années, et qu'un professeur ce n'est pas simplement quelqu'un qui s'assoit derrière un bureau pour réciter une leçon qu'il sait : c'est quelqu'un qui entretient, avec la communauté éducative, une relation extrêmement prenante, extrêmement contraignante, qui doit être mieux reconnue, peut-être même mieux rémunérée dans une certaine mesure [...]."
(source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 5 septembre 2002)